AVC : “J’avais 46 ans, ce n’est pas qu'une maladie pour les plus de 65 ans !”
Publié le 29 oct. 2024 • Par Candice Salomé
Arnaud, dit avc.arnaud sur Instagram, avait 46 ans lorsqu’il a fait un AVC (accident vasculaire cérébral). Pourtant sportif et en bonne santé, rien ne le prédestinait à passer 45 jours en réanimation, 6 mois à l’hôpital et 1 an en centre de rééducation.
Aujourd’hui, il n’a pas de séquelles physiques mais de nombreuses séquelles cognitives : fatigue chronique, mémoire, concentration, attention, coordination, etc. Il prend désormais la parole sur les réseaux sociaux pour démontrer que l’AVC n’arrive pas qu’aux plus de 65 ans.
Découvrez vite son histoire !
Bonjour Arnaud, vous avez accepté de témoigner pour Carenity et nous vous en remercions.
Tout d’abord, pourriez-vous nous en dire plus sur vous ?
Bonjour, je m’appelle Arnaud.
Je suis né en 1973, je vais donc sur mes 52 ans.
Je suis marié et j’ai 2 filles de 18 ans (jumelles).
J’aime écouter de la musique, le judo et regarder du sport en général.
Quel âge aviez-vous lors de votre AVC. Pourriez-vous nous parler des symptômes ressentis ?
J’allais avoir 46 ans quand, du jour au lendemain, j’ai fait mon AVC. J’ai été pris de violents maux de tête et vertiges en pleine nuit du 4 mai 2019.
J’ai passé 45 jours en réanimation, 6 mois à l’hôpital et 1 an en centre de rééducation.
A quel moment avez-vous pris la mesure de ce qu’il vous arrivait ?
Je n’ai pas eu le temps de prendre la mesure de ce qu’il m’arrivait. Ça a été très soudain. Je me suis couché le vendredi soir, et tout allait bien. Le matin, j’étais en pronostic vital engagé !
Pourriez-vous nous raconter les circonstances dans lesquelles cela s’est produit ? Comment vous, ou les personnes autour de vous, avez réagi ?
Ne me doutant pas que c’était un AVC, à 46 ans, nous avons appelé SOS Médecins. On est parti sur l’a priori qu’un AVC était pour les plus de 65 ans... Mais c’est FAUX !
Le médecin m’a posé des questions auxquelles j’ai répondu, m’a fait faire des mouvements et à diagnostiquer que c’était de violents vertiges. J’ai donc eu des anti-vertigineux…
Pour ma part, ça a été compliqué au départ : il faut s’habituer à être en fauteuil roulant (pendant 4 mois), à se retrouver nu devant des infirmières pour la toilette et le change. A ne pas pouvoir se mouvoir, du fait de l’hémiplégie… Se sentir tributaire des uns et des autres. La dignité, en prend une sacrée claque !
La réaction de l’entourage a été formidable ! J’ai gardé mon cocon familial et amical. Tout le monde s’est mis à ma portée.
Quelle a été votre prise en charge ?
A la suite de l’épisode SOS Médecins, ma femme est partie (de suite !!) à la pharmacie pour chercher les médicaments prescrits. Mais dans le quart d’heure qui suivait, je convulsais. Et ce sont mes filles de 13 ans (à l’époque) qui ont appelé le SAMU. Chose qu’il aurait fallu faire immédiatement. Pendant qu’une de mes filles téléphonait aux secours, la seconde était sur moi pour éviter mes sauts de convulsions. Et ensuite, c’est le trou noir pour moi pendant quelques jours. A part, que je me souviens juste, que le médecin du SAMU m’a dit « Monsieur, vous faites un AVC ».
J’ai subi une thrombectomie d’urgence, 7 heures après le début de mes symptômes. C’est un geste médical qui consiste à introduire, sous contrôle radioscopique, un cathéter par l'artère fémorale et à le remonter jusqu'à l'artère obstruée dans le cerveau. J’ai également eu une trachéotomie qui m’a valu de ne pas parler pendant 4 mois et une gastrostomie me permettant de me nourrir et boire car, étant hémiplégique droit à ce moment-là, tous ces gestes m’étaient impossibles.
