Tabac, alcool, malbouffe, obésité: 40% des cancers sont évitables
Publié le 25 juin 2018 • Mis à jour le 29 août 2019 • Par Léa Blaszczynski
Le tabac d'abord, puis l'alcool, une mauvaise alimentation, et enfin l'obésité sont les quatre facteurs principaux en France des 40% de cancers qui seraient "évitables", selon des chiffres publiés lundi par deux autorités de santé.
Chacun de ces risques tue beaucoup plus qu'il ne devrait, soulignent le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la santé et Santé publique France. Sur les 346.000 cas de cancer diagnostiqués en 2015 chez les 30 ans et plus, "142.000 (41%) auraient pu être évités si l'ensemble de la population n'avait pas été exposée aux facteurs de risque étudiés, ou si son exposition avait été limitée", écrit le CIRC dans un communiqué.
Le cancer est la première cause de mortalité en France, devant les maladies cardiovasculaires. Les tumeurs ont tué 164.000 personnes en 2013, d'après le ministère de la Santé. "Trop peu de Français sont conscients des risques qu'ils prennent", rappelait la ministre, Agnès Buzyn, lors du centenaire de la Ligue contre le cancer en mars. Elle défendait alors sa politique contre le tabac, responsable en 2015 de 20% des nouveaux cas évitables. Cela représentait 68.000 diagnostics.
Les cancers dus au tabagisme (cancers du poumon principalement, mais pas seulement) touchent surtout les classes populaires, avec un risque "de 1,5 à 2 fois plus élevé chez les 20% les plus défavorisés, par rapport aux 20% les plus favorisés", a souligné le CIRC. Si les hommes fument de moins en moins depuis les années 1950, Santé publique France rappelle "l'entrée en masse des femmes dans le tabagisme" dans la génération "baby-boom" (née entre 1945 et 1965). En nombre de cancers, cet attrait de la cigarette chez les femmes "aura des conséquences néfastes qui vont augmenter" jusqu'aux alentours de 2045.
Alcool : peut mieux faire
L'alcool provoque 8% des nouveaux cas de cancer évitables (soit 28.000), des cancers de différentes parties de l'appareil digestif, mais aussi du sein. Les auteurs ont estimé que la France pouvait beaucoup mieux faire dans la prévention de l'alcoolisme. Le CIRC plaide pour une action sur les coûts telle que "l'augmentation des prix et des niveaux de taxation".
Santé publique France juge que "les actions de prévention ne sont à ce jour pas aussi développées que celles qui visent la réduction du tabagisme". Elle souligne la prépondérance du vin dans la consommation d'alcool du pays (59% du volume), loin devant les alcools forts (21%) et la bière (19%).
L'alimentation déséquilibrée et l'obésité sont chacune responsables de 5,4% des nouveaux cas de cancer (18.800 et 18.600 respectivement). Côté "malbouffe", le CIRC pointe le risque d'une "faible consommation de fruits, de légumes, de fibres alimentaires et de produits laitiers, ainsi qu'une consommation élevée de viandes rouges et de viandes transformées". Ce phénomène touche davantage les hommes. Côté surpoids et obésité, c'est l'inverse : les femmes sont plus concernées, ce facteur de risque étant important dans les cancer du sein et du corps utérin (endomètre).
Les autres facteurs de risque "évitables" sont moins fréquents. On y trouve les "agents infectieux" (4% des nouveaux cas) tels que le papillomavirus humain ou la bactérie H. pylori, et les "expositions professionnelles" (3,6%), à l'amiante ou aux pesticides par exemple. Puis d'autres facteurs : radon dans l'air intérieur, pollution atmosphérique, substances chimiques dans l'environnement, etc.
Santé publique France s'est aussi alarmée d'une certaine méconnaissance des risques. "Trop de personnes enquêtées se représentent que boire des sodas ou consommer des hamburgers serait aussi mauvais pour la santé que boire de l'alcool", a déploré l'agence sanitaire.
AFP
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