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Les pistes d'une médecine sans antibiotiques
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Margarita k Vaincre les bactéries résistantes?
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Parce qu'elle a été et est encore utilisée à outrance, l'antibiothérapie est de moins en moins efficace. Des alternatives thérapeutiques sont à l'étude.
En 2014, l'Organisation mondiale de la santé identifiait la résistance bactérienne aux antibiotiques comme l'une des plus grandes menaces pour la santé. Il y a quelques semaines, c'est un rapport britannique qui annonçait la mort de 10 millions de personnes chaque année dans le monde si rien n'est fait. La semaine passée, c'était au tour de cinq Académies françaises (Agriculture, Chirurgie Dentaire, Médecine, Pharmacie et Vétérinaire) de se recueillir au chevet des antibiotiques et, dans le même temps, d'envisager les alternatives futures possibles dans un monde où les antibiotiques verraient leur force de frappe amoindrie. Des virus tueurs de bactéries, des bactéries cannibales, des molécules de combat venant tout droit de notre système immunitaire sont quelques-unes des pistes évoquées par les académiciens.
Les phages, des virus tueurs de bactéries
La phagothérapie est le traitement des infections bactériennes par des virus appelés «bactériophages» ou «phages». Après quelques succès médicaux au début du XXe siècle contre la dysenterie, le choléra ou la peste bubonique, les phages ont été abandonnés au profit des antibiotiques. Les phages pourraient à la fois permettre de combattre les bactéries multi-résistantes aux antibiotiques, mais également d'agir en synergie avec ces derniers pour renforcer leur activité. Leur atout majeur est leur spécificité d'action plus grande que celle des antibiotiques: un phage ne détruit qu'une seule souche bactérienne. Cela a l'avantage de préserver le microbiote naturel du patient mais nécessite par ailleurs un diagnostic précis de l'infection, ce qui n'est pas le cas pour les antibiotiques. Les indications thérapeutiques potentielles sont nombreuses, notamment pour soigner des infections ostéo-articulaires, respiratoires chroniques, des infections des pieds diabétiques ou encore certaines infections urinaires. En Europe, l'utilisation des bactériophages est inexistante en raison de l'absence d'autorisation de mise sur le marché. Les malades, s'ils souhaitent recevoir cette thérapie, doivent se rendre en Russie et en Géorgie, où les bactériophages n'ont jamais cessé d'être utilisés depuis la Guerre froide, en raison de la difficulté de se procurer les antibiotiques fabriqués à l'Ouest. Un essai clinique visant à évaluer l'efficacité de la phagothérapie a été lancé en septembre 2015 dans 11 centres de grands brulés en France, en Suisse et en Belgique. C'est la première fois au monde qu'une expérience sur les phages est menée selon les critères occidentaux.
Une barrière chimique naturelle
Les plantes, les insectes et les vertébrés produisent tous des molécules pour se protéger d'infections par les bactéries, les champignons et certains virus. On appelle ces molécules des «peptides antimicrobiens». Chez les mammifères, ces molécules de défense sont essentiellement produites par certaines cellules de la peau. Une fois libérée, elles peuvent rompre les membranes des microbes ou séquestrer leur nourriture afin de les affamer. Elles ont la particularité de tuer préférentiellement les cellules microbiennes pathogènes, ce qui a l'avantage de ne pas affecter la flore intestinale, composée de milliards de «bonnes» bactéries. Les peptides antimicrobiens sont de bons candidats potentiels à la lutte contre la résistance aux antibiotiques. Cependant, la recherche n'en est encore qu'au stade de leur identification et de l'étude de leurs modes d'action.
Le cannibalisme bactérien
Les bactéries ne s'en prennent pas qu'aux êtres humains: certaines espèces s'attaquent également à leurs congénères. Ainsi, en 2011, une étude menée à l'Université de Nottingham (Royaume-Uni) a montré qu'une bactérie prédatrice, Bdellovibrio, pouvait dévorer des bactéries nuisibles à l'intérieur d'un animal vivant (en l'occurrence des poulets), et cela sans nuire à leur croissance ni à leur santé. Plus récemment, en 2013, des chercheurs ont montré que deux espèces de bactéries prédatrices pouvaient être utilisées pour traiter des infections oculaires bactériennes. Ce cannibalisme, connu depuis les années 1960, fait l'objet d'un regain d'intérêt avec l'émergence de bactéries résistantes aux antibiotiques. Cependant, des études cliniques restent nécessaires chez l'homme afin d'en préciser les possibles indications.
Booster l'action des antibiotiques
Les adjuvants aux antibiotiques sont des molécules qui peuvent être utilisées pour prolonger la vie des antibiotiques existants. Ces adjuvants éliminent les mécanismes de défense que les bactéries développent vis-à-vis des antibiotiques. De nombreux adjuvants ont déjà été ajoutés à des antibiotiques tout au long des deux dernières décennies. Cependant, les possibilités de découvrir de nouvelles combinaisons pouvant préserver les antibiotiques existants sont grandes et représentent un champs de recherche conséquent.
Un cheval de Troie moléculaire
«Crispr-Cas9», c'est le nom de la technologie mise au point par les équipes internationales d'Emmanuelle Charpentier et de Jennifer Doudna, qui permet de remodeler à loisir de l'ADN. Inspiré du système de défense de certaines bactéries contre les attaques de virus, il permet de supprimer, modifier ou remplacer un ou plusieurs gènes directement dans une cellule ou un organisme avec une précision inégalée. Cette technologie a donné l'idée à un jeune chercheur de l'Institut Pasteur, David Bikard, de l'utiliser afin de cibler spécifiquement les bactéries porteuses des gènes de résistance aux antibiotiques. Cet «antibiotique 2.0» pourrait être prescrit avant d'avoir recours à un antibiotique. En conséquence, il permettrait de réduire la quantité du traitement administré au patient ou, du moins, de le rendre à nouveau efficace pour les personnes porteuses de bactéries antibiorésistantes. Ce concept fait l'objet d'un brevet déposé en 2014 par la start-up Phage X. Pour le moment, David Bikard et son équipe perfectionnent cette technologie avant d'envisager son industrialisation.
Source : Figaro Santé