Vie sociale et bipolarité ?

 Bonsoir 

Je jette une bouteille à la mer ce soir. À tous les bipolaires avez vous déjà eu des périodes depressives graves qui durent des mois voire pratiquement deux années ? J'ai des anti depresseurs qui ne me font aucun effet. Mes journées sont un enfer entre grande tristesse et crises d'angoisse. Je ne sais plus que faire ni vers qui me tourner. Pas une minute de répit depuis tout ce temps ! Je fais quoi je me suicide puisqu'il n'y a pas d'issue ?

Cathy 

@cathy091‍,

Ce que vous décrivez  de votre souffrance psychique, je l’ai vécu à partir de septembre 1997 quand j’ai eu ma pire des décompensations de ma vie. 

Dans mon cas, mon salut est passé par une prise en charge en milieu institutionnel. Par chance, j’étais professeur des écoles donc pris en charge au sein d’un hôpital MGEN spécialisé en santé mentale après une première hospitalisation d’urgence en CHS pendant une semaine.

Pour rappel, il n’est pas nécessaire d’être fonctionnaire de l’Education nationale pour être admis dans ce type d’établissement.

Par ailleurs, de grands groupes de cliniques ont aussi un réseau de cliniques psychiatriques spécialisées pour ces indications de dépressions graves. 

Pour revenir à votre problématique qui a été la mienne jusqu’en 2000 jusqu’à mon sevrage, au niveau des traitements, le seul qui m’a été bénéfique, c’est la prise d’un neuroleptique atypique pendant plus de deux années : le Solian.

Évidement, le psychotrope ne résout pas tout car il faut en plus une prise en charge adaptée complémentaire. Dans mon cas, cela s’est déroulé de novembre 1998 à août 2000 avec une hospitalisation en HDJ avec toute la prise en charge qui accompagne le suivi. ( ateliers thérapeutiques, psychothérapie analytique, etc.).

Par chance, je n’ai pas eu d’effets indésirables notoires avec le Solian de 200mg à 100mg/j, contrairement avec le Largactil, neuroleptique de 1ère génération que j’ai eu pendant 3 mois fin 1997. 

Donc, il y a une issue autre que le suicide pour répondre à votre dernière question. 
J’en suis une preuve vivante en 2021. Je reprends une phrase d’une chanson d’Alain Souchon : « La vie ne vaut rien, mais rien ne vaut la vie. »

Tous mes encouragements à ne rien lâcher et à ne pas hésiter à ouvrir d’autres portes si vous vous sentez dos au mur et dans une impasse thérapeutique avec l’anti-dépresseur prescrit. 

Toutes mes pensées solidaires.

Sylvain 

@sylefi bonjour Sylvain et merci pour votre message.

J'ai été hospitalisée de mai à juin 2021 avec un psy qui me disait "il faut sortir", "il faut réapprendre à conduire", "il faut faire partie d'un groupe de marche" etc.... mais je crois qu'il n'a pas pris conscience de la gravité de ma dépression puisque dans mon cas je ne peux plus rien faire. Rien que de me lever le matin me demande un effort énorme. Grace à un Stilnox et à 2 Nozinan je dors comme  une bûche. C'est le seul moment de paix dans ma vie et je n'aspire qu'à cela me coucher le soir.

Concernant l'hôpital de jour j'habite une toute petite ville et le CMP (où je me fais soigner par une psy molle à souhait) est minable. Il n'y a rien d'intéressant à faire comme activité. J'ai déjà essayé et n'en ai rien retiré.

Donc que faire ? J'ai peur de ce que je peux faire car là je suis arrivée au bout......

Cathy

@cathy091,

Bonjour Cathy,

C’est avec plaisir que je renoue un dialogue avec vous en saisissant votre bouteille à la mer d’hier. 
La lumière est au bout du tunnel. J’y crois sincèrement même si c’est pas simple d’en sortir durablement.

Hier, comme membre du Conseil des Sages dans le bourg rural de mon nouveau domicile depuis août 2020,  je suis allé aux activités proposées aux seniors (j’en suis un aussi) dans le cadre de la Semaine Bleue partout en France cette semaine. 

Et j’ai découvert une association présente avec des jeux en bois qui fait partie d’un réseau national : les GEM ( Groupe d’Entraide Mutuelle). A voir dans votre région s’il y en a un GEM proche de chez vous en plus du CMP. Liste disponible sur le site :

www.psycom.org - rubrique « Où s’adresser ». - « Entraide »

J’ai discuté à part avec l’animatrice coordinatrice qui me reçoit mardi prochain au siège de l’association. L’adhésion annuelle est d’un coût modique (20€). Voilà une opportunité d’activités dans un espace convivial, d’échanges, d’entraide pour rompre la solitude, l’ennui et se changer les idées. 

Dans la vie, on peut avancer à petits pas. Je vous souhaite de faire de même  à votre vitesse en frappant à toutes les portes pour vous en sortir. Ce que vous faites déjà ici sur le site de Carenity en lançant votre bouteille à la mer.

Bien amicalement.

