Dr. Magalie Benoît témoigne : “Il est essentiel de sensibiliser à l’importance de la sexologie dans la prise en charge de l’endométriose.”
Publié le 6 nov. 2024 • Par Candice Salomé
Dr. Magalie Benoit est médecin spécialisée en psychosomatique, psychothérapeute et sexologue, spécialiste de l’endométriose, et elle-même patiente endométriose. Après avoir connu une longue errance médicale, elle a décidé d’accompagner les femmes à travers leur parcours de santé, afin qu’elles se sentent comprises et soutenues. C’est pour cela qu’elle place la sexologie, dans son accompagnement, au cœur de la prise en charge de l’endométriose, afin de permettre aux patientes de gagner en qualité de vie.
Dr. Magalie Benoit a publié, il y a peu, un livre intitulé « Guide d’autonomie – Endométriose & Sexualité » afin d’aider les patientes à comprendre leurs douleurs sexuelles et y partage des conseils pratiques pour une sexualité plus épanouie.
Découvrez vite son témoignage !
Tout d’abord, pourriez-vous nous en dire plus sur vous ?
Bonjour et merci de m’avoir invitée à témoigner. Je suis le Dr. Magalie Benoît, médecin spécialisée en psychosomatique, psychothérapeute et sexologue, mais aussi patiente touchée par l’endométriose.
J’ai moi-même suivi un parcours de procréation médicalement assistée (PMA) en raison d’une endométriose recto-sigmoïdienne, ce qui fait de cette maladie un sujet très personnel pour moi.
En dehors de mon travail, je suis passionnée par l’accompagnement des femmes à travers leur parcours de santé, et j’aime également tout ce qui touche à la relation corps-esprit.
Pourriez-vous nous parler de votre parcours face à l’endométriose ? Quand ont débuté vos premiers symptômes ? Combien de temps a-t-il fallu pour que vous soyez diagnostiquée ? Quelle est ou a été votre prise en charge ?
Mes premiers symptômes ont commencé à l’adolescence, avec des douleurs menstruelles sévères. Pendant des années, on m’a dit que c’était normal, que "toutes les femmes ont mal". Il a fallu plusieurs années avant que le diagnostic d'endométriose ne soit posé, après un parcours médical complexe et éprouvant. À partir de là, j’ai exploré différentes options de traitement, y compris des interventions chirurgicales et des thérapies hormonales. Mais c’est surtout la combinaison d’une prise en charge médicale et psychosomatique qui m’a permis de mieux comprendre et gérer mes douleurs.
L’endométriose a un impact significatif sur la fertilité. Pourriez-vous nous parler de votre parcours de PMA ?
L’endométriose peut être très envahissante, notamment en termes de fertilité. Mon endométriose recto-sigmoïdienne a rendu la conception naturelle difficile. J’ai dû suivre un parcours de procréation médicalement assistée (PMA), qui, comme beaucoup de femmes le savent, peut-être une montagne russe émotionnelle. Cela a été un processus à la fois physique et psychologique très exigeant, mais je suis reconnaissante du soutien médical et personnel que j’ai pu recevoir pendant cette période.
Vous êtes docteure en médecine psychosomatique, psychothérapeute et sexologue, spécialisée dans les douleurs sexuelles liées à l’endométriose. Pourquoi avoir choisi cette spécialité ?
C’est en traversant moi-même cette expérience que j’ai pris conscience de l’impact énorme que l’endométriose peut avoir sur la sexualité des patientes. Les douleurs sexuelles, souvent passées sous silence, sont un aspect très invalidant de cette maladie. C’est ce qui m’a poussée à me spécialiser dans ce domaine. J’ai voulu offrir aux femmes un accompagnement global, qui prend en compte à la fois le corps, l’esprit et leur vie intime.
Quelles sont les conséquences de l’endométriose sur la sexualité des patientes ?
