Maladie de Castleman : tout ce que vous devez savoir !
Publié le 29 juin 2020 • Mis à jour le 30 juin 2020 • Par Pauline Heyries
La maladie de Castleman est une maladie rare qui peut survenir chez les hommes et les femmes de tout âge. On estime entre 4 300 et 5 100 nouveaux cas par an aux États-Unis. Les progrès concernant la classification, le diagnostic et le traitement de la maladie ont été significatifs depuis sa description originale par Benjamin Castleman en 1954.
Qu'est-ce que la maladie de Castleman ?
La maladie de Castleman touche les ganglions avec l’apparition de tumeurs bénignes, on ne parlera donc pas de cancer. Cette pathologie n’est ni héréditaire, ni transmissible. Elle est dite lymphoproliférative, c’est-à-dire que l’on observe une prolifération de cellules dites lymphoïdes ce qui provoque un trouble du système immunitaire. La maladie de Castleman se situe à l'intersection de différentes aires thérapeutiques : l’hématologie, l’oncologie, la rhumatologie et la virologie.
C'est une maladie grave, dont le taux de survie à 5 ans (après diagnostic) n'est encore que de 65%. Ce taux descend même à 40% 10 ans après l'établissement du diagnostic. Les patients atteints de la maladie de Castleman ont également 3 fois plus de chances de développer une pathologie maligne (un lymphome par exemple).
A ce jour, il n’existe pas de facteur de risque spécifique, cependant des études ont démontrées qu’une immunité compromise pourrait être un facteur favorisant. On retrouvera donc certaines formes de la maladie de Castleman associées à la sous famille du virus de l’herpès (HHV-8) ou au Sida (VIH).
Il existe différentes formes de la maladie de Castleman :
Au moment de sa découverte la maladie de Castleman a été catégorisé sous 2 types : unicentrique (qui touche un groupe ganglionnaire) ou multicentrique (qui touche plusieurs groupes ganglionnaires), mais aujourd’hui cette classification a évolué :
Les différentes formes sont classées en fonction du nombre de ganglions lymphatiques ou de la région des ganglions lymphatiques touchés :
- La maladie de Castleman unicentrique (UCD) ne touche qu’un seul groupe ganglionnaire ou un seul ganglion. C’est la plus fréquente, 50% des cas dans la population générale. De plus elle touche plutôt les enfants et les jeunes adultes.
- La maladie de Castleman multicentrique ou disséminée idiopathique (iMCD) touche plusieurs aires ganglionnaires. Elle est dite idiopathique car la cause de cette pathologie est inconnue. Elle est observée à tout âge, cependant les adultes mûrs sont souvent les plus touchés. Au total elle représente 25% des cas.
- La maladie de Castleman multicentrique associée à la sous famille de l’herpès virus (HHV-8) touche des adultes et représente 8-25% des cas, principalement, des personnes originaires de pays à forte prévalence pour ce virus (Afrique).
- Il existe d’autres formes plus complexes et rares de la maladie de Castleman mais on ne les détaillera pas dans cet article.
Les symptômes de la maladie de Castleman :
Pour mieux comprendre les symptômes de la maladie de Castleman, il est important de connaître notre système lymphatique.
Il correspond à l’ensemble des structures qui permettent le fonctionnement de nos défenses immunitaires et comprend différents éléments : des organes (rate, thymus, amygdales, ganglions lymphatiques, plaque de Peyer) et des vaisseaux dit lymphatiques qui permettent à la lymphe (produit issu du sang) de circuler.
Les ganglions lymphatiques ont un rôle primordial pour notre système immunitaires. Ils permettent de filtrer les liquides de notre organisme, de fabriquer une variété de globule blanc appelé lymphocyte et de préparer les cellules de défenses de notre organisme à réagir spécifiquement face aux virus ou à un corps étranger.
Les patients ayant une maladie de Castleman unicentrique sont généralement asymptomatiques, mais on retrouve chez eux une augmentation de la taille d’un ganglion (adénopathie). En général ces manifestations ne sont pas inflammatoires ou douloureuses. Toutefois, lorsqu’elle est très volumineuse ou « mal placée », elle peut être responsable d’une gêne et de douleurs.
