Conseils à un bipolaire

L'aspect checklist n'est pas forcément le meilleur : mais il y a 2-3 trucs importants je trouve...

·         Accepter sa maladie, éventuellement aidé par des témoignages de malades qui ne manquent pas, se rendre compte que les thèmes maniaques sont courants et sont des symptômes « ordinaires » malgré le fait qu’ils ont un côté extraordinaire en se manifestant à notre expérience. Il n’est pas sans intérêt de se rendre compte que finalement il y a des centaines (milliers en fait) de cas dont les symptômes psycho-spirituels de la phase maniaques sont ultra proches et que derrière l’aspect numineux des thèmes mystiques cela reste très ordinaire au regard de la pathologie.

·         Avoir un psychiatre de confiance avec lequel on soit à l’aise, quelqu’un de souple et au fait des thérapies modernes (peut être un jeune un ancien chef de clinique qui s’installe en libéral)

·         Ne pas hésiter à changer de psy si vous n’êtes pas en relation de confiance

·         Les traitements psy peuvent être lourds et amortissant au niveau intellectuel et psychologique : ne pas hésiter à en parler vite à son médecin, pour optimiser celui-ci…

·         Psychologiquement les thèmes maniaques s’ancrent en profondeur dans l’inconscient profond de la personne et son cœur de personnalité : d’où la difficulté à s’en défendre, l’idée n’est pas tant de refouler ces thèmes (en effet le refoulement fini par ressortir plus fort encore) que de leur trouver une place équilibrée, les thèmes d’identification massive à des archétype mythique/spirituel peuvent être tempérés par une juste perception de la mystique « ordinaire » qui leur donne une place juste.

·         Pour prendre un exemple tout chrétien est un alter christus, et la vie spirituelle normale est une participation de la vie du Christ et cela est très beau, une identification massive au christ est dé potentialisé par la juste relation de notre lien au Christ ; de même une identification massive à une fonction royale, est dé potentialisé par le fait que nous sommes tous, prêtre, prophète et roi, et que donc notre vocation humaine universelle a des aspects royaux profonds sans qu’il soit besoin de s’identifier massivement à une royauté d’exception…

·         Par un certain côté une part de deuil d’un rêve un peu enfantin, de la même manière que l’identification un peu enfantine à un personnage de fiction, qui est présent inconsciemment chez tous spectateur d’un film, mais qui se manifeste de manière plus dramatique dans le délire maniaque, cela demande une certaine humilité et une dose d’humour par un regard franc sur l’aspect un peu ridicule de l’inflation de la personnalité qui s’identifie à un archétype, il faut reconnaitre enfin que le costume est trop grand pour notre petitesse, et accepter cela avec un certain humour

·         Un peu d’étude de l’inconscient collectif et de ses archétypes a un bon côté pour dé potentialiser ces thèmes et prendre conscience de leur présence universelle et ordinaire

·         L’étude de cas de malades a de bon côté pour se rendre compte que notre petit cas personnel est très comparable à tant d’autres…

·         Fuir autant que possible l’oisiveté : le travail fait partie de la thérapie, surtout s’il est neutre émotionnellement (comme l’informatique) plus que les autres le bipolaire a besoin d’hygiène de travail intellectuel

·         Par contre chercher la stabilité émotionnelle qui est un allié de poids

·         Connaitre les thèmes de sa période maniaque, pour repérer son arrivée, (avec les autres marqueurs : difficulté de sommeil, thème psychique, dépenses pas très ajustées, irritabilité, volubilité, désinhibition, perceptions de synchronicité etc…) Dans les débuts de la maladie, la connaissance de ces thèmes et notre capacité à ne pas entretenir des sujets qui engendrent des fragilités est de l’ordre de la prudence.

·         Accepter de se faire aider par son entourage proche, prendre en compte les avis de ceux qui nous entourent

·         Développer une personnalité critique par rapport à sa propre personnalité qui soit capable de prendre du recul face à la pente courante de notre personnalité, c’est-à-dire critiquer notre propre emballement maniaque même si celui-ci est très fort, ou au contraire notre dépression, pour être capable de réagir malgré nous si je peux dire...

·         Quand on est chrétien il n’est pas toujours facile de discerner que dire à son médecin, et que dire à son psychiatre, bien sûr on pourra rencontrer le mouton à 5 pattes du prêtre fils de psychiatre, les deux aides sont nécessaires sur deux ordres de réalité différentes, il n’est pas forcément productif de déballer ses délires à un prêtre mais ne pas cacher ses blessures est important aussi. A rebours un psychiatre n’est pas un confesseur mais par contre la connaissance de nos pensées sont pour lui les symptômes qui l’aident à appréhender notre état…

·         Un certains nombres d’aspects nutritionnels m’ont aidé : je les donne à titre indicatif

o   Magnésium

o   Omega 3 riches en epa et dha

o   Vitamines B (type Karoshil)

o   Remplacement du blé par l’épeautre (pour le pain, les pates etc…)

o   Vitamine C en bonne dose en cas de dépression (effet positif chez moi)

·         Ces aspects nutritionnels ne sont pas des alternatives au traitement qui est souvent nécessaire, mais des aides supplémentaires

·         25 ans après j’ai toujours un traitement que je module en fonction des épisodes, il est moins lourd qu’au départ mais reste indispensable

·         Il est plus facile de vivre cette maladie dans un cadre émotionnel et familial stable que quand elle se manifeste à 19 ans où on se retrouve perdu et sans cadre, l’aide de proches aimants est ultra importante dans l’évolution positive de la maladie

·         La régularité du sommeil et plus généralement du cadre de vie est un allié de poids

·         A rebours, l’alcool est très problématique

·         Certaines comorbidité fréquentes comme Asperger/Bipolaire apportent des éclairages intéressants sur la connaissance de soi et donc le combat contre la maladie, pour ma part c’est le cas et les particularités des personnalités asperger (même si cela n’est pas fort chez moi) permettent de comprendre certaines logiques qui se manifestent dans la bipolarité.

·         Ne pas hésiter à lire les nombreux livres de référence sur la maladie et les témoignages

·         D’expérience la phase de dépression est à mesure de l’épuisement psychique de l’énergie « brulée » lors de la phase maniaque, donc on a un certain intérêt à éviter des emballements trop longs

·         La bipolarité a un rapport évident avec la drogue même si celle-ci est absente du processus

·         La phase maniaque a des aspects agréable d’accélération mentale, et de sublimation intellectuel (qui finit en catastrophe absolument délirante) … Cet état est globalement celui que certains drogués recherchent, et comme le drogué une fois tombé dans une phase noire de dépression suivant, il y a un désir fort de retrouver l’état de bien être que semble être la période maniaque… C’est un piège important, mais il est vrai que quitte à être stabilisé il vaut mieux être très légèrement up que dans la dépression permanente…