L’endométriose peut entraîner des douleurs pendant les rapports sexuels, ce qu’on appelle des dyspareunies, ainsi qu’une diminution de la libido. Cela a des répercussions sur la qualité de vie des patientes, tant au niveau personnel que dans leur relation de couple. Il y a souvent une grande incompréhension de la part des partenaires et un sentiment d’isolement pour les patientes. C’est un aspect de la maladie qui doit absolument être mieux pris en charge.
Quelle est l’importance, lorsque l’on est atteinte d’endométriose, de prendre en charge les problématiques liées à la sexualité ?
C’est fondamental. La sexualité fait partie intégrante de la qualité de vie. Ne pas aborder ces questions, c’est laisser les patientes seules face à une source majeure de souffrance. C’est pour cela qu’il est essentiel de sensibiliser à l’importance de la sexologie dans la prise en charge de l’endométriose, afin que chaque femme puisse retrouver une intimité épanouie, sans douleur ou culpabilité.
Vous venez de publier un livre intitulé « Guide d’autonomie – Endométriose & Sexualité ». Quelles sont les thématiques abordées dans votre livre ? En quoi peut-il aider les patientes atteintes d’endométriose ?
Plus qu’un livre, c’est un guide qui aborde les douleurs sexuelles spécifiques à l’endométriose, les mécanismes de la douleur, et propose des solutions pratiques pour les soulager. Il contient aussi des conseils pour reprendre le contrôle de sa sexualité, notamment à travers la gestion des émotions et la communication avec le partenaire. Le guide est accompagné d'une application, « Endo Doute », pour aider les patientes à identifier leurs douleurs et trouver des solutions adaptées. Cet ouvrage leur permet de devenir plus autonomes dans la gestion de leur maladie et de mieux comprendre leurs symptômes.
Pourquoi avoir décidé d’écrire sur cette thématique ? Selon vous, les patientes manquent-elles d’informations de la part des professionnels de santé qui les suivent ?
En tant que patiente et soignante, j’ai constaté qu’il y avait un énorme manque d’informations sur les douleurs sexuelles liées à l’endométriose. Les patientes sont souvent livrées à elles-mêmes, avec très peu d’outils pour comprendre et gérer leur souffrance. Mon but était de combler ce vide en leur offrant des ressources claires et accessibles, pour qu’elles ne se sentent plus seules face à leur maladie.
Quels sont vos projets à venir ?
Je souhaite continuer à développer des outils pratiques pour les patientes atteintes d’endométriose, notamment en intégrant davantage la technologie dans la prise en charge. Je prévois également d’organiser des ateliers et des conférences pour sensibiliser les soignants à l’importance de la sexologie dans cette maladie. De plus, je travaille sur la promotion de l'utilisation de dispositifs comme le TENS endo-vaginal, qui peut aider à soulager les douleurs pendant les rapports sexuels.
Enfin, quels conseils pourriez-vous donner aux membres Carenity et aux personnes qui vous lisent également touchées par l’endométriose ?
Mon premier conseil est de ne jamais ignorer vos douleurs. Si vous avez le moindre doute sur la présence de l’endométriose, il est essentiel de consulter un spécialiste. En France, il existe des centres experts en endométriose qui peuvent offrir un diagnostic précis et une prise en charge complète. Ces centres sont des ressources précieuses pour les patientes qui se sentent perdues ou qui n’ont pas encore de réponse claire. Le moindre soupçon d’endométriose doit être écarté rapidement pour éviter des années d’errance médicale.
Si l’endométriose est diagnostiquée, il est important de savoir qu’une vie sexuelle épanouie reste possible avec un accompagnement adapté. En tant que sexologue au centre expert en endométriose de Stains, je travaille avec des patientes pour les aider à comprendre leur corps, à gérer leurs douleurs et à retrouver une vie intime harmonieuse. Il est crucial de ne pas se résigner à la souffrance et de chercher des solutions qui respectent votre bien-être.
Un dernier mot ?
L’endométriose est une maladie difficile, mais nous ne sommes pas seules. Il existe de plus en plus de ressources et d’accompagnements pour améliorer notre qualité de vie. Il est essentiel que chaque femme atteinte se sente entendue et soutenue.
Ensemble, nous pouvons faire évoluer les choses.
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