Mon témoignage complet sur le trouble anxieux

Bonjour, bonsoir (en fonction de l'heure à laquelle vous lirez ça !).

Je m'appelle Judie, j'ai 19 ans et il y a quelques mois, en juin 2024, on m'a diagnostiqué d'un trouble anxieux. Pendant des semaines j'ai fait des recherches sur Internet, cherché des vidéos, des articles parlant du sujet, des personnes à qui pouvoir m'identifier, mais je n'ai jamais trouvé. Alors j'ai décidé (après les conseils de quelques personnes) de parler moi-même et peut-être d'aider à travers cela certaines personnes qui comme moi cherchent une personne pour "raconter" leur parcours avec le trouble anxieux...

En réalité, ma toute première crise survient lorsque j'ai 14 ans. Je ne stressais pas particulièrement, je vivais juste ma vie d'ado tranquillement. Je commençais sur plusieurs jours à ressentir quelques étouffements et douleurs dans la poitrine, en me disant que ça allait passer. Puis une nuit alors que je m'apprêtais à me coucher dans le lit de ma mère, ça a empiré. Mon coeur battait hyper vite, j'ai été prise de convulsions dans la jambe gauche, je n'arrivais plus à respirer. Tout le monde a paniqué, direction l'hôpital en urgence EXTRÊME. Sur place, je ne sais par quel miracle j'ai été vue par le médecin, une femme, presque de suite. Elle m'a fait asseoir pour m'ausculter (je précise que j'étais complètement essoufflée, respirant très difficilement) et quand elle a terminé, elle m'a dit mot pour mot "Tout va bien, tu n'es pas en train de manquer d'oxygène". Elle m'a tranquillement expliqué que je ne présentais pas les signes d'une urgence respiratoire (même si je n'y comprenais pas grand chose à l'époque), et m'a parlé de tout et de rien en me posant des questions sur ma vie, l'école, etc... Comme par magie, après quelques minutes, TOUT ALLAIT BIEN alors que j'avais passé l'heure d'avant à chercher désespérément de l'air. Elle m'a dit de faire des choses que j'aimais, de me détendre, etc, et m'a renvoyée chez moi. Le lendemain ça a recommencé. nouveau médecin qui fait la même conclusion mais cette fois m'a prescrit de suivre une cure de magnésium. J'ai mis une ou deux semaines de plus pour me remettre totalement de cette crise. J'avais toujours mal à la poitrine, et une fatigue terrassante. Une fois sur pied plus rien ne s'est passé pendant les mois d'après, à part quelques petites crises très courtes et espacées, qui duraient quelques secondes ou minutes, ou au pire une heure.

3 ans passent sans que je ne ressente rien. Puis vient l'année de Terminale, la pire de mon parcours secondaire. Il faut savoir que j'étais dans une école réputée pour être très stricte et à cheval sur les résultats, où TOUT LE MONDE, des enseignants aux surveillants mettaient l'accent sur l'excellence et ça alors même que l'année venait à peine de débuter et que le bac était dans plusieurs mois. Tout le monde dans la classe était exténué, certains plus que d'autres, dont moi qui ai enchaîné les crises au point de développer une véritable peur de mettre les pieds en classe. Je faisais des semaines à la maison, à cause de mes crises, et quand je n'en faisais pas, je faisais semblant de me sentir mal même quand ça allait parfaitement, juste pour éviter de devoir aller en cours ou même de sortir TOUT COURT (J'ai appris plus tard que ça s'appelait de l'évitement : trouver des excuses, éviter à tout prix les endroits qui nous font stresser. Ex : Si je stresse en cours, je n'y vais pas et je simule un malaise pour rester à la maison, où je me sens bien). Malgré tout, Dieu merci, j'ai eu mon bac du premier coup, avec une mention, mais j'ai développé un stress récurrent concernant les études. Suite à ça, je décide de faire une année sabbatique, pour récupérer de tout ça. Et ça a été la meilleure année de ma vie. Aucune crise d'anxiété ou presque, pas de symptômes récurrents, j'étais BIEN, vraiment.

Puis vient l'université et son lot de petites catastrophes, qui m'a fait replonger dans mon cycle infernal. Le stress des examens, s'adapter à une nouvelle ville, être obligée d'affronter ma peur d'aller à l'extérieur, sociabiliser... Un jour, une crise a démarré pendant que j'étais en cours. J'ai du sortir et rentrer chez moi, je n'arrivais pas à gérer, j'avais peur de m'effondrer en pleine rue devant tout le monde... J'ai passé une heure de transports à essayer de rester calme, et une fois chez moi, j'ai explosé. Je ne tenais pas en place, j'hyperventilais, des énormes palpitations, une douleur qui me traversait tout le bras gauche, des sensations que je n'avais pas eue depuis des années. J'étais totalement désemparée, ma mère a fini par m'emmener aux urgences, où encore une fois le diagnostic était "crise d'angoisse". C'est à partir de ce moment que je me suis dit que je devrais apprendre à mieux gérer ces moments, à les identifier et comment m'en sortir. Les crises ont repris de façon intense. Au final, ce n'étaient même plus des crises en elles-mêmes mais juste les différentes choses que je ressentais qui s'installaient et ne partaient plus.

