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Fin de vie assistée : ce que veulent vraiment les patients et leurs proches

Publié le 21 août 2019 • Mis à jour le 9 janv. 2020 • Par Louise Bollecker

La fin de vie assistée est un débat de société important qui peut particulièrement résonner pour certains patients atteints de maladies graves. Faut-il autoriser l'euthanasie active ? Que penser du suicide assisté ou de l'euthanasie indirecte ? Comment la loi devrait-elle encadrer ces pratiques ? Nous avons posé la question aux membres de Carenity en France, au Royaume-Uni, en Allemagne, en Italie, en Espagne et aux États-Unis : plus de 3 000 membres ont répondu à notre enquête !

Fin de vie assistée : ce que veulent vraiment les patients et leurs proches

La France interdit l’euthanasie mais autorise la sédation sous certains critères

L’euthanasie

Rappelons d’abord les pratiques en cours en France.

Le code pénal sanctionne le fait de provoquer directement la mort. De ce fait, il interdit l’euthanasie active

En revanche, l’obstination déraisonnable est refusée par la loi. Sont autorisés la limitation et l’arrêt des traitements dans certaines circonstances : l’abstention thérapeutique est légale et peut s'apparenter à de l’euthanasie passive.   

Nous avons également interrogé les membres sur l’aide au suicide ou suicide assisté : dans ce cas de figure proche de l’euthanasie active, le patient accomplit lui-même l'acte mortel, guidé par un tiers qui lui a auparavant fourni les renseignements et/ou les moyens nécessaires pour se donner la mort. Cette forme de fin de vie se pratique notamment en Suisse, où le patient active lui-même la perfusion létale, et est interdite en France.

La loi Claeys-Leonetti 

La France a donc autorisé certaines pratiques sur la fin de vie assistée. Le parlement français a approuvé en 2016 la loi Claeys-Leonetti sur la fin de vie.

Comme nous l'avons vu, la loi Claeys-Leonetti exclut l’obstination déraisonnable, également appelée acharnement thérapeutique. De ce fait, elle autorise la limitation ou l’arrêt de traitements jugés inutiles, disproportionnés, ou n’ayant d’autres objectifs que le seul maintien artificiel de la vie. Elle prévoit la possibilité d’un double effet, c’est-à-dire la mise en place de traitements antalgiques et sédatifs qui seraient nécessaires au soulagement d’un patient en fin de vie même s’ils peuvent avoir comme effet de raccourcir son espérance de vie.  

Elle autorise la sédation profonde et continue maintenue jusqu’au décès et l’arrêt de tous les traitements de maintien en vie, en cas de souffrance réfractaire chez une personne en phase terminale, ou si le choix d’un refus de traitement de maintien en vie pour une personne en soins palliatifs risque de causer une souffrance insupportable.   

Les directives anticipées

La loi favorise l’expression de la volonté des personnes hors d’état de communiquer via l’établissement de directives anticipées ou la nomination d’une personne de confiance. Concernant les directives anticipées par lesquelles le patient fait connaître son refus d’un acharnement thérapeutique, le médecin peut tout de même y déroger "en cas d’urgence vitale pendant le temps nécessaire à une évaluation complète de la situation" et lorsqu’elles "apparaissent manifestement inappropriées ou non conformes à la situation médicale".

La loi ne va pas assez loin selon nos membres

Seuls 10% des répondants français à notre enquête considèrent que la loi est bien telle qu’elle est : 88% pensent qu’elle ne permet pas assez facilement le recours à la fin de vie assistée. Les membres de Carenity en France sont dans une large mesure favorables à toutes les formes de fin de vie assistée, qu’il s’agisse de l’euthanasie indirecte (81%), l’euthanasie active (77%), l’euthanasie passive (64%) ou le suicide assisté (57%).

A titre de comparaison, les membres Carenity aux États-Unis sont les plus satisfaits de la loi en vigueur dans leur pays (29%), mais il faut prendre en compte le fait qu’il n’y a pas une loi unique aux États-Unis : 10 États sur 50 autorisent le suicide assisté.

Les membres soutiennent le droit à la fin de vie

De nombreuses situations justifient l’accès à la fin de vie assistée

Être atteint d’une maladie incurable, être en fin de vie, avoir rédigé des directives anticipées… Autant de situations qui justifieraient l’accès à une fin de vie assistée selon les membres de Carenity en France. Deux situations en particulier ont touché les patients et leurs proches :

- Si le patient souffre de manière intolérable (82%) ;

- Si le patient est plongé dans un état végétatif ou un coma jugé irréversible (81%).

En revanche, seuls 56% des répondants considèrent le fait d’être en pleine possession de ses moyens au moment de la demande comme déterminant.

50% des patients ont déjà pensé à la fin de vie assistée

50% de nos répondants français à l’enquête ont déjà envisagé une fin de vie assistée suite à leur maladie. C’est beaucoup plus qu’en Italie, où seuls 34% des patients y ont réfléchi. Pourtant, les membres de ces deux pays partagent la même angoisse : être un fardeau pour leurs proches. C’est la raison principale pour laquelle les membres envisagent une fin de vie assistée, suivi par une souffrance physique trop importante puis une douleur psychique insurmontable.

