Comment le trouble bipolaire affecte le sommeil
Le trouble bipolaire peut affecter le sommeil à bien des égards. Par exemple, il peut conduire à:
- L'insomnie : c’est une incapacité à s'endormir ou à rester endormi assez longtemps pour se sentir suffisamment reposé,
- Le syndrome de retard de phase du sommeil : c’est un trouble du rythme circadien du sommeil, qui entraîne insomnie et somnolence diurne,
- Des anomalies liées au MOR (mouvement oculaire rapide), ce qui peut rendre les rêves très vifs ou bizarres,
- Un cycle veille-sommeil irrégulier, ce qui entraîne parfois la nécessité de prendre des somnifères ou d’autres médicaments pour aider à garder un rythme de vie régulier.
Pendant les périodes « dépressives » propres à la bipolarité, le malade ressent de nombreux sentiments négatifs qui l’obnubilent. Il est désespéré, triste et ne cesse de se dévaloriser. Tous ces sentiments interfèrent avec son sommeil car il rumine ces pensées et ne peut s’en détacher. Dans certains cas, la nuit correspond à la période pendant laquelle le malade se retrouve seul face à ses problèmes et il peut souffrir de crises de larmes et d’angoisses intenses face à son avenir.
Au cours des épisodes maniaques du trouble bipolaire (périodes d’excitation), le malade peut être tellement excité qu’il passe plusieurs jours sans dormir. Il a du mal à rester en place et ses nuits de sommeil sont très courtes. Le bipolaire a alors un rythme de vie décalé et accumule le retard de sommeil. Pour trois personnes sur quatre souffrant de troubles bipolaires, les troubles du sommeil sont le signe le plus courant qui indique le début d’une période maniaque.
L’impact du manque de sommeil sur le malade bipolaire
Quand le sommeil est raccourci et insuffisant, les bipolaires le vivent différemment des personnes qui ne sont pas affectées par cette maladie. Mais même si la personne semble extérieurement gérer le manque de sommeil, les conséquences sur le comportement du malade sont nombreuses. Par exemple, il peut:
- Etre d’humeur très variable et hypersensible à toute remarque ou évènement,
- Se sentir malade, fatigué, déprimé ou contrarié,
- Avoir des problèmes de concentration ou des difficultés à prendre des décisions,
- Être dans un état de santé général plus « faible », fragilisé.
Cela peut rendre le comportement du malade bipolaire plus agressif et sur la défensive car le manque de sommeil joue sur ses nerfs et accentue son « excitation ». En phase dépressive, le manque de sommeil pousse le malade encore plus dans ses retranchements et il est encore moins actif. Son désintérêt pour tout activité, son inertie sont accentués et il a tendance à dormir plus dans la journée.
Ainsi d’autres symptômes sont liés au manque de sommeil et vont aussi l’accentuer et le compléter :
- Anxiété accrue,
- Inquiétudes de ne pas réussir à bien dormir,
- Lenteur dans la journée,
- Idées reçus ou fausses sur le sommeil : En période d’excitation, le patient se sent en forme et pense qu’il n’a pas besoin de dormir plus de 3-4 heures.
Avoir un sommeil plus équilibré malgré le trouble bipolaire
Un sommeil perturbé peut vraiment aggraver les troubles de l'humeur. Une première étape peut consister à évaluer tous les facteurs qui ont une incidence sur le sommeil et d'en discuter avec son médecin. Tenir un journal de sommeil peut également aider. Les informations suivantes peuvent y être intégrées:
- Combien de temps cela prend pour s’endormir.
- Combien de fois le bipolaire se réveille pendant la nuit.
- Combien de temps dure la nuit de sommeil.
- Les occasions où le malade prend des médicaments, de la caféine, de l'alcool, ou de la nicotine.
- Les fois où le patient fait du sport et la durée de celui-ci.
Certains médicaments pris pour traiter les troubles bipolaires peuvent avoir comme effet secondaire la perturbation du sommeil. Par exemple, ils peuvent perturber le cycle veille-sommeil. Une façon d'aborder cet effet est de déplacer l‘heure du coucher et le moment du réveil de plus en plus tard chaque jour jusqu'à ce qu’un équilibre soit atteint. Deux autres façons de gérer cette situation sont la luminothérapie et l'utilisation de mélatonine (hormone du sommeil).
Le médecin peut aussi prescrire un changement de traitement, si cela est nécessaire. Il faut en outre bien prendre soin de mentionner à son médecin les autres médicaments que l’on prend ainsi que les autres pathologies qui peuvent affecter le sommeil comme l'arthrite, les migraines ou une blessure au dos.
Reprendre des horaires réguliers, que ce soit pour le sommeil ou pour les activités quotidiennes, permettra progressivement d’améliorer l’humeur du bipolaire et de réduire les « pics » maniaco-dépressifs. Cela peut par exemple se faire avec l’appui des thérapies comportementales et cognitives.
Les mesures suivantes peuvent aussi aider à rétablir le sommeil:
- Éliminer l'alcool et la caféine en fin de journée,
- Avoir un environnement propice au sommeil : chambre sombre et silencieuse, température moyenne. Il est possible d’utiliser, pour garantir ces conditions optimales, des ventilateurs, des appareils de chauffage, des stores, des boules quies, et des bandeaux pour les yeux,
- Discuter avec son conjoint au sujet des moyens de réduire le ronflement ou d'autres habitudes de sommeil qui affectent le sommeil,
- Faire de l'exercice, mais éviter de le pratiquer en fin de journée,
- Pratiquer les techniques de relaxation.
Dernière mise à jour : 27/11/2019
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