Bipolarité et l'ennui

Posté le 02/02/2016 11:21 2 membres ont trouvé ce commentaire utile

L'ennui, compagnon fade et détestable des maniaco dépressifs en phase de stabilisation ! Excusez moi j'abhorre le terme de bi-polaire , qui ne rend pas compte des états réels que nous traversons . Le monde est bi-polaire , l'électricité est bi-polaire , le monde politique est bi-polaire , .Tout et tout le monde est bi-polaire !

L'ennui serait le meilleur compagnon de bon conseil que nous devrions avoir , grâce à des petits poisons que nous déglutissons matin et soir afin de stabiliser notre humeur .Petits poisons qui nous lobotomisent , qui assèchent toute créativité et intérêt , grosses pilules pour nous permettent de nous insérer dans un monde qui n'est pas le nôtre , qui nous fait avaler les codes sociaux qui nous enquiquinent , qui nous rendent fréquentables et sages : bon parent , bon epoux(se) bon petit travailleur , amis reposants, bon fils et bonne fille ...Merci docteur , merci petit chimiste  !

Je ne crois pas que nous ayons malheureusement le choix .Notre comportement hypo n'est pas toujours à se tordre de rire et nous entraine tout droit dans la glaise de la dépression sévère , nous paralysant de sa poisse, nous ligotant et nous asphyxiant .

La mort n'est jamais loin , l'HP toujours en perspective .

Alors oui il y a toutes sortes de "thérapies d'occupation" propres à chacun , mais sommes nous dupes ?Sommes nous satisfaits pour autant ? Pas de passions , pas de petits ou gros délires qui décuplent notre force vitale au risque de mettre notre vie en danger c'est vrai .

Dans ma longue vie de maniaco-dépressive , grandes furent les tentations de mettre ces psychoTropiques dans un coffre bien fermé dont j'aurais avalé la clé . Fréquentes furent les tentatives d'arrêt . Systématiques furent les reprises des traitements parce que trop malheureuse, parce que trop you-you , parce que l'oubli de dormir de manger de se poser .Parce que les TS sans grand succès et parce que l'enfermement , les règles strictes et insupportables  de l'hôpital ! Nous qui n'aspirons qu'à voler librement là où bon nous semble , nous sommes condamnés à la camisole chimique , à la routine , à l'ennui .Cet ennui et cette routine que nous détestons si viscéralement .

Si j'avais une solution autre que les thymo , si je savais comment m'apaiser quand cela devient impératif , si je savais éviter dépression et maniaquerie , je ne serais pas atteinte d'une maladie qu'on appelle aujourd'hui les troubles bi-polaires et ce serait avec une joie sereine que je partagerais avec vous mes trucs et mes machins , c'est avec une frénésie heureuse que je vous donnerais les recettes de mes petites magies et autres sorcelleries .Oh que oui !

On nous dit qu'il faut accepter ce handicap , qu'il faut nous adapter .

Je ne sais pas si ce que je te dis est particulièrement réconfortant , j'en doute , mais non tu n'es pas seule , nous sommes même une association d'individus tous différents les uns des autres , multiples mais nous vivons tous les conséquences des traitements qui nous maintiennent la tête hors de l'eau .

Et quand même nous sommes des êtres attachants , différents , pleins de ressources .Nous sommes uniques ! Ce n'est pas facile à vivre ni pour nos proches ni pour nous mêmes , mais qui a dit que la vie était facile et douce ?

Nous ne sommes pas qu'une maladie !

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Merci pour ce message qui me parle tellement !

La chimie pour normaliser les personnes dérangeantes, qui font taches dans notre société polissée... Je me suis toujours posée cette question. Et pourtant, sans tous ces traitements, quelles angoisses, quelles souffrances, jusqu'aux phases maniaques qui comme les dépressives mènent souvent au suicide... Et pourtant, avec ces traitements, ces fichues molécules, quelle morosité, quelles routines deviennent nos vies... Où est, où sont les solutions ??

Se trouver une passion : mais c'est impossible quand on se vit comme un-e mort-e vivant-e !