Le recours aux directives anticipées reste minoritaire

Les directives anticipées, qu’est-ce que c’est ?

Les directives anticipées sont une déclaration écrite pour préciser son souhait quant à sa fin de vie en cas de maladie grave ou d'accident au cas où la personne ne soit plus en mesure de communiquer. Elles concernent la volonté de poursuivre les soins ou au contraire la volonté de limiter ou arrêter ces traitements ; la volonté ou non d’être soulagé de ses souffrances même si cela peut mener au décès mais aussi éventuellement de souhaits très précis de prise en charge comme le refus ou non d’une réanimation, d’une mise sous respiration artificielle ou d’interventions chirurgicales. Toute personne majeure peut les rédiger. Datées et signées, elles seront utilisées par le médecin le moment venu ; elles s’imposent aux médecins, sauf en cas d’urgence vitale ou lorsqu’elles paraissent inappropriées ou non conformes. Il est recommandé de les avoir dans ses papiers et d’en parler à ses proches et à son médecin traitant. Il est conseillé de les ajouter à son dossier médical partagé si vous en avez un.

>> Retrouvez toutes les informations et un modèle de document en cliquant ici

Chacun peut choisir ou non de rédiger des directives anticipées. Leur absence peut néanmoins susciter des débats quant à la volonté du patient, si ce dernier n’est plus capable de l’exprimer : cela a été le cas dans la tristement célèbre affaire Vincent Lambert, un infirmier plongé dans un état végétatif pendant plus de dix ans, suite à un accident de moto. Selon sa femme, il ne souhaitait pas être maintenu en vie. Selon ses parents, il était devenu une personne handicapée dont il fallait simplement prendre soin, nullement en fin de vie. Les soins prodigués à Vincent Lambert ont finalement été arrêtés, conduisant au décès du patient en juillet 2019. Peut-être que c’est cet événement qui conduit 57% de nos membres à souhaiter rendre obligatoires ces directives anticipées.

>> Nos membres ont donné leur avis sur cette situation tragique, rejoignez la discussion !

En parler à ses proches, le réflexe des membres

Malgré l’exemple de la famille Lambert, nos répondants comptent surtout sur leurs proches pour faire appliquer leurs volontés. Ils ne sont que 26% à avoir rédigé des directives anticipées en bonne et due forme, pour les raisons suivantes :

- J’en ai déjà parlé à mes proches (40%) ;

- Je préfère ne pas penser à ma fin de vie (28%) ;

- Je ne sais pas comment faire (26%) ;

- Je ne connaissais pas les directives anticipées (25%).

Les membres font donc principalement confiance à leurs proches et sont 73% à avoir déjà évoqué le sujet avec eux. 50% des répondants a même désigné, parmi ses proches, une personne de confiance : pour 55%, il s’agit du conjoint. 22% ont désigné l’un de leurs enfants. Toute personne majeure peut désigner une personne de confiance. 

Une personne de confiance pour appliquer vos volontés

Lorsque vous pouvez exprimer votre volonté : elle a une mission d’accompagnement dans les démarches liées à votre santé. Par exemple, elle peut vous accompagner lors des rendez-vous médicaux et vous assister dans les décisions médicales. 

Lorsque vous ne pouvez plus exprimer votre volonté : elle a une mission de référent auprès de l’équipe médicale. Elle sera la personne consultée en priorité par l’équipe médicale lors de tout questionnement sur la mise en œuvre, la poursuite ou l’arrêt de traitements et recevra les informations nécessaires pour pouvoir exprimer ce que vous auriez souhaité. Elle n’exprime pas ses propres souhaits mais rapporte les vôtres. Son témoignage l’emportera sur tout autre témoignage (membres de la famille, proches…).

Elle n’aura pas la responsabilité de prendre des décisions concernant vos traitements, mais témoignera de vos souhaits, volontés et convictions. La responsabilité de prendre des décisions appartient au médecin et la décision sera prise après avis d’un autre médecin et concertation avec l’équipe soignante.

L’avis de nos membres opposés à la fin de vie assistée

Bien que minoritaires, certains de nos répondants ont exprimé leur refus de la fin de vie assistée. Les convictions morales et religieuses dominent leurs réponses :

« C’est à Dieu de faire les choses. »

« Toute forme de fin de vie assistée, même demandée par le patient, est un meurtre. »

« La vie est un don du bon Dieu et c'est à lui seul de l’ôter. Notre devoir, en tant qu’êtres humains, est d'aider nos semblables malades à mieux surmonter leur maladie. »

« Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. »

D’autres membres précisent néanmoins que, malgré leur conviction, ils ne s’opposent pas au choix des autres et respectent la décision et la souffrance des autres. Selon l’âge du patient, leur opinion peut également varier. Enfin, plusieurs regrettent que les soins palliatifs ne soient pas à la hauteur dans le soulagement des douleurs du patient et dans l’accompagnement de leurs proches.