Les symptômes de la maladie de Castleman multicentrique sont quant à eux variés :
- Fièvre et sueurs nocturnes
- Fatigue
- Perte d'appétit, maigreur
- Nausée et vomissements
- Engourdissement dans les mains et les pieds
- Augmentation de la taille du foie ou de la rate
- Éruption de papules rouges sur la peau
- Oedème (gonflement), ascite (accumulation de liquide dans l'abdomen)
- Insuffisance rénale
- Ecchymoses (bleus), saignements faciles, et un risque d'infection
Les patients présentant une forme multicentrique idiopathique, ont une clinique évoquant un lymphome ce qui rend le diagnostic difficile.
La forme de la maladie de Castleman associé au HHV8 est proche des formes sévères de la maladie de Castleman multicentrique idiopathique avec quelques particularités :
- la fréquence ou l’importance des signes généraux, la présence de gonflement, des défaillances organiques, la destruction de certaines cellules sanguines par d’autres cellules de notre système immunitaire, et bien sûr la maladie de Kaposi qui se traduit par des tumeurs cutanées.
- la sévérité de l’atteinte des cellules sanguines et du syndrome inflammatoire.
Chez les patients HIV positifs, la maladie de Castleman a une présentation très similaire à celle observée en dehors de ce contexte mais elle est souvent plus sévère.
Le diagnostic de la maladie de Castleman :
La maladie de Castleman est très rare, les patients manquent de sensibilisation, et les médecins d’expérience ce qui rend le diagnostic de cette pathologie compliqué. Il est important de se baser sur les signes cliniques, biologiques ainsi que sur l’imagerie médicale. Les patients doivent faire des examens approfondis : un examen physique et un examen sanguin complet.
Le diagnostic repose avant tout sur l’examen de la lésion, pour cela on réalise une biopsie (prélèvement chirurgical peu invasif d’un fragment de tissu ou d’organe), le plus souvent ganglionnaire.
Le diagnostic définitif reste difficile, en particulier pour les formes multicentriques idiopathiques, et ne pourra être retenu qu’après exclusion d’un certain nombre de pathologies tumorales, infectieuses ou inflammatoires et inclusion d’un certain nombre de critères cliniques et biologiques associés.
Les traitements de la maladie de Castleman :
La stratégie thérapeutique adoptée dépend de la forme de la maladie de Castleman.
- Pour la forme unicentrique, le traitement de référence consiste à retirer de façon chirurgicale le ganglion ou l’aire ganglionnaire anormale (ganglion hypertrophié). Si on enlève la totalité la guérison définitive est quasi-constante. Il est important de noter que l’espérance de vie des patients ayant une maladie de Castleman unicentrique n’est pas impactée.
Dans les cas où la chirurgie n’est pas possible ou trop invasive, la radiothérapie est envisagée. Les résultats sont habituellement bons mais il faut tenir compte du risque potentiel à long terme. - Pour les formes multicentriques idiopathiques, la prise en charge thérapeutique n’est pas encore bien définie.
- En 1ère intention on utilise 2 biothérapies qui ciblent la voie de l’interleukine-6 (rôle important dans la réponse inflammatoire) : le siltuximab qui est un anticorps monoclonal et le tocilizumab qui est un anti-récepteur IL-6. Ces deux traitements sont efficaces chez la plupart des patients, en particulier sur les signes généraux et le syndrome inflammatoire. Cependant ils ont une efficacité moindre sur le syndrome tumoral.
- En seconde intention on utilise les traitements anti-inflammatoire conventionnels (corticostéroïdes) et immunosuppresseurs (sirolimus, cyclosporine, rituximab) seront une option.
- En dernier recours les traitements ciblant les cytokines et les voies cellulaires inflammatoires (bortézomib, thalidomide, anakinra) seront envisagés.
Le pronostic reste réservé et très dépendant des complications et de la sensibilité aux traitements, mais l’espérance de vie reste, en médiane, supérieure à 10 ans dans 70% des cas.