Et encore pourtant, la solution est bien de s'accepter "normalisé-e", en espérant un jour supporter cette vie "de tout le monde", se lever, manger, s'occuper, dormir, assurer le quotidien ordinaire sans penser que ça ne vaut pas la peine d'être vécu... Espérer trouver un intérêt, voire des plaisirs dans cette vie "commune", "médiocre", "moyenne"... Ou bien choisir de vivre en HP, à l'écart de toutes ces personnes qui, elles, arrivent à vivre sans trop souffrir - et en évitant de trop faire souffrir celles et ceux qui nous aiment malgré tout.

on peut aussi simplement décidé de s'en sortir en restant soi-même....c'est mon cas, je ne suis pas bipolaire mais borderline j'ai fais de mes faiblesses mes forces, me suis trouvée des occupation, ai meme retravaillé un moment, suis mariée et ai un enfant et savoure la vie.....ne pas s'écouter de trop mais écouter ses envies et ses rêves ça oui c'est la clé du mieux être.....

Bonsoir à tous, je viens à une heure indue sur le forum car depuis quelques temps j"ai des insomnies; c'est ainsi ça va ça vient.....J'ai lu vos témoignages à tous et oui il nous faut des médicaments,ces molécules chimiques, pour nous protéger avant tout de nous mêmes car dans les phases dépressives le pire peut arriver ( j'ai moi même fait plusieurs tentatives de suicide); quant à arrêter les traitements de son propre chef et ce quelle qu'en soit la raison, je dis non! surtout pas, je l'ai fait et ça a été la cata : rechute, dépression et passage à l'acte ( j'ai failli y rester il s'en est fallu de peu).Je peux dire que j'ai eu de la chance même si à l'époque je n'étais pas de cet avis...La vie est belle quoiqu'il en soit, il faut voir cette beauté à tout prix même si ce n'est pas facile tous les jours avec nos maladies; cela peut tenir dans le fait de voir le soleil se lever ou se coucher, regarder la neige tomber ou la pluie, le chant des oiseaux, la vie est faite de bonheurs très simples, à nous de les trouver. Si aujourd'hui te parait bien noir et inutile demain sera un autre jour et après-demain encore un autre et ainsi de suite....Pour ma part je vis au jour le jour maintenant et c'est beaucoup plus simple. Quant au fait de travailler, chaque personne est différente et les effets de la maladie sont donc aussi différents néanmoins il est difficile de travailler tant le monde du travail est devenu stressant et comme nous ressentons les émotions plus fortement que les autres bonjour les difficultés, d'où la nécessité à mon humble avis de se trouver un hobbie, une passion en dehors du travail, ça aide beaucoup ! Pour ma part j'ai arrêté de travailler ( je suis infirmière) durant une année pour me soigner et m'occuper de moi, cela n'a pas été sans mal tant mon travail me manquait mais en même temps je ne me sentais pas capable de le faire correctement étant trop mal moi même je ne pouvais aider les autres. J'ai repris en début d'année mais en intérim ce qui me permet de lever le pied question stress et j'envisage de continuer sur un poste à mi-temps (toujours cette question de stress). Voilà tout ça pour vous dire que tout est possible que l'on soit bipo ou borderline nous ne sommes pas plus nuls que les autres nous sommes simplement différents c'est tout et je me demande parfois si notre maladie ne fait pas notre force en définitive. Bon courage à tous.

"ne pas s'écouter de trop" ! Je dois dire que Anipeps que c'est la petite phrase de trop , ce genre de phrase que malheureusement on nous balance la plupart du temps.C'est bien mal nous connaitre , c'est bien mal connaître la maladie et les effets secondaires invalidants des médicaments .

Nous passons par ces différentes phases qui nous font connaître les joies du yoyo , je monte , je descends , je coince parce qu'un gros noeuds empêchent de continuer le jeu .On s'emmêle la ficelle .

Nous ne connaissons que l'excès de vie , nous ne vivons que des émotions exacerbées : la joie , la détresse , la colère , la paralysie .Vivre vite , plus fort , toujours plus vite toujours plus fort .

Un manège fou qui finit par vous éjecter et vous projeter dans les airs , et attention la chute !

Mille fois nous tombons , mille et une fois nous nous relevons , toujours un peu plus esquintés , couverts d'hématomes et d'écorchures .Alors cette force dont nous parlons , elle fait aussi partie de notre quotidien .Résister , s'accrocher aux rampes apprendre patience et résignation .Essayer de vivre avec ces excès d'émotions positives ou négatives .

