Bipolarité et vie professionnelle

C'est la société qui nous rend malade, et pour rester dans le moule productif, il faut prendre des médicaments ce qui d'ailleurs fait tourner la machine économique doublement, d'une part en enrichissant les psys, pharmaciens et labos et d'autre part en nous rendant plus apte à un travail de plus en plus insupportable, mais qu'il faut exercer pour gagner sa vie et vivre dans la société. Tout un paradoxe.

Bjr Steph 1969, je suis tout à fait d'accord avec vous, la société actuelle fait vivre les gens dans un stress continuel, et à mon avis il y aura de plus en plus de gens en dépression, voire bipolaires. Et ce n'est pas comme cela qu'on fera faire des économies à la Sécu !!!

Quand aux laboratoires pharmaceutiques, n'en parlons pas ! Pourquoi nous imposer des génériques qui parfois n'agissent pas ou provoquent des effets secondaires au lieu d'obliger les laboratoires des médicaments originaux de baisser leurs prix ? On fait travailler de plus en plus de monde à l'étranger, et la France que va-t-elle devenir ?

Je suis bien contente d'avoir 51 ans et d'être en congé longue maladie, je ne retournerai pas je pense dans le monde du travail, ce serait impossible pour moi de toute façon, et j'espère pouvoir obtenir ma retraite anticipée, même si elle se monte à trois fois rien (trois fois rien = rien !!! lol).

La société est mal barrée.

Amicalement,

Chrys

Je suis contente que des personnes soient d'accord avec mon point de vue :) ça fait du bien. c'est vrai que ce sont des questions qu'on ne peut pas forcément aborder avec "tout le monde" et, notamment, au boulot, où il faut faire bonne figure, prendre sur soi, apprendre à "gérer le stress" (encore un moyen pour culpabiliser les gens qui seraient trop énervés  ou qui n'arrivent plus justement à le gérer parce qu'il est parfois ingérable...).

D'autre part, si on dit qu'on est "bipolaire", pour beaucoup de personnes c'est encore synonyme de "fada" pour le moins et, du coup, on en devient moins crédible....

C'est devenu un diagnostic " à la mode" et passé dans le vocabulaire courant. Dans l'hôpital où je travaille, quand quelqu'un a des changements d'humeur (ce qui normalement est légitime chez l'humain), ses collègues disent de lui qu'il est bipolaire et hop !

Quant à moi, on ne me l'a jamais dit...Du coup, je suis toujours empêtrée avec ce diagnostic. Je me dis si je le suis vraiment, je devrais avoir droit à une aide et, si je ne le suis pas, le fait d'avoir eu ce diagnostic ne m'a peut-être pas aidée non plus.

Dans tous les cas, je pense qu'il faut se faire aider quand on sent que l'on ne peut plus faire son boulot ou/et qu'on se sent très mal et surtout ne pas envisager le suicide comme une solution. Après tout, personne n'est irremplaçable à son poste de travail.

Et puis, ce qui est bête avec le suicide, c'est qu'on ne peut pas changer d'avis...et, pour nous, les bip, ça c'est con !

Bon dimanche.

YOUPISOF

Ah oui, j'aime bien ta remarque Youpisof. On me reproche souvent de changer souvent d'avis. Et une amie bipolaire me dit que c'est souvent le propre des bipolaires justement.

Je préfère d'ailleurs toujours être dans une situation où je me dis que je peux changer d'avis ; je dirais même que je recherche les situations où je me trouve le cul entre deux chaises, à hésiter entre une solution et une autre.

Sinon, côté boulot, je suis au bord du nervous break down comme dirait je ne sais plus quel acteur dans les Tontons Flingueurs ! Epuisement psychique et physique ! C'est récurrent, chaque semaine.

Mon entourage ne comprend pas.

Est-ce que quelqu'un sait si le secteur médico-social, en particulier des ehpads est moins stressant. Si les missions sont mieux définies.

Bonjour Steph1969 et Youpisof,

Je ne pense pas que le travail dans un EHPAD soit moins stressant, ma belle-soeur qui n'est pourtant pas bipo en a fait l'expérience et n'a pas tenu le coup. Il fallait fournir partout. Maintenant, c'est comme ça, il faut être PO-LY-VA-LENT !!! Et pour nous il n'y a que la dernière syllabe qui nous convient !

