Idées reçues sur la maladie psychique et autres vacheries

Bonjour Chantre,

Je me retrouve entièrement dans vos propos. Je suis entière, et expéditive,  et quand on m'a diagnostiquée bipolaire à 20 ans, j'ai décidé, d'un coup d'un seul,  de rester célibataire, de vivre seule pour n'embêter personne -et n'avoir personne à charge- et de tout miser sur ma vie professionnelle. Je suis arrivée l'année dernière au top de ma carrière, -ce n'est pas fini-que j'ai effectuée à temps complet , et avec les honneurs ... (normal, puisque j'ai pu m'y consacrer à fond, et que je ne fais jamais rien à moitié). Je fuis les groupes de parole, et n'aimerais pas trop me trouver avec des bipolaires qui restent dans la plainte, car cela ne sert rigoureusement à rien. Je n'ai jamais ressenti l'envie d'avoir des enfants, mais il faut dire que j'ai ma dose toute l'année d'ados sympas et boutonneux ! Je me suis fait éjecter de tous les forums bipos pour avoir oser dire que la maladie bipolaire n'était pas toujours une excuse pour passer sa vie à se lamenter . Je comprends que certaines aient envie de fonder un couple et d'avoir des enfants. Mais ça reste un choix. Qui nous empêche de zapper la vie familiale, et de nous consacrer à autre chose, en tenant compte de nos limites ? Je me sens épanouie, et de toute façon , trop fragile pour rechercher à fréquenter d'autres bipolaires. J'ai appris à surfer sur mon hypomanie dans mon métier, et je dirais presque que cela m'a aidée dans ma carrière d'être le plus souvent prolixe, enjouée.( Je précise que j'ai toujours suivi le traitement à la lettre, et que je n'ai jamais fait trop attention à mon surpoids). Il y a des choses plus essentielles dans la vie, du moins, c'est mon sentiment. Je comprends que l'on ne veuille pas me fréquenter si je dis que je suis bipolaire, moi-même j'hésiterais: certains ne se soignent pas ou ne veulent renoncer à rien, et puis, mon caractère n'est pas une merveille de diplomatie. Je suis en fait pénible mais je me dis que j'ai fait au moins un heureux sur la terre: l'inconnu avec lequel je ne suis pas en couple. Par contre, ma vie sociale est riche et mes compétences sont reconnues. Mon métier est aussi une passion. C'est vrai que j'ai zappé pas mal le reste, - pas la vie amoureuse- , mais rares sont ceux , même sans ennuis de santé, qui gagnent sur tous les tableaux dans la vie. J'ajoute que j'ai la foi , et que je me sens guérir depuis le début, lentement mais sûrement. . Comme vous, je pense que l'on peut évoluer, qu'un diagnostic n'est pas immuable, qu'à défaut de foi, la philosophie des anciens - le " méden agan" des Grecs, en particulier = rien de trop/ Sénèque, Marc-Aurèle, toutes les oeuvres littéraires d'hommes et de femmes modérés- peut largement  et efficacement aider un ou une bipolaire persévérant(e). Bref,  Chantre, je suis comme vous, je ne tiens pas non plus à m'entourer de gens qui ne parlent que traitement et pleurnichent sur leur sort, sans rien vouloir changer, ni assumer leur part de  responsabilités.

@Loula: rassurez -vous , Loula, j'ai aussi le plus grand respect pour les mamans, notamment pour les mamans bipolaires. Dans la vie, tout est question de choix ou d'acceptation.  Certaines mamans me jugent sévèrement , par ignorance de ma vraie situation, et me classent d'abord dans la catégorie des égoïstes. Mais mon célibat est généreux et j'aime les jeunes qui m'entourent. C'est vrai cependant que mes amis , qui rient à mon humour dans le milieu professionnel, me tournent souvent le dos, après un moment de stupéfaction, car cela ne se voit pas trop, dès que je fais un tout petit peu allusion à ma maladie. Je viens d'en faire l'expérience, au bout de 13 ans ,  j'ai tenté de parler coeur à coeur avec des collègues, autour d'un café, chez moi: bien qu'elles m'aient vue mener ma barque au moins aussi bien qu'elles, cela les a fait toutes fuir, sauf une  dont le fils souffre du même genre de soucis. Quant aux forums de bipolaires, on dirait qu'ils n'aiment pas beaucoup les bipolaires qui s'en sortent à peu près. Ils sont les premiers à ne pas vous croire quand vous dites que vous " gérez." !

