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Fibromyalgie et sérénité : le chemin pour faire le deuil de son "moi d'autrefois" et accepter la maladie

Publié le 2 mai 2019 • Par Louise Bollecker

Jeune femme âgée de 30 ans, @Liséa">@Liséa6‍ est atteinte de la fibromyalgie depuis 2016 mais diagnostiquée depuis avril 2018. Suivie à l’hôpital Cochin depuis janvier 2019 au centre de la douleur, elle a accepté de nous parler de son travail pour accepter la maladie et la combattre au mieux.

Fibromyalgie et sérénité : le chemin pour faire le deuil de son

Bonjour @Liséa">@Liséa6‍, merci d'avoir accepté de répondre à nos questions. Combien de temps avez-vous attendu un diagnostic ? 

J’ai attendu 1 an et demi avant d’avoir mon diagnostic, après des premières douleurs en mai 2016. Je n’ai pas été victime d’un faux diagnostic. La rhumatologue que j’avais vu avant de consulter le médecin interne qui m’a diagnostiqué la fibromyalgie, m’avait dit qu’il pouvait s’agir soit d’une maladie d’Ehlers Danlos, d’une fibromyalgie ou d’une dépression.

Aviez-vous déjà entendu parler de cette maladie auparavant ?

Non, je n’avais jamais entendu parler de cette maladie auparavant, du moins pas avant mes premières recherches sur le sujet. J'ai fait ces recherches car mes tests sanguins ne donnaient rien du tout et idem pour l’IRM cérébrale que j’ai dû faire fin juillet 2016 dans le cadre d’une suspicion de sclérose en plaque.

Qu’avez-vous ressenti au moment du diagnostic ? Soulagée d’avoir trouvé la cause de vos douleurs ou effrayée par cette maladie ?

J’ai été soulagée au moment du diagnostic. Soulagée de pouvoir me dire que je n’étais pas folle, que mes symptômes étaient bien dû à une véritable maladie.

Qui a posé le diagnostic ? Comment le professionnel de santé vous l’a-t-il annoncé ?

C’est un médecin interne qui a enfin posé le diagnostic. Il me l’a annoncé normalement, sans passer par des détours. Il m’a dit "Ne cherchez pas plus loin, vous avez une fibromyalgie". Il m’a remis un petit dossier qui expliquait ce que c’était la fibromyalgie.

Comment vos proches ont-ils réagi ? Avez-vous le sentiment d’avoir été suffisamment soutenue ?

Mes parents me soutenaient face aux douleurs mais n’arrivaient pas à se mettre en tête que j’étais réellement malade, jusqu’au jour ou ma mère m’a accompagnée au centre anti-douleur de l’hôpital Cochin à Paris et que le spécialiste lui a expliqué clairement que la fibromyalgie est une véritable maladie.

Qu’est-ce qui est le plus dur dans le fait d’apprendre qu’on est atteint de fibromyalgie ?

Pour moi, le plus dur est de savoir qu’il n’y a pas de traitements qui guérissent ou qui pourraient nous soulager sur une longue durée. Je suis peinée que la recherche ne soit pas encore assez développée au 21ème siècle. Cela permettrait à tous les malades et autres personnes extérieures de pouvoir connaître réellement les origines de la fibromyalgie et d’autre part qu’il puisse y avoir un ou des traitements efficaces pour mieux nous soulager comme pour la spondylarthrite par exemple, voire nous guérir.

Le plus dur, c’est aussi de lire ou d’entendre de faux témoignages sur la fibromyalgie, des personnes qui se permettent de donner de fausses définitions de la fibromyalgie. Ces gens-là ne nous aident pas du tout pour qu’on puisse être plus crédibles face aux administrations, médecins, entourages ou d’autres catégories de personnes extérieures. Cela est également dur de passer auprès des autres pour une personne qui n’a pas de pathologie car notre maladie ne se voit pas sauf par exemple quand je dois m’aider de ma canne pour les longues marches ou lorsque je me mets à boiter par exemple.

Quelles sont vos méthodes pour accepter cette maladie ?         

Ce qui me permet d’accepter la maladie c’est avant tout ma thérapie TCC avec ma psychologue. La psychologue m’a proposé un agenda d’activités en rapport avec mes douleurs que je dois compléter tous les jours. Je dois noter mes activités du jour avec le niveau de ma douleur noté sur 10 et noter ce que j’ai pu ressentir au niveau émotionnel et douleurs lors des activités, pour pouvoir faire une moyenne à la fin et voir si j’arrive à mieux gérer mes douleurs au fil du temps. Elle m’a également proposé un site internet qui propose des podcasts sur plusieurs thèmes afin de devenir notre propre coach.