Youpisof, pourquoi ne vas-tu pas dans un Centre Expert Bipolaire pour te faire tester ? Moi je suis allée à celui de Bordeaux pour faire confirmer le diagnostic, je suis tombée sur un psychiatre très bien et très au courant de cette maladie. On te fait remplir des questionnaires, tu as deux entretiens à 2 mois d'intervalle et le diagnostic tombe. On te conseille même le traitement adapté à ta forme de bipolarité (1, 2 ou 3). Pour ma part, je suis de type 2. Il y a des CEB un peu partout maintenant, tu devrais te renseigner. Pour ça, tu peux aller sur le site "FONDAMENTAL", et tu trouveras tous les renseignements.

Pour reparler du boulot, ma dernière expérience (secrétaire de direction en CDD d'un an dans une Communauté de Communes) avait très bien commencé, j'étais la meilleure secrétaire qu'ils aient jamais eue, sympathique et tout et tout, et du jour où j'ai eu un arrêt maladie et que j'ai dû me justifier, je suis devenue une pestiférée. On m'interdisait de parler à qui que ce soit dans les couloirs, et on me traitait de "folle" et de bonne à rien. J'ai terminé mon CDD en arrêt maladie. Alors depuis je dis merde au monde du travail et à tous ces cons qui ne comprennent pas qu'être bipolaire c'est comme être diabétique ou avoir un cancer, il existe un traitement avec des effets secondaires et on ne peut pas être toujours au top.

Amitiés à vous deux (et aux autres)

Chrys

Bonjour Chrys et Steph et aussi à tous ceux qui liront

Merci pour vos avis et conseils.

Je ne connais pas le milieu des EHPAD mais j'ai lu récemment que les secteurs de la santé et de l'enseignement étaient parmi ceux qui engendraient le plus de stress. Pour toi Steph, que ton entourage ne comprenne pas que tu sois au bord du nervous break down, je sais que ça peut être frustrant ou quelque chose comme ça mais c'est à toi de savoir ce que tu peux supporter. Et puis, s'il y en a qui ne comprennent pas, c'est aussi qu'ils ne sont pas très empathiques peut-être...

Et puis, de toute façon, chacun mène sa vie comme il peut et il faut arriver à ne pas trop se soucier de ce que pensent les autres. Je ne donne pas de leçon et essaie de me convaincre aussi moi-même

Je vais peut-être aller au centre dont tu parles Chrys. J'ai déjà été diagnostiquée mais c'est moi qui mets en doute le diagnostic parce qu'on a trouvé après que j'étais hypothyroïdienne alors je me pose plein de questions sur les erreurs possibles. D'ailleurs, les psy doivent faire un "diagnostic différentiel" justement pour ne pas confondre des maladies proches par leurs symptômes...

Je suis aussi d'accord avec Chrys pour dire que le trouble bipolaire est à considérer comme les autres pathologies mais on en est encore tellement loin...

A quand la médicalisation de la connerie humaine ? Là, les laboratoires pourraient vraiment des gros bénéf non ?

Bonne soirée et au plaisir de discuter.

YOUPISOF

Bonjour à tous,

Je suis d'accord avec vous pour considérer notre "maladie mentale" comme une pathologie difficilement acceptée par les autres ,en particulier par nos collègues de travail.Nos sautes d'humeur variant de l'euphorie à la dépression, au mieux nous font passer pour un original au pire pour un dingue.Malgrè les effets secondaires importants de nos traitements, il est primordial d'avoir des régulateurs d'humeur, c'est vrai que le Tégrétol provoque des troubles hépathiques (j'en ai pris 15 ans),et le Theralithe des troubles rénaux...etc...et qu'un traitement n'est pas définitif..dans mon cas il m'a permis de travailler depuis 23 ans après de multiples séjours à l' HP (je suis bipolaire depuis 33 ans)...je vous souhaite enfin de rencontrer une personne qui comme pour moi a rendu tout celà possible, le soutien familial est primordial car il nous renvoi une meilleure image de nous-même...

Philippe

Merci Philippe pour tes encouragements souvent répétés.

Chrys et Youpisof, je me retrouve vraiment dans ce que vous dites. Il n'y a qu'entre bipos qu'on se comprend je crois. C'est pour cela que la maladie nous isole des autres. Hier, j'étais incapable de ne rien faire. J'ai passé ma journée au lit. Et mon père de me dire : quand on ne fait rien, on a encore moins envie d'en faire ! Inutile de vous dire que je l'ai mal pris et que je suis remonté me coucher.
J'en ai rediscuté ce matin avec mes parents chez qui je suis pour le we, mais je ne sais pas s'ils comprennent en fait. Qui peut comprendre d'ailleurs, à part quelqu'un qui souffre de la même pathologie.

Ce matin, je disais à ma mère qu'enchaîner des journées de 10h, des semaines de 50-60h, je ne peux pas, je ne peux plus. Je ne suis pas un boeuf de labour. Je finis en surchauffe et je pète un câble. Et mon corps finit par me lâcher.