Heureusement que nous avons des joies et des plaisirs , mais nous rions plus fort , nous dansons sans repos , laissant loin derrière nous les plus grands des athlètes les plus entrainés .Quand nous aimons c'est avec une passion qui épuis les autres , quand nous travaillons c'est plus vite plus intensément , plus hyperproductifs .Mais nous avons un corps avec des limites et la corde se casse /Alors nous pleurons plus fort , notre détresse nous laisse en lambeaux .Des attaques de panique vous fauchent dans un hall de gare , au milieu d'une réunion de travail qui laisse les "spectateurs" sidérés , dans le noir de sa chambre , seul , à bout de souffle .

Quand arrive l"ennui , nous ne connaissons que le vide , pas le vide qui donne le vertige non, nous sommes le vide .Et le dégoût de soi , la haine de soi qui nous font nous scarifier bras jambes, ou ses coups de t^tes contre des murs , parce qu'il faut s"échapper de ce corps abhorré , il faut réduire ce cerveau sans repos , surchargé de millions de pensées qui se chevauchent , qui se succèdent , d''images qui se projettent .Lutter contre ce désir d'en finir .Cette maladie est mortelle ne l'oublions pas , ce n'est pas une déprime passagère .

C'est commettre des actes répréhensibles au regard de la loi , dilapider des fortunes que nous n'avons pas , Frapper le voisin du dessus parce qu'il a tiré une chaise qui nous a vrillé l'humeur , c'est fuguer ça et là , c'est risquer procès et garde à vue parce qu'on aura insulté une escouade de CRS  .Et que croyez-vous ?Avec un Jiminy Cricket à nos côtés qui nous crie "non pas ça , arrête tout d suite , tu vas trop loin ...." Nous avons toute notre conscience , notre intelligence est intacte et notre jugement lucide .Nous ne sommes pas fous .

Churchill a mené une guerre avec une intelligence inouïe , il est mort alcoolisé pour apaiser ses angoisses invivables , Virginia Woolf a écrit les plus beaux textes qui soient avant d'aller se noyer .Peintres, musiciens , comédiens qui ont su nourrir leurs talents et leurs passions de leurs maladie .

J'ai des passions nombreuses , des occupations dans lesquelles je m'investis corps et âmes ....Et puis me re voilà ligotée , baillonnée prisonnière sans gardien " bourreau de moi-même" comme disait Nieztche qui en connaissait un bout sur cette pathologie .Ma force je la connais , herculéenne , mes faiblesses j'essaie de les accepter et de mal-vivre avec .La lucidité ne nous fait pas défaut malheureusement .

Alors oui nous sommes tous différents , oui nous avons nos petits trucs pour essayer d'apaiser cette difficulté de vivre au quotidien , avec les autres , nous écoutons ( parfois) bien sagement médecins , infirmiers et tous ceux qui croient avoir la solution clé en main .

Mais les donneurs de leçons , ça non !

Nous sommes les premiers à nous dire ce que tu nous écrit là Anipeps .Les premiers à en avoir conscience .Nous ne manquons ni d'intelligence, ni de lucidité  , ni de bon sens ( parfois). Ni de rêves ni d'envies .

Mais n'enfonce pas des portes que nous avons déjà nous-mêmes ouvertes .Sans jamais  trouver derrière ce qui pourrait nous apaiser .Et cette petite phrase mille fois envoyée en pleine face " ne t'écoute pas trop" combien de fois nous la sommes nous répétée comme un mantra !

Ta vie semble avoir trouvé un équilibre , je ne peux que m'en réjouir pour toi et les tiens C'est plutôt rassurant pour nous tous .Mais chacun est différent , le type et la gravité de leur maladie ne sont pas les mêmes non plus .

Le conseil avisé de " ne pas s'écouter de trop " m'amène aussi à m'interroger sur moi-même et mes stratégies personnelles que j'utilise comme une boîte à outils pour me maintenir la tête hors de l'eau. Car j'ai toujours l'impression après tant d'années de suivi psychiatrique que rien n'est gagné dans l'absolu et que je dois mener un combat contre moi-même jour après jour, semaine après semaine, mois après mois. Comme me l'a si bien dit une de mes psychiatres, je suis mon propre ennemi. Alors que faire ? Bien des témoignages sur le thème de l'ennui ont donné des pistes de réflexion. A tout cela, je peux rajouter que je me dois d'être sous contrôle en permanence pour ainsi dire car j'ai peur que mon curseur de l'humeur vacille dans les extrèmes vers le + ou vers le - . Par conséquent, je serais presque à dire que je suis dans l'obligation de m'écouter pour me contrôler un maximum comme une camisole virtuelle. Cela peut paraître flippant au quotidien mais c'est la seule recette simple que j'ai trouvée pour ne pas partir en vrille. Bien amicalement. Sylvain

