La thérapie par EMDR : que soigne-t-elle ?
Publié le 3 juin 2024 • Par Candice Salomé
La thérapie EMDR (Eye Movement Desencitization and Reprocessing), qui signifie “méthode de désensibilisation et de retraitement par les mouvements oculaires”, est une méthode principalement utilisée pour traiter les cas de stress post-traumatique (TSPT), mais est utile dans la prise en charge d’autres troubles.
Mais alors, qu’est-ce qu’est réellement l’EMDR ? Comment se déroule une séance ? Quels sont les bénéfices attendus ? Qui consulter ?
On vous dit tout dans notre article !
Qu’est-ce que l’EMDR ?
L’EMDR (Eye Movement Desensitization and Reprocessing ou « désensibilisation et retraitement par les mouvements oculaires ») est décrite pour la première fois dans des publications scientifiques, par la psychologue américaine Francine Shapiro, en 1987.
Initialement testée chez des personnes souffrant de souvenirs traumatiques, tels que les vétérans de la guerre du Vietnam, l’EMDR cible les mémoires traumatiques des individus. Elle vise à traiter les conséquences psychologiques, physiques ou relationnelles liées à un traumatisme psychique. L’efficacité de l’EMDR a été validée en 2007 par la Haute Autorité de Santé, en 2013 par l'OMS, puis en 2015 par l'Inserm.
L’EMDR se pratique aux côtés d’un psychologue ou d’un psychiatre, sur plusieurs séances. Durant ces séances, le praticien passe ses doigts devant les yeux des patients afin qu’il les suive du regard. Il peut également proposer des stimulations auditives et tactiles, sur les mains, par exemple.
L’EMDR peut être recommandée suite à un choc traumatique. En effet, lorsque le mental a été dépassé et que le cerveau est incapable de traiter ou de digérer certaines informations, ce dernier peut rester bloqué sur cet évènement, sans même que le patient en ait conscience. Certaines pathologies peuvent alors naître telles que le trouble du stress post-traumatique (TSPT) ou des problèmes névrotiques.
Dans quels cas l’EMDR peut-elle être bénéfique ?
L’EMDR est efficace dans de nombreux cas. Elle permet à nombre de patients de soigner certains traumatismes, chocs émotionnels ou encore deuils. Cette thérapie permet également de traiter les troubles et manifestations pouvant découler de ces derniers, tels que :
- L'angoisse,
- L’irritabilité,
- Les terreurs nocturnes,
- Les cauchemars,
- La tendance à l’isolement,
- Certains troubles du comportement alimentaire (TCA),
- La somatisation,
- Les états dépressifs.
Comment se déroule une séance d’EMDR ?
L’EMDR utilise un protocole de traitement codifié en 8 phases :
Le diagnostic et la planification
La première étape consiste à s’assurer que l’EMDR est adaptée au patient et à ses problématiques. Cela passe par une évaluation permettant de valider que le patient a la capacité de faire face à ses souvenirs traumatiques, puisqu’ils seront ravivés pendant la thérapie. Le praticien prépare alors le patient à un plan de traitement.
La préparation et la relaxation
Le praticien prépare ensuite son patient à l’EMDR en lui expliquant le déroulement de la séance. Il entraîne le patient à quelques techniques de relaxation et s’assure qu’il est en mesure de contrôler les émotions qui succèderont au ravivement des souvenirs traumatiques.
L’évaluation
C’est lors de cette phase que le praticien et son patient déterminent les souvenirs qui feront l’objet du traitement. Pour chaque évènement ou situation anxiogène dans le présent, liés à un évènement traumatisant du passé, le patient doit choisir une image qui représente l’évènement ou la situation, une idée négative associée à l’évènement (“cognition négative”) et une idée susceptible d’élever l’estime de soi (“cognition positive”).
La désensibilisation
Ici, le patient se fixe sur l’image traumatisante, l’idée négative et le ressenti corporel. Le praticien déplace ses doigts, ou un point lumineux, au niveau des yeux du patient, d’un côté et d’un autre, alternativement. D’autres stimuli, tels que des bruits, des stimulations tactiles, peuvent également être utilisés lors de cette phase.
Le patient suit alors les associations mentales qui se font naturellement pendant cet exercice. Les séries de stimulations bilatérales continuent jusqu’à ce que le souvenir ne soit plus source de perturbations et soit associé à des ressentis calmes, couplé à des pensées positives et constructives.
L’ancrage
Cette phase a pour objectif de contrôler la validité de la croyance positive et de renforcer son lien avec le souvenir ciblé.
Le body-scan
Ici, le but est de lier la phase d’ancrage avec les réactions physiques ressenties par le patient.
La clôture
A la fin d’une séance d’EMDR, le praticien s’assure que le patient se trouve dans un état émotionnel stable. Il prépare aussi le patient à réagir correctement (grâce à des exercices de relaxation) au cas où le souvenir de l’expérience traumatisante refasse surface entre les séances.
La réévaluation
Au début de la séance suivante, le praticien évalue les effets de la séance précédente, et décide de continuer de traiter ce souvenir-ci ou de passer à un autre souvenir ciblé.
Chaque séance dure entre 60 et 90 minutes. Il est possible d’en pratiquer jusqu’à 3 pour un traumatisme isolé, ou jusqu’à 20 lorsqu’il s’agit d’un cas plus important.
Vers qui se tourner pour l’EMDR ?
Les thérapeutes, pour pratiquer l’EMDR, doivent être reconnus comme membre d’EMDR-France en signant un engagement déontologique. L’EMDR peut être pratiqué par un psychothérapeute, un psychologue ou un psychiatre, en cabinet, à l’hôpital ou même en ligne.
Attention, quand l'événement traumatique a engendré des troubles profonds, l'EMDR n'est pas sans risque et mieux vaut l'éviter. Les séances peuvent en effet entraîner des épisodes dissociatifs sévères, qu'il est ensuite difficile de traiter.
Sources :
L’EMDR pour traiter le stress post-traumatique, vraiment ?, Inserm
Thérapie EMDR : comment peut-elle vous venir en aide ?, Qare
OSTERMANN Gérard, « L’EMDR », Hegel, 2019/1 (N° 1), p. 15-18. DOI : 10.3917/heg.091.0015.
La thérapie EMDR : comment et pourquoi ?, Novoo Moi
Intégration neuro-émotionnelle par les mouvements oculaires, Wikipédia
6 commentaires
Vous aimerez aussi
Médicaments et libido : les traitements qui peuvent affecter votre désir sexuel ?
13 nov. 2024 • 10 commentaires
Troubles de l’attachement : quelles conséquences sur nos relations interpersonnelles ?
4 nov. 2024 • 5 commentaires