Bipolarité et l'ennui

Bonjour Matique

Mais jamais rien ne dure ! Petites figues , pinceaux et méditerranée calme et turquoise ne peuvent rien quand je rejoins mon "enfer" personnel . Cycleuse rapide et cycliste forcenée la plupart du temps je négocie bien les virages , mais il me suffit de suivre des yeux un gabian pour déraper sur la plaque de gravillons que je n'avais pas vue arriver .Et patatras , genoux écorchés , hématomes , le choc me tétanise ;Comme toi la plupart du temps j'ai appris à reconnaître les signaux du virage maniaque et faire en sorte de le maîtriser , le reste du temps je vacille , je perds l'équilibre et je me ramasse une bonne gamelle bien cuisante .

Comment ne pas aimer ces phases maniaques , Matique , même si souvent elles nous mènent en des pays où il ne faudrait pas s'aventurer , nous mettant à découvert ( au sens strict comme au sens figuré) , nous menant à des actes non tolérés par l'ensemble du corps social , nous faisant hurler des chansons que peu veulent entendre .

Comment ne pas aimer ce cerveau qui tourne à 200 à l'heure , ce corps qui le suit jusqu'à épuisement , comment ne pas aimer ce "tout est possible " ? Comment ne pas aimer ce sentiment de toute puissance , ces émotions "positives" , cet amour immodéré pour nos proches , cette tendresse débordante et cette curiosité illimitée et cette imagination sans frontière ?

Non ça ne dure pas , c'est un inconvénient je te le concède très volontiers , et je vais suivre ton conseil "il faudrait me soigner ça mieux que ça " !

Alors dans le grand concours horticole du printemps , j'ai la joie de t'annoncer que mon petit olivier qui n'est pas bonzaïtaillé il est vrai , s'est délesté de toutes ses petites olives noires depuis au moins un mois , la production ne permettant pas quand même de les porter au moulin pour en faire une cuiller à soupe d'huile , et que de petites pousses vertes pointent leur envies de devenir des feuilles et que les premières grappes de fleurs bourgeonnent .Mais petite olive noire donne espoir .

Ma bicyclette piaffe , n'attend que moi pour parcourir les 7 km des côtes marseillaises .Le soleil m'y encourage je ne peux que le suivre .Je ferai en sorte de ne pas le regarder en face , la corniche présente bien des pièges , graviers , nids de poules et potelets qui se jettent violemment sur vous .

Alors je profite de ce regain d'énergie après deux mois et demi de réclusion et de mutisme  dans ma cellule noire .Carpe diem .

Bonjour Tibanem, 

Côté maniaco, j' ai trouvé mon alter égo d' autant plus que tu décris bien les sensations par lesquelles on passe. Par contre, moi, je freine plus tôt que toi de peur de me retrouver dans le décor alors que toi, apparemment, tu dérapes souvent.

Le principal, c' est de pouvoir se relever et de se maintenir en forme. N' ayant pas la Méditerranée  à mes pieds, j' entretiens mon corps aux Balnéades d' Orléans qui permettent par tous les temps de faire des Pilates, de la gym ballon, de l' aquabike, de la gym aquatique avec sauna/hammam et chaises longues pour se dorer la pilule après mes 10 km de vélo mais le mien ne dérape pas, il est aussi stable qu' une statue grecque.

Je t' envie quand même d' habiter si près d' une corniche d' où on peut admirer cette " mer, qu' on voit danser le long des golfes clairs ": ça y est, ça me reprend, du calme, attention aux nids de poules !!!

Bonne journée, amuse-toi bien avant qu' il ne soit trop tard.

Oui Matique je compte bien profiter de cet euphorique appétit après avoir épuisé toute la "graisse" emmagasinée pour survivre dans ma tanière isolée . Je ne contrôle pas toujours mes virages c'est vrai , je n'écoute pas toujours les alertes que m'envoient mon corps et mes états émotionnels c'est vrai , mais parfois oui .L'euphorie est trop addictive, et je sais qu'elle durera ce qu'elle durera .Prendre tout ce qu'il y a à prendre pour tenter de résister à la réclusion des phases dépressives sévères .

Marseille comptant sur ce magnifique patrimoine naturel , s'en contente , et néglige piscines municipales, et n'a pas de lieux comparables à ceux que tu fréquentes .Peut être ville ensoleillée hiver comme été , se dorer la pilule en plein hiver sur les plages balayées par un mistral glacé tient du masochisme . Et parfois il pleut . Quand on y pense et quand on connait cette ville , tout y est excès : le soleil qui brûle , le mistral fou , agitation parfois cocasse , parfois épuisante , habitants parfois chaleureux parfois d'une agressivité  étonnante .La mer calme et bleue , les collines déchiquetées , d'un blanc aveuglant,  et vertigineuses .Les soirées douces et calmes qui se prolongent dans les rires jusqu'au petit matin sur les terrasses , une violence inouïe et subite .

Belle et moche à la fois ,douce et rude à vivre  je me demande parfois si cette ville n'est pas un peu maniaco dépressive !