Bonsoir,

Je viens de tomber sur cette discussion. Je suis d'accord avec lolie17, je crois beaucoup au pouvoir de la pensée positive et du lâcher prise. Personnellement je vais réellement mieux depuis quelques mois à peine. En fait je pensais être stabilisée et puis j'ai connu une période down d'un coup, avec des pensées négatives. Comme je suis suivie tout les quinze jours par ma psychiatre, nous avons pu réagir rapidement. Elle m'a rajouter du Xéroquel et a adapté mon traitement de dépakote afin que je retrouve un rythme de sommeil normal. Je me suis rapidement sentie mieux à tel point que maintenant j'ai même l'impression d'être sortie d'un tunnel. Je ne travaille plus depuis octobre 2013 et j'ai fini par être licenciée en octobre 2015. J'ai connu un passage ou j'avais cette impression de m'ennuyer.

Maintenant ce n'est plus du tout le cas, je fais du yoga en cours collectif une fois par semaine et je fais du sport et du yoga trois fois par semaine chez moi. Je marche beaucoup car j'ai un chien qui a besoin de courir. J'ai plein de projets dans la tête et m'emploie tout les jours à avancer pour les concrétiser. Je fais aussi fonctionner mon sens artistique en faisant de la peinture.

Et surtout, le plus important j'essaye, le plus souvent possible de faire de la méditation. J'ai écouté ma Psy qui me répétait souvent qu'il fallait que je vive pour moi. Et bien je crois y être arrivé et cela m'a redonné confiance et de plus je dois dire que ça a apaisé mon entourage et nos relations n'en sont que meilleures.

Je crois réellement que nous avons tous intérieurement le pouvoir de transformer notre rapport à la maladie.

j'oublie de dire que depuis nous avons baissé le traitement du xéroquel et que nous envisageons de l'arrêter prochainement ainsi que mes visites chez le psychiatre sont à présent passées à trois semaines d'intervalles. Je prends ça comme une victoire.

La maladie est là , et bien là .Il est important de mieux vivre avec , comme tu dis Joliflo, utiliser notre pouvoir intérieur pour changer notre rapport à la maladie .

Quand je lis que que ton psy et toi envisagez d'arrêter tous traitements , je m'en réjouis pour toi et pour ton organisme empoisonné par des années d'ingestion de molécules .Que tu prennes ça comme une victoire quoi de plus légitime .

J'ai fait des années de yoga , mais de la boxe française aussi , de l'athlétisme à haut niveau avec succès .Et c'est vrai que mon corps en redemandait , que ma tête enfin me laissait des plages de calme et de silence .

La pensée positive : j'essaie de mettre de côté la mode actuelle et l'injonction sociale à pratiquer la pensée positive .J'y ai réflêchi , beaucoup , j'aurais peut être dû pratiquer au lieu d'intellectualiser , mais mon petit aiguillon de sens critique , toujours ce sens critique , me fait douter .

Ton expérience est ton expérience et loin de moi de songer une minute  à la remettre en cause .Tu es la seule habilitée à savoir et à connaître ton ressenti , ton mieux être .Nul n'est plus légitime que toi .

J'avoue ne même pas comprendre comment se mettre en état de méditation quand la machine à pensées négatives ou positives squattent ma tête , envahit dans une vague ininterrompue mon cerveau , les pourquoi, les comment , les oui mais , les alors si ....Et l'impatience , cette impatience , ce corps et ce cerveau sans repos .Je vis et j'aime un compagnon qui pratique la méditation depuis bien des années et qui est en quête permanente d'améliorer sa pensée positive , son rapport au monde et tout le toutim .Ca n'en fait pas un buddha pour autant entendons nous bien , nous en discutons beaucoup , beaucoup .Et je finis toujours par  me dire "même ça je n'y arrive pas ! " Oui Sylvain nous sommes notre propre ennemi , le plus sournois et le plus implacable qui soit .Connaître l'ennemi pour le combattre , telle est l'adage des grands stratèges .Faut-il le combattre ou s'en faire un allié ou en tous cas le neutraliser et signer des pactes de non-agression ?

