Bipolarité et l'ennui

@anipeps Bonjour, tu me demandes dans quel état je me trouve le mieux? Pas en phase down c' est sûr. Quand je suis en pleine maniaco, le sentiment d´ être super puissant me sied assez bien mais mon entourage me fait vite comprendre qu' il faut redescendre sur terre.

La où je me sens le mieux en ce moment, c' est quand je ne suis ni up ni down. Tout ce que j' entreprends alors coule de source, le contact avec les autres est très facile, je vois la vie en rose même en face des infos les plus trash car je m' arrange pour ne voir que le bon côté des choses: ça s' appelle positiver et rien ne peut me faire changer d' avis, je garde le sourire et je trouve une parade humoristique à toute tentative pour me contredire, tout en restant attentif aux objections de mes interlocuteurs.

Bref, quand je me sens sûr de moi et que ça ne gêne personne, c' est là que je me sens le mieux. Mais je n' ai acquis cette sagesse qu' avec l'  âge et en ayant tiré les leçons de nombreux dérapages incontrôlés car je suis et je reste bipolaire et tout le sait que chez nous ça peut partir très vite en vrille.

Rentrer dans le moule, ne pas sortir du troupeau n' est pas mauvais en soi si on le vit bien, moi j' aime bien explorer des voies sortant de l' ordinaire car j' ai horreur de la routine.

Mais je n' aime pas trop les sautes d' humeur des autres puisque je me les interdis à moi-même.

@Tibanem Tu manies le verbe avec élégance, tu décris avec beaucoup de lucidité et de poésie tes états maniaques que nous vivons tous. Nous aimons ces états où notre cerveau créatif marche à plein, nous n' avons pas besoin de drogues dures pour vivre ces moments d' extase que nous offre notre maladie...mais, il y a les autres et pour nous bipolaires, "l'enfer, c' est les autres", ces rabat-joies qui freinent nos émotions, ces psy qui sont payés pour nous ramener dans la norme du troupeau social avec tout l' arsenal de camisoles chimiques qu' a su se fabriquer la société pour nous faire entrer dans le rang et qu' on la laisse tranquille car je persiste à penser que la société nous préfère dans l' ennui plutôt que dans le délire.

Mais, heureusement, quand on arrive à dompter nos envies, nos émotions, notre créativité parfois borderline, on peut quand même vivre une vie qui vaut le coup même si on est obligé de nous auto censurer.

C' est pourquoi je trouve que cette

" maladie" maniacodépressive inventée par la société pour mieux nous contrôler peut quand être bien vécue malgré les nombreuses bornes que nous devons mettre pour jalonner un chemin qui ne dérange pas nos voisins.

Si nous étions seuls au monde, nous pourrions vivre pleinement nos états maniaques car mes états dépressifs ne me sont d' aucune utilité sinon me faire voir ce que sera la mort si je ne réagis pas, un ennui perpétuel mais infructueux qui conduit à un électrocéphalogramme plat synonyme de mort cérébrale d' où l' intérêt vital de mon AD qui soigne mes états d' ennui négatifs pour que je puisse me consacrer entièrement au contrôle de mes émotions et de mes élans vitaux ce qui me procure une sensation jouissive d' être capable de canaliser tant de fulgurances qui sortent de mon cerveau sans crier gare.

Mais, stop, mon jimini cricket qu' est mon psy, me dit que je fais de la logorrhée mentale et ça n' est pas bien pour la paix sociale que je risque de troubler si je n' y prends garde.