 

Alors, que pensez-vous de ces résultats ? Reflètent-ils ce que vous pensez ? Comment améliorer la loi ? Donnez votre avis au commentaire pour participer au débat !

Enquête menée en juillet – août 2019 auprès de 3 007 membres Carenity en France, Italie, Royaume-Uni, Espagne, Allemagne et Etats-Unis. Tous les membres (patients comme proches) ont été invités à donner leur avis.

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avatar Louise Bollecker

Auteur : Louise Bollecker, Community Manager France & Content Manager

Community Manager de Carenity en France, Louise est également rédactrice en chef du Magazine Santé pour proposer des articles, vidéos et témoignages centrés sur le... >> En savoir plus

161 commentaires


HonorineKalombo
le 11/11/2019

il ne faut pas aider Dieu á ôter la vie de quelq'un c'est un meurtre.


avatar
Utilisateur désinscrit
le 28/11/2019

Je pense que l'euthanasie est déjà pratiquée dans les hôpitaux, en accord avec la famille, le patient, les médecins, et en secret. C'est arrivé au père d'une amie. On a arrêté ses soins et on l'a aidé à partir, sans faire de bruit ou de scandale. Par contre, l'euthanasie officielle permettrait à chaque patient de choisir une date, et ne pas attendre de vraiment être au bout...


Didier_35
le 07/12/2019

1-  LES SOINS PALLIATIF  . De quoi parle-t-on ?
Lorsque l'on annonce sans ménagement à une personne qui n'arrive pas à guérir et ni retrouver la forme,
la petite phrase suivante sans ménagement  << maintenant on va vous mettre en soins palliatifs >>
cela veut dire pour le malade :-->  << Vous aller mourir bientôt >>

Effectivement après avoir annoncer cela au malade, ensuite, le nombre de jours ensuite est très court.
Deux raisons à cela:
1- c'est bien plus qu'un manque de psychologie, c'est une absence de sens humain que de parler ainsi, sans aucune préparation, ni  empathie, ni compréhension de l'appréhension du passage.
2- le malade on lui arrête tous les soins et tous  les médicaments pour le guérir, et on le bourre de somnifères et d'antidouleurs.

OBSERVATION.   Une grosse dose de somnifère, conduit à un endormissement des muscles, en en particulier du mouvement naturel des intestins, pour assurer un transit normal.. C'est ainsi que j'ai pu observer à plusieurs reprises, des malades, décéder rapidement avec le ventre gonflé.
QUESTION.    Est-ce une négligence ou une euthanasie cachée, lorsque l'on sait que tous les établissements manquent de lits pour accueil les nouveaux malades. Je ne sais pas, je ne sais rien. MAIS je me pose la question.    

 


0785497165
le 10/12/2019

Hello

cela fait déjà trois ans que j’ai commencé le traitement copaxone 20 injectable

la maladie est complètement stabilisée 

aucune poussee

ma deuxième maladie anémie pernicieuse de biermer va mieux

pas de polype intestin et prélèvement sur estomac traitement omeprozole zydus pour un d’acidité 

depuis pleine forme car je ne mange ni bonbons  ni gâteaux ni sucre

juste quelques fruits bio et pas de raisin

pas d’oranges et agrumes


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Utilisateur désinscrit
le 17/12/2019

Bonsoir, c'est mon métier, j'exerce dans le champ des soins palliatifs. Je ne peux me prononcer sur la loi, je pense qu'elle va évoluer. La seule chose sur laquelle je peux avancer mes propos c'est que sur une expérience de vingt ans, lorsque les personnes demandent l'euthanasie, et je ne parle pas des personnes qui ne sont pas comme nous aujourd'hui dans un pronostic vital non engagé, sont des personnes présentant une douleur physique et psychologique majeure. Cette douleur, pour 99% des situations, une fois soulagée, entraîne  sans attendre un changement dans les attentes de la personne. Ce qui pousse à cette demande, c'est l'absence de sens de ce qui est vécu. 

Aujourd'hui, pour moi il m'est facile de dire, "hors de question que je vive ce que je vois tous les jours. Plutôt mourir dans la dignité"; mais un jour une patiente m'a dit " vous savez on ne meurt pas dans la dignité, on meurt c'est tout; ce que je veux c'est finir ma vie ( ce qui est différent) dans la dignité. Et c'est là que nous accompagnons les personnes. 

Je ne suis pas en train de dire que je suis contre la légalisation, car cela réglerait les questions d'euthanasies cachées, non déclarée. Je suis même certaine que le fait que cela soit légalisé, les équipes soignantes seraient alors plus souvent prévenues des situations et pourraient intervenir en amont. Et si cela devait alors être réalisé, il y aurait une pratique bien moins sauvage et douloureuse pour les familles, les patients et les équipes témoins de gestes parfois effectués sans concertation. 

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