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Les addictions, que sont-elles et comment les traiter ?

Publié le 30 août 2022 • Par Claudia Lima

Les addictions posent un problème de santé publique majeur. Elles concernent plusieurs millions de personnes en France et génèrent des conséquences sur la vie quotidienne et des complications sur le long terme. 

Qu’est-ce qu’une addiction ? Quelles sont les causes ? Comment les traiter ? 

Vous souhaitez des réponses ? Lisez notre article ! 

Les addictions, que sont-elles et comment les traiter ?

En France, les substances psychoactives les plus consommées chez les 11-75 ans en 2019 sont l’alcool avec 5 millions d’usagers quotidiens, le tabac (la nicotine), 12 millions, et le cannabis, 850 000. Ensuite, viennent la cocaïne, 600 000 usagers dans l’année, l’ecstasy avec 400 000 usagers puis l’héroïne

L'addiction aux jeux d’argent et de hasard touche 1,2 million de français, chaque jour 450 000 personnes y jouent. Le sujet préoccupe de plus en plus en raison de l’augmentation de la proportion de joueurs problématiques. 

D’après le dernier rapport de l’Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT), 83,9 millions d’adultes (âgés de 15 à 64 ans) en Europe auraient déjà consommé des drogues illicites au cours de leur vie. 

Que sont les addictions ? 

Les addictions sont des pathologies cérébrales définies par une dépendance à une substance ou une activité. Elles se caractérisent par l’impossibilité répétée de contrôler un comportement et la poursuite de ce comportement en dépit de la connaissance de ses conséquences négatives. Elles comprennent les addictions aux substances psychoactives telles que l’alcool, le tabac, certains médicaments et les drogues illicites, mais également les addictions comportementales, sans substances psychoactives, telles que les jeux d’argent et de hasard et les jeux vidéo. 

Pour en savoir plus sur les addictions, découvrez notre article : 
>> Qu’est-ce que l’addiction ? << 

Quels sont les facteurs qui favorisent une addiction ? 

Les facteurs de risque de passage de la consommation à l’addiction sont multiples. Ils vont dépendre de l’individu, du produit et de son environnement. 

L’individu

Des facteurs génétiques d’une part et des facteurs psychologiques d’autre part peuvent représenter des risques de passage à l’addiction. Ainsi, l’âge (plutôt les jeunes), le sexe (plutôt les hommes), la maturité cérébrale, la personnalité et l’humeur d’un individu sont des critères importants. 

Certains troubles psychologiques favorisent l’addiction et sont souvent associés à l’usage multiple de produits addictifs. Ces troubles sont la dépression, les troubles bipolaires, l’anxiété, les troubles obsessionnels compulsifs (TOC), les troubles de la personnalité borderline, les troubles du comportement alimentaire (TCA) et le trouble déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH)

Il peut y avoir également une fragilité psychique comme une mauvaise estime de soi. Des événements marquants ou des traumatismes peuvent aussi être à l’origine d’addictions.  

Le produit

Il existe des substances qui ont un pouvoir addictif important, ainsi l’addiction peut s’installer plus ou moins rapidement. Le produit le plus addictif serait le tabac, suivi de l’héroïne, de la cocaïne puis de l’alcool.  

L’environnement

La pratique addictive est influencée par l’environnement dans lequel évolue l’individu. Le contexte social et familial et/ou la disponibilité aisée du produit facilite le comportement addictif.  

Quelles sont les conséquences des addictions ? 

Les effets immédiats liés à une substance ou à une pratique sont l’euphorie, la perte de contrôle, la diminution du stress et la désinhibition. En cas de surconsommation d'un produit en quantité supérieure à la dose limite supportable par l'organisme, il peut y avoir un enjeu vital, par exemple, une overdose d’opiacé ou un coma éthylique lié à l’alcool. 

Ensuite, des symptômes liés à une exposition chronique se développent. La consommation de substance ou la pratique envahit progressivement la vie quotidienne de la personne dépendante, il y a un risque d’isolement, de stigmatisation, de perte d’emploi ou de déscolarisation. 

Sur le long terme, les répercussions sont sur le plan médical, psychologique et psychiatrique

Les conséquences sont aussi socio-sanitaires. En 2020 en France, l’alcool est responsable de 2 400 accidents mortels sur la route, 16 000 décès par cancers, 9 000 décès par maladies cardiovasculaires et 6 800 par maladies digestives. Le tabac est le 1er facteur de risque de cancer évitable et est impliqué dans le développement de 17 types de cancer. Un conducteur testé positif au cannabis a 1,65 fois plus de risques d'être responsable d'un accident mortel. Pour les autres substances illicites, 503 décès sont liés à leur usage abusif. 