Matique, la demoiselle ( un peu mature ) sur la balançoire , se balançait , balançait , et plus la balançoire montait montait à une vitesse proche de la lumière plus la demoiselle riait riait et se sentait vivre , intensément , comme elle exigeait que la vie devait être : mouvement , toute puissance du cerveau et du corps ( même pas peur ) , les balancements de la planche attachée par deux cordes qui lui râpaient la paume des mains au sang ( même pas mal ) ne devaient jamais redescendre ou rester immobile , et cette vieille demoiselle riant de tout son dentier flambant neuf ( les médocs et l'excès de sucre lui ont niqué les dents ) , enivrée de vertige ne savait même plus ce que psy , psychotropes, normes sociales signifaient .Montée si haut , elle ne voyait même plus le masque effaré des autres au bas de la balançoire et leur cris qui l'appelaient à la prudence elle ne les entendaient plus quand patatras , les deux cordes lâchent brusquement , Mademoiselle se retrouve le nez dans la poussière , affalée , toute cassée , et quand même aïe aîe ouille ouille ça fait mal ! et la voilà ventre à terre , qu'elle rampe couverte de poussière collante et d'écorchures plus au moins profondes , son dentier flambant neuf continuant à voltiger sans elle , frapper à la porte de docteur Bobologue , miteuse , sale , n'osant et ne pouvant plus rire , trop mal , plus de force , trop de larmes qui barbouillent son visage poussièreux et grimaçant de chagrin et douleurs .Docteur , Jiminy Cricket écoute moi chialer , écoute moi me taire , et donne moi les mouchoirs et les pilules qui me permettront de remonter sur la planche , promis j'irai moins haut , promis les autres en bas , ne verront pas mon jupon noir s'envoler, je serai sage , jouant raisonnablement le jeu de la balançoire , monte gentiment , juste assez pour que le doux vent caresse mes cheveux bien coiffés , redescend calmement , les deux jambes n'usant que de la force musculaire nécessaire pour remonter la planche , pas trop haut et promis je laisserai la balançoire aux autres , juste un peu euphorique d'avoir joué le jeu de la balançoire et de la demoiselle , calme, posée bien élevée , bien intégrée , jouant sans rechigner le rôle que les autres , les "pas malades"- encore que ça s'discute hein ?- lui ont assigné.Promis , juré , craché mon dernier chicot , mais sortez -moi d'là !

Mais en attendant la stabilisation , va falloir se poser , immobile , vide de toutes pensées "positives" , vide de toute émotions joyeuses qui donnent envie de vivre quand même . La Mort? Ce n'est même pas la mort  cet état , la demoiselle bouge encore , un peu , la demoiselle a mal , a peur  , pleure , se roule de douleurs , doucement pas à pas essaie d'avancer sur le chemin assigné , borné par le périmètre de sécurité qu'il ne faut pas franchir , et l'idée de la mort , la vraie , celle qu'elle imagine , la disparition du corps , de la respiration vitale , de l'émotion , de l'ennui même , prend toute la place , devient le but à atteindre , plutôt la mort que cet état .Dire STOP ! C'est moi qui écrit la fin de Mon histoire . Etre KO sur les cordes de la phase down , c'est encore trop , ça ressemble à la mort , ça le goût de ce qu'on pense être la mort , mais ce n'est pas la mort .

Bon dimanche , dit en riant la demoiselle qu'on va amener au parc , faire de la balançoire , sous surveillance inquiète de Jimminy , de blouses blanches , assagie d'Anti dépresseurs aux noms les plus effrayants - EFFEXOR , ZOLOFT , , de calmants aux noms qui sifflent Terssssiant cent , Xanaxssss, , des psychotropes aux noms qui ne disent rien et dont on ne souvient même pas qu'on les avale quotidiennement , et ssstilnoxsss , hypnotiiiiiques , dormez je le veux . 

Bon dimanche mes amis bipo et ceux qui ne  sont pas bipo , borderline , cyclo , et j'en passe .Je dois aller poser mon séant tout cabossé sur la planche accrochée de deux cordes et gentiment me balancer .Doucement .

Bravo, on a tout compris.ça balance pas mal chez les bipos! Va falloir les calmer. Tout est prêt, les labos ont bien travaillé. Faites moi descendre cette vieille demoiselle de sa balançoire  elle.va se faire mal et elle sera mieux dans son fauteuil devant les feux de l' amour avec du tranxène!!!!!

Ouaip, très belle et bellement écrite, la métaphore de la balançoire.

Une chose me gêne, je suis mal à l'aise avec cette question des médicaments camisoles pour ne pas effrayer la société bien calme, butineuse et routinière. Oui, je suis persuadée que nos débordements gênent et qu'on nous préfère à plat plutôt que dans nos hauteurs. Mais je ne peux pas oublier qu'une phase maniaque, une bien belle phase maniaque aiguë comme j'en ai connu peut parfaitement conduire à la mort, par accident ou par suicide - je me rappelle fort bien l'angoisse terrifiante dans laquelle m'a plongée l'une de ces phases il y a des années, maman ! je suis à la cime, perchée tête d'épingle, ça tourne à mille mille, j'ai le vertige, et je ne peux plus redescendre, sauf à sauter par la fenêtre !! Pour rien au monde je ne voudrais revivre ça. Une hypomanie, oui, là c'est agréable, et met beaucoup moins en danger - on est durs à suivre pour nos proches, mais qu'est-ce qu'on est bien ! Cela dit, j'ignore comment peut se finir une phase hypomaniaque sans aucun contrôle médicamenteux.

Je ne suis pas pour les camisoles chimiques, mais je ne suis pas pour nous laisser sans protection aucune contre nos up and down. Qui font si mal, tout le temps.