Quand je ne vais pas trop mal , quand je sens le diablotin néfaste qui commence à me chatouiller , je mets en place aussi des outils .Pour l'instant c'est pédaler comme une championne , le temps au moins de ne penser qu'à pédaler , pédaler .Faire le vide , on n'est pas loin de la méditation non ?

Mais dès que je m'arrête , malgré les kilomètres parcourus , les montées grimpées sous le soleil de plomb de Marseille , et dieu sait que Marseille est pentue , quand mon corps me souffle c'est bon là moi je ne peux plus suivre , revoilà la machine à pensées qui se met à repédaler aussi vite que les roues de mon vélo quand je dévale les pentes de la Bonne Mère ;

Quand je passe en mode phobie sociale , je m'interne volontairement dans ma chambrette , sans pouvoir mettre un pied dehors , même pour aller chercher mon poison favori mes cigarettes .Recluse volontaire , ayant fait voeu de silence .Abandonné le vélo qui glisse le long des plages , oublié la meilleure façon de marcher .Insupportable la lumière solaire de ma ville : je me cafie de médocs pour m'abrutir , pour dormir , m'absenter du monde , m'absenter de moi-même .Sinon , sinon ? L'envie irrépressible d'en finir , juste un peu plus de cachets , et le temps que mon amoureux n'arrive , la Belle au bois dormant qu'aucun baiser ne pourra réveiller .

Le psy exige de me voir chaque semaine , une torture ! Alors je suis bien obligée de mettre un pied dehors pour honorer notre rendez-vous .

Peinture , modelage , bricolage oui j'ai tout essayé : alors orgueil démesuré ou exigence d'une perfection qui n'existe pas , je n'ai aucun talent , c'est moche , mal fichu , sans intérêt , je jette , je déchire , je brise .

Ecris me martèlent ceux qui m'aiment et que j'aime , tu as un jolie plume , tu as un univers bien particulier et une imagination bien personnelle : trop grande lectrice , trop amoureuse des mots et des grands auteurs pour penser une seule seconde apporter quoi que ce soit à un éventuel lecteur .Oui sans doute trop d'orgueil , sans doute un sens critique trop tranchant .

L'important n'est pas là me direz-vous .L'important c'est de faire , peu importe le talent ou non , peu importe le regard des autres .Faire , abuser l'ennemi , et arrêter le tsunami de pensées . Mais que faire de mon regard à moi , me crever les yeux , me lobotomiser ?

J'arrête , marre de me plaindre , marre de ressasser toujours et marre de combattre pour maintenir la tête hors de l'eau . Toujours trop là à m'étourdir de mots vains , et de lasser les bonnes volontés et la bienveillance que ce site abrite .

Je me tais , le mutisme me va bien au teint , et repose les oreilles fatiguées .Dormir , se retirer sur la pointe des pieds , pas plus lourde qu'une plume .

Vous l'avez compris dans cet enchevêtrement de mots maladroitement mêlés , c'est la détresse et le découragement qui hurlent à vos oreilles . Ca passera , ça passe toujours .

Excusez mes flots de mots , je ne vois plus personne depuis des semaines , je ne partage plus aucun mot avec un seul être vivant depuis trop longtemps .Je me tais .

La pensée positive pour contrer l'ennui. Je ne sais pas comment faire. Je n'ai même pas chercher avec l'aide d'une psychologue. Les consultations chez ma psychiatre sont régulières pour attester de mon état psychique et pour l'adaptation du traitement le cas échéant. C'est une photographie à l'instant T chaque mois et pour laquelle je me prépare pour paraître au mieux de ma petite forme avec la crainte d'avoir à reprendre des psychotropes en plus. Je fais tout pour cacher mes états-d'âmes pour cela. Depuis ces années passées d'hospitalisation, j'ai appris par moi-même à cacher ou à faire semblant pour masquer mes torpeurs et autres pensées bizarres par rapport aux gens dits normaux. Avant le diagnostic et les traitements lourds en HP, je vivais au rythme de mon horoscope de Verseau. Après, cela a été totalement différent. Je suis devenu porteur d'une maladie nommée avec une comorbidité s'inscrivant dans les troubles de la personnalité. Je suis ainsi devenu différent pour les autres et avec moi-même. Pas facile de s'accepter comme cela et ma phobie sociale de temps en temps reprend le dessus et m'oblige à m'isoler aussi de la société. Dans mes moments d'ouverture au monde, je lis sur ma tablette car depuis longtemps je n'ai plus accès à la littérature par une baisse de mes capacités cognitives avec ma perte d'attention. Voilà quelques pensées positives ou négatives pour alimenter cette discussion sur le thème de l'ennui. Bien fraternellement. Sylvain