Comment sont traitées les addictions ? 

Le traitement d’une personne ayant des addictions repose sur une prise en charge pluridisciplinaire. C’est un traitement à long terme dont les objectifs visent un arrêt durable de la consommation de la substance ou de la pratique.  

La personne à consulter en premier est un psychiatre, il est le seul habilité à poser le diagnostic de l’addiction. C’est aussi lui qui décidera de la stratégie thérapeutique : psychothérapie, médicaments, intervention auprès des proches, hospitalisations et autres approches comme la sophrologie. Il faut parfois associer un traitement médicamenteux, une prise en charge psychologique individuelle et/ou collective et un accompagnement social

Les modalités de traitement diffèrent en effet selon le type d’addiction en cause. De plus, la prise en charge doit prendre en compte tous les facteurs qui favorisent les addictions, il faut ainsi réduire à la fois les risques et les dommages liés à celles-ci. 

Le sevrage est primordial pour arrêter la consommation ou la pratique addictive. Parfois, une diminution progressive comme pour l’alcool et le tabac sont plus efficaces que le sevrage immédiat. 

La prise en charge psychologique

Afin d’assurer un bon suivi du patient, des entretiens d’évaluation et de motivation sont réalisés pour permettre d’évaluer la consommation, la dépendance, les motivations à arrêter et établir un protocole d’arrêt adapté à chaque cas. Il est recommandé de les effectuer auprès d’un professionnel en addictologie

Souvent une psychothérapie est nécessaire, elle intervient après l’entretien motivationnel. Beaucoup d’approches existent : les thérapies psychodynamiques, les thérapies interpersonnelles (TIP), les thérapies cognitives et comportementales (TCC), etc. Un soutien psychosocial permet de préserver ou de favoriser l’intégration sociale, et d’accompagner le patient. 

Les groupes de paroles offrent un soutien non négligeable aux personnes ayant une addiction. Il y a les Alcooliques Anonymes, les Narcotiques Anonymes, Croix Bleue, SOSJoueurs.org, etc. 

La prise en charge des addictions aux jeux passe essentiellement par de la psychothérapie individuelle ou de groupe, parfois la famille est impliquée.  

La prise en charge médicamenteuse

Il existe des traitements de substitution et de nombreuses molécules sont disponibles selon le type d’addiction. La durée d’un traitement de substitution varie selon les personnes. 

Sevrage du tabac 
Les sevrages tabagiques sont efficaces lorsque des traitements substitutifs à base de nicotine sont associés à une prise en charge psychologique. La nicotine arrive au cerveau, sans passer par les poumons, et soulage la sensation de manque. 

Les différents substituts nicotiniques sont des timbres (ou patchs à la nicotine) à appliquer sur la peau, des gommes à mâcher, de la nicotine à aspirer grâce à un inhalateur ou en pulvérisation buccale par sprays ou en comprimés à sucer ou à faire fondre sous la langue. 

Sevrage de l’alcool 
Des médicaments sont souvent utilisés tels que l’acamprosate, la naltrexonele nalméfène et le baclofène

Sevrage des opiacés 
Il faut d’abord prévenir le syndrome de sevrage, c’est pourquoi il est d’abord prescrit des opioïdes à longue durée d’action comme la méthadone et la buprénorphine, parfois en association avec la naloxone. Leur utilisation est strictement encadrée et leur longue durée d’action permet un soulagement durable.

Le syndrome de sevrage est représenté par des manifestations symptomatiques survenant dans les suites immédiates ou différées de l’arrêt de la consommation et se traduisent par un état de manque psychique, comportemental et physique

Une fois le sevrage complet, la naltrexone permet d’éviter les rechutes

Sevrage du cannabis 
La dépendance au cannabis est essentiellement psychique, ainsi ce sont les approches de psychothérapie qui sont à privilégier. Toutefois, pour aider à amoindrir les signes du sevrage, il peut être prescrit de la mirtazapine ou du dronabinol. 

Sevrage de la cocaïne
Il n'existe pas de traitement de substitution spécifique à la cocaïne, néanmoins, en association avec une psychothérapie et un sevrage court, l’acétylcystéine aurait montré de l’efficacité. 

La prévention des rechutes pourra passer par la prescription de topiramate et le disulfirame (utilisé également pour les alcoolo-dépendances). 

