Tout savoir sur la médecine régénérative !
Publié le 30 déc. 2022 • Par Claudia Lima
La médecine régénérative ou régénératrice est une discipline médicale encore en cours de développement et porteuse de nombreux espoirs. Elle a pour objectif de remplacer ou de renouveler des gènes, des cellules ou des organes défaillants.
Qu’est-ce que la médecine régénérative ? Dans quels domaines est-elle appliquée ? Quels sont les enjeux et les obstacles de la médecine régénérative ?
Vous souhaitez des réponses ? Lisez notre article !
Une définition de la médecine régénérative
La médecine régénérative consiste à réparer une lésion ou un organe malade, en remplaçant les parties endommagées par un nouveau tissu cellulaire créé à cet effet. Elle s’applique à de nombreux domaines pathologiques comme des maladies dégénératives, des traumatismes ou des malformations congénitales par exemple.
Depuis bientôt vingt ans, la médecine régénérative représente un espoir considérable tant parmi les professionnels médicaux que le grand public.
Le vieillissement des cellules de l’organisme est inéluctable. Néanmoins, elles sont capables de véritables prouesses biologiques et certains de nos organes peuvent se régénérer tels que la peau, les os et le foie.
Tous les organes ne sont pas capables de se régénérer, c’est ainsi que naît la médecine régénérative, pour soigner une lésion ou un organe malade ou endommagé grâce à un nouveau tissu cellulaire.
Quelques dates clés...
1869 : première greffe de peau sur une plaie ouverte au bras
1900 : développement des transfusions intraveineuses
1960 : découverte des cellules souches hématopoïétiques
1981 : découverte des cellules souches embryonnaires
1998 : première culture de cellules souches humaines
1999 : introduction du terme de médecine régénérative
2001 : découverte de cellules souches dans la graisse qui permet une amélioration de la qualité des tissus lors d’une greffe
2012 : fabrication d’un implant rétinien qui permet à plusieurs patients de retrouver partiellement la vue
2014 : greffe de cellules cardiaques issues de cellules souches chez une patiente victime d’un infarctus du myocarde
Les différents types de médecine régénérative
Il existe plusieurs sortes de médecine régénérative, dont la thérapie cellulaire et la thérapie génique, souvent complémentaires.
La thérapie cellulaire
La thérapie cellulaire consiste à greffer des cellules afin de restaurer la fonction d’un tissu ou d’un organe, on parle de transplantation de cellules souches. L’objectif est de rendre l’organe altéré ou défectueux de nouveau fonctionnel.
Il y a plusieurs types de cellules souches, elles peuvent se distinguer selon leur potentiel de différenciation, c’est-à-dire, leur capacité à générer des types de cellules. Elles sont totipotentes, pluripotentes, multipotentes ou unipotentes. On peut également les distinguer par leur origine : embryonnaires, fœtales ou adultes.
Ces cellules souches peuvent s’autorenouveler et donner naissance, selon l’endroit où elles se trouvent, à d’autres cellules qui peuplent nos tissus et le rendre sain.
Les organes concernés par la thérapie cellulaire sont nombreux, celle-ci peut s’appliquer pour la rétine, la peau, le foie, le pancréas, les os, les dents, les muscles et le cerveau entre autres.
La thérapie génique
La thérapie génique a pour but de corriger les défauts génétiques d’une ou de plusieurs cellules, soit pour restaurer une fonction défectueuse, soit pour en apporter une nouvelle en faisant pénétrer des gènes dans les cellules ou les tissus d'un individu pour traiter une maladie.
Cette approche thérapeutique, initialement conçue pour ne traiter qu’un seul gène malade, s’est beaucoup diversifiée.
Les stratégies de thérapie génique permettent aujourd’hui de :
- Suppléer un gène malade,
- D’éliminer ou de réparer un gène altéré directement dans la cellule,
- De modifier l’ARN pour obtenir une protéine fonctionnelle,
- De produire des cellules thérapeutiques par thérapie génique,
- D’utiliser des virus génétiquement modifiés pour tuer des cellules cancéreuses.
En France, plus d’une trentaine d’essais de thérapie génique ont eu lieu ou sont en cours pour des maladies neuromusculaires, ophtalmiques, hématologiques, immunitaires, neurodégénératives, dermatologiques et aussi pour des maladies infectieuses, cardiovasculaires et des cancers.
La médecine régénérative est souvent confondue avec l’ingénierie tissulaire, ces deux disciplines font toutes deux référence à la réparation, à l’entretien et à la restauration des tissus biologiques.