Sylvain 

@cathy091 Bonjour, avez-vous essayé de vous exprimer par de l'art? Perles, coloriage, dessin, peinture, sculpture ? Mon ex-compagne y trouvait un refuge apaisant, et s'autosatisfaisait d'échanger après sur ce qu'elle avait fait. Elle avait même un certain talent pour s'y adonner, quelque soit l'activité, et savait s'en réjouir. Elle s'était inscrite à un cours d'aquarelles amateur organisé par des collègues de travail, et s'y rendait avec enthousiasme, et bénéficiait du maintien d'un contact social, différent du travail.

Courage.

Bien à vous, et à votre écoute.

@SCHMEUH bonjour je n'arrive plus à rien faire. Il y a plus de 20 ans je prenais des cours d'aquarelle et en plus j'étais douée. Mais maintenant je suis atteinte d'agoraphobie et je ne sors que pour aller chez le médecin ou des choses que je suis vraiment obligée de faire. Sortir entraîne une crise de panique. Et je n'ai plus la force de faire quoique ce soit.

Merci à vous 

Cathy 

@cathy091 ... Et si vous regardiez dans vos affaires: y trouviez un pinceau, une feuille, et des couleurs...? Vous étiez douée, et c'est super d'avoir un talent artistique, qu'à cela ne tienne, reprenez de chez vous, tranquillement! Et vous pourriez nous faire partager via le forum? 

Cela vous ferait peut-être revenir de bons souvenirs, et reprendriez peut-être goût de vous surprendre à aimer peindre comme avant vous le ressentiez ?

Qu'est-ce qui vous angoisse vraiment dans la rue quand vous sortez ? Le regard des autres ? Assurément rien n'est affiché sur votre visage, alors quoi ?!

@SCHMEUH ce qui m'angoisse quand je sors ? Je ne sais pas vraiment. Quitter la sécurité de ma maison, et oui le regard des autres sur moi. Je n'ai rien de spécial pourtant mais j'ai l'impression que l'on me dévisage. J'ai peur lorsque je suis dehors.

Cathy

@cathy091 ...Tout le monde, regarde tout le monde dans la rue, partout: c'est normal. C'est sûrement animal. Chacun observe l'autre pour essayer de savoir à qui il va avoir à faire, peut-être! On s'évalue respectivement: pour se rassurer et passer son chemin, ou se méfier et se tenir sur ses gardes: normal. Et puis il faut bien passer quelque part, au milieu des gens sans se heurter! Ouvrir l'oeil et le bon!!!

Personne ne vous dévisage particulièrement. Sûrement, il y a des regards plus pesants qui essaient de deviner ce qu'on peut bien avoir à cacher, ou quelle personne se cache derrière un visage, une silhouette, mais rien de plus qu'avant le COVID, et de normal. Et ces derniers temps, vous êtes masquée! Comment cela se passe pour vous ?

Si vous ne savez pas vraiment et de quoi, quelle raison d'avoir peur alors ? L'ignorance de ce qui vous y attend, dehors ? Et pourtant rien que du banal: croiser d'autres gens qui sont dehors, vont et viennent, vaquent à leurs occupations. Chacun a ses préoccupations et pense à soi avant de reluquer son voisin, ne pensez-vous pas ?

Et si vous détourniez votre regard, sur un objet un peu plus loin sur votre trajet ? Vous vous avanceriez vers lui, en ne regardant personne, sauf pour éviter et ne pas se bousculer, ou marcher dessus, ou dedans!!! Quand on craint de regarder le public, et qu'on est orateur pour une assemblée potentiellement intimidante, on apprend à regarder juste au-dessus des têtes les interlocuteurs, pour ne pas affronter leur regard directement, et pourtant leur donner l'impression de les regarder (grâce à une certaine distance), et cela suffit en général à se décontracter. Peut-être vous pourriez vous y essayer dans la rue, en regardant plus loin votre trajet?

@cathy091 salut Cathy. Comment ta situation a t-elle évolué jusqu'à présent ? 

Je me sens vraiment concerné par ce que tu décris plus haut. En fait il y a environ 4 mois que j'ai violemment reçu plusieurs sedatifs pour me sortir de la phase maniaque dans laquelle j'étais plongé. La bonne nouvelle c'est que malgré le choc émotionnel du aux violences de mes traitants et des injections je suis sorti de l'état de crise. La mauvaise c'est que depuis lors tout ce qui me fait plaisir c'est de dormir. L'un des pires moments de ma journée c'est lorsque je dois me lever du lit mais je suis bien obliger de le faire puisque en ce moment je suis une formation pour devenir enseignant.

Cette formation est l'un des plus grand challenge de ma vie et je me demande si je pourrais la surmonter vu que tout comme toi je suis atteint d'agoraphobie. Le pire c'est que je dois supporter les moqueries de mes camarades lors de mes états de panique.

Je suis vraiment à bout. Je n'ai plus d'intérêt pour quoi que ce soit et puisque je n'arrive plus à gerer les interactions sociales je me demande incessamment si c'est pas mieux d'en finir !