Elle m’a aussi conseillé de lire des livres comme celui de Laurent Gounelle (L’homme qui voulait être heureux). Elle m’a de plus recommandé une application de méditation nommée Petit bambou. Il y a 8 séances gratuites.

Elle m’a aidé à me fixer des objectifs dans mon quotidien et surtout d’arriver à accepter la fibromyalgie dans mon quotidien entièrement. À présent, je ne traite plus ma maladie comme une ennemie grâce à ses conseils et à mon travail personnel pour y arriver. Maintenant, je l’implique dans tout ce que je fais. Quand j’arrive à réaliser une chose, que la fibromyalgie me permet de faire, je la félicite pour ses efforts et quand elle me dit stop je l’écoute et ne vais plus contre ce qu’elle ne peut plus gérer. Ce n’est qu’en acceptant cette cohabitation avec notre maladie qu’on pourra aller mieux moralement et physiquement.

Quel intérêt voyez-vous dans l’acceptation par rapport au déni ? Vous-même, avez-vous vu des changements de votre état suite à votre travail sur vous-même ?

L’acceptation d’une maladie est le point de départ pour aller de l’avant par la suite. L’acceptation vaut toujours mieux que d’être dans le déni. Le déni tue une personne à petit feu. La perte de notre "nous" d’autrefois vis-à-vis de la maladie entraîne habituellement un sentiment de tristesse ou de deuil, ce qui est une réaction humaine tout à fait normale. Une phase de révolte et d’incompréhension fait souvent suite à l’annonce de la maladie. Cette réaction est tout à fait normale, l’impact psychologique de l’annonce qui constitue un acte fondamental, nécessite pour le malade de faire un « travail de deuil » de son état antérieur, avant qu’il puisse s’accepter tel qu’il est maintenant et d'adapter son projet de vie ou de le reconstruire si besoin.

Voici les étapes du deuil :

Les étapes du travail de deuil ont été décrites par la psychiatre et psychologue Elizabeth Kübler Ross en 1976 :

Choc initial : « Sur le coup, ça m’a fait un choc ! »

Déni : « Ce n’est pas vrai ! »

Révolte : « Pourquoi moi ? »

Négociation : « D’accord, je n’ai pas le choix, mais… »

Réflexion : « Je ne serai plus jamais comme avant ! »

Acceptation : la maladie est acceptée (ou « supportée »)

Toutes ces étapes ne sont pas obligées, ni vécues par toutes les patientes et tous les patients.

De mon côté je suis passée par les étapes de la révolte, de la négociation, de la réflexion puis de l’acceptation. J’ai effectivement vu des changements dans ma façon de gérer mes douleurs, mes plaintes et mon moral. Même en ayant de fortes douleurs, j’essaie de ne pas me laisser abattre... bon, bien sûr il y a des jours où je craque, où ce n’est pas facile de gérer la douleur mais j’essaie de tout faire pour avoir un maximum de soulagement et pour garder mon moral vers le positif.

Comment décririez-vous votre moral en ce moment, un an après le diagnostic ?

Mon moral se porte bien en ce moment. Il y a des jours ou je peux être triste, en colère ou je voudrais faire plus de choses mais globalement je vais beaucoup mieux qu’au début du diagnostic à ce niveau-là. Je gère beaucoup mieux mes émotions actuellement.

Quels traitements suivez-vous ?

Je prends du tramadol maxi 2 fois dans la journée mais je peux aller jusqu’à 3 selon ce qu’il y a marqué sur mon ordonnance. Je prends le tramadol seulement lorsque la douleur devient insupportable bien qu’à ma dernière visite le médecin m’a dit d’en prendre avant que la douleur ne soit trop forte. 

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Parallèlement à ce traitement, j'ai commencé des séances de kinésithérapie et de balnéothérapie. J’ai arrêté la kinésithérapie car je ne voyais pas le bénéfice, bien au contraire j’avais encore plus de douleurs à la fin de mes séances. Je fais aussi de la marche quand je peux (une fois par semaine) entre 30 min et 1 h maximum avec des pauses. Lorsque je n’ai pas le temps je fais 30 min de vélo d’appartement en 3 fois 10 min. Je vais à mes séances de balnéothérapie 1 fois par semaine. Je dispose du TENS (neurostimulation électrique transcutanée) mais pour le moment je ne vois pas vraiment les bienfaits de cette petite machine. Cela ne fonctionne pas sur mes grosses douleurs et sur les plus légères, dès que je l’enlève, la douleur revient en plus fort. J’ai aussi un tapis massant et une bouillotte.

