Dépression sévère : qu’est-ce que la sismothérapie ?
Publié le 27 oct. 2020 • Par Candice Salomé
La sismothérapie ou électroconvulsivothérapie (ECT) est un traitement peu connu de la dépression sévère et de certains troubles psychiques graves. Cette technique souffre de la mauvaise réputation des électrochocs des années 1930 mais est pourtant très efficace.
Mais alors, en quoi consiste la sismothérapie ? Comment se déroule une séance ? Quelle est son efficacité et ses effets secondaires ?
On vous dit tout dans notre article !
Qu’est-ce que la sismothérapie ?
Lasismothérapie ou électroconvulsivothérapie (ECT) est un traitement par chocs électriques administré sous anesthésie. Ce traitement consiste à faire passer un courant alternatif entre deux électrodes placées au niveau des tempes du patient dans le but de créer une crise d’épilepsie (ou crise convulsive généralisée) ayant des effets thérapeutiques.
Source :Le Figaro
Aujourd’hui, l’ECT est surtout administrée aux personnes souffrant de dépression majeure sévère, de certaines formes de trouble bipolaire, de catatonie (inhibition motrice) ou de schizophrénie, lorsque ces conditions sont résistantes aux traitements habituels (médicaments et psychothérapie).
Cette thérapie est peu disponible en France et rarement prescrite en première intention. Selon Raphaëlle-Marie Richieri, psychiatre praticien hospitalier au pôle psychiatrie, addictologie et pédopsychiatrie de l'hôpital Sainte-Marguerite à Marseille : “Généralement, il vaut mieux essayer trois ou quatre antidépresseurs (les uns après les autres) à des doses différentes et suffisamment longtemps avant de songer à la sismothérapie”.
Malgré les bons résultats de l’ECT, seulement une quarantaine d’unités psychiatriques la dispense en France. Les inégalités territoriales sont donc fortes et les unités dispensant la sismothérapie sont souvent saturées.
Comment se déroule une séance ?
Une séance d’électroconvulsivothérapie se déroule à l’hôpital en service ambulatoire et est dispensée par le psychiatre accompagné de l’anesthésiste.
Le patient, à jeun, est sous perfusion et monitoring afin de suivre son rythme cardiaque. Un électroencéphalogramme rend compte également de l'état du cerveau et permet d'évaluer la crise d’épilepsie.
Le patient est ensuite pré-oxygéné. Selon Raphaëlle-Marie Richieri : “Le patient respire dans un ballon rempli d'oxygène pour constituer une réserve. Pendant la séance, il sera en apnée mais supportera très bien cet état, grâce à l'apport initial d'oxygène.”
Il est également placé sous anesthésie générale.
Une injection de curare* lui est aussi administrée pour lui éviter des convulsions musculaires trop importantes.
Le psychiatre administre ensuite les électrochocs grâce aux électrodes implantées de part et d’autre du cerveau (au niveau des tempes). La crise convulsive provoquée ne dure pas plus de 30 secondes.
Le patient se réveille dans les 10 à 30 minutes suivant l’application des électrochocs. Il peut ensuite rentrer chez lui après une phase de repos d'environ 3 heures ou rejoindre le service dans lequel il est hospitalisé.
* Les curares n'agissent que sur les muscles striés squelettiques et n'ont donc aucune action sédative. Ils agissent de manière compétitive en bloquant les récepteurs nicotiniques d'acétylcholine, ce qui empêche les muscles de se contracter.
Un patient s'apprêtant à recevoir une séance de sismothérapie. Source :BSIP
Combien de séance d’ECT sont nécessaires ?
Il est généralement nécessaire pour le patient d’effectuer une série de 6 à 12 séances pour que le traitement fonctionne, à raison de2 à 3 séances par semaine. Le nombre de séances peut toutefois varier d’un patient à l’autre selon la sévérité de sa pathologie. C’est pourquoi la condition médicale de l’usager est évaluée périodiquement par son médecin tout au long du traitement par ECT.
Quelle est son efficacité ?
L’électroconvulsivothérapie a démontré son efficacité pour traiter les symptômes associés à certains troubles psychiatriques surtout chez les patients atteints de dépression sévère.
Selon le Pr Emmanuel Poulet (psychiatre des urgences, Hospices civils de Lyon) : “On sait par expérience que si une dépression sévère résiste à deux traitements antidépresseurs différents, il y a très peu de chances (autour de 10% seulement) pour qu'un troisième traitement fasse mieux que les deux précédents alors que l'ECT va donner 80% d'amélioration.”
Ainsi, le niveau d’efficacité de l’ECT varie selon les patients, la nature et la sévérité de la pathologie. La plupart des patients réagissent rapidement à la sismothérapie. Ils voient leur état s’améliorer mais la plupart rechutent après un certain temps et ont donc besoin d’autres séances. Rares sont les patients qui ne voient aucune amélioration.
Dès lors, d’autres séances d’ECT dites “d’entretien” sont proposées afin de maintenir l’amélioration de la condition médicale. Elles sont généralement associées à des médicaments et/ou de la psychothérapie. Ces séances d’entretien sont espacées graduellement d’une séance par semaine à une séance sur plusieurs semaines.
Quels sont les effets secondaires ?
La sismothérapie est habituellement bien tolérée par les patients. L’effet secondaire dénoté le plus fréquent est la perte de mémoire : la personne ne se rappelle plus ce qu'elle a fait avant la séance. Selon Raphaëlle-Marie Richieri : “Cet effet est réversible et disparaît généralement progressivement après la séance. Le patient peut généralement compenser en notant davantage de choses et les conditions du traitement peuvent être adaptées en cas de gêne”.
Juste après la séance, certains patients peuvent souffrir de maux de tête, parfois importants mais transitoires et facilement soulagés par des antalgiques de première classe (paracétamol).
Existe-t-il des contre-indications ?
L’hypertension intracrânienne est une contre-indication absolue à la sismothérapie. En effet, l’administration des électrochocs augmente la tension à l’intérieur du crâne.
Avant toute administration d’ECT, un scanner est réalisé afin de vérifier la pression normale du cerveau.
D’autres contre-indications relatives existent, amenant le corps médical à évaluer le rapport bénéfice/risque pour chaque patient : existence de lésions intracrâniennes, hémorragie cérébrale ou infarctus du myocarde récents, décollement de la rétine, prise de certains traitements (ex : anticoagulant)…
La sismothérapie comporte certains risques : la mortalité est comparable à celle liée à l’anesthésie générale pour les interventions chirurgicales mineures (1 pour 10 000 patients traités ou 2 pour 100 000 séances).
Que pensez-vous de la sismothérapie ? Avez-vous déjà eu recours à ce traitement ?
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