Dépression : “J’étais dans le déni…”
Publié le 20 oct. 2021 • Par Candice Salomé
Hookette, membre de la communauté Carenity en France, est touchée par la dépression depuis de nombreuses années. Cette dernière étant stabilisée, grâce à un traitement qui lui convient bien, elle espère pouvoir l’arrêter prochainement. Elle revient sur le confinement de mars 2020 lié à la pandémie de Covid-19, période difficile pour elle. Elle se livre dans son témoignage pour Carenity !
Découvrez vite son histoire !
Bonjour Hookette, vous avez accepté de témoigner pour Carenity et nous vous en remercions.
Tout d’abord, pourriez-vous nous en dire plus sur vous ?
Je m’appelle Marie-Christine, je suis célibataire, j’ai bientôt 57 ans et Hookette, mon pseudo sur Carenity, pour Hook mon husky malheureusement disparu.
Je suis la petite dernière d’une fratrie de 6 enfants avec une grande différence d’âge avec mes ainés.
Je suis aidante et curatrice renforcée de ma sœur de 13 ans mon ainée, suite à une méningite mal soignée dans les années 50.
Je suis comptable et arbitre nationale d’escrime (arme épée). Cela me permet de me changer les idées. Je fais du secourisme, j’aime les randonnées, la lecture et faire des mots fléchés car cela me détend.
Vous êtes atteinte de dépression. Pourriez-vous nous dire comment la maladie s’est-elle manifestée dans votre vie ? Depuis combien de temps êtes-vous touchée par la dépression ?
La maladie est apparue vers mes 17 ans. J'ai eu pour traitement le Lexomil et une perte de poids importante : de 60 kg, je suis passée à 45 kg. Mon généraliste de l’époque n’a pas souhaité continuer avec ce traitement.
Plus tard, ma dépression est revenue, sans vouloir mettre un nom dessus, j’étais dans le déni de celle-ci (perte de ma maman d’un cancer du pancréas, ma sœur avec sa mise sous tutelle avant la curatelle renforcée, cela n’a pas été simple, et d’autres problèmes familiaux se sont rajoutés). A la moindre contrariété, j’étais en pleurs.
Les personnes qui me connaissent bien s’aperçoivent que, moralement, je ne suis pas bien, par exemple, mon kiné où Marion ma psychologue.
Je ne parle jamais de mon mal-être à mon entourage et surtout pas à mon travail.
Quelle est votre prise en charge et vos traitements ? En êtes-vous satisfaite ?
C’est une amie du secourisme, avec qui je parlais beaucoup de mes problèmes, qui m’a conseillée d’aller au CMP (Centre Médico Psychologique). Au départ, j’ai rencontré deux personnes.
Après un psychiatre qui a eu du mal à me convaincre pour mon traitement, que mon généraliste continue.
J’ai été suivie par Diane ma première psychologue qui est partie en Suisse et maintenant par Marion. Chacune d’elle travaille différemment.
Mon traitement est : Escitalopram 10mg depuis plus de 15 ans. Avec mon généraliste, nous avons essayé de baisser la dose. J’ai tenue 3 ans avec du 5mg mais, ayant eu des problèmes avec ma sœur, nous avons, d’un commun accord, augmenter la dose.
Je suis contente de mon traitement et j’espère un jour pouvoir l’arrêter complétement.
Quel a été l’impact de la dépression sur votre vie professionnelle et votre vie privée ?
Ayant eu aussi un gros problème à mon travail, ça n'a pas été simple. Encore maintenant, je suis toujours sur la défensive.
Quand je ne suis pas bien je me renferme. Que ça soit n’importe où, je préfère me mettre en retrait, et c’est pour ça que j’ai très peu d’amis à mon grand regret car j’ai dû mal à aller vers les autres.
En 2020, l’épidémie de Covid-19 fait des ravages et la France connaît son premier confinement au mois de mars. Que vous évoque cette période ?
Cette période a été très dure moralement, en plus du confinement. Ma seconde sœur m’a annoncé qu’on lui a découvert un cancer des deux seins donc opération, une infection après son deuxième jour de sortie donc retour aux urgences avec une seconde intervention…
Avez-vous été en télétravail durant cette période ? Continuez-vous de l’être ?Que pensez-vous du télétravail ?
J’ai été en télétravail et je continue toujours d’être en télétravail. Je vais aussi sur site une à trois fois dans le mois. Le problème est que nous n’avons plus de self-service.
Être en télétravail, ça éloigne des autres services, moi qui aime bien discuter avec la personne de visu quand nous avons un problème. Là ce n’est pas possible.
La seule chose de bien : pas besoin de prendre les transports !
Quel impact le confinement a eu sur la dépression et votre état de santé en général ?
Concernant le premier confinement, je l’ai très mal supporté. Déjà, le fait de faire comprendre à ma sœur que, maintenant, j’étais avec elle à 100% donc plus de télé du matin au soir, je lui accordais de la mettre vers les 11h30 jusqu’à 13h30 et l’après-midi à partir de 16 heures en faisant attention au son de la télé pour que ça ne me dérange pas
Les réunions en visio au lieu du réel, il faut s’habituer.
Les activités comme les compétitions m’ont beaucoup manqué ainsi que les promenades sur les bords de Marne rendues impossibles à cause du nombre de kilomètres.
Vous êtes aidante auprès de votre sœur. Est-ce que cette période a été difficile à vivre pour vous deux ? Quel a été l’impact du confinement sur sa prise en charge ? Et la vôtre ?
J’ai eu de la chance car nous venions de voir son généraliste donc pas de problème de ce côté. La seule chose qu’elle a eu du mal à comprendre a été de voir son nouveau neurologue en téléconsultation.
Me concernant, j’ai pu avoir des contacts téléphoniques avec Marion avant son arrêt maternité. Pendant son congé maternité, elle m’avait laissée entre de bonnes mains. Si besoin, j’avais la possibilité de prendre contact avec sa collègue et, heureusement, merci à elles deux pour cette période difficile !
Mes séances de kinés m’ont beaucoup manqué. N’ayant pas le même généraliste que ma sœur, j’ai pu aussi avoir des échanges par mail car il connait ma situation et mon corps a fait des siennes.
Pourriez-vous nous dire, avec du recul, et selon vous, comment les choses auraient pu être améliorées ?
Le confinement aurait pu être mis en place par étapes sans un arrêt brusque pour que les personnes puissent s’organiser. Certaines spécialités médicales n’auraient jamais dû être en arrêt.
Comment envisagez-vous l’avenir actuellement ? Quels sont vos projets ?
Je ne me projette pas dans le futur. Je crains un prochain confinement à la rentrée même si je suis vaccinée.
Que pensez-vous des plateformes d’échanges entres patients comme Carenity ? Est-ce que cela a pu vous être utile, notamment pendant les périodes de confinement ?
Ça a permis à beaucoup d’entre nous d’avoir un soutien moral et des échanges.
Que conseilleriez-vous aux membres Carenity touchés par la dépression ou celle d’un proche ?
Faites attention à la personne car la dépression se caractérise notamment par une grande tristesse, un sentiment de désespoir, une perte de motivation, des troubles alimentaires et du sommeil.
La seule personne qui vous connait et qui normalement ne vous jugera pas est votre généraliste : parlez-lui de votre mal-être !
Après vous pouvez toujours prendre contact dans un CMP mais l’attente y est longue…
Un dernier mot ?
Un grand merci à vous toutes et tous !
Un grand merci à Hookette pour son témoignage !
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