Si vous aviez un conseil à donner à un patient qui vient d’être diagnostiqué ?

Si j’avais un conseil a donné à un nouveau patient venant d’être diagnostiqué, je lui dirais de ne pas hésiter à essayer certains médicaments chimiques ainsi que des techniques naturelles et surtout de se faire suivre par un bon psychologue et notamment effectuer une thérapie cognitivo- comportementale. C’est une véritable aide niveau moral. Après le deuil de son état antérieur, je dirais à cette personne de toujours garder l’espoir, d’être le plus positif que possible au quotidien. Bien sur ça ne sera pas le cas tous les jours mais au moins essayer de l’être régulièrement.

Le mot de la fin ?

Ne restez surtout pas dans l’isolement, si vous n’avez plus de famille ou un entourage qui ne croit pas que vous êtes vraiment malade alors rapprochez-vous d’une association s’il y en a une près de chez vous.

Même si rien ne guérit la fibromyalgie pour le moment, nous pouvons trouver une ou des choses qui nous permettent d’avoir un peu de répit que ce soit sur le moment ou même 2 heures après. Gardez toujours espoir, battez-vous pour vos familles ou pour une chose qui vous tient vraiment à cœur !

Ne renoncez pas à la vie, même si le quotidien n’est pas souvent très chouette à vivre. Essayez de faire des choses qui vous procurent du bien-être, des choses qui soulageront vos douleurs comme de la relaxation, aller faire une cure en thalasso thérapie ou juste aller marcher dans une forêt avec une ou un ami(e) ou des membres de votre famille. Ne restez surtout pas inactif car vos douleurs empireront au fur et à mesure. Sortez de chez vous-même ne serait-ce que pour 20 min de marche pour prendre l’air et activer vos muscles.

Courage et force à tous dans notre combat quotidien !

Merci beaucoup à @Liséa">@Liséa6‍ de nous avoir donné ses conseils pour accepter la maladie et retrouver la sérénité. N'hésitez pas à commenter son témoignage pour poser vos questions et partager votre expérience !

 

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avatar Louise Bollecker

Auteur : Louise Bollecker, Community Manager France & Content Manager

Community Manager de Carenity en France, Louise est également rédactrice en chef du Magazine Santé pour proposer des articles, vidéos et témoignages centrés sur le... >> En savoir plus

55 commentaires


Liséa6
le 16/05/2019

@cathy80000 

Je te remercie pour les explications que tu m'as apportée. On entend souvent dire que la fibro ne s'aggrave pas que les douleurs restent stables durant la vie d'une personne fibro mais je pense que les autorités ne veulent peut être pas noircir le tableau alors qu'au fond la fibro peut avoir une évolution dans le temps. 

Tu gères comment ta fatigue. Mon médecin traitant m'as prescrit de la vitamine B6 Magnésium marin mais j'ai l'impression que c'est du pipi de chat dans la fibro du moins pour moi. Je suis tout le temps fatiguée. Quand j'arrive à avoir 30 min voir 1h ou j'ai la pêche je peux être sur que pour le reste de la journee je vais être cuite. Parfois je suis sans énergie et d'autres je fais quand même certaines activités mais je me fatigue très vite. 

Hier soir j'avais très mal à la main et poignet droit. Je ne pouvais plus rien faire et même quand ma mère me la masser j'ai crié de douleurs. Ensuite j'ai mis de l'eau froide dessus et je suis allée me coucher avec mon mal jusqu'à ce que je mendorme. Ce matin ça va mieux pour ce côté du corps même si j'ai encore un peu mal mais où j'ai le plus mal c'est le pied gauche maintenant et je ne peux pas rester très longtemps debout ça me fatigue les jambes. J'ai deux bleus qui sont apparus sur la cuisse droite et je sais même pas comment je me suis faite cela bref ça m'arrive souvent. 

Pour le centre anti douleur, Je peux te comprendre. Pour certains ils font de leur mieux mais tant qu'il n'y aura pas de vrai traitements spécifiques à la fibro, ils pourront que nous aider à soulager nous douleurs et rien d'autres. La kyné comme dit me donnait encore plus de douleurs en sortant de la séance, la balneo l'eau était trop froide pour moi et la kyné ne savait pas vraiment diversifier les exercices et puis peut être quelle ne savait pas très bien comment prendre en charge une patiente fibro non plus. Je ne lui en veux pas du tout mais voilà c'était pas la superbe expérience la balneo. Avec la balneo j'arrivais à avoir maximum 2 ou 3h de répit après une séance. 