- Pour les formes HHV-8 positive mais VIH négatif, le traitement de référence est un anticorps monoclonal anti-B : le rituximab, ce qui revient à faire une chimiothérapie. Les rechutes sont possibles mais les patients peuvent à nouveau être sensibles au même traitement. Le pronostic ici est assombri par le risque de développer un lymphome malin non-hodgkinien. La médiane de survie à 10 ans serait de l’ordre de 50%.
- Pour les formes HHV-8 positive et VIH positif, le traitement repose aussi sur le rituximab. Il y a néanmoins des réserves sur l’utilisation de cette thérapie. Il s’agit de la forme la plus agressive de la maladie de Castleman, et la mortalité reste importante bien qu’en régression ces dernières années. L’espérance de survie médiane reste inférieure à 50% à 10 ans.
Essais cliniques/avancée médicale/recherche
Actuellement, la maladie de Castleman idiopathique est diagnostiquée lorsque plusieurs ganglions lymphatiques non spécifiques mais caractéristiques sont observés chez les patients présentant aussi les symptômes appropriés. Cependant établir un diagnostic précis est difficile, car aucun critère standard ou biomarqueur (caractéristique mesurable qui représente un indicateur nous permettant de détecter une anomalie) fiable n’existe.
Mais, grâce à un panel international, les premiers critères diagnostiques pour la maladie de Castleman idiopathique sur la base de l'examen de 244 cas cliniques et de 88 échantillons de tissus ont été établi. Parmi les critères majeurs on retrouve une augmentation de la taille des ganglions ainsi que des anomalies après examens médicaux plus poussés. Les critères mineurs cliniques regroupent : augmentation de la taille de la rate et du foie, gonflement (oedèmes), papules violacés et des symptômes pulmonaires, tandis que les critères mineurs biologiques incluent entre autre une anomalie quantitative des globules rouges et des plaquettes et un dysfonctionnement rénal.
De plus une étude sur l'évaluation de la réponse au siltuximab a démontré que pour les patients ayant 1 critère majeur, au moins 2 de critères mineurs et au moins 1 anomalie biologique répondent moins bien au traitement que les patients qui ont au moins 3 critères mineurs.
La recherche sur la maladie de Castleman est toujours en cours et des études sont menées pour pouvoir améliorer les connaissances et la prise en charge des patients.
Comment trouver du soutien sur Carenity ?
Sur Carenity vous aurez l'opportunité d’en apprendre plus sur la maladie de Castleman grâce aux articles ainsi qu’aux discussions de groupe.
La plateforme vous offre la possibilité de partager votre expérience avec d’autres patients et d’y trouver du réconfort, des astuces, des encouragements et la motivation pour combattre.
Les proches peuvent aussi s’inscrire et participer aux discussions ce qui enrichit le dialogue et nous donne un autre point vue.
Carenity permet aux patients ainsi qu’à leurs proches de se sentir compris et entouré ce qui est primordial lorsque l’on est atteint d’une maladie. En plus de ce forum, un questionnaire concernant la maladie de Castleman vous permettra de donner votre avis sur votre prise en charge, votre parcours de soin, ainsi que la façon dont vous vivez avec cette pathologie. Par la suite ces informations serviront à faire avancer la recherche et permettre aux patients de mieux vivre avec la maladie de Castleman.
Pour aller plus loin :
N’hésitez pas à vous rendre sur le site du CDCN (Castleman Disease Collaborative Network) pour plus d’information. Ce site est disponible en anglais uniquement.
Sources :
https://castleman.fr/diagnostic-et-classification-de-la-maladie/
https://www.vulgaris-medical.com/encyclopedie-medicale/lymphe-et-systeme-lymphatique
L’article : “International, evidence-based consensus treatment guidelines for idiopathic multicentric Castleman disease” from the blood journal.
L’article : “Overview of Castleman Disease” from the blood journal.
L’article : “International, evidence-based consensus diagnostic criteria for HHV-8–negative/idiopathic multicentric Castleman disease ” from the blood journal.