Sport et chimiothérapie : comment adapter l'exercice physique pendant le traitement ?

Qu’est-ce qu’une chimiothérapie et quel est son impact sur le corps ? 

La chimiothérapie est un traitement incontournable dans la lutte contre de nombreux types de cancers. 

Elle vise à éliminer les cellules cancéreuses quel que soit l’endroit où elles se trouvent dans le corps et agit soit en les détruisant directement, soit en les empêchant de se multiplier. On parle de traitement systémique, qui consiste à administrer une substance qui voyage par les vaisseaux sanguins pour atteindre les cellules du corps tout entier. 

Bien qu’efficace pour cibler et détruire les cellules cancéreuses, la chimiothérapie n’est pas sans conséquence pour l’organisme. 

Les effets secondaires varient en fonction des médicaments utilisés, mais certains symptômes sont communs à la majorité des patients. Voici les effets indésirables les plus communs : 

• Une fatigue intense, souvent invalidante, qui ne disparaît pas avec le repos, 
• Des nausées et vomissements, induits par l’effet des médicaments sur l’estomac et les cellules digestives, 
• Une perte de masse musculaire, à cause de l’immobilité, de la fatigue et de la dénutrition. La fonte musculaire est un symptôme à surveiller avec précaution, 
• Des douleurs articulaires et musculaires, le corps devient plus rigide et douloureux, rendant les mouvements difficiles, 
• Une perte de condition physique globale, la réduction d’activité génère chez les patients une endurance et une force physique diminuées. 

Ces différents effets secondaires ont longtemps laissé penser qu’il valait mieux éviter toute activité physique pendant une chimiothérapie. Cependant, une activité physique modérée et adaptée peut grandement améliorer la qualité de vie des patients suivants ce type de traitement. 

Quels sont les bénéfices de l’exercice physique pendant une chimiothérapie ?

De manière générale, le sport aide les patients à se réconcilier avec leur corps, à se le réapproprier, à se faire du bien après les traitements subis, et à retrouver tonus et souplesse. 

Lorsqu’il est pratiqué de manière adaptée et progressive, le sport offre plusieurs avantages majeurs aux patients sous chimiothérapie : 

• Une réduction de la fatigue : l’exercice modéré aide à réduire la fatigue liée à la chimiothérapie. Il stimule la circulation sanguine et libère des endorphines, des hormones qui améliorent l’humeur et l’énergie. 
• Une amélioration du bien-être psychologique : l’anxiété et la dépression sont fréquentes pendant le traitement. Le sport, même léger, libère des hormones comme la sérotonine, contribuant à une meilleure humeur et réduisant le stress. La concentration requise par la pratique d’une activité évite de penser à la maladie pendant ce temps. De plus, la pratique d’une activité en groupe permet de rencontrer des gens et de rompre l’isolement dans lequel peut plonger la maladie. 
• Une préservation de la masse musculaire : l'inactivité peut accélérer la perte musculaire, mais des exercices de résistance doux peuvent limiter cette perte, maintenant ainsi la force et l’indépendance fonctionnelle. 
• Une meilleure gestion des effets secondaires des médicaments : l’activité physique régulière peut également atténuer d'autres effets secondaires, tels que les nausées et les douleurs articulaires. 

L’activité physique et sportive peut vite devenir la meilleure alliée du patient au cours de la maladie. 

Quels sont les bénéfices de l'exercice physique après la chimiothérapie ?

L’activité physique permet de lutter contre la fatigue et de faciliter un retour à la vie sociale. À plus long terme, elle peut diminuer le risque de récidive 50% pour certains cancers, comme le cancer du sein, le cancer du côlon et le cancer de la prostate. 

Après la chimiothérapie, le corps continue de ressentir les effets du traitement pendant plusieurs mois. La reprise progressive de l’exercice physique est tout aussi bénéfique durant cette phase de récupération. Celle-ci permet : 

• Une récupération de sa condition physique : après des mois de traitement, le corps a besoin de regagner sa force et son endurance. 
• Une amélioration de la qualité de vie sur le long terme : l’exercice physique aide à réguler le sommeil, à réduire la fatigue chronique, et à maintenir une meilleure mobilité et flexibilité. 
• Un soutien mental : continuer à pratiquer une activité physique après la chimiothérapie aide à renforcer la confiance en soi et à mieux gérer les émotions liées à la rémission. 

