Obésité : “Je lutte tous les jours, mais j’essaie d’avancer.”

Pour commencer, pouvez-vous vous présenter en quelques mots ? 

Je m'appelle Martine (@louleye), j'ai 66 ans. J'ai deux enfants, l'aîné a 44 ans et le cadet 40 ans. Je vis seule chez moi avec mon fidèle compagnon Dick, mon cocker. J'aime tricoter, crocheter, lire et me promener, mais mes problèmes de santé m'empêchent d'être à mon maximum. 

Vous souffrez d’obésité, comment votre prise en charge médicale s’est-elle mise en place ? Avez-vous été accompagnée par des professionnels de santé dès le début ? 

Je suis obèse depuis 1980, suite à ma première grossesse, au cours de laquelle j'ai pris 27 kilos que je n'ai jamais pu perdre malgré beaucoup d'efforts. Ensuite, en 1984, lors de ma seconde grossesse, j'en ai repris autant, malgré une hospitalisation longue due à des problèmes d'hypertension artérielle. 

J'ai été suivie par une diététicienne pendant plusieurs années, mais je n'ai pas réussi à perdre beaucoup de poids et, évidemment, quand j'ai arrêté par lassitude, j'ai repris les kilos perdus et j'ai continué à grossir. 

Quels sont les plus grands défis que vous avez rencontrés dans votre parcours avec l’obésité ? 

J'ai déprimé et détesté mon corps pendant plusieurs années. J'ai essayé plusieurs régimes en étant suivie par des professionnels de santé très compétents, pourtant rien n'y a fait. 

Avez-vous mis en place des changements dans votre mode de vie pour mieux gérer votre santé ? 

J'essaie au maximum de faire des choses qui me plaisent afin d'éviter la dépression. Je fais attention à mon alimentation pour le diabète et pour éviter la prise de poids, mais cela me rend souvent nerveuse et inquiète car, moi aussi, j'ai des envies comme tout le monde. 

Certaines personnes atteintes d’obésité doivent composer avec d’autres maladies associées. Cela a-t-il été votre cas ? Si oui, comment jonglez-vous avec ces différentes pathologies ? 

Le diabète complique les choses car j'ai de très hautes doses d'insuline. Je suis auto-résistante et, ayant un diabète grave, j'ai une pompe à insuline qui m'injecte de l’insuline rapide jour et nuit. Je dois faire les bolus au stylo à chaque repas car les quantités sont importantes et la pompe trop petite. J'ai également un traitement par cachets (Glucophage®, Forxiga®) et une piqûre tous les huit jours de Trulicity®. 

Avez-vous remarqué un impact de votre poids sur votre sommeil ou votre niveau d’énergie au quotidien ? 

L'obésité me perturbe : je suis vite essoufflée et fatiguée car mon cœur fatigue, ce qui complique mon état général. Je souffre aussi d'insuffisance rénale, donc je suis toujours fatiguée. 

Y a-t-il des exercices ou des habitudes qui vous aident à vous sentir mieux ? 

Quand je sens que le moral n'est pas au beau fixe, je me tourne vers mon chien. Il me donne tellement d'amour que cela me réconforte. En plus, il me rend service à sa façon car je le sors trois fois par jour, ce qui m'oblige à bouger. 

Le soutien de l’entourage est souvent important dans un parcours de santé. Avez-vous trouvé du réconfort ou des aides précieuses autour de vous ? 

Je n'ai personne à qui me confier. Mes enfants ont leurs propres ennuis, donc quand ils viennent me voir, je ne parle pas de ma santé, je fais comme si tout allait bien alors que souvent, c'est le contraire. 

Y a-t-il des idées reçues ou des jugements que vous aimeriez déconstruire sur l’obésité et sa prise en charge ? 

Je trouve injuste d'être grosse. J'envie souvent les autres en me demandant pourquoi moi, je suis comme ça. Je me suis toujours privée : dès l'âge de 8 ans, j'étais au régime car je commençais déjà à grossir. Cela m'aura pourri la vie jusqu'à ma mort car je ne pense pas maigrir avec l'insuline qui fait grossir. 

Si vous pouviez remonter dans le temps, y a-t-il quelque chose que vous auriez aimé savoir ou faire différemment dans votre parcours ? 

Je ne sais pas ce que j’aurais pu faire pour éviter de prendre autant de poids. Ne pas avoir d’enfants ? Ce sont mes grossesses qui m’ont fait prendre du poids. Ne pas être malade à répétition comme je l’ai été ? 

Je n’ai pas eu une vie facile : beaucoup de soucis familiaux, de tracas, et un travail pénible en tant que femme de ménage ne m’ont pas permis d’avoir une vie saine et équilibrée. J’aurais aimé être avertie tôt pour pouvoir changer les choses. 

Y a-t-il des conseils ou des messages que vous aimeriez partager avec d’autres personnes qui vivent une situation similaire à la vôtre ? 

Je conseille aux personnes dans mon cas d’être très bien suivies par des médecins spécialisés pour chacun de leurs problèmes et de ne pas hésiter à faire du sport si c’est possible. Moi, je ne l’ai pas fait, toujours prise par le travail et les enfants. Je n’avais jamais le temps de m’occuper de ma santé, et aujourd’hui, je le paie : je suis handicapée et ne peux faire que de la marche à cause de ma gonarthrose aux deux genoux, qui limite sévèrement mes mouvements. 

Si j’avais fourni des efforts pour pratiquer du sport, j’aurais certainement moins de problèmes de santé. 

Alors écoutez-vous ! Si vous ne vous sentez pas bien, consultez avant qu’il ne soit trop tard. Écoutez votre corps. J’ai eu plusieurs alertes, mais je suis passée outre, et aujourd’hui, je le regrette profondément. 

Souhaitez-vous ajouter un dernier mot ? 

J’accepte de partager mon témoignage avec d’autres personnes, cela me fait plaisir. 

Prenez soin de vous, c’est très important !