Anxiété et manque de confiance au volant : comment surmonter ses blocages ?

@Lune1981 Bonjour Lune1981

A te lire, je trouve que tes parents sont en partie responsables de l'état d'esprit dans lequel tu te trouves, dans la mesure où comme tu le dis, ils veulent prendre des décisions à ta place que ça te plaise ou non. Ils ne te laissent pas libre et te conformisent à leur vision des choses. Au fond, tu ne te sens pas légitime d'avoir tes propres idées et pensées, et si tu les exprimes, tu t'exposes à une réaction négative de leur part et à un jugement négatif et blessant de manière générale vis à vis des autres. C'est normal que tu te sentes mal dans cette conditions, car incomprise et non respectée ! Un jugement porté et une volonté de contrôler n'est pas un acte d'amour, aussi sur cet aspect tes parents ne font à mon sens pas preuve d'amour envers toi, et comme dans toute situation de désamour, on souffre inévitablement, ponctuellement ou constamment.

Je pense qu'il faut que tu cesses de donner plus d'importance à ce que pensent les autres qu'à ce que tu penses toi, et à défaut de leur dire, adopte peut-être dans un premier temps cette mentalité dans ta manière d'être. Pour les décisions que tu as du mal à prendre, c'est certainement à cause du fait que tu es submergée par la peur de mal faire, la peur du jugement ou de décevoir, et de fait, ça te paralyse et tu n'oses faire des choix. Je dirais que ça a plus de sens de se tromper dans l'action, plutôt que de se tromper dans l'inaction. Si tu déçois des personnes, tu ne peux être que désolée pour elles car en vérité c'est la souffrance qu'elles se créent toutes seules de par leur attente envers toi, qui n'a pas lieu d'être : s'inscrire dans cet état d'esprit (l'attente de l'autre) est un acte égocentrique dans la mesure où on attend de l'autre qu'il satisfasse avant tout nos propres volontés...

Je sais que dans les fais ta situation n'est pas facile à vivre car même si tu as tout cela en tête, les personnes que tu côtoies ne seront pas forcément prêtes à changer leur vision des choses et comportements. Néanmoins, si toi tu arrêtes de donner du pouvoir à ceux et celles qui veulent te dicter ton comportement et pensées, tu souffriras moins.

L'état émotionnel dans lequel tu te trouves actuellement s'apparente au trouble "d'anxiété généralisée" au sens psychiatrique, tu es stressée à la moindre action, devant plein de situations qui pour la plupart des gens sont anodines. Peut-être as-tu un trouble "d'anxiété sociale" également, où tu aurais peur des gens en général ? Ton médecin généraliste pourrait te prescrire des anxiolytiques ne serait-ce que ponctuellement si cela peut t'aider.

Au final je pense que ce qu'il faut retenir est le message suivant : quand tu accordes de l'importance à ce que les gens pensent de toi et veulent de toi, tu te places en leur pouvoir. Si celui ou celle qui détient ce pouvoir fait preuve de désamour envers toi, tu ne peux que souffrir. Il s'agit donc dans un premier temps de briser ce schéma. Après, je sais bien que tu continueras à te sentir seule (tu as peut-être quand même des ami(e)s avec qui tu te sens bien ?) mais je pense que c'est une première étape vers un mieux-être.

Nicolas

@Nikolas77 Bonjour Nicolas,

Je vous remercie pour votre retour claire et lucide. Je me sens beaucoup mieux, car j'arrive enfin à comprendre pourquoi j'agissais irrationnellement sur la route. Vous avez tout à fait raison, je ne peux pas être responsable du bonheur des autres. Je me suis toujours sentie lâche quand je n'ai pas osé faire telle ou telle chose par le passé.

Je redoute beaucoup le fait d'être jugée et rejetée. Mais c'est inévitable, et j'ai vraiment envie d'avancer et d'enfin être moi-même. En ce qui concerne "l'anxiété générale", je n'en ai jamais entendue parler. Je me renseignerai et je ferai de mon mieux pour comprendre ce trouble. Je suis plutôt bien entourée, j'ai de bons amis à qui parler. Cependant, j'ai besoin de comprendre les choses par moi-même pour trouver des solutions.

La tension avec mes parents résident également du fait de la différence culturelle. J'ai grandie dans deux cultures différentes et je ne partage pas souvent les même valeurs avec mes parents.

Je vais vous écouter et essayer de changer ma manière d'être et me faire passer avant les autres.

Merci beaucoup pour votre retour :)

Lune

@Lune1981 Je vous en prie :-)

Oui on n'est pas nécessairement responsable du bonheur des autres mais surtout pas non plus responsable de leur malheur, les personnes égocentriques sont inévitablement en souffrance (égoïsme, orgueil, narcissisme), car elles s'exposent constamment à la contrariété lorsque les autres ne nourrissent pas leur égocentrisme, à juste titre. Si ces personnes faisaient preuve de plus de bienveillance, d'humilité, et laissaient les autres libres, elles ne souffriraient pas ainsi. Elles souffrent en réalité d'un désamour profond envers elles-même et envers les autres.