Dans la liste : Fatigue extrême ( je passais mes journées allongée, il n'y a que comme ça que je me sentais bien), douleurs dans les membres et la poitrine, des tremblements des mains et/ou des jambes, les muscles qui tressautent de partout, j'ai même commencé à voir un peu moins bien par moment, des palpitations et une impression de mourir quand tout ça devenait trop. Je passais mon temps à essayer de mesurer mon pouls, si j'arrivais à inspirer et expirer normalement comme lorsque les docteurs m'auscultaient, j'étais convaincue que j'avais quelque chose, juste que les médecins n'avaient pas trouvé. Je suis devenue experte en symptômes de diverses maladies, tellement j'ai cherché tout ce qui ressemblait aux miens. Tout ça pendant près de 4 mois. J'avais l'impression d'être devenue un poids pour ma famille, en même temps j'avais peur d'être seule, j'avais peur de dormir mais dormir était le seul moment où je ne sentais rien. On m'a prescrit des anxiolytiques pendant cette période, que j'ai pris pendant seulement 3 jours car ils m'assommaient, littéralement, mais en parallèle j'ai continué le magnésium.

En juin 2024, je vais voir un énième médecin après m'être sentie mal. Je lui parle de tous mes examens et mes précédents rendez-vous, des prises de sang qui n'ont rien révélé d'anormal, des ECG (électrocardiogramme) totalement normaux, il m'ausculte à son tour et me dit qu'il est du même avis que les autres médecins. Mais il me dit une chose, "À mon âge et sans aucun antécédent de maladies cardiaque ou autre, avec des paramètres et tous les examens médicaux parfaits, ce que je ressens s'appelle UN TROUBLE ANXIEUX. Ce que je ressens est dû au stress, à l'anxiété. Ça ne veut PAS DIRE QUE JE N'AI RIEN, juste que ce que j'ai n'est PAS GRAVE". Je ne sais comment, mais ces paroles m'ont touché plus que ce que j'aurais cru, jusque maintenant. Il m'a donné toute une floppée de médicaments, principalement du magnésium et des antidouleurs, mais aussi des vitamines, etc. J'ai strictement suivi mon traitement et petit à petit ça allait mieux, même si les symptômes étaient fatigants et persistants au début. Au mois de juillet, un mois plus tard jour pour jour, je ne sentais presque plus rien. Et des jours après, PLUS RIEN. J'étais tellement heureuse, j'avais prié et pleuré des heures durant pour arriver à ce moment... J'ai décidé d'être moins dure avec moi, de me comprendre un peu plus, d'explorer ce qui me déclenche de l'anxiété et comment le gérer.

Tout allait parfaitement bien, mais en novembre, retour des symptômes (fatigue, vertiges, douleurs diverses, maux de tête, tremblements...). Et au moment où j'écris, je ressens encore des choses, même si elles se sont atténuées aujourd'hui, même sans que je ne prenne vraiment mon magnésium. J'a évidemment eu des gros moments de panique, où j'ai cru mourir, faire un AVC, une crise cardiaque, mais il n'en ai rien, ça va mieux. Je garde espoir que bientôt tout revienne à la normale et de pouvoir profiter de ma pleine énergie comme avant.

Si je peux donner un conseil, ce serait de parler avec votre médecin de vos symptômes et de réaliser tous les examens nécessaires pour écarter d'autres pistes de maladies, et aussi pour se rassurer soi (une crise d'anxiété est beaucoup plus facile à gérer quand on sait à 100% que l'on va bien et que ce n'est pas autre chose). Ensuite, la partie la plus difficile est de se convaincre soi-même que tout va bien malgré les symptômes qui viennent et repartent. Lutter contre le besoin incessant de tout surveiller sur son corps et d'aller à l'hôpital chaque semaine pour vérifier une centième fois que ça va. Pour ma part on m'a conseillé de voir un psychologue, ce que je vais faire, et j'espère que ça m'aidera, même un peu. Tout va bien, et tout ira bien, il faut rester positif , prier si ça aide, trouver la force d'être soi, même si c'est TRÈS difficile.

Si vous êtes arrivés jusque-là, merci d'avoir pris le temps de lire tout ça et que mon expérience vous aura informé ou que vous vous serez reconnu un peu à l'intérieur. Les troubles anxieux, l'anxiété généralisée et tout ce qui y ressemble, c'est dur à vivre, et il faut le vivre pour vraiment comprendre à quel point c'est compliqué, mais à un moment ça ira. On ne sait pas vraiment quand, mais TOUT ira BIEN.

Merci à tous <3