Cancer de la prostate : “Il est important de bien choisir son urologue !”
Publié le 25 mai 2021 • Par Candice Salomé
suzuki, membre de la communauté Carenity en France, a accepté de témoigner au sujet de son opération de la prostate. Il a été opéré par robot “Da Vinci” et revient sur son parcours depuis l’annonce du diagnostic jusqu’aux analyses post-opératoires.
Découvrez vite son histoire !
Bonjour suzuki, vous avez accepté de témoigner pour Carenity et nous vous en remercions.
Tout d’abord, pourriez-vous nous en dire plus sur vous ?
J’ai 72 ans, je suis cadre à la retraite, j’ai effectué tout mon parcours professionnel dans le domaine de la navale (construction, réparation et transformation) en Normandie et en Bretagne. Marié et père de trois fils, je vis au nord-est de la Bretagne, je suis très occupé par le bricolage, le jardinage, la photo, la moto etc …
Vous êtes atteint du cancer de la prostate. Pourriez-vous nous dire dans quel contexte vous avez reçu le diagnostic ? Qu’avez-vous ressenti à l’annonce de ce dernier ?
Entre février et août 2020, mon taux de PSA est passé de 6,3 à 7,5. Mon médecin généraliste m’a alors prescrit une IRM pour contrôle que j’ai passée le 11 septembre 2020. Le radiologue, ce jour-là, m’a annoncé (trop) brutalement que c’était positif et qu’il fallait consulter un urologue. Cela a été un choc brutal !
Puis, je me suis renseigné auprès de mon plus jeune fils qui vit à Rennes pour qu’il m’indique un bon urologue. Il m’a dirigé vers un urologue renommé du CHP Saint Grégoire (Rennes) que j’ai consulté le 29 octobre 2020.
Quel a été votre parcours de soin depuis l’annonce du diagnostic ? En êtes-vous satisfait jusqu’à présent ?
Il faut savoir que j’avais déjà subi des biopsies de la prostate en novembre 2011 alors que cela n’était pas utile, à mon avis, car mon taux de PSA était de 4,36 à l’époque. J’étais tombé sur un urologue de Saint Malo pas sympa du tout et qui pratiquait les biopsies à la chaîne ! J’avais beaucoup hésité avant de le faire.
Après cet évènement, mon médecin généraliste m’avait prévenu que, si un jour j’avais besoin de me faire opérer, ce serait préférable de le faire sur Rennes où ils possédaient un robot.
J’ai donc consulté l’urologue indiqué par mon fils et il m’a prescrit des biopsies de contrôle à faire et qui ont été effectuées le 3 décembre 2020. Il semblait optimiste après cette consultation (prostate souple etc...).
J’ai obtenu les résultats le 17 décembre, par vidéo conférence, car l’urologue était à un colloque, il nous a annoncé, à moi et mon épouse, que malheureusement c’était un carcinome de score de Gleason 7 (3+4) mais avec des mots choisis et regrettait de n’avoir pas pu consulter ce jour-là en direct… Nouveau choc difficile à digérer…
La consultation suivante était prévue pour le 28 janvier 2021 afin de décider du choix du traitement : opération avec robot pour une prostatectomie totale, radiothérapie ou rien mais le risque à moyen terme était une forte progression du mal (de quelques mois à 2 ou 3 ans). Il n’y avait pas d’urgence à court terme et je pouvais donc prendre le temps d’y réfléchir.
Après réflexion (en commun, mon épouse et moi), nous avons décidé d’opter pour l’opération car après m’être renseigné, j’ai su que la radiothérapie n’était pas fiable à 100 % et il existe des risques de « brûlage » de zones contiguës, sans parler de la quasi impossibilité d’opérer après la radiothérapie.
A la fin de la consultation, l'urologue m’a redit que j’avais encore le temps de la réflexion avant l’opération qui était programmée pour le mardi 16 mars 2021 (3 mois après les biopsies).
J’ai bénéficié de 6 séances de kiné pour « apprendre » à maîtriser l’incontinence possible après l’opération.
Vous avez été opéré en mars 2021. Pourriez-vous nous en dire plus concernant cette opération ? Quel est votre ressenti post-opération ?
L’opération a été réalisée avec l’assistance d’un robot « Da Vinci » et elle a duré 3h et demie. L’opération s’est bien déroulée.
Le lendemain, ce n’était pas la grande forme mais, dès le surlendemain, c’était déjà mieux avec des douleurs acceptables. J’ai commencé à déambuler dans les couloirs dès le mercredi après-midi et encore plus facilement le jeudi. Je suis sorti de l’hôpital le vendredi après-midi en forme moyenne. J’ai pris un VSL (véhicule sanitaire léger) pour rentrer au domicile. Soit dit en passant, le chauffeur ne tenait pas compte de ma récente opération et marchait un peu trop vite pour moi alors je l’ai laissé prendre de l’avance et il a dû m'attendre ! Il avait tendance aussi à conduire un peu trop énergiquement à mon goût !