Que tous ceux et celles qui sont malmené(e)s comme nous par ces changements d'humeurs excessifs , profitent , comme Matique de ces moments de Up , contrôlant les accidents prévisibles quand on va trop loin , trop vite .Les phases de dépression sévères sont suffisamment longues et douloureuses pour ne pas essayer de profiter de ces phases décrites par Matique et moi-même .Rien ne dure jamais .Mais quand on est des vieux briscards de la bipolarité on sait qu'il faut prendre ce qu'il y a à prendre .En toute modération , bien sûr , si c'est possible , l'est-ce toujours ?

Je crois que je vais changer de vélo .

désolée je vous ai un peu lâchée mais en plein boulot pour mon projet pro du coup pas trop le temps (on parlait d'ennui là je m'ennuie pas lol)

cela fait longtemps que je suis pas venue sur notre site, nous les bi-polaires...

je vous lis à droite, à gauche. Que puis je vous dire sur cette maladie qui était

ancrée au fond de moi à la naissance ainsi que mon frère.

Lors de l'enterrement de ma grand-mère il y avait une vague connaissance dans notre famille, en étude de médecine ou déjà médecin peu importe.

La cause de cette maladie de "mer  e" semblait pour lui être un évidence.

Alcool, mariages con-sanguins et cela pouvait sauter des générations.

Manque de bol, mon frère, moi-même ainsi que 2 oncles paternels et maintenant un cousin et probablement ma fille sommes touchés.

Mon oncle s'est suicidé en 1983, son frère atteint de pmd, schizophène etc

s'est marié tardivement avec la mère de mes 2 cousins, sachant qu'ils étaient malades. J'ai même entendu à la sortie de l'église une phrase de Mr le curé.

Résultat elle s'est suicidée, ma famille avons pris en charge notre p'tit bout chou de 2 mois et demi, son frère est resté chez ma grand-mère pendant pratiquement un an. Puis placés par une décision de justice expédiée par un nouveau juge en 48 h chrono alors que rien ne s'était passé avant !

alors a commencé leur malheur chez ce couple.

Puis j'ai rencontré mon ex-mari qui m'a fait sombrer...

Lithium sous tous leurs différents noms pour ma part qui m'ont fait grossir et dormir...Maintenant j'ai fait de la sysmothérapie 2 fois (2005 6-7 semaines, 12 séances)

et en 2012, 7 séances

dans ma vie et bientôt 3 si cela continue.

Je n'avais pas vraiment le choix ! à ce jour je crie haut et fort que les malades

atteints ne fonctionnent pas tous au lithium, chaque personne est unique,

de nouveaux médocs sont apparus par rapport à mes 18 ans. Ex secrétaire médicale en AAH, j'ai eu la chance d'avoir un nouveau psychiatre qui se tenait informé sur toutes les maladies psy. Actuellement c'est lui qui est en arrêt maladie

depuis décembre (le coeur). Cela devait arriver un jour ou l'autre car il ne s'occupait de sa santé perso. Voilà j'espère que mon commentaire n'est pas trop long à lire. Amitiés à toutes et tous.

Véro

@isisdu77140 

En te lisant c'est vrai que notre maladie ressemble à une malédiction familiale vu qu'elle est héréditaire, donc nous la recevons forcément de quelqu'un et pire, de nos ancêtres et que nous pouvons à notre tour la transmettre à nos enfants, petits enfants etc

L'enfer en cadeau, pas top en effet.

Effectivement en 20 ans la médecine a bien évolué  bien que notre maladie reste malheureusement encore bien tabou. Combien d'émissions à ce sujet? Journée mondiale de la bipolarité? Argent destiné à la recherche sur la bipolarité?

Non pas vraiment encore... à moins que je ne sois pas bien renseignée!

J'ai effectivement entendu parlé d'hérédité mais pas stricte.....on nous parlait dans mes études psy de prédispositions héréditaire qui si ajouté a un contexte défavorable ben BIM! c'est pour toi!

@igisdu77140

Ton témoignage est terrifiant car, en te lisant, il y aurait comme une fatalité qui admettrait que, dans certaines familles, puisqu´ on a un ancêtre pmd ( psychose maniaco-dépressive ) on va tous y passer, et si le curé s' y met, alors, y'a plus qu' à dire amen: et un suicide par ci, et des électrochocs par là, de quoi faire peur à tous les cul- bénis qui s' en remettent à dieu pour soigner leurs maladies considérées par la populace comme des tares; ah! Il s' est suicidé, pas étonnant avec une famille pareille.

Fuyez les curés, colporteurs de toutes les malédictions, ils ne connaissent rien à la vie, ils pérorent du haut de leurs autels et ils prétendent soulager nos souffrances alors qu' ils n'y connaissent rien en psychiatrie comme en psychologie; je vais prier pour votre âme, c' est tout ce qu' ils savent dire, ça nous fait une belle jambe.

