Conjoint alcoolique, j’ouvre les yeux, que faire ?

Bonjour @Alrico,

Je vous remercie pour l'ouverture de ce sujet. J'invite ici quelques membres Carenity à y prendre part : @annatoltrosseli @ddddddttt @francoiselune @EmelineP @Nassera12 @Fraize @Kojeejee @Mano59 @Hélènesophro @Marimba @Leina64 @Sarrahh @Ange7777 @melissa3006 @sylpop @Shirley.C @Gisela95 @Camima @mary24 @Davidsin @Elodiemaeva1989. @Information @Babeth66 @liline56 @MaxGouBr @Isadoramaelys45 @isa4545 @Clochette51 @Bibiche88 @Coco83 @Nanisha @Larlyse @Linouna @Gatoune18 @Diablo44 @Raymonde @Lily85 @Lydia27 @Hoops64 @Morning @IKAOPIA @Lolita2* @chabiT @lost.soul @Veronique6692 @B2A7831 @YBEL56 @Bettyb51 @CLAPOTIS @miaou14 @Laupys @Margaux26 @Colorada973 @galilee @Raniny @xyzabc @cachou1982 @Yrikia @Odin_dagorn @Cathy48 @anne25 @zouka09 @bermudes007 @florefaune @anna91 @fafanette @maried40 @joelle04 @doome07 @solitaire7 @lanzarotte @flowers1961 @mimu2409 @FBB2014 @mmaagg @squatt @noupy88 @dianevic @ptites35 @lilou6906 @pepette19 @ange85 @TENZIG

Bonjour à tous et à toutes,

Comment faire pour faire ouvrir les yeux de son proche sur sa dépendance à l'alcool ? Comment supporter le quotidien dans des conditions parfois difficiles ? Que mettre en place ?

D'avance merci pour vos retours et conseils !

Belle journée,
Candice de l'équipe Carenity

Bonjour,

Je m'occupe de ma sœur qui a vécu sous l'emprise de l'alcool pendant 30 ans. Faire prendre conscience de son problème à un proche est une chose difficile. Quand la personne est sous l'emprise de l'alcool, aucune discussion n'est possible, et quand elle n'est pas sous l'emprise de l'alcool, elle dit que tout va bien. Ma sœur était arrivée à un stade de dépendance physique très élevée, ce qui fait que la moindre interruption de consommation de quelques heures était susceptible de lui déclencher des crises d'épilepsie dont elle ne se réveillait pas seule, car elle tombait dans le coma et il lui fallait ensuite plusieurs jours de réanimation. Lorsqu'elle se réveillait à l'hôpital, une fois sortie de réanimation, elle disait qu'elle ne comprenait pas pourquoi elle était là, car elle ne se souvenait de rien. Elle devait ensuite rester au minimum deux semaines à l'hôpital pour être remise sur pied. C'est là que nous essayions de la convaincre de se soigner. Quand je dis nous, c'était la famille, moi, mes parents lorsqu'ils étaient encore en vie, une tante, sa marraine, jamais l'équipe médicale, qui estimait que ce n'était pas son rôle de venir lui expliquer les dégâts que causaient l'alcool sur sa santé, ni de lui proposer une orientation vers un service spécialisé. J'ai appris plus tard qu'il existait dans les établissements hospitaliers les équipes ELSA, qui peuvent aller voir les personnes qui ont une dépendance dans n'importe quel service de l'hôpital, mais jamais personne ne s'est préoccupé de leur faire rencontrer ma sœur. Il ne faut donc rien attendre du secteur médical. On vous dira toujours que la personne doit avoir toute seule la révélation de son besoin de soins. Au degré de dépendance auquel était arrivé ma sœur, il s'agissait de non-assistance à personne en danger. Dans le cas de ma sœur, j'ai réussi à avoir des petites ouvertures pour lui parler les rares fois où elle était en manque, sans que cela se termine en réanimation. J'ai réussi à lui faire accepter de tenter un traitement médicamenteux. Si je dis qu'il est controversé, on saura certainement de quoi je parle. Pour elle, cela a fonctionné, mais il a fallu que je sois à côté pour surveiller les prises plusieurs fois par jour pendant un bon moment. J'ai dû aussi mettre à l'abri ses moyens de paiement, le temps que le traitement fasse effet, ce qu'elle a accepté, sinon on ne s'en serait jamais sorti. Je conçois que cet aspect peut-être compliqué. Le traitement est en place depuis 9ans et demi. J'ai relâché la surveillance depuis déjà pas mal de temps, et il n'y a pas eu de rechute. Voilà mon expérience sur le sujet. Chaque cas est unique. Il faut avant tout s'entourer de personnes bienveillantes qui vous soutiennent.

Bonjour Alrico,

Les symptômes que vous décrivez semblent bien correspondre à la maladie alcoolique et je ne pense rien vous apprendre en disant cela. L'attitude de votre conjoint, compte tenu de sa pathologie, est également "normal" et je comprends aisément votre difficulté à gérer ces comportements avec en plus 4 enfants à s'occuper.

La maladie alcoolique est particulièrement complexe et difficile à soigner. Toutefois, elle se soigne et je suis ici pour en témoigner...

La première des difficultés est de sortir du déni ( je ne suis pas alcoolique). Votre conjoint semble déjà avoir fait un bout de chemin en ce sens pour en avoir parler à un ami et c'est un bon début.

Chaque pathologie médicale dispose de ses spécialistes et pour votre conjoint, un centre d'addictologie est vivement recommandé. Je conseille toujours ces centres pour différentes raisons. Ils sont pourvus, en général, de médecins addictologues, de psychiatres, de psychologues sans oublier les autres personnels soignants. Par ailleurs, ils viennent également en aide à l'entourage du patient qui bien souvent se sent démuni face à cette maladie.

Dans votre situation, vous pouvez, à mon sens, procéder de deux façons :

• prendre rdv avec votre d'addicto le plus proche qui vous conseillera dans l'attitude à adopter pour l'amener dans ce centre de soins.
• lui parler, avec bienveillance, de sa maladie sans lui faire de reproches même si vous en avez probablement de nombreux à lui faire. En lui parlant par exemple de ses consommations excessives (sans employer ce terme), de ses échanges avec son ami quant à la mise en place d'une cure afin de l'amener à prendre un rdv avec un spécialiste (médecin addictologue). S'il accepte ce rdv, je vous conseille de prendre rdv pour lui (le mieux étant encore qu'il le fasse lui même) et de l'accompagner à ce rdv (ce 1er rdv est souvent difficile à assumer pour le patient, peur d'être vu, reconnu, jugé....). Il est probable que vous ne pourrez assister à ce rdv (secret médical) mais il sera pris en charge.

Bon courage et n'hésitez pas à poser vous éventuelles nouvelles questions.

Amicalement,

Yann