Ah Sylvain , je crois me voir me préparer , me pomponner , utiliser des leurres que je maîtrise bien pour "tromper" mon psy que je vois toutes les semaines .Surtout qu'Ils ne voient pas le délabrement intérieur , qu'il ne mesure pas la détresse .Et pendant la séance c'est à se demander ce que je fais là ! Par peur de l'hospitalisation , qui n'a qu'un avantage à mes yeux me garder de moi-même mais en général je suis enfermée après passages à l'acte , ou parce qu'un jour un médecin généraliste que je venais voir pour obtenir mon ordonnance , a senti une détermination au passage à l'acte et m'a refusé tout net de me délivrer ces psychotropes .Panique à bord , " mais comment je vais faire , c'est pas possible, il me les faut , " .De marbre mon médecin adoré qui s'occupait de ma maladie , parce que j'abandonnais tous les psy de la ville , je les ai tous fait .Mille fois avec tact , intelligence il me suggérait l'HP . Alors ça pas question , pas cette prison .Malade mais la tête dure , personnalité très affirmée .Il a senti qu'il fallait réagir avec finesse , il m'a laissé prendre moi-même la décision ." Pas l'HP? Hein pas l'HP docteur ? "

Il me trahissait , il m'abandonnait , il a forcé ma décision ."ce n'est pas moi qui vous le dit , mais si vous pensez qu'il faut vous hospitaliser , j'appelle tout de suite , demain c'est le 8 mai c'est férié , c'est maintenant ! " Il me fallait ces maudits psychotropes , maintenant tout de suite !

Et voilà comment je me suis laissée piégée .Je devais partir à Naples avec ma soeur qui m'avait offert le voyage , j'ai préféré l'HP ! Chacun ses goûts n'est-ce pas ? Je n'ai toujours pas vu Naples ! On dit "voir Naples et mourir...."

Alors Sylvain , je ne suis pas certaine que nos masques longuement préparés ne leurrent vraiment les médecins , enfin pas tous .Ils ne leurreraient que nous-mêmes !

Comme toi par peur de changer de médicaments , d'augmentation de posologie , je blague , j'ironise , je me détache de fameux instant qu'i n'ai qu'une photographie instantanée d'un moment , qui ne dit rien de nos quotidiens , de nos terreurs de nos idées noires .La veille tu es un méduse qui se décompose sous le soleil brulant et implacable , le lendemain " ça va plutôt pas trop mal doc ! " Et la parole ne vient pas , les larmes restent dans leurs poches lacrimales bien étanches et solidement closes .

Quoi lui dire , ressasser encore et et toujours nos bobos , nos malaises ? Pour moi un psy est un prescripteur , ce qu'ils le plus souvent d'ailleurs .A ma dernière sortie de l'HP il y a un an , sur les conseils de mon généraliste qui trouvait que mon dealer chargeait vraiment la mule et que ses ordonnances commençaient à attaquer mon organisme sérieusement , j'ai changé  de psy .Sa mission , faire baisser les doses gentiment .Celui-ci est psychiatre et psychothérapeute et sa première question fut de savoir ce que j'attendais d'un psy .Ma réponse fut brève  " un psy c'est un prescripteur ! C'est tout " 

Il m'a proposé un contrat essayer quand même autre chose , jouer les archéologues des traumas passés , enfouis , écrire et dire la génèse de ma petite personne .

Oui pourquoi pas ? Je venais d'être libérée de l'HP , j'étais hospitalisée sous contrainte ( au passage merci les lois Sarkosy!!!!;La reine était nue , déboussolée , affaiblie une poupée de paille sans volonté ni personnalité .Sans défense . Une poupée qui dit oui .

Il n'a pas la tâche facile , mais bon il est hospitalier , ayant monté un service pour personnes souffrant d'autisme , alors je suis de la petite bière dans sa pratique médicale .

