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Les traitements de l’hypophosphatémie liée à l’X (XLH)

Publié le 24 août 2024 • Par Agnès Linglart

Pr. Agnès Linglart, pédiatre et Professeure de pédiatrie, impliquée depuis plus de 20 ans dans le diagnostic et le traitement des maladies rares, répond à nos questions quant aux traitements de l’hypophosphatémie liée à l’X (XLH) chez l’enfant. 

Quand faut-il débuter les traitements de l’XLH chez l’enfant ? Que faut-il attendre de ces derniers ? Faut-il les prendre à vie ? 

Toutes les réponses se trouvent ici ! 

Les traitements de l’hypophosphatémie liée à l’X (XLH)

Bonjour Professeure Linglart,

Vous avez accepté de répondre à ces quelques questions pour nous parler des traitements de l'hypophosphatémie liée à l'X chez l'enfant. 

Tout d'abord, pourriez-vous commencer par vous présenter ? 

Depuis 2007, je coordonne, au niveau National, le centre de référence des maladies rares du métabolisme du calcium et du phosphate qui est un centre de référence qui s'occupe, depuis le début, de l'organisation des soins et de la recherche dans le domaine de l'hypophosphatémie liée à l'X. Cela m'a amenée à coordonner également depuis 2019 la Filière de Santé Maladies Rares OSCAR qui regroupe tous les centres de références maladies rares impliqués dans les pathologies du calcium, du phosphore, de l'os et du cartilage

L'hypophosphatémie liée à l'X est une maladie génétique souvent diagnostiquée dans l'enfance. Pourriez-vous nous dire quelle est la prise en charge et les traitements de la maladie chez l'enfant ? A partir de quel âge ? 

Lorsque le diagnostic d'hypophosphatémie liée à l'X est posé chez un enfant, le traitement doit être débuté immédiatement. Cela peut donc être dès les premiers jours ou les premières semaines de vie, car plus le diagnostic est fait tôt, plus le traitement est démarré tôt et meilleurs sont les résultats. Chez l'enfant de moins de 1 an, le traitement médicamenteux de l'hypophosphatémie liée à l'X est l'association d'analogues actifs de la vitamine D (alfacalcidol ou calcitriol) et de suppléments de phosphore donnés au moins 4 fois par jour (phosphoneuros).

Chez l'enfant plus grand, à partir de 1 an, on peut utiliser les nouvelles thérapeutiques que sont les anti- FGF23 qui sont administrés en une injection sous cutanée tous les 14 jours. Ces traitements permettent d'améliorer voire de guérir les symptômes de la maladie mais ils n'enlèvent pas la maladie. Si les traitements sont interrompus, la pathologie revient et les complications également. 

Pourquoi est-il nécessaire de débuter les traitements le plus tôt possible ? 

Dans notre expérience et dans celle des autres groupes européens ou internationaux, le début précoce d'un traitement est associé à de meilleurs résultats pendant l'enfance mais aussi à l'âge adulte sur le long terme. Si le traitement est pris dès les premières semaines de vie, le traitement empêchera l'apparition du rachitisme et des déformations des membres inférieurs. Il empêchera également ou diminuera de façon très importante les abcès dentaires et permettra d'avoir une meilleure croissance et une meilleure taille lorsque les patients sont adultes. 

Que peut-on attendre de la prise de ces traitements sur l'état de santé de l'enfant ? Quelles sont les limites ? 

Les traitements médicamenteux de l'hypophosphatémie liée à I'X, que ce soit l'association vitamine D active, supplément de phosphore ou les anti-FGF23, ont des effets bénéfiques sur l'état de santé de l'enfant et ils améliorent ou font disparaître les symptômes de la maladie. Cependant, ces traitements, comme tous les médicaments, doivent être surveillés par des experts qui ont l'habitude de manier ces médicaments

En effet, pris en dose insuffisante, ils ne permettent pas de guérir les symptômes, pris en dose excessive, ils peuvent avoir des conséquences, en particulier sur la fonction rénale. 

En France, l'accès aux médicaments est couvert par le régime de sécurité sociale, ce qui n'est pas le cas dans tous les pays. 

Existe-t-il des effets secondaires à la prise de ces traitements ? 

Oui, comme pour tous les médicaments, lorsque la dose est insuffisante ou en excès, il peut y avoir des effets secondaires à la prise des médicaments. L'association vitamine D / analogues actifs de la vitamine D et suppléments de phosphore peut se compliquer en particulier d'un taux trop élevé de calcium dans les urines voire de néphrocalcinose ou d'une hyperparathyroïdie. Cela nécessite donc des ajustements de traitement tous les 3 mois chez les enfants pour prévenir ce risque. 

Est-ce que les traitements de l’hypophosphatémie liée à l'X doivent être pris à vie ? 

Oui, les traitements de l'hypophosphatémie liée à l'X doivent être pris à vie car ces traitements agissent sur les symptômes de la maladie mais pas sur la cause de la maladie. Ils ne vont pas corriger la mutation génétique du gène PHEX. Si les traitements sont arrêtés, le taux de phosphore baisse de nouveau et les symptômes réapparaissent, en particulier les symptômes osseux et dentaires. 

Quelle est la place de l'éducation thérapeutique de l'enfant atteint de l'hypophosphatémie liée à l'X ? 

Le traitement de l'hypophosphatémie liée à I'X n'est pas uniquement un traitement médicamenteux, c'est aussi surveiller et traiter les complications possibles de la maladie, évaluer le retentissement sur les différents organes du corps, évaluer le retentissement de la maladie sur la scolarité ou l'insertion professionnelle des patients. Il est donc important que les patients, comme les médecins, connaissent bien l'hypophosphatémie liée à l'X, son fonctionnement, ses traitements, ses différentes complications pour pouvoir les dépister et mieux les traiter. C’est le rôle de l'éducation thérapeutique du patient, qui, après un premier diagnostic éducatif, permet au patient de bien comprendre sa maladie et les enjeux qui s'ensuivent. Il peut y avoir plusieurs façons de faire de l'éducation thérapeutique du patient, lors de la consultation avec le médecin, lors d'une consultation avec une infirmière ou une diététicienne mais il y a aussi de l'éducation thérapeutique qui peut se faire en groupe ou qui peut se faire en ligne, grâce à des programmes dits « eETP ». 


Un grand merci au Pr. Agnès Linglart pour son témoignage !     
    
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Auteur : Agnès Linglart, Pédiatre, Professeure de pédiatrie, spécialiste des maladies rares

Pr. Linglart est Pédiatre et Professeure de pédiatrie. Elle est impliquée depuis plus de 20 ans dans le diagnostic et le traitement des maladies rares, en particulier, les maladies qui touchent la croissance des... >> En savoir plus

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