Quels sont les traitements de la maladie de Castleman ?
Publié le 13 oct. 2021 • Par Charlotte Avril
La maladie de Castleman est une maladie lymphoproliférative, dont la stratégie thérapeutique dépend de la forme de la maladie.
La complexité de cette maladie rend son diagnostic et sa prise en charge parfois difficile.
La maladie de Castleman fait l’objet de recherches actives, notamment sur son origine toujours méconnue.
Si vous le souhaitez, vous trouverez des informations détaillées concernant l’avancée de la recherche sur la Maladie de Castleman dans l’article “Maladie de Castleman - Où en est la recherche? ”
Quelles sont les différentes stratégies d'action thérapeutique de la maladie ? Comment le traitement diffère selon la forme de la maladie ? Comment traiter la maladie de Castleman ?
On vous dit tout dans notre article !
Les traitements de la maladie de Castleman Unicentrique
Le traitement de référence est la chirurgie lorsqu’il permet de retirer complètement la lésion. La guérison définitive est quasi constante si la chirurgie permet d’enlever la totalité du ganglion (adénopathie). Celui-ci peut se situer dans le cou, dans les aisselles ou à la racine de la jambe. Il peut être volumineux, gênant, mais il est en général non douloureux.
Si la chirurgie est impossible, l’objectif sera alors une réduction de la masse tumorale :
- Par une embolisation de la tumeur : il s’agit d’un traitement qui consiste à bloquer ou à ralentir l'apport en sang à des tissus ou à un organe. Ici elle servira à bloquer la circulation du sang vers la tumeur, de manière à ce que les cellules cancéreuses meurent.
- Par une chirurgie de “debulking” (réduire au maximum la tumeur) ou par un traitement à visée réductrice :
- Corticoïdes
- Rituximab, tocilizumab, siltuximab : anticorps ciblant l’axe IL-6 (voir explications plus loin)
- Cyclophosphamide.
Suite à ces techniques de réduction, la chirurgie sera alors reconsidérée.
La radiothérapie localisée peut être une alternative ou un complément à la chirurgie. Cette solution est peu fréquemment réalisée car le risque de toxicité à court et long terme n’est pas à négliger.
L’abstention (et la simple surveillance) peut également être envisagée lorsque le patient est asymptomatique ou après une phase de réduction tumorale.
Quelque soit la stratégie adoptée, une surveillance post traitement est systématiquement mise en place par la réalisation d’examens sanguins et d’imagerie.
Les traitements de la maladie de Castleman Multicentrique
Les principales cibles dans la stratégie thérapeutique
Comme la forme multicentrique de la maladie de Castleman touche, quant à elle, de nombreux ganglions lymphatiques, une intervention chirurgicale n’est pas appropriée et il est d’autant plus difficile de trouver un traitement adéquat.
Différentes approches thérapeutiques sont envisageables. En fonction de la cible de la stratégie thérapeutique adoptée, on visera à réduire la masse ganglionnaire, traiter les symptômes et tenter de juguler la maladie autant que possible.
- Interleukine 6 (IL-6) : il s’agit de la cible principale des traitements de la maladie de Castleman Multicentrique. En effet, depuis la découverte de la maladie de Castleman les recherches ont montré un hyperfonctionnement de l'IL-6. La plupart des symptômes de la maladie de Castleman seraient liés à un fonctionnement excessif dans les ganglions lymphatiques affectés, ce qui suggère que l'IL-6 joue un rôle clé dans la pathogenèse de la maladie de Castleman multicentrique. Ces derniers inhibent donc la voie de signalisation de l’IL-6 et tentent ainsi d’éliminer le déclencheur de la maladie. L’IL-6 joue un rôle essentiel dans le système immunitaire et est notamment un médiateur de la fièvre.
- Interleukine 1 bêta (IL-1ꞵ) : la signalisation de l'IL-1β contribue à la croissance et à la progression des tumeurs par l'activation de nombreux facteurs de transcription. En inhibant IL1Lꞵ, on favorise la réponse immunitaire contre la tumeur.
- Cytokines pro-inflammatoires : elles sont responsables de l’inflammation. En les inhibant, on diminue donc le syndrome inflammatoire.
- VEGF : il joue un rôle dans la croissance des tumeurs. Son inhibition permettrait de stopper la croissance tumorale.
- m-TOR : enzyme contrôlant la croissance cellulaire. Son inhibition permettrait de réduire la croissance cellulaire.
- Les lymphocytes T : ce sont des globules blancs (leucocytes) dont le rôle est la défense immunitaire de l'organisme face aux agressions infectieuses. Dans le cas de la maladie de Castleman, on a observé une élévation de IL-6 en rapport avec une stimulation des lymphocytes T.
- Les corticoïdes : ils jouent un rôle dans le contrôle du syndrome inflammatoire.
Les traitements de première ligne
Les traitements de seconde ligne
On retrouve ici des immunosuppresseurs / immunomodulateurs ou de la chimiothérapie peuvent être envisagés :
Autres traitements
Des corticoïdes sont également indiqués pour contrôler le syndrome inflammatoire, lors d’une complication associée ou en association à un autre traitement. En général la posologie est de 1mg/kg, mais des doses plus élevées peuvent être possibles.
Les traitements de la Maladie de Castleman Multicentrique HHV8+ (Sarcome de Kaposi) non associée à l’infection VIH
Le Sarcome de Kaposi est une tumeur liée à l’infection par l'herpèsvirus humain type 8 (HHV8). Il se développe particulièrement chez les individus co-infectés par le VIH et l’HHV-8. L’épidémie de SIDA a donc provoqué une explosion du nombre de cas de sarcome de Kaposi. Vous trouverez plus d'informations détaillées sur notre article “MALADIE DE CASTLEMAN ET VIH : FOCUS SUR LE VIRUS HHV-8”.
Les corticoïdes, bien que capables d’améliorer la situation pour quelques jours, sont à éviter compte tenu du risque d’apparition ou d’aggravation d’une maladie de Kaposi.
En cas d’échec, d’autres chimiothérapies peuvent être proposées, éventuellement associées au rituximab en l’absence de maladie de Kaposi évolutive.
D’autres options, comme le thalidomide, le bortezomib ou l’interféron α ne semblent donner qu’un faible taux de rémission.
Les traitements de la Maladie de Castleman Muticentrique HHV8+ associé à l’infection VIH
Le traitement repose sur le même schéma que précédemment, mais il faut prendre en compte le contrôle de la réplication virale et la sévérité du déficit immunitaire chez les patients infectés par le VIH. L’Etoposide reste cependant le traitement de référence dans un contexte d’urgence ou d’initiation.
Selon si l’infection VIH est contrôlée ou non, la prise en charge sera différente. Pour en savoir plus sur la stratégie thérapeutique dans le cas d’une co-infection HHV8/VIH, rendez vous sur notre article “MALADIE DE CASTLEMAN ET VIH : FOCUS SUR LE VIRUS HHV-8”
Pour aller plus loin :
N’hésitez pas à vous rendre sur le site du CDCN (Castleman Disease Collaborative Network) pour plus d'informations. Ce site est disponible en anglais uniquement.
Vous pouvez également rejoindre la communauté “Maladie de Castleman” sur Carenity pour partager votre expérience, trouver du soutien et échanger de l’information avec d’autres patients ou proches de patients.
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