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Maladie de Behçet : après le diagnostic, le combat continue !

Publié le 4 avr. 2019 • Par Louise Bollecker

Après son témoignage sur la difficile obtention d'un diagnostic, @Claire4">@Claire42‍ nous parle de l'après-diagnostic. Démarches administratives, attentes interminables, conseils pour aller mieux... Lisez vite ce récit et partagez votre expérience !

Maladie de Behçet : après le diagnostic, le combat continue !

Les démarches administratives

Depuis que le verdict est tombé, je passe mon temps en démarches administratives, avec toutes les joyeusetés que ça suppose : de la paperasse, des organismes qui se renvoient la balle en mettant la crotte sur le paillasson des voisins et des réunions générales d’informations inutiles où on perd quelques heures précieuses sans obtenir de renseignements utiles pour sa situation particulière. Là, on réalise combien il faut avoir de l’énergie pour être malade ! En effet, il faut harceler pour obtenir la moindre réponse et j’ai appris que, malheureusement, il faut harceler, pleurer ou crier pour obtenir quoi que ce soit et même en faisant les 3, on n’obtient parfois pas grand-chose…

Ainsi, en ce qui concerne les démarches, pour faire reconnaître sa situation de santé invalidante, il faut constituer un dossier et le déposer à la MDPH (Maison Départementale pour les Personnes Handicapées). Mais avec six mois de délai pour obtenir une réponse, en ayant une maladie évolutive, la décision délivrée par leurs commissions ne sera jamais en adéquation avec ma situation.

>> Parlons difficultés administratives dans le forum dédié

Tout ça pour obtenir le statut « RQTH » (Reconnaissance Qualité Travailleur Handicapé), qui en théorie, est censé ouvrir les portes des entreprises pour remplir les quotas. Mais, en pratique, comme pour la taxe écologique, les boîtes préfèrent payer des sanctions financières que de faire certains aménagements. Avec ceci, j’ai été orientée vers « le milieu ordinaire du travail ». Autrement dit, sur le papier, je suis comme tout le monde. Mais mes problèmes de santé constituent des contraintes comme le non-port de charge ou la difficulté d’une station debout/assise prolongée. Cela implique donc que l’employeur modifie l’ergonomie du bureau et me permettent d’alterner les positions, voire me permette quelques pauses pour des étirements et assouplissements ou pour effectuer des soins ponctuels variés… Mais la plupart des recruteurs recherchent des personnes parlant quatre langues, jonglant avec les pieds et qui travaillerait jour et nuit pour presque rien. Alors, sans diplôme et avec une situation de handicap, autant dire que le marché du travail m’est grand ouvert… 

>> Témoignage : le marché du travail exclut les malades chroniques 

Après qu’on m’ait conseillé de demander une pension d’invalidité, plusieurs formulaires et quelques mois plus tard, je suis passé devant un médecin de la CPAM. Je dis « médecin » mais j’ai plutôt eu l’impression d’avoir un gendarme en face de moi et d’être en garde-à-vue car, pour quelques rares cas de personnes malhonnêtes qui racontent des salades afin d’obtenir quelques misérables euros, tous les autres sont passés au détecteur de mensonges ! Et comme je ne faisais pas assez la grimace durant l’examen, le praticien en a déduit que j’étais apte pour les prochains Jeux Olympiques.

De plus, on pourrait penser qu’on va prendre en compte uniquement l’aspect « santé » mais pas du tout : il y a aussi des critères administratifs. Malheureusement, comme je n’ai pas assez travaillé sur les dernières années, on m’a refusé la pension d’invalidité. Alors débrouillez-vous pour faire les choses en ordre : avoir le quota d’années de travail requis et tomber malade seulement après ! Un peu d’organisation, que diable !

Sinon il y a l’AAH (Allocation Adulte Handicapé) mais pour l’obtenir il faut avoir un pourcentage d’handicap de 80%. Alors plus qu’à attendre de tomber en ruine pour tenter ma chance… Décidément, j’ai la fâcheuse habitude de ne jamais rentrer dans les cases….

L’attente, l’attente, l’attente

Et puis le pire pour moi, ce ne sont pas les tracasseries des formalités ni même la douleur, c’est l’attente : attendre pour avoir un rendez-vous, attendre pour les examens, attendre les résultats, attendre qu’on traite mes requêtes, attendre pour avoir une réponse. Mais la vie n’attend pas et quand on souffre, les jours sont parfois interminables. Quand, après un IRM cérébral, on vous tend un bout de papier, sans autre formalité, pour lire un mot sympa comme « anévrisme » et qu’il faut attendre près de six mois pour faire un examen complémentaire, les secondes sont longues pendant que le temps file et qu’on craint l’AVC à tout moment. C’est là que le mot « patient » prend tout son sens….

Mais il y a deux avantages à tout ça. Le premier, c’est qu’heureusement, non seulement je sais que plein d’autres malades rencontrent les mêmes problématiques mais aussi que je suis consciente qu’il y a bien pire que moi et cela permet de relativiser. Deuxièmement, j’ai eu la chance d’apprendre plein de termes médicaux bien compliqués : pas très utile dans les conversations sur la météo mais ça peut aider pour le Scrabble si on n’a que des consonnes dans son jeu ! Par contre, quand on connaît son sujet, ça ne plaît pas trop au corps médical qui se dit que puisque c’est moi qui leur indique quoi mettre sur leur ordonnance, je vais peut-être leur demander leur carte vitale et c’est eux qui payeront la consultation ! Dommage que j’ai du mal à savoir combien font 2+2 car sinon j’aurais manqué ma vocation…

Depuis, chaque fois que je vais à la pharmacie chercher mon gros stock de médicaments, phytothérapie, homéopathie et autres traitements, j’ai envie de rentrer en annonçant : « c’est pour un braquage » ! A force de leur rendre visite 2 fois par mois, ils doivent connaître par cœur mon numéro de sécurité sociale !

