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Endométriose et troubles digestifs : les comprendre pour mieux les soulager

Publié le 28 oct. 2024 • Par Stéphanie Rodriguez

Quand on évoque l’endométriose, qui se caractérise par la présence de tissu semblable à la muqueuse utérine, on ne pense pas toujours aux troubles digestifs. Pourtant, ils surviennent chez près de 80 à 90 % des patientes atteintes de la maladie.  

Pourquoi les troubles digestifs sont-ils aussi fréquents chez les patientes atteintes d’endométriose ? Quelles en sont les causes ? Et surtout par où commencer pour retrouver son confort digestif ?

On vous dit tout dans notre article !

Endométriose et troubles digestifs : les comprendre pour mieux les soulager

L’endométriose et le microbiote intestinal : une relation à double sens 

Parmi les symptômes les plus fréquemment observés, on retrouve les fameux ballonnements, plus connus sous le terme d’“endobelly” (en référence au gonflement parfois spectaculaire du ventre), les épisodes de constipation et/ou de diarrhée mais aussi les rectorragies, qui correspondent à la présence de sang dans les selles. Si l’endométriose digestive, qui se caractérise par des lésions sur les intestins, le côlon et le rectum, pourrait en être la cause, cela ne représente en réalité que 7,6% des femmes atteintes de la maladie. Pour en comprendre les fondements, il faut alors se tourner vers les caractéristiques de la maladie : chronique et inflammatoire

Lorsque le système immunitaire détecte une lésion d’endométriose, une réaction inflammatoire est immédiatement déclenchée localement. Celle-ci peut, de par la très grande proximité entre les organes dans la cavité abdominale, s’étendre à la sphère digestive, provoquant ainsi des spasmes intestinaux, des ballonnements, des douleurs abdominales et une perturbation du transit. Du tissu cicatriciel peut également se former et créer des adhérences entre les organes réduisant ainsi la mobilité intestinale et entravant, par ricochet, les fonctions digestives. Mais cela ne s’arrête pas là. 

L’inflammation chronique liée à l’endométriose va également favoriser une dysbiose, c'est-à-dire un déséquilibre entre les bonnes et les mauvaises bactéries au niveau du microbiote. Et puisque 70% des cellules immunitaires du corps se trouvent dans l’intestin, le microbiote altéré va lui-même alimenter l’inflammation et ainsi contribuer à la progression de la maladie et à la sévérité des symptômes. 

Les autres causes des troubles digestifs chez les femmes atteintes d’endométriose 

Tout d’abord, les médicaments couramment utilisés pour soulager les douleurs d’endométriose ont un véritable impact sur notre santé intestinale. Les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) comme l’ibuprofène ou l’aspirine, par exemple, sont bien connus pour leurs effets secondaires gastro-intestinaux. Les progestatifs (substances qui imitent les effets de la progestérone) souvent prescrits en cas d’endométriose favorisent la rétention d’eau et de sel conduisant à des sensations de ballonnements. La prise de pilule contraceptive implique également de façon systématique des déficits micronutritionnels délétères pour le bon fonctionnement de notre système digestif (le zinc et le magnésium notamment).Les anti-douleurs contenant des opioïdes, quant à eux (morphine, codéine, l'oxycodone, tramadol, etc.), ralentissent le transit intestinal favorisant ainsi la constipation et, par ricochet, un déséquilibre du microbiote intestinal

Ensuite, et parce que les symptômes digestifs sont relativement communs à plusieurs conditions de santé, il est indispensable d’écarter d'éventuelles pathologies digestives et/ou auto-immunes pouvant coexister ou être en lien avec l’endométriose. Parmi elles, on retrouve la mycose digestive, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) telles que la maladie de Crohn ou la rectocolite hémorragique (RCH), le SIBO (aussi appelé “prolifération bactérienne dans l’intestin grêle”), ou encore le syndrome de l’intestin irritable (SII) qui est très fréquemment retrouvé chez les femmes atteintes d’endométriose, à hauteur de 90% environ. Des liens entre la maladie cœliaque (maladie auto-immune dans laquelle la consommation de gluten déclenche une réponse immunitaire qui endommage la muqueuse de l’intestin grêle) et l’endométriose ont aussi été démontrés. Dans une étude menée sur plus de 1600 femmes, la maladie a pu être diagnostiquée chez 2,5% du groupe de femmes atteintes d’endométriose contre seulement 0,66% dans le groupe contrôle. Les femmes atteintes d’endométriose présentent également un taux 7 fois plus élevé d'hypothyroïdie que la population générale (9,6% contre 1,5%). 

Les solutions pour retrouver son confort digestif avec l’endométriose 

La première étape, quand on souffre de troubles digestifs avec l’endométriose, est évidemment d’en parler avec un professionnel de santé qualifié : médecin généraliste ou gastro-entérologue. Ce dernier cherchera à écarter d'éventuelles pathologies digestives et/ou auto-immunes et recherchera tout trouble fonctionnel pouvant expliquer la symptomatologie. 

Par ailleurs, consigner dans un carnet l’ensemble de ses prises alimentaires ainsi que les problèmes digestifs qui y sont associés peut être un réel atout pour orienter le diagnostic. A l’intérieur, on pourra également y noter son état émotionnel lors des repas, la période de son cycle menstruel ainsi que la fréquence à laquelle on va à la selle. Autant d’informations utiles pour identifier les facteurs déclencheurs de crises digestives ainsi que les aliments qui semblent être plus ou moins bien tolérés. 

Si évincer certains aliments ou groupes d’aliments peut être une bonne idée au premier abord pour mettre au repos son système digestif, il faut faire attention toutefois à ne pas trop prolonger ce type de régime au risque de modifier sa flore intestinale et d’avoir l’effet inverse de celui escompté. Se faire accompagner par une diététicienne nutritionniste est vivement conseillé pour bénéficier d’une approche personnalisée, à la fois locale (pour traiter, par exemple, une perméabilité intestinale) et systémique (pour réduire son terrain inflammatoire).  

Un autre moyen d’améliorer son transit est de travailler sur sa mobilité intestinale. Si des séances de kinésithérapie pouvant être 100% remboursées par la Sécurité Sociale ou d'ostéopathie sont toutes indiquées, on peut aussi opter pour la pratique du massage abdominal : à faire soi-même avec une huile de camomille pour ses propriétés apaisantes ou en cabinet par un professionnel. Dans tous les cas, le but recherché sera toujours de relâcher les tensions et de refaire circuler les fluides pour améliorer la capacité digestive

Enfin, et si on souhaite favoriser une meilleure digestion, il y a des habitudes qu’on peut d’ores et déjà mettre en place comme : s'éloigner des sources de stress et manger dans le calme loin des écrans (le corps reste alors focalisé sur la fonction digestive), prendre le temps de bien mâcher ses aliments, boire de l’eau en dehors des repas (évite de diluer les sucs gastriques) ou encore aller marcher quelques minutes après le repas

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