Pour la conduite je peux te comprendre car effectivement c'est une façon davoir de la liberté mais dis toi que c'est pour ton bien et le bien des autres avant tout. Tu peux toujours trouver de la liberté dune autre manière je pense.

Gros bisous et merci à toi! 


cathy80000
le 16/05/2019

Coucou Lisea 6,

JXai peur de te décourager mais il n'y pas 36 solutions.

Le matin j'arrive à faire quelques petites choses mais arriver 13h, j'ai l'impression de recevoir un coup de massue je dois aller m'allonger je DORS jusque 21h 22h je réveillé comme un zombie, je prends mes médicaments et je repars jusqu'au moment où les douleurs me réveillent. 

Comme  tu peux le constater mes journées sont courtes, l'essentiel étant de remplir intelligemment le peu de temps que la maladie me laisse....

L'un de mes meilleurs remède est incontestablement mes petits enfants....

Ne perd pas courage, même s'il y a une evolution de mobilité, de douleurs etc..... Si on a quelque chose à se raccrocher, on arrive à vivre


Liséa6
le 17/05/2019

@cathy80000 

Coucou,

J'espère que tu n'as pas trop mal dormi hier soir et que ton réveil s'est bien passé ou va bien se passer! 

Tu sais j'ai trouvé une formation qui me plairait bien  sûr une période d'une année mais elle se fait en intensité + sur 1 année au lieu de 2 donc j'ai peur de me lancer et de ne ne pas y arriver ou d'y arriver et que mon état se dégrade en cours de formation ou à la fin. Je sais que je dois pas me laisser gagner par la peur mais je ne peux pas me dire non plus que ca ne risque pas d'arriver.

Pour le moment je dois faire des démarches pour que le financement puisse être accordé donc c'est à voir! 

Heureusement que tu as tes petits enfants ! C'est une grande richesse! Accroche toi à eux pour traverser toutes les collines, montagnes qui sont devant toi.


cathy80000
le 17/05/2019

Coucou liséa 6,

La nuit a été un peu difficile mais soyons positive il y en a des plus dures!!!!!!!

Si tu as une formation qui te plaît n'hésites pas, fonces.......

Si on se prive de choses qui nous plaise la maladie a gagné!!!! et ça jamais. Tu n'arriveras peut être pas au bout mais il faut essayer car tu peux aussi arriver au bout de cette formation et si le travail qui en sort te permet d'adapter tes horaires et tes jours de travail à ton état de santé, tu vivras beaucoup mieux cette saleté de maladie.

J'ai pour devise "essaie et tu verras"Quelque chose que l'on arrive à faire alors que l'on croyait que cette maladie l'emporterai, c'est un pied de nez à la maladie et c'est également retrouver une certaine estime en soi.

Mon dernier fils je l'ai eu alors que j'étais déjà atteinte de cette maladie car en fait les premiers symptômes son apparus en 1992 à l'époque la fibromyalgie était très peu connue même par les médecins. Je suis passée par des diagnostiques des plus loufoques les uns que les autres. Mais quand je parlais d'avoir un enfant il n'y avait aucun interdit j'ai donc eu un magnifique petit garçon et chose étonnante je n'ai pas eu plus de douleurs enceinte .

Mon fils qui a maintenant 25 ans est en pleine forme ne présente aucun signe de maladie . Par contre ma fille, qui elle, est née en 1982 présente déjà quelques signes qui laisseraient craindre une atteinte qui commence à se développer.

Alors tu vois mon fils de 25 ans c'est une victoire j'ai gagné sur la maladie à ce moment là. Alors fais en de même essaie et si tu y crois vraiment tu y arriveras

CONFIANCE


Liséa6
le 17/05/2019

@cathy80000 

Tu ne peux pas savoir à quel point ton message me réconforte et me bouste en même temps.

Je te remercie de ta présence sur le forum, de ta bienveillance et de l'énergie positive que tu mapportes. 

Comme tu le dis si justement, même si à la rigueur je n'irais pas jusqu'au bout mais au moins j'aurais essayer plutôt que de rester avec mes peurs. Je vais faire mon possible pour pouvoir déjà obtenir le financement pour cette formation. 

Gros bisous à toi! 

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