L’ingénierie tissulaire étudie la croissance des tissus à l’extérieur du corps, alors que la médecine régénérative examine les moyens d’utiliser les techniques d’ingénierie tissulaire dans un environnement médical pour réparer des tissus à l’intérieur du corps.
Il existe également la bio-impression 3D, c’est l’impression de tissus grâce à une encre biologique contenant des cellules. L’objectif est de générer des organes et de permettre une automatisation des processus de fabrication, une reproductibilité fiable et une production de masse.
Les défis de la médecine régénérative
Les obstacles principaux à la médecine régénérative sont d’ordre techniques et scientifiques.
Ainsi, afin de se développer pleinement, la médecine régénérative doit surmonter :
- La compatibilité donneur-receveur, le prélèvement des cellules souches peut être réalisé sur le patient lui-même ou sur une autre personne, il peut donc y avoir des problèmes de tolérance immunitaire,
- Le faible nombre d’organes disponibles pour les cas de transplantation d’organes,
- La survenue d’effets indésirables dans le temps,
- La Bioproduction à échelle industrielle, des innovations technologiques sont encore nécessaires pour améliorer les rendements de production. En effet, les procédés de fabrication sont issus de la recherche académique et ne sont pas toujours adaptés pour être déployés à grande échelle,
- Le prix, les traitements issus de la médecine régénérative peuvent grimper à plus de 600 000 euros pour certains. Des études économiques restent à faire. L’enjeu étant d’être capable de soigner aussi les populations défavorisées,
- La réglementation, les lois encadrant la médecine régénérative doivent être mieux définies et prendre en compte les limites éthiques,
- Le décalage entre le nombre d’essais cliniques et le nombre d’autorisations de mise sur le marché (AMM).
Les avancées et les pistes de recherches de la médecine régénérative
Les indications de la médecine régénérative sont innombrables, et les promesses sont réelles. La recherche avance et beaucoup d’hypothèses sont permises.
L’une des thérapies cellulaires les plus connues, et qui est pratiquée depuis les années 1970, est d’utiliser des cellules souches cutanées pour produire de l’épiderme que l’on greffe chez les grands brûlés.
De nombreux autres essais cliniques ont été faits ou sont en cours, et ce, dans plusieurs domaines tels que la rhumatologie, l'ophtalmologie, les dysfonctionnements métaboliques ou la réparation d'organes.
En 2014, un praticien a prélevé et réinjecté des cellules souches à des patientes atteintes de sclérodermie, celles-ci ont vu leur motricité manuelle s'améliorer.
En 2018, une équipe de chercheurs britanniques et américains a annoncé avoir restauré la vision chez deux personnes atteintes de DMLA après une greffe de cellules sur le fond de leur rétine.
Plus récemment, selon une étude clinique de 2021, des chercheurs et chercheuses sont parvenus à transformer des cellules du cerveau qui permettent de diminuer de moitié l’activité épileptique chronique.
Et pour finir parmi la liste non exhaustive des exemples d’innovation, une start-up nantaise va développer un biomédicament à partir de cellules souches destiné au traitement des insuffisances hépatiques sévères.
Une information importante à retenir est que les études cliniques en cours aujourd’hui pour les maladies rares, peuvent demain concerner beaucoup d’autres pathologies plus fréquentes.
Le gouvernement français a lancé le 7 janvier 2022 sa stratégie “Biothérapies et bioproduction de thérapies innovantes”. L’objectif est de produire, sur le sol français, au moins dix biomédicaments contre les cancers et les maladies chroniques, dont celles liées à l’âge, d’ici à 2025 et vingt d’ici à 2030. Cette stratégie doit permettre de faire de la France un leader de la médecine régénérative.
En septembre 2022, le 2ème congrès français de médecine régénératrice et de biothérapie a eu lieu à la faculté de médecine de Montpellier.
La médecine régénératrice trouve une place croissante au sein de la médecine de ces prochaines décennies. Cette révolution pose toutefois des questions, plus particulièrement sur la provenance et la production des cellules souches. Comment la société l’accepte-t-elle ?
Sources :
A quoi sert la médecine régénérative, essentiel-sante-magazine.fr
Reprogrammation cellulaire, inserm.fr
Thérapie génique, inserm.fr
Les promesses de la médecine régénérative, lesechos.fr
Médecine régénérative : comment passer de l'espoir à la pratique médicale, vidal.fr
La médecine régénérative, leem.fr
Qu'est-ce que l'ingénierie tissulaire, eurocgt.org/fr
La révolution des biothérapies, afm-telethon.fr
EcellFrance, réseau national de médecine régénérative et de thérapie cellulaire, ecellfrance.com
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