Vous dites que vous vous "trouvez parfois lâche", mais ne vous jugez pas... Préférez la compréhension de vos comportements et pensées, puis composez en fonction des éléments dont vous aurez conscience qui régissent votre comportement. Toujours, vous verrez que ce qui vous retient dans telle ou telle action n'est autre que de la peur. Ça a plus de sens de se demander pourquoi on a peur, plutôt que de se juger soi-même. Le jugement, qu'il soit exercé sur les autres ou sur soi, condamne, fige l'individu (jugé mauvais), et celui qui juge entretient ainsi toujours une pensée négative en lui. A terme, le juge, plein de ses pensées négatives issues de ses jugements, est bien en souffrance ! Là où celui qui comprend, reste dans la bienveillance, qui laisse libre, qui sait que "l'autre" peut changer (ce n'est pas pour autant qu'il le fera), reste en paix. L'auto-jugement crée l'une des plus grandes souffrance morales, entraînant culpabilité et image pérenne négative de soi, c'est un acte de désamour porté sur soi et l'on ne peut que souffrir lorsque l'on est dans le désamour de soi.

Vous avez raison quand vous dites que vous voulez enfin être vous-même ! Je crois que c'est effectivement l'état d'esprit le plus juste et le plus sensé. Je sens effectivement que vous êtes disposée à réfléchir et à comprendre ; en vérité, on est tous invité à le faire mais beaucoup préfèrent rester dans l'inaction intellectuelle. Le chemin de la pensée et de la réflexion peut être très rude, surtout pour celui ou celle qui se retrouve noyé(e) parmi des gens choisissant le superficiel, et à ce titre, ça peut faire l'objet d'une souffrance supplémentaire (solitude et incompréhensions).

Il ne s'agit pas "d'anxiété générale" mais "d'anxiété généralisée", mais peut-être l'avez-vous vu si vous avez déjà entamé des recherches sur le sujet.

Une dernière chose si je peux me permettre, il ne s'agit pas de "se faire passer avant les autres", mais plutôt de se défaire des autres en terme d'influence mentale ; si vous réussissez à rester bienveillante envers ceux et celles qui vous blessent (c'est un défi pour nous tous), alors vous les toucherez peut-être par votre lumière, ils prendront conscience et manifesteront la volonté de changer pour être meilleurs. A l'inverse, vous pouvez aussi éblouir vos interlocuteurs, les plus orgueilleux et égoïstes voudront vous "détruire" en vous asservissant, humiliant, ou rabaissant pour ainsi exprimer leur égocentrisme (sentiment de supériorité-> orgueil, ou possessivité de l'autre-> égoïsme) dont ils souffrent tant à leur insu. A cela je répondrai tout simplement que vous n'aurez pas à nourrir leurs volontés égotiques car vous ne vous estimerez vous-même ni "inférieure", ni "esclave", ni "honteuse", car contrairement à eux, vous serez dans la bienveillance de vous-même, qui ne juge pas mais comprend, et invite au changement. Ainsi, vous observerez vos tortionnaires souffrir seuls de leur colère voire de leur haine, et vous comprendrez que toute personne plongée dans le désamour et la malveillance est en réalité bien plus à plaindre qu'à condamner.

Bien à vous,
Nicolas

@Nikolas77

Merci encore, Nicolas

Je n’ai jamais réellement échangé avec quelqu’un sur un tel sujet. Vous m’ouvrez vraiment les yeux. J’ai encore beaucoup de choses à apprendre et à vivre. Je vais m’efforcer d’être bienveillante envers moi-même. Je commence à l’être depuis que je sais que je souffre bel et bien d’un trouble d’anxiété généralisé. Le simple fait d’en avoir pris conscience me donne l’impression d’avoir à moitié guéri, car pendant des années, je ne comprenais pas pourquoi je vivais ainsi.

Au fond de moi, je pense avoir toujours souhaité me libérer et me défaire de l’influence des autres. Pour autant, je n’en veux pas aux autres : je dirigeais plutôt ma colère contre moi-même. En plus de mon anxiété, je suis assez sensible et j’ai du mal à gérer, ou du moins à extérioriser, mes émotions. J’ai souvent l’impression d’aborder le monde à travers mon cœur, ce qui me vaut souvent d’être blessée.

Avec le temps, j’ai trouvé des solutions, comme les balades nocturnes, qui m’aident à m’aérer l’esprit, ainsi que la peinture de figures religieuses, qui me permet de me concentrer et de mieux cerner mes émotions à travers les couleurs.

Je suis vraiment impressionné par votre vision du monde. Votre capacité à toucher et apaiser les gens à travers vos mots est remarquable. Ce fut un véritable plaisir d’échanger avec vous ; je n’ai jamais eu de discussion aussi enrichissante.

Bien à vous 

Lune