Trouble du spectre de l'autisme (TSA) : "Je souhaite déconstruire les préjugés !”
Publié le 8 janv. 2025 • Par Candice Salomé
Mélanie, créatrice du compte Instagram @ladifferencestuneforce_off, partage avec authenticité son parcours en tant que femme autiste diagnostiquée tardivement, à l’âge de 26 ans.
À travers son témoignage, elle nous ouvre les portes de son quotidien, marqué par les défis mais aussi par une incroyable force et une grande résilience.
Découvrez vite son histoire, son combat quotidien contre les préjugés, et sa vision positive de la vie !
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Pouvez-vous nous parler de vous ?
Je m’appelle Mélanie Gillet, j’ai 31 ans, et je suis la créatrice du compte Instagram @ladifferencestuneforce_off. J’ai été diagnostiquée avec un trouble du spectre de l’autisme (TSA) à l’âge de 26 ans, sans déficience intellectuelle. Ce diagnostic, bien que tardif, a été une révélation pour moi, car j’ai toujours su que j’étais différente.
Je suis une passionnée d’art et de création, des activités qui me permettent de m’exprimer pleinement. Je vis actuellement seule.
Comment le TSA se manifeste-t-il dans votre quotidien ?
Vivre avec un TSA impacte tous les aspects de ma vie. Voici quelques manifestations spécifiques :
- Fatigue chronique, même pour des activités simples comme regarder la télévision.
- Hypersensibilité sensorielle (bruits, lumières, odeurs, toucher).
- Difficultés à comprendre les interactions sociales et à gérer mes émotions.
- Pensées en boucle et un esprit qui fonctionne à plein régime en permanence.
- Besoin d’organisation rigoureuse, car les imprévus m’angoissent énormément.
Pour m’adapter, j’anticipe presque tout : je prépare mes affaires la veille, je planifie mes repas et je fais des listes pour alléger ma charge mentale. Je sors peu, mais je veille à recharger mes batteries émotionnelles avec des activités comme le dessin, la peinture ou le shopping. Malgré mes efforts, cette organisation stricte est essentielle pour limiter l’épuisement.
Quand et comment avez-vous été diagnostiquée ?
J’ai été diagnostiquée TSA à l’âge de 26 ans dans une structure spécialisée des Ardennes, grâce à une spécialiste formée à l’autisme. Le diagnostic s’est fait en une journée. J’ai décidé de me faire diagnostiquer après avoir vu un reportage télévisé dans lequel je me suis reconnue. Ce processus m’a d’abord plongée dans une dépression, car accepter ma différence a été difficile, mais nécessaire.
Avant cela, dès l’école primaire, on m’avait diagnostiquée dyslexique. J’ai rencontré de nombreux professionnels (médecins, psychologues) qui n’ont pas détecté mon autisme. Cela montre à quel point le manque de formation sur le TSA peut retarder les diagnostics, en particulier en France, où les délais peuvent atteindre 2 à 3 ans.
Avez-vous traversé des périodes difficiles en raison du TSA ?
Oui, comme beaucoup de personnes autistes, j’ai subi du harcèlement scolaire, notamment au collège et au lycée. Mes différences étaient mal comprises, ce qui m’a isolée socialement et a laissé des blessures durables.
Malgré tout, j’ai poursuivi un cursus scolaire classique grâce au soutien indéfectible de mes parents. Ils se sont battus pour moi, mais sans diagnostic adapté, j’ai dû apprendre seule. À l’école, les remarques blessantes étaient fréquentes : « Tu ne seras jamais embauchée », par exemple.
Mon cerveau fonctionne en permanence, sans répit. Cela a rendu les devoirs très compliqués. Pourtant, j’ai réussi à obtenir un Brevet Agricole, un CAP de fleuriste et un CAP petite enfance. Si j’avais été diagnostiquée plus tôt, j’aurais sans doute suivi une école d’art, ma passion de toujours.
Pourriez-vous nous parler de votre prise en charge actuelle ?
Je me suis formée au spectre autistique en Belgique, où les avancées sur ce sujet sont plus importantes qu’en France. L’autisme n’est pas une maladie, mais une autre manière d’être et d’évoluer en tant qu’être humain.
C’est pour cette raison que je ne souhaite pas prendre de médicaments. Des spécialistes m’ont aidée à mieux me comprendre et à appréhender mon fonctionnement.
Je n’ai pas de suivi psychologique spécifique, hormis mon médecin traitant, qui connaît un peu le sujet.
J’ai également une aide ponctuelle, une fois par mois, pour m’accompagner dans l’organisation et l’adaptation à mon environnement.
Gérez-vous mieux votre TSA avec les années ?
Oui, avec le temps, j’apprends à vivre avec mon autisme, même si cela reste un défi. Certains jours sont plus compliqués, mais je me répète que le lendemain sera meilleur. J’essaie de cultiver une pensée positive : « Le positif attire le positif ».
Pourquoi avoir créé votre compte Instagram « La différence est une force » ?
J’ai créé ce compte pour sensibiliser sur le TSA et partager mon quotidien. En tant que femme autiste, je voulais déconstruire les préjugés et offrir un espace où l’on peut s’informer et échanger. Les retours de ma communauté sont très positifs. Ils m’encouragent à continuer et m’aident à reprendre confiance en moi.
Quels sont vos projets pour l’avenir ?
Mon rêve est de me faire reconnaître en tant qu’artiste abstrait. Je réalise des expositions dans les Ardennes et je présenterai mes œuvres dans une galerie en Belgique début 2025.
Que conseilleriez-vous aux personnes également touchées par le TSA ?
L’autisme peut être perçu comme un fardeau, mais il est aussi une richesse. Chaque difficulté a sa solution, même si cela demande du temps et de la patience. Acceptez votre différence, car elle est une force incroyable.
Un dernier mot ?
Je tiens à remercier ma famille et mes amis proches pour leur soutien. Grâce à eux, je continue d’avancer. Et merci à ma communauté Instagram @ladifferencestuneforce_off : vous êtes ma source d’inspiration quotidienne.
"La différence est belle, la différence est une chance, la différence est une force."
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