Bonne journée à vous deux, et bon week-end !

En effet scabieuse , souvent les bipolaires n'aiment pas les gens qui s'en sortent!J'ai une très mauvaise expérience dans les groupes de paroles où je ne remettrais plus jamais les pieds!!On dirait que ces personnes avaient perdu la foi et devenaient limite malveillants...

bon week end à vous

Merci Loulaa de répondre si vite !

Déjà, à mon avis, se réunir chaque semaine, sur une durée longue, dans un groupe de paroles autour des soucis des bipolaires, peut faire monter la mayonnaise négative, comme si ce n'était pas déjà assez difficile comme cela, au quotidien. Les 'casseroles' des uns ne font pas disparaître celles des autres, au contraire, elles ne font que s'additionner.Ce n'est pas égoïste, mais plein de bon sens, quand on va mal, de chercher la compagnie de personnes qui vont bien, ou qui vous tirent vers le haut. Je n'exclus pas de ma vie tous les gens fragiles comme moi, mais je les accueille quand je vais bien, donc quand je peux leur faire du bien. Certains forums de bipolaires font plus de mal que de bien, en entretenant l'idée que tous les bipolaires passent leur temps à se sur-analyser, à chipoter leur traitement, à contester leur état, à sadiser leur conjoint et à saboter leur vie de couple. Imaginez l'impression qu'ils font sur un individu lambda sincère,   juste en quête d'informations !  Comme chacun devrait le savoir, de nos faiblesses on peut tirer des forces. Par exemple, une maman bipolaire aura au moins le mérite d'être émotive , de manifester joie et peines, de se montrer humaine et vulnérable. Qui dit que ses enfants n'en retireront pas un bénéfice au moins à long terme ? ça vaut toujours mieux qu'une mère psycho-rigide qui reste toujours de marbre. Je souris quand je vois des mamans bipolaires, heureuses avec leurs enfants. Il n'y a pas de jalousie chez moi, et par contre, certains bipolaires sur certains forums ( je deviens prudente), ne cessent de se comparer, et de s'empoisonner eux-mêmes dans une sorte de compétition malsaine .  A force, la maladie devient prétexte à s'enfermer, et de tourner en rond  .Je serais sans doute restée célibataire, même si je n'avais pas été bipolaire. Je n'ai donc pas envie de discuter à l'infini sur le célibat, la solitude et la bipolarité.Je ne tiens pas à afficher le logo "bipolarité" sur mon T-shirt , à longueur de journée. Le fait de me savoir fragile me donne de la tolérance pour les autres, mais je ne suis pas maso, j'ai appris à connaître mes limites. Par exemple, je sais que je peux parler avec une amie trois heures d'affilée sans chercher mes mots, chaleureusement , mais j'ai appris que ce n'était pas une bonne idée , que ce n'était pas bon pour moi, que c'était énergétivore, avec le risque de partir dans les sphères ou de mal dormir ,et donc j'abrège parfois , ou préviens que la discussion sera limitée. Bref, il ne s'agit pas d'exclure tous les "tordus" de notre vie, puisqu'on en fait partie, mais de savoir trouver un équilibre entre ce que l'on fait et ce que l'on peut faire , sans dommage pour nos propres limites.

Amitié,

J ai déjà essayer d'en parler résultat j'ai presque tout perdu. Mais c'est pas pour autant que je me tait. On m'accepte comme je suis ou basta. Des fois je m’énerve face a la réaction des gens d'autres fois je fond en larmes cela dépend de mon état d'esprit.

Bonjour,

Effectivement les bipolaires sont souvent victimes de commentaires négatifs. Il y'a une méconnaissance de la maladie et elle est aussi devenue à la mode dans les séries policières : souvent le coupable ou le premier suspect est bipolaire !!!

Pour ma part, il y'a ma famille et mes 3 amies les plus proches au courant. Je n'ai pas assez confiance dans les autres. On ne passe pas notre temps à en parler, vu que je suis stabilisée à peu près, je n'en ressens pas le besoin. Je ne le dit pas autour de moi pour éviter que l'on me traite de folle car c'est à peu près la réaction des gens, d'autant que je suis exhubérante. 

Par contre, j'ai très peur de me mettre en couple car je ne voudrais pas le dire à mon compagnon. Par le passé cela les a fait fuir, notamment lors de phases descendantes.