Sevrage des jeux 
Le traitement de l’addiction aux jeux vidéo passe par une prise en charge psychologique. L'accompagnement thérapeutique peut reposer sur plusieurs méthodes qui se combinent : par exemple une thérapie familiale, associée à de l'hypnose et des groupes d'entraide. 

Une prise en charge sociale peut être proposée dans la mesure où le joueur pathologique, dans le cas de jeux d’argent peut avoir perdu toute autonomie financière et qu’il connaît de grandes difficultés de réinsertion. Si l’addiction est extrême et que le joueur est diagnostiqué dépressif, la prise en charge peut également être médicamenteuse

L’hétérogénéité des profils de joueurs pathologiques rend difficile la mise en place d’une stratégie thérapeutique. Néanmoins, des méthodes alternatives ont fait leurs preuves comme la méditation de pleine conscience et la stimulation magnétique transcrânienne répétée (rTMS) qui fait disparaître le craving par exemple. 

Le craving est une envie irrépressible de consommer une substance ou d'exécuter un comportement gratifiant alors qu'on ne le veut pas à ce moment-là


Différents moyens existent pour faire le point sur sa consommation de substance psychoactive ou sur sa pratique addictive. Le médecin traitant a également un rôle important dans le conseil, la prise en charge et l’orientation des patients. Il en est de même pour le médecin du travail. 

Ci-dessous, quelques contacts utiles : 

Addict’aide 
Tabac info service : 3989 
Alcool info service : 0 980 980 930 
Drogues info service : 0 800 23 13 13 
Joueurs info service : 09 74 75 13 13 


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avatar Claudia Lima

Auteur : Claudia Lima, Rédactrice Santé

Claudia est créatrice de contenus chez Carenity, elle est spécialisée dans la rédaction d’articles santé.

Claudia est titulaire d’un Executive MBA en Direction Commerciale et Marketing et continue de se... >> En savoir plus

Qui a revu : Antoine Seignez, Pharmacien chef de projet data science

Antoine est titulaire d’un doctorat en pharmacie et d’un doctorat en sciences de la vie, spécialité immunologie. Il a suivi ses études à l’université de Bourgogne. Plusieurs de ses travaux ont fait l’objet de... >> En savoir plus

2 commentaires


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Utilisateur désinscrit
le 30/08/2022

Il y a un phénomène d'habituation du cerveau vis-à-vis des drogues, en génral : une même dose ne produit plus un effet aussi intense ni aussi durable, ce qui conduit l'utilisateur à augmenter la dose et la fréquence des prises. La concentration du produit augmente et provoque de plus en plus d'effets secondaires quand la concentration est forte (risque d'overdose) et quand elle diminue (troubles de manque, physiques et psychiques). A cause de l'habituation, l'utilisateur emploit de plus en plus de moyens et de temps pour retrouver la satisfaction intense ressentie au début de l'usage de la drogue.


Octopus83
le 07/08/2023

Bonsoir, je suis nouveau sur ce site.

J’ai commencé à prendre de l’Oxycodone 20mg 1cp X / jour, cela a débuté suite à une rupture transfixiante du ligament supra-épineuse au niveau de la coiffe des rotateurs… puis au fil des mois ça a été ; 2,3 voir 4 comprimés !!

les raisons qui ont poussé mon médecin à me donner ce traitement étaient que je ne pouvais pas prendre d’antalgique à base de Paracétamol car mon foie était très fatigué suite à une trithérapie qui a durée pratiquement 15 ans (VHC) et j’en suis enfin sortie…. Mais je me suis retrouvé Addict à la morphine pendant 4 ans jusqu’au jour où mon toubib m’a dit qu’il s’était fait "taper" sur les doigts par l’ordre des médecins.,.

La suite, vous l’imaginez, j’ai commencé à réduire les doses en compensant avec du Tramadol, puis du Séresta… mais le résultat est catastrophique… j’ai réussi à prendre ces dernières semaines 3 cp d’Oxicodone, 6 / 13 h / 19h avec du Tramadol (100mg en LP 2 x jours entre les prises d’Oxy.. et 2 cp de Séresta 50mg, pareil, entre les prises d’Oxy…mais je suis entré dans une phase de dépression, donc, pour m’aider à dormir (car j’ai des phares à la place des yeux à 2h du mat…) je prend 1/2 cp de Lormetazepam 4mg (soit 2mg) vers minuit si pas sommeil… maintenant, le toubib veux rajouter cet anti-dépresseur ?!? Avant de commencer, j’aimerai assez qu’une personne qui a eu une expérience approximativement comme la mienne, me dise ce qu’elle en pense.

merci pour vos retours, conseils, etc…

Bien à vous tous, Cyrille.

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