Trouble bipolaire : "À quoi sert la douleur ? Prendre conscience de ses limites et de ses talents !"
Publié le 21 juin 2022 • Par Baptiste Eudes
Pamy43, membre de la communauté Carenity en Italie, est atteinte de troubles bipolaires. Pour Carenity, elle raconte son diagnostic et son quotidien avec la maladie !
Découvrez vite son histoire !
Bonjour Pamy43, vous avez accepter de témoigner pour Carenity et nous vous en remercions.
Tout d'abord, pourriez-vous nous en dire plus sur vous ?
Bonjour, je m'appelle Pam, j'ai 43 ans et je souffre de troubles bipolaires avec un trouble schizo-affectif depuis plus de 20 ans. J'ai étudié le droit par amour pour mon père et j'ai obtenu mon diplôme avec brio malgré des interruptions entre délires et dépression.
Comment avez-vous réagi à l'annonce de ce diagnostic ?
J'ai été diagnostiqué après deux ans à Pise par le Professeur Cassano et j'ai commencé plusieurs thérapies avec des effets secondaires terribles qui m'ont amenée à les arrêter. De cela s'en est suivi de graves rechutes.
Il n'a pas été facile d'accepter le diagnostic, simplement "moi qui ai toujours aimé étudier et utiliser la raison, que pouvais-je faire sans plus croire en mon pouvoir rationnel ?"
Depuis le diagnostic, comment appréhendez-vous la vie ?
Je me suis lancée dans cette vie que je ne connaissais pas, après avoir été une "vraie geek". Je pratiquais toutes sortes de sports, des arts martiaux à la danse, et j'ai développé une grande dépendance à l'égard de l'activité physique et des soi-disant "plaisirs de la chair". Je n'étais plus différente, mais j'avais éteint mes rêves en vivant une vie inutile pour ceux qui ont soif de connaissance intérieure.
Avez-vous changé vos habitudes pour mieux gérer votre maladie ?
J'ai affronté l'ombre : la psychothérapie et l'obtention d'un diplôme, mais peut-être qu'un excès d'ambition m'a conduite à Strasbourg où j'ai étudié dur pour atteindre le sommet. J'ai obtenu une bourse et j'ai assisté à des audiences à la Cour des droits de l'homme. Malheureusement, la "peur d'échouer" m'a conduit à une dépression majeure. J'ai capitulé, comme Sisyphe au pied de la montagne et en sachant que, malgré tous mes efforts, je serais, comme lui, condamnée à tomber. Puis, entre les maîtrises de philosophie (une de mes grandes passions) et les conférences dans le domaine de l'éducation, ma vie semblait s'être équilibrée.
Vos proches vous aident-ils à gérer votre maladie ?
Malheureusement, par amour, je me suis retrouvée de ma première cohabitation avec un homme à un lit d'hôpital parmi des inconnus. L'ombre était réapparue : délire nihiliste, c'est-à-dire que j'étais convaincue d'être morte et j'agissais de façon absolument imprévisible et irrationnelle.
Ayant surmonté cela aussi, j'ai hérité de l'entreprise familiale en crise. Avec dextérité et beaucoup de détermination, j'ai fait revivre une entreprise qui avait été donnée pour morte.
J'étais au sommet de la réussite économique, mais les ailes m'ont à nouveau détachée de la réalité, et j'ai tout perdu à cause de l'escroquerie de mon hypothétique homme qui a, astucieusement, profité de ma condition.
Quels sont vos traitements ? Comment vous portez-vous à l'heure actuelle ?
Ça ne servait à rien le lithium, le lamictal, le depakin, l'aripripazole, je ne revenais pas… Mais avec beaucoup de patience, je suis de nouveau sur pied, seulement pauvre mais lucide, et cela me permettra de continuer à vivre. J'ai chevauché des vagues très hautes, je n'ai pas respiré dans l'abîme mais j'ai survécu.
Un dernier mot ?
A quoi sert la douleur ? Prendre conscience de ses limites et de ses talents. Connaissez-vous Persephone/Proserpina ? C'est mon archétype. Je suis une personne hypersensible, j'aime l'humanité et l'étude (l'étymologie vient du latin, étude signifie soin, dévouement et amour), déchirée entre le monde souterrain profond et la surface. Mon Daimon est d'apprendre à m'aimer/à m'aimer moi-même.
Le trouble bipolaire est un "super pouvoir" si vous n'avez pas peur de l'obscurité et si vous acceptez l'ombre en vous sans renoncer à vivre. Consciente de la douleur, je ne cesse de croire à la possibilité de la joie.
Un grand merci à Pamy43 pour son témoignage !
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