Quelle est votre prise en charge actuelle ? En êtes-vous satisfait ?
Rentré au domicile, je me sentais déjà mieux et la première semaine a été un peu pénible à cause de la sonde qui n’a été retirée qu’au 9ème jour après l’opération. Mais je n’ai pas eu besoin de prendre d’antalgiques car je n’avais pas vraiment de douleurs mais par contre des sensibilités assez vives surtout dans la zone de l’opération.
Je ressentais également de nombreuses sensibilités sur le ventre, dans les zones où il y a eu les incisions (5 en tout) mais, grâce à la robotique et la coelioscopie, je n’ai pas de grandes cicatrices. Et les sensibilités vont en s’amenuisant au fil du temps.
J’ai reçu un traitement anti-phlébite par injections sous cutanées à domicile jusqu’au 10ème jour après l’intervention.
Avez-vous certaines craintes concernant l’avenir ?
Concernant l’avenir, j’espère qu’il n’y aura pas de récidive et que la prostatectomie aura permis d’enlever « tout le mal » qui était, en principe, localisé dans la prostate.
Je viens de connaître les résultats des analyses post-opératoires lors de la consultation du 15 avril dernier et rien n’a été détecté en dehors de la prostate. Cela vient de faire retomber toute la pression accumulée, je me sens beaucoup mieux ! Il restera encore une confirmation à avoir dans deux mois avec un contrôle du taux de PSA qui devra être nul (de l’ordre de 0,01).
Votre entourage vous soutient-il depuis l’annonce du cancer de la prostate ? Vous sentez-vous compris et entouré ? Comment ont-ils réagi ?
Ma famille, et surtout mon épouse, m’a soutenu pour cette épreuve ainsi que quelques amis fidèles.
Mes trois fils ont eu un choc à l’annonce de mon cancer et ont réagi chacun suivant son caractère et m’ont bien soutenu également.
Enfin, quels conseils aimeriez-vous donner aux membres Carenity également touchés par le cancer de la prostate ?
Le conseil que je donnerais, c’est de bien surveiller, avec son médecin traitant, l’évolution de son taux de PSA. S’il augmente régulièrement avec l’âge cela est relativement normal (quelques dixièmes par an) mais s’il fait un bond de plus de 1 point, il faut approfondir les investigations.
Ensuite, s’il s’avère que l’on en arrive à devoir consulter un urologue, il faut bien le choisir car l’urologue qui m’avait fait mes premières biopsies travaillait presque comme un « charcutier » comparé au spécialiste que j’ai actuellement (c’est le jour et la nuit ! ). C’est important car les effets secondaires dus aux biopsies peuvent être très différents suivant comment elles sont prélevées. La première fois, j’avais eu des saignements pendant plusieurs mois après et même des traces dans le sperme durant plusieurs années et sans information préalable ! Cette fois, je n’ai eu des conséquences que pendant un mois environ et en plus cela a été fait dans de bien meilleures conditions d’information, d’empathie et, en pratique, dans une position beaucoup plus confortable !
D’autre part, c’est beaucoup mieux, s’il faut être opéré, de le faire avec coelioscopie et avec assistance d’un robot.
Un dernier mot ?
L’avantage que j’ai eu était d’être en bonne forme physique avant l’opération (pratique régulière du sport et bon rapport poids/taille = 24 d’IMC), ce qui m’a permis de bien supporter l’épreuve. De plus, le spécialiste a précisé que, au vu de mon âge, il aurait refusé de m’opérer en cas de comorbidités. Il était réticent à opérer dans ce cas les plus de 65 ans…
Quant aux suites désagréables auxquelles on peut s’attendre : l’incontinence plus ou moins importante suivant chaque personne, pour moi ce n’est pas trop important, mais un certain nombre de petites fuites dans la journée (la nuit cela se passe bien) qui diminuent progressivement. Ce n’est pas évident à maîtriser totalement, surtout quand on fait des efforts. En tout cas, il vaut mieux prévoir de se protéger.
Un grand merci à suzuki pour son témoignage !
Ce témoignage vous a-t-il été utile ?
Partagez votre ressenti et vos interrogations avec la communauté en commentaire ci-dessous !
Prenez soin de vous !
11 commentaires
Vous aimerez aussi
Cancer de la prostate : “La prise en charge psychologique après une prostatectomie est inexistante !”
15 janv. 2021 • 9 commentaires