Nous sommes tous différents avec cette maladie : je découvre avec surprise par exemple qu'un maniaco-dépressif peut prendre des AD ; les médecins m'ont toujours expliqué que les AD font courir le risque majeur d'un dérapage maniaque, ce pour quoi ils ne m'en donneront jamais - peut-être dommage, d'ailleurs, parce que depuis la fin 2013 je suis dans cette période "blanche" (oh, avec quelques épisodes mixtes par-ci par-là) si difficile à vivre, si plate, morne... Mais bon, je me remets aussi en question : toujours j'ai vécu de façon négative, préférant le drame à la joie, ce qui a coloré ma vie jusque-là ; peut-être temps d'en sortir, de changer de regard... Pas facile...

@Liseron65 Essayez un AD, c' est mon psy qui me l' a prescrit quand il a vu que je ne me sortais pas tout seul de ma phase dépressive. En me soulignant que le risque était de  mettre en route une phase maniaque. Mais comme il sait que je suis capable de me contrôler, il a pris le risque de me laisser maître de mes pulsions et ça marche. Il faut tenter le coup car ainsi je n' ai plus d' idées noires et je peux laisser mon cerveau vagabonder au rythme de mes envies sans que ça dégénère. Tout est dans le contrôle de soi. Et la camisole est là, toute prête, au cas où.

Bonjour à tous !

A lire beaucoup de commentaires de personnes bipolaires, je me dis que les médicaments que nous prenons nous permettent d'être mieux, mais que la recherche médicale sur la maladie bipolaire permettra certainement de trouver un traitement qui soit plus satisfaisant que ceux que nous avons à l'heure actuelle. d'ailleurs si quelqu'un connait un site qui suit ces événements scientifiques je serai ravie d'avoir l'adresse ! merci bon courage à tous ! 

Bonjour moi même bipolaires je prend du lithium le seul chose que j'avais avant d'être stabiliser est que j'avais perdu le tour de tout se que j'aimer faire maintenant tout est devenu à la normale et il faut dire que je ne me suis pas laisser aller j'ai me suis forcer à faire des activités et se qu'il'ma beaucoup aidé est le yaga et la méditation et un suivie avec un psychothérapeute 

@Matique : mon psychiatre refusera tout net de me prescrire un AD. D'autant qu'on est actuellement dans une démarche qui mène à me débarrasser d'un maximum de molécules : il ne me reste plus que lithium et Valium.

Ce qui me gêne quand je te/vous lis, c'est les "me sortir tout seul de ma dépression" et "je contrôle mes phases maniaques" ; c'est une chance immense pour toi/vous, cette capacité de contrôle. Mais il me semblait que le propre de la maniaco-dépression était justement d'être une maladie incontrôlable.

On sait bien qu'il est impossible de se sortir tout seul d'une dépression (tous les "secoue-toi" du monde ne servent à rien) et j'ai beaucoup de mal à imaginer qu'on puisse contrôler une phase maniaque ; sans doute les tiennes sont-elles légères ?

Enfin bref, l'important est que tu aies trouvé ton équilibre et que tu te sentes bien.

Vrai, Fanfan la Tulipe, je songe aussi au yoga, je vais peut-être m'y mettre.

@liseron65 @fanfan la tulipe.

Moi c' est matique et on peut se tutoyer entre bipos.

L' une s' en sort grâce à la psychotérapie, c' est un peu mon cas car quand je dis que je contrôle ma maniaco c' est quand même grâce à mon psychiâtre compréhensif et sensible à ma démarche d' utiliser le moins de drogues possible et avec lequel le dialogue est possible.

L' autre m' étonne d' avoir un psychiâtre aussi borné. Il ne faut pas croire tout ce qu' il dit. Les phases maniaques des bipos peuvent être terribles et je suis passé par Sainte-Anne où l' on m´a calmé au Nauzinan dont on ne comptait même pas les gouttes! D' où mon aversion pour les neuroleptiques et autres régulateurs de l' humeur sensés réguler notre être qui ne demande qu' à vivre: quelle tristesse que cette obsession de certains psychiâtres de nous réguler alors que nous sommes inrégulables qu' on soit bipo ou pas.

Liseron65, tu es tombée sur un psy inapte au dialogue auquel cas il faut en changer. Et tu verras comme on est bien quand c' est notre propre cerveau qui contrôle ses up à condition de bien en connaître les signes avant-coureurs et c' est à ton psy de t' y aider et ce n' est pas toujours de tout repos mais au moins on agit positivement sur sa vie qu' aucun lithium ou autre n' arrivera à canaliser sauf à nous maintenir dans un état certe apaisé mais manquant de saveur en nous privant ce qui fait le sel de notre vie, nos humeurs.