Au boulot, je ne leur ai pas dit que j'étais reconnu RQTH. La peur d'être pris pour un type bizarre, d'autant que la maladie ne se voit pas.

Va falloir que je le dise, mais je suis en période d'essai, et j'ai peur d'être viré.

Pour ce qui est de la santé, et des ehpads en particulier, je pense aussi que ça peut être très stressant et qu'il faut avoir les reins solides. C'est là mon grand doute, même si en effet, j'ai une attirance pour ce milieu depuis quelques mois déjà, et que je suis admis en formation...Mais en effet, j'ai peur de ne pas tenir. Dans mon domaine, la culture, il n'y a pas de vie en jeu. Si je flanche, je reste chez moi et j'attends que ça passe.

En tout cas, merci de garder le contact pour se soutenir mutuellement.

Bon 11 novembre !

Youpisof, sache que moi aussi j'ai une hypothyroidie depuis l'âge de 18 ans. Je suis également fibromyalgique. De toute façon, je pense que tout est lié. Nous sommes des personnes hypersensibles. Pour moi, cela a commencé dès mon adolescences avec divers problèmes de santé dont on ne trouvait jamais la source : pertes de connaissances, maux de ventre inexpliqués, humeur changeante avec crises de nergs (on mettait cela sur le compte de l'adolescence), et puis à l'âge de 25 ans j'ai eu des crises de spasmophilie qu'on me traitait avec du Calcibronat (très efficace sauf que ça n'existe plus en piqûres, seulement en comprimés). Ensuite la spasmophilie a disparu et j'ai commencé à avoir des crises de colite spasmodique. Ca m'a bouffé la vie, mal au ventre permanent, beaucoup de gaz jusqu'à me faire mal aux côtes et dans le dos, on me demandait souvent si j'étais enceinte tellement j'avais le ventre gonflé... Super pour la jeune femme féminine que j'étais !!! Et est arrivée ma bipolarité, qui je pense était déjà sous-jacente depuis bien longtemps. Aujourd'hui la fibromyalgie s'y rajoute, mais comme je l'ai déjà dit dans un autre post, c'est encore une maladie due à une hypersensibilité (à la douleur cette fois).

Je pense que nous sommes tout simplement des personnes différentes, mais on a tous ou presque un côté artiste qu'il faut développer. Moi j'adore tout ce qui est manuel, je fais beaucoup de broderie, de peinture, et j'aimerais me lancer dans les émaux.

L'hypersensibilité est aussi une qualité car elle nous permet d'être plus à l'écoute des autres, et même si on doit se protéger, en ce qui me concerne aider les autres m'apporte beaucoup.

Bonne journée à tous. Chrys

Bonjour Chrys, Steph, Philippe et les autres :)

C'est vrai qu'on se comprend bien entre bip ! C'est presque magique. Même parcours que toi, Chrys, sur le plan santé en fait à part la fibromyalgie.

C'est vrai aussi que je kiffe mon hypersensibilité même si elle m'a fait souffrir aussi. Le côté artiste je l'ai aussi avec le théâtre, la danse, l'écriture...plein de choses que je voudrais développer davantage si je n'étais pas aussi prise par un travail alimentaire (même si je ne mange pas beaucoup, ça dépend...) Bref, j'aimerais arrêter de travailler...Comment on fait ?

Le premier médecin que j'ai vu (médecin femme du Rectorat) m'a dit texto : "on a envie de vous secouer !" et la deuxième (toujours une femme, médecin conseil qui devait donner l'accord pour le congé maladie longue durée) m'a dit d'aller voir en Inde si les gens se plaignaient. Sur le moment, je n'ai pas eu la répartie de dire à cette bourgeoise mais néanmoins blondasse bijoutée que je n'avais pas les moyens de me payer le voyage, et que, d'autre part, fallait-il ignorer les diabétiques occidentaux sous prétexte qu'il y avait encore des lépreux...Non, point de répartie à ce moment là mais seulement une boule dans la gorge et un gros effort pour ne pas m'effondrer en larmes.

Alors, j'ai plaqué l'enseignement (je vous passe les détails) et fait une formation de secrétariat médico-social pour changer de crèmerie. Mon psy de l'époque m'a dit que j'avais fait un "choix débile" alors je ne suis plus jamais retourné chez lui. Il avait peut être raison d'ailleurs...

Bref encore, je ne vais pas vous raconter ma vie entière, ce serait trop  long déjà...

Mais je me rends compte que nos parcours et nos façons de voir la vie se ressemblent. Si on peut continuer à discuter ensemble et à s'aider, c'est cool :)

Bonne soirée ou journée :)