En attendant,  qui est-ce qui se tape de l' électricité entre les 2 yeux, avec la bénédiction de psy pas très ouverts aux techniques modernes, moins douloureuses, moins destructrices du cerveau et plus humaines comme le dialogue et la psychothérapie. C' est plus long mais tellement plus bénéfique que ces électrochocs nés en 1938, en Italie, sous régime mussolinien, à une époque où le fou, c' était celui qui dérangeait la société, ce rebus qu' il fallait éliminer d' un façon ou d' une autre.

Mais les vrais fous ne sont pas ceux qu' on électrocute ou qu' on lobotomise, ce sont ces fachos qui se prenaient pour la race supérieure et ces psychiatres qui continuent à nous traiter comme des cobayes.

J' ai eu la chance d' être soigné par des antipsychiatres, les  docteurs Gentil et Torrubia, qui m' ont écouté leur dire que j' étais contre tout médicament, qui m' ont pris en charge par une approche psychothérapeutique faite de dialogue, de respect du malade voulant le comprendre plus que voulant l' assommer avec des médicaments/camisole.

Dans mon cas, ça a marché, sans détruire mon cerveau, sans toucher à ma mémoire, sans endormir mes facultés intellectuelles: ça a demandé du temps, 40 ans, mais au moins je peux maintenant féliciter une certaine médecine psychiatrique qui, elle, ne nous prend pas pour des cobayes.

Anipeps, tout pareil : prédispositions héréditaires + contexte (dé)favorable = PMD

Pour ma part, ça s'est vérifié. Mère PMD sévère, grand-mère maternelle suicidée au bout de sa 5e tentative, 5 suicides du côté maternel, grand-mère paternelle passée aux électrochocs dans les années 50 + petite enfance et adolescence plongées dans la PMD de ma mère, abus sexuels subis par un voisin de 7 à 10 ans, il ne m'en a pas fallu davantage. Asociabilité dès la maternelle, adolescence plus que houleuse, très douloureuse (TS à 16 ans) et c'était parti pour une vie adulte violemment chahutée pour finir par un diagnostic de PMD - enfin ! - posé à 27 ou 28 ans (à ma première crise maniaque, "on" a jugé que j'imitais juste ma mère !! ce qui n'a pas empêché un co**ard de psychiatre de me shooter en me faisant prendre 15 kg en un mois et demi).

J'ai régulièrement songé à l'antipsychiatrie, aux médecines douces, mais la terreur de la maladie a toujours fini par me décider à faire confiance aux distributeurs de molécules. Depuis 2009, j'ai rencontré un psychiatre qui m'écoute, me parle, cherche à me soigner avec le moins de médicaments possible (sauf en périodes de crises graves, up ou down) ; j'ai confiance en lui, même si je reste critique et vigilante.

Isisdu, je veux bien crier haut et fort avec toi que chaque malade - chaque individu - est unique, psychiquement et physiquement, et ne vit pas du tout la même PMD, ne réagit pas de la même façon aux molécules ou autres traitements. C'est aussi pour ça que nos échanges sont intéressants.

Sur ce, bon week-end à toutes et tous :-)

@liseron65@isisdu77140 

C' est la 1ère fois que 2 bipos évoquent les électrochocs comme traitement. Je restais sur l' idée qu' on avait abandonné cette technique barbare qui a abrégé la vie d´ Antonin Artaud, grand acteur bipolaire qui a payé de sa vie l' inexpérience de certains psychiatres en l' assommant électriquement. Même si l'intention était bonne de le sauver de ses excès colériques ou mélancoliques, on aurait pu lui épargner en 1948 la torture causée par ces électrochocs prescrits par des savants fous, des puits de sciences sans conscience qui ont ruiné l' âme de ce pauvre acteur.

Et y'en a même qui ont cru bon de soigner la folie en lobotomisant leurs patients, c' est à dire en leur enlevant des morceaux de cerveaux sans que ces apprentis-sorciers sachent exactement où se logeait la folie, transformant à vie un être humain en épave.

Vous allez voir que dans ce blog, on va bientôt nous révéler des cas de lobotomisés dans leur famille à moins qu' on ait caché l' ignominie sous des tonnes de bonne conscience.

L' antipsychiatrie est née comme par hasard dans les années 1968, au moment où enfin la société se libérait de ses carcans, de ses tabous et où il était question de " Guérir la vie " ( à lire absolument ) avant de s' occuper de guérir les malades mentaux légers ou profonds. Car l' idée c' était que certaines "folies" avaient leur origine dans la société d' après guerre, castratrice, machiste, moralisante, sexuellement refoulée, générant un tas de pathologies liées à la vie qu' on essayait de réduire au maximum par des réprimandes religieuses, politiques et familiales qui nous maintenaient, sous prétexte de tranquillité sociale, dans un état de dépendance infantile.

La psychiatrie moderne découle de cette démarche mais, malheureusement, certains psychiatres ont gardé leur rôle répressif continuant à assommer leurs patients plutôt que de leur apprendre à se libérer de 2000 ans de morale judéo-chrétienne et de 200 ans de morale bourgeoise.