Du coup, étant célibataire et malade, pour me faciliter la vie, on m’a conseillé de sortir avec un docteur. Mais pour en trouver un en dessous de 40 ans, compétent, pas trop moche et célibataire, ce n’est pas une agence matrimoniale qu’il me faut mais toute l’équipe de « perdu de vue » ! Et bizarrement, « travailleuse handicapée en affection de longue durée », ce n’est pas très vendeur dans une petite annonce sur un site de rencontres ! Au moins, comme rien ne m’oblige à le dire à un employeur  au premier entretien, je devrais peut-être proposer un rencard à mon futur patron… Enfin si la photo sur le CV lui a plu ! Mais je ne désespère pas, entre l’hôpital, les cabinets de spécialistes et le kiné, lieux idéaux pour se faire des connaissances entre bras cassés, je finirai bien par trouver un mec pas trop décati. Sinon, y’a qu’à attendre que les autres divorcent… !

Mes conseils pour les autres patients

Même si cela demande de l'énergie, n'hésitez pas à vous battre pour la meilleure prise en charge possible. En cherchant des solutions, cette maladie nous permet de développer des ressources : on devient plus fort, on profite mieux des petits plaisirs de la vie, on apprend à se focaliser sur le positif, comme les accalmies entre deux poussées inflammatoires. Protégez-vous, soyez à l'écoute de votre corps, prenez du temps pour vous cocooner et aimez-vous : personne ne le fera mieux que vous ! Je reste persuadée qu'avec la bonne panoplie de traitements (médicaux ou non), une vie plus saine et plus sereine, on peut arriver à faire reculer la maladie.

Merci beaucoup à Claire d'avoir partagé ses difficultés, son histoire et ses conseils. Avez-vous vécu quelque chose de similaire ?

Pour lire le premier témoignage de Claire sur le diagnostic, cliquez ici !

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avatar Louise Bollecker

Auteur : Louise Bollecker, Community Manager France & Content Manager

Community Manager de Carenity en France, Louise est également rédactrice en chef du Magazine Santé pour proposer des articles, vidéos et témoignages centrés sur le... >> En savoir plus

33 commentaires


Lambda60
le 14/05/2020

@Claire‍ Excellente adaptation avec beaucoup d’humour. Je laisse de côté le parcours du combattant façon rouleau de PQ où lorsqu’il t’échappe des mains, tu ne contrôles plus rien (surtout en ce moment où les dévaliseurs de la première heure de Covid-19 vont probablement recharger les cartouchières)  ... 

Je retiens l’humour car c’est également de cette façon que j’aborde mes « co-voyageurs » de parcours santé. J’apprécie cette façon de dédramatiser le grignotage de nos pathologies car de toutes façons, on est contraint par la bonne et mauvaise volonté de vivre avec. 

Les amis qui ne comprennent pas la rapidité de changement de notre statut «  debout-assis-couché » du jour au lendemain seront les premiers à revenir vers vous lorsqu’ils seront concernés directement ou indirectement.

L’humour permet de passer des messages et peut servir de thérapie ... masquée 


Claire42
le 12/03/2021

@Lambda60 Je vous répond avec beaucoup de retard: toutes mes excuses. Merci beaucoup pour votre retour et je suis ravie d'avoir pu vous faire sourire. Car en effet, l'humour est primordial pour dédramatiser, amener de la légèreté et du positif et je suis sûre que c'est bon pour la santé ! 


Claire42
le 12/03/2021

@ Merci beaucoup d'avoir pris le temps de me lire et si vous avez remarqué l'humour, j'espère avoir pu vous faire sourire. 


Claire42
le 12/03/2021

@ Bonjour! Toutes mes excuses pour cette réponse tardive.

Même avec la même pathologie, nous sommes tous différents vis à vis des symptômes, de leurs évolutions et au-delà de cela de notre façon de faire face à la maladie. L'invalidité était un conseil que l'on m'avait donné dans une période où toutes ces démarches administratives me semblaient floues et loin de mes préoccupations. Mais aujourd'hui j'ai seulement une RQTH, je suis salarié à 40h/semaine et vis comme tout le monde 


Claire42
le 12/03/2021

@madras Je m'excuse de répondre si tardivement. Je vous remercie d'avoir pris le temps de me lire et de partager vos impressions. Vous savez, lorsque, comme vous, des personnes qui souffrent, m'indique que mon humour leur a plu et leur a fait du bien, c'est une vague de bonheur pour moi. Car faire sourire les autres est une mission simple et belle que je me donne dans la vie. Malgré les difficultés et les moments sombres, j'aime à croire que l'humour est un remède pour dédramatiser et rester positif. Ainsi, à défaut d'être médecin, sophrologue ou thérapeute, j'aime l'idée d'apporter modestement un peu de rire dans ce monde et vos sourires sont donc un cadeau. 

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