Les complications post-AVC peuvent être nombreuses. Qu’en est-il pour vous ?
Aujourd’hui, je n’ai plus de séquelles physiques mais j’ai des séquelles cognitives comme la fatigue chronique, la mémoire, la concentration, l’attention, la coordination. Et des soucis intellectuels…On perd deux millions de neurones par minute lors d’un AVC. Je vous laisse imaginer combien j’en ai perdu, au bout de sept heures. Et ce qui est abîmé dans le cerveau ne se répare pas !
J’ai pu reprendre le travail après 2 ans et demi, mais il a fallu réaménager mes missions, mon poste de travail….
Aujourd’hui, je me considère comme « chanceux » de mon état. Je remarche, je retravaille, je reparle, je joue au tennis….
Quel est votre suivi actuellement ?
Actuellement, je n’ai pas de suivi particulier. Mon médecin généraliste me fait les ordonnances pour le renouvellement de mon traitement - qui est un traitement à vie : les antiagrégants (pour fluidifier le sang), les médicaments pour le cholestérol, pour la tension. Ces deniers sont des facteurs de risques pour l’AVC, sur lesquels il faut faire attention.
Connaissez-vous les causes de votre AVC ?
Officiellement non ! Ce n’est pas génétique, ce n’est pas le cholestérol, je pratiquais le judo. Il y a eu dissection de deux artères vertébrales, favorisées soit par les traumatismes cervicaux répétés par le judo, soit par le positionnement de la tête en hyperextension lors d’une fibroscopie, organisée la semaine précédente.
Pour ma part, je pense que le stress a dû jouer aussi, car deux jours avant mon AVC, on annonçait à ma femme une récidive au cancer.
Vous parlez de l’AVC sur vos réseaux sociaux. Pourquoi avoir décidé de prendre la parole sur ce sujet ?
C’est encore un sujet très mal connu. Il y a des gens comme Margot Turcat (mon.petit.avc), Phillipe Meynard, Jessica J (pourcampagneavc), Elise Mathy et Louis Gustin qui apportent une couverture médiatique, et bien d’autres… Mais, je pense que nos petites gouttes, à chacun, formeront une grande rivière plus tard.
Et il y a aussi le fait que ce que j’ai vécu, les années qui ont suivi mon AVC, je ne le souhaiterais même pas à mon plus grand ennemi !
Enfin, quels conseils aimeriez-vous donner aux membres Carenity qui ont également été touchés par un AVC ?
Déjà, de considérer que l’AVC n’est pas un accident pour personnes de + de 65 ans.
Ça touche environ 140 000 personnes par an en France. Et c’est la première cause de mortalité chez la femme.
Il faut bien connaitre les symptômes (principaux) de l’AVC :
- Faiblesse musculaire ou paralysie d’un côté du corps bras et/ou jambe,
- Déformation de la bouche,
- Troubles du langage avec difficultés soudaines à parler ou impossibilité d’articuler, propos incohérents ou confus, difficultés à se faire comprendre ou à comprendre,
- Perte de la vision d’un œil ou d’une partie du champ visuel.
Qu’il faut avoir une bonne hygiène de vie :
- Limiter la consommation d'alcool,
- Manger plus sainement et réduire sa consommation de sel,
- Avoir une activité physique régulière.
Un dernier mot ?
N’hésitez pas à contrôler (ou à faire contrôler) régulièrement votre tension artérielle. D’ailleurs, je voudrais saluer l’initiative de l’association « AVC tous concernés » qui se déplace sur les marchés, les plages, les entreprises qui le souhaitent, pour entreprendre ces contrôles (gratuitement).
Et surtout dire que l’AVC peut nous arriver à tous ! Prenez soin de vous !
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