Est-ce que je vais mieux ? Et non , et c'est ce que j'ai essayé de lui dire hier lors de ma visite hebdomadaire , je me suis recluse , j'ai fait voeux de silence , je passe mes journées au fond de mon lit dans le noir le plus total , Phobie sociale que tu connais , et surtout ne pas vivre ces journées qui s'enchaînent .Alors je joue avec mes doses d'anxyo,de somnifères pour m'absenter du monde , m'absenter de moi-même .Ca passera et ça dure . Je ne peux plus jouer comme ça avec les doses de médicaments , je connais les ravages , je sais que leurs effets n'auront bientôt plus d'effets sur moi .Malade mais pas folle , bizarre mais lucide .

Hier clairement je l'appelais au secours , je n'ai eu que la perspective de changement de médicaments , des conseils hygiénistes que je connais , que je pratique quand je PEUX le faire , merci ça va je connais .....

Non pas de docteur miracle ! Je suis rentrée chez moi , pédalant mollement , effets abus de psychotropes , pas de jambes pas de bras , terriblement isolée , abandonnée seule .

Leur est-il impossible d'admettre et d'accepter leur impuissance face à cette pathologie?

Difficile voire intolérable pour un médecin de dire son échec .N'être qu'un ouvrier spécialisé en bâtiment , qui pose des étais sur des murs qui s'effritent , pour empêcher que la maison ne penche trop à droite ou trop à gauche . Des étais pour tenter de nous laisser cahin caha , tordus , mais presque debout , éviter l'effondrement de la bâtisse toute fissurée .

Heureusement j'ai retrouvé le goût à la lecture , la concentration nécessaire pour que mon esprit chahuté ne s'échappe je ne sais trop où .Après près de trois ans de sécheresse littéraire , me plonger avec délice dans les livres et réussir à les terminer .Je comprends ta frustration malheureusement c'est un dégât collatéral des psychotropes qui ponce notre concentration et altère notre mémoire .

Peut être pourrais-tu essayer les audio-livres , une autre voix pourrais peut-être t'aider à raccrocher ce wagon ? Une autre voix pourrait satisfaire ton goût à la lecture , sans fatigue cérébrale et oculaire , cette autre voix te tiendrait la main pour t'emmener dans d'autres univers , te plonger dans la chanson des mots , t'oublier toi et ta maladie , parler à ton intelligence et de belles émotions "positives" .Je te dis ça non par expérience personnellement vécue , mais par l'intermédiaire d'une amie malade d'un cancer et tellement fatiguée, rongée par l'angoisse , la chimio , la radiothérapie érodant le peu de forces qui lui restait pour lutter contre le cancer et ces traitements .

A chaque séance de chimio elle s'installait dans son box , mettait son casque sur les oreilles , fermait ses jolis yeux , et se laissait guider par une voix qui lui a fait faire bien de voyages loin de la maladie , de la douleur et de la peur .

J'ai trouvé cette manière de se faire du bien tellement intelligente et "positive " . Et l'histoire se termine bien , elle est vivante , sacrément vivante et sortie de ce cauchemar .Quand on se casse une jambe on s'appuie sur une cane pour continuer tant bien que mal à marcher .

eSSAIE , offre toi ce petit plaisir , sans fatigue et sans ce handicap qui nous ferme l'accès à la lecture .

Mon petit caillou du jour dans cet échange de nos multiples et diverses expériences .

Actuellement vous êtes les seuls avec qui je parle , j'échange , le silence va se faire dans ma chambre noire et close et je referai surface quand mon compagnon reviendra du boulot .Votre présence , votre écoute et vos PETITS TRUCS pour continuer sur vos chemins difficiles me sont précieux et indispensables .

Laurence

Malheureusement tibanem, je ne vais pas me défaire entièrement de la totalité de mon traitement, cela voudrait dire que la Bipolarité se soigne et nous savons bien que ce n'est pas vrai. Je vais simplement me délivrer du Xéroquel, que je prends depuis quelques mois suite à une crise dépressive assez sévère mais je continuerai le Dépakote qui me convient assez bien.

Tu as raison quand tu dis que quand tu pars pédaler et que tu arrives à faire le vide cela se rapproche d'une forme de méditation, je le vois comme ça également.

Et puis enfin, non tu n'as pas aucun talent, il est indéniable que tu as celui de l'écriture, tes mots te permettent surement de te libérer de tes maux dans une certaine mesure. ;)