Dépression : les moyens de s'en sortir

Les traitements seront de plus en plus personnalisés, grâce à la découverte de biomarqueurs, aux apports de l'informatique et aux objets connectés

À la différence des coups de déprime passagers, des "états d'âme" plus ou moins fluctuants, la dépression est une véritable maladie qui touche plusieurs millions de personnes en France. Revêtant différentes formes selon les individus, cette affection suscite toujours bien des interrogations auxquelles répond Antoine Pelissolo - chef du service de psychiatrie au CHU Henri-Mondor à Créteil, chercheur et président de l'association française des troubles anxieux et de la dépression - dans un livre intitulé Dépression : s'enfermer ou s'en sortir ?*

La dépression est environ deux fois plus élevée chez la femme que chez l'homme, rappelle le médecin. Et même si tout le monde peut être concerné, certaines catégories sociodémographiques semblent particulièrement exposées : les personnes vivant seules, divorcées ou célibataires, celles au chômage ou en situation de précarité, ainsi que celles ayant un faible niveau d'étude. Par ailleurs, le fait de souffrir d'une maladie chronique augmente le risque. Et les conséquences sont importantes puisque la dépression dégrade la capacité à agir, dans la vie personnelle comme professionnelle.

Mais attention, tous les spécialistes insistent bien sur la différence entre une dépression dite "réactionnelle", consécutive à un "coup dur", comme la perte d'un proche et la "vraie", qui se prolonge dans le temps et s'accompagne de perte du moral, de l'énergie, du plaisir, du sommeil, de l'appétit ... En revanche, "personne ne peut aujourd'hui prétendre connaître LA cause de la dépression", écrit l'auteur. Bien que de nombreuses recherches aient été engagées dans le monde depuis 30 ans, aucune explication satisfaisante n'a encore été donnée.

À la recherche des biomarqueurs

Malgré cela, le psychiatre s'attend à des "développements spectaculaires" au cours des prochaines années. "Les mécanismes biologiques et psychologiques de la dépression étant multiples et variables d'une personne à l'autre, l'un des principaux espoirs est de pouvoir un jour sonder la maladie de chaque patient afin d'en connaître les caractéristiques, l'évolution prévisible et surtout le traitement le plus adapté." Car la recherche de biomarqueurs bat son plein. Il s'agit de "signatures" propres à chaque malade : paramètres génétiques, dosages sanguins, examens d'imagerie cérébrale... L'objectif des psychiatres est de se rapprocher de la médecine personnalisée déjà opérationnelle en cancérologie.

"Mais la recherche sur la dépression ne porte pas uniquement sur les aspects biologiques et psychiques, car la dimension psychologique et sociale est également fondamentale", admet le Pr Pelissolo en fin d'ouvrage. "Les psychothérapies continuent à être améliorées, du fait d'une connaissance plus fine des failles psychologiques menant à la dépression." Il envisage avec sérénité l'arrivée des entretiens à distance, de la thérapie assistée par Internet et des objets connectés. Et il plaide pour l'intégration des principes de la psychologie positive à l'éducation. On le voit, il est prêt à faire feu de tout bois pour aider les dépressifs à s'en sortir.

* INSERM en partenariat avec les éditions du Muscadier, 128 pages, 9,90 euros. Le deuxième ouvrage de cette nouvelle collection a pour titre Alzheimer : fatalité ou espoir ?

Source : Le Point