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Erreurs médicales : un recensement difficile

Publié le 24 nov. 2017

Erreurs médicales : un recensement difficile

Leur nombre est difficile à évaluer car elles ne sont pas toujours imputables à un médecin mais peuvent relever de la malchance.

docteur

Hier, Le Parisien publiait un dossier sur les erreurs médicales, révélant que les chiffres sont minimisés et qu’une «omerta» entoure ce sujet épineux. En effet, selon le journal, « seuls » 1.153 cas d’événements indésirables graves liés aux soins ont été signalés depuis janvier par des professionnels de santé, alors que 60.000 personnes perdraient la vie chaque année en France des suites d’un accident médical. Mais ce chiffre n’est qu’une vague extrapolation, fruit de la somme de deux estimations : l’une faite par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), l’autre tirée d’un rapport du Sénat daté de 2013. En l’absence d’étude sur la question, difficile d’établir un état des lieux rationnel.

Il faut dire que le recensement des erreurs médicales n’est pas chose aisée. En effet, lorsqu’un événement indésirable grave survient - c’est-à-dire un événement inattendu ayant provoqué des conséquences graves pour le patient (mise en jeu du pronostic vital ou fonctionnel, décès, séquelles invalidantes...) -, il peut être la conséquence d’une faute du corps médical ou du hasard. On parle alors d’aléas thérapeutiques. C’est le cas, par exemple, lorsqu’un patient se révèle être allergique à un produit anesthésique.

102 médecins reconnus fautifs

En théorie, les professionnels de santé ont l’obligation de déclarer les événements indésirables qu’ils observent sur le site gouvernemental dédié. Mais en l’absence d’expertise, ces données ne permettent pas d’estimer la part de responsabilité du professionnel de santé, et donc de savoir s’il y a eu ou non une erreur médicale. Il arrive alors que le patient adresse une réclamation au soignant. Pour en savoir plus sur la nature de ces plaintes, Le Figaro a interrogé Thierry Houselstein, médecin et directeur médical à la MACSF, assurance qui couvre environ 60% des professionnels de santé en France, dont plus de 141.000 médecins.

« Lorsqu’un patient a une réclamation vis-à-vis d’un professionnel de santé, ce dernier doit nous en faire part. En 2016, nous avons ainsi reçu 2.300 déclarations d’événements indésirables, explique Thierry Houselstein. Cela ne représente pas plus de 2% de l’ensemble des médecins que nous couvrons. C’est aux patients de décider où adresser leur réclamation. Environ un tiers se règle à l’amiable, un tiers en justice et le dernier tiers passe entre les mains des Commissions de Conciliation et d’indemnisation (CCI). »

Ces commissions sont chargées d’établir si la faute est imputable ou non au professionnel de santé, et donc si c’est à l’assurance ou non de payer. En 2016, 102 médecins assurés par la MACSF ont été reconnus comme fautifs, sur 446 dossiers examinés. « C’est le cas lorsqu’un chirurgien sectionne un nerf au cours d’une opération de la thyroïde, par exemple. Ou quand un médecin, après avoir réalisé une coloscopie chez un patient, le laisse rentrer chez lui avec une perforation », illustre Thierry Houselstein. Dans les autres cas, les médecins n’ont pas été mis en cause. « C’est le cas lorsqu’un patient opéré du pied développe une algoneurodystrophie, un raidissement douloureux et progressif d’une articulation: le chirurgien n’y est pour rien », poursuit l’assureur.

justice

La chirurgie et la médecine générale les plus mises en cause

Selon le médecin de la MACSF, les six spécialités les plus concernées par les plaintes sont, dans l’ordre: la chirurgie, la médecine générale, l’anesthésie-réanimation, l’ophtalmologie, la radiologie et la gynécologie-obstétrique. « En chirurgie, il arrive régulièrement que les patients considèrent les résultats insuffisants. Les plaintes visent aussi des infections liées aux soins ou bien des complications en rapport avec le geste opératoire, rapporte Thierry Houselstein. Quant aux plaintes adressées aux médecins généralistes, elles concernent surtout des erreurs et des retards au diagnostic. »

Lorsque le médecin n’est pas jugé coupable mais qu’il y a bien eu une erreur médicale ayant entraîné un dommage corporel important, c’est l’Office national d’indemnisation des accidents médicaux (Oniam) qui prend le relais. Infections nosocomiales graves, certains accidents médicaux (sauf actes de chirurgie esthétique), dommages imputables à des vaccinations obligatoires, victimes du sang contaminé, du Médiator ou de la Dépakine : au total, 4.575 demandes ont été déposées en 2016. Parmi elles, 35% ont été validées. À noter qu’une demande peut être faite dès lors que l’erreur médicale a été commise après le 4 septembre 2001. Depuis 2003, le nombre de demandes déposées à l’Oniam a presque triplé.

« Pour connaître précisément le nombre d’erreurs médicales imputables aux professionnels de santé faites chaque année, il faudrait interroger toutes les assurances et les tribunaux, conclut Thierry Houselstein. Sans compter que tous les patients victimes d’erreurs médicales ne se manifestent pas. Mais je pense que les fautes individuelles ne sont qu’une petite proportion des événements indésirables graves. »

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Le mot : « Evénement indésirable grave »

Selon la Haute Autorité de santé, il s'agit d'un événement inattendu qui a des conséquences sur la santé du patient : décès, pronostic vital engagé, survenue d'un déficit fonctionnel comme la perte de mobilité d'un membre, diminution de la fonction rénale... Cette appellation regroupe les erreurs médicales et les aléas thérapeutiques.