Comment adapter sa routine sportive pendant et après la chimiothérapie ? 

La pratique d’une activité physique doit se faire progressivement et être encadrée par des professionnels du sport qui travaillent main dans la main avec les professionnels de santé. C’est pourquoi, on parle d’activité physique adaptée (APA). En effet, l’important est de pratiquer un exercice adapté à ses capacités physiques du moment et de ne pas forcer son corps au-delà de ses limites. 

Voici quelques conseils pour construire une routine sportive adaptée : 

Consulter un professionnel de santé 

Avant de débuter ou de reprendre toute activité physique, il faut consulter son oncologue ou un physiothérapeute. Ils orienteront vers des exercices adaptés à chaque condition.  

Bien choisir sa tenue et ses accessoires 

Pour se sentir bien pendant une séance de sport, il faut opter pour des vêtements doux, confortables. Il faut éviter les sous-vêtements et brassières avec des élastiques et des armatures. Il faut penser à se maintenir hydraté, donc ne pas oublier une gourde d’eau. 

Écouter son corps 

Chaque journée est différente pendant une chimiothérapie. Il faut s’adapter à l’intensité des séances et aux effets secondaires. Il ne s’agit pas de suivre un programme strict, mais plutôt d’être à l’écoute de son corps.  

Commencer doucement 

Même pour une personne considérée comme sportive avant le démarrage d’une chimiothérapie, il est conseillé de reprendre avec des exercices légers comme la marche ou le stretching, avant d’intensifier l’effort. Le but est de rester actif sans épuiser ses réserves d’énergie. 

Fractionner ses efforts 

Si une longue séance semble trop difficile, il faut la diviser en plusieurs petites sessions au cours de la journée. Dix minutes de marche trois fois par jour sont déjà bénéfiques. Une pratique de faible niveau constitue toujours un acquis par rapport à un état sédentaire. 

Maintenir une régularité 

Il vaut mieux pratiquer une activité douce mais régulière plutôt que des séances intensives et irrégulières. La régularité permet au corps de s’habituer et de tirer profit des bienfaits de l’exercice. 

Pour terminer, voici quelques exemples d’activités physiques adaptées aux patients sous chimiothérapie ou en phase de récupération : 

• La marche : c’est l’exercice le plus accessible, qui permet de maintenir une activité cardiovasculaire sans trop solliciter le corps. De plus, la durée et l’intensité sont adaptables. 
• Le yoga : doux et apaisant, le yoga est excellent pour améliorer la souplesse, réduire le stress et favoriser la détente. Des postures simples peuvent être pratiquées même en cas de grande fatigue. 
• La natation : si le médecin l’autorise, la natation ou l’aquagym sont des activités douces qui travaillent tout le corps tout en limitant les impacts articulaires. 
• Les exercices de renforcement musculaire légers : utiliser des bandes élastiques ou des poids légers pour des exercices de renforcement permet de lutter contre la perte de masse musculaire sans traumatiser les muscles ou articulations. 
• Le vélo d’appartement ou de ville : pour entretenir le cœur et la musculature des jambes, tout en évitant les chocs. 

Néanmoins, certaines situations constituent des contre-indications à la mise en place d'une activité physique en cas de suivi d’un traitement de chimiothérapie : 

• Une fatigue extrême, 
• Une anémie symptomatique (hémoglobine ≤ 8 g/dl), 
• Un syndrome infectieux sévère en cours d’évolution, 
• Une décompensation de pathologie cardiopulmonaire, 
• Des lésions osseuses (la contre-indication concerne la mobilisation du membre atteint), 
• Une dénutrition sévère. 

La majorité de ces situations est temporaire. Il faut réévaluer régulièrement l’état du patient pour ne pas freiner son engagement dans un mode de vie actif. 

À retenir ! 

Ainsi, pratiquer une activité physique pendant et après la chimiothérapie est non seulement possible, mais aussi fortement recommandé par les experts médicaux. 

Plus l'activité physique est initiée tôt dans le parcours de soins, plus ses effets seront bénéfiques sur le patient. 

Maintenir une activité physique pendant les traitements est bénéfique pour la santé, la condition physique, le moral et la qualité de vie. Il faut bien sûr adapter les activités à ses capacités et écouter les signaux de son corps. 

Si vous êtes en cours de traitement ou en phase de récupération, n’hésitez pas à consulter vos médecins pour élaborer un programme qui vous convient.