Dans le premier cas, le chirurgien opère le mauvais patient ou la mauvaise jambe. Il n'a pas réalisé la check-list mise en place par la Haute Autorité de santé avant une intervention. Dans le cadre d'un processus d'indemnisation à l'amiable, c'est l'assurance du professionnel ou de l'établissement qui indemnise la victime.

Il existe une deuxième catégorie : les aléas thérapeutiques. Le patient réagit mal à un produit alors qu'il n'a jamais montré de signe d'allergie. Le médecin n'est pas mis en cause. Dans ce cas, c'est l'Office national d'indemnisation des accidents médicaux (Oniam) qui paie au titre de la solidarité nationale. Selon son directeur, Sébastien Leloup, en 2016, 4 575 demandes ont été reçues, 800 personnes ont été indemnisées pour un montant de 94 M€.

Et vous, avez-vous été victime d'une erreur médicale ? Connaissez-vous quelqu'un qui l'a été ? 

Le Figaro Santé

4 commentaires


Férat2610
le 25/11/2017

J'ai était victime d'une erreur médicale en octobre 2013 on m'a prescrit un traitement dont un qui était encore à la phase d'étude et personne ne m'a prévenu ni même fait signer une décharge c'est en regardant allô docteur en novembre 2014 que j'ai appris que le médicament aller être mis sur le marché et qu'il venait d'être accordé par l'agence nationale de la santé et depuis je suis en fauteuil roulant et multiples pathologies et jamais je n'ai était reconnue comme victime bien au contraire l'hôpital où cela c'est passé mon dit que j'étais folle. Et pour couronner le tout je suis insuffisante hépatique.


kristian
le 27/11/2017

Mon mari a subi un aléas thérapeutique le 22 Avril 2016. Un aérosol de PENTACARINAT à provoqué un choc anaphylactique. Cet évènement lui a fait atteindre le dernier stade de sa BPCO. Depuis, il ne fixe plus l'oxygène et il est sous oxygénotherapie 24h/24 et son état respiratoire nécessite l'aide ponctuelle d'un fauteuil roulant.

Le protocole de mise en œuvre préconisé pour le Pentacarinat n'a pas été respecté, l'hôpital en cause n'est pas équipé de chambre avec vitre de surveillance. Chaque fois que nous abordons le sujet, le personnel hospitalier minimise ou élude la question.

Cet aérosol rentrait dans le cadre du traitement d'un lymphome actuellement déclaré consolidé. Mais au prix d'une sévère aggravation d'un handicap qui se répercute sur notre qualité de vie.

Et que faire ? Se battre contre les moulins à vent ? Ce ne pourrait être qu'un épuisement supplémentaire.


kristian
le 27/11/2017

Et j'avais presque oublié ! Mon mari a été l'objet d'une erreur de diagnostic gravissime  de septembre 1997 à janvier 1999. Son pneumologue de l'époque à confondu les signes d'un carcinome epidermoide avec les pseudo symptômes de sevrage tabagique. Nous avons attendu plus d'un an avec un état de santé de plus en plus dégradé ( mon mari crachant de plus en plus de sang) jusqu'au diagnostic cancer. Il a fallu que mon mari crache ses alvéoles pulmonaires lors d'une endoscopie respiratoire, réalisée sans anesthésie locale, pour que ce spécialiste, chef de service hospitalier percute enfin. Résultat: bilobectomie droite fin janvier 1999.


elocinycarf
le 27/11/2017

En 1960 j'ai eu un problème de la thyroïde et le spécialiste de Grenoble m'a donné un médoc qui agissait sur l'hypophyse ce qui au lieu de freiner ma thyroïde la rendue complètement folle... j'ai fini a à peine 18 ans au lit 20/24 heures et une maladie de basedow qui n'a pas voulu guérir et il a donc fallu à ce jeune âge faire une thyroïdectomie (en 1961 ça ne se faisait pas souvent) et depuis ce jour je vie avec de la thyroxine de synthèse (le lévothyrox à présent) mais il faut dire que les spécialistes lyonnais ont tout essayé pour éviter l'ablation. J'ai eu une vie tout à fait normale ensuite (sauf ne pas oublier les gouttes ou les comprimés de substitutif thyroïdien) et j'ai fait de la montagne, de l'escalade, du ski, des enfants, travaillé pendant 44 ans en clinique chirurgicale !!!

Et je vais vers ma 75ème année avec quelques petites et grosses pathologies.

La question que je me pose : les problèmes thyroïdiens (manque de la glande) peuvent-ils provoquer d'autres maladies (diabète, cardiopathie, arthrose .....) Peu ou pas de recherche médicale sur ce sujet et pourtant depuis Tchernobyl de plus en plus de patient sont privés de leur glande thyroïde. Il faudrait se réveiller du côté des chercheurs pour examiner ce problème....

Amicalement

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