Humains génétiquement modifiés : entre polémique et espoir contre les maladies héréditaires
Publié le 28 nov. 2018 • Mis à jour le 12 juin 2019 • Par Louise Bollecker
Pourra-t-on bientôt éradiquer toutes les maladies héréditaires en modifiant les gènes ? Un chercheur chinois affirme avoir fait naître les premiers bébés génétiquement modifiés mais, en raison du tollé général, il a annoncé suspendre ses essais.
Des jumelles génétiquement modifiées
Durant le second Sommet international sur l'édition du génome, à Hong Kong, le chercheur He Jiankui affirme qu'il a permis la naissance de jumelles dont l'ADN a été modifié pour les rendre résistantes au virus du sida. Huit couples - tous composés d'un père séropositif et d'une mère séronégative - se seraient portés volontaires pour l'essai, mais que l'un d'eux s'était rétracté.
L'annonce de ces naissances, qui seraient une première mondiale si elles étaient confirmées, n'a laissé personne indifférent au sein de la communauté scientifique, beaucoup dénonçant l'absence de vérification indépendante ou le fait d'avoir exposé des embryons sains à des modifications génétiques. Les chercheurs présents ont reconnu l'aspect historique d'un tel acte mais ont déploré que la prudence n'ait pas été de mise.
Certains experts estiment que de telles modifications pourraient générer des mutations non désirées dans des zones différentes de celles ciblées. M. He, qui a œuvré sans le soutien de son Université, a défendu son travail à la tribune, en déclarant que les parents volontaires étaient parfaitement conscients des risques.
La méthode des "ciseaux génétiques"
He Jiankui a employé la technique Crispr-Cas9, dite des "ciseaux génétiques", qui permet d'enlever et de remplacer des parties indésirables du génome, comme on corrige une faute de frappe sur ordinateur.
Les jumelles sont selon lui nées après une fécondation in vitro, à partir d'embryons modifiés avant leur implantation dans l'utérus de la mère. Cette technique ouvre des perspectives dans le domaine des maladies héréditaires. Mais elle est extrêmement controversée, notamment parce que les modifications réalisées seraient transmises aux générations futures, et qu'elles pourraient au final affecter l'ensemble du patrimoine génétique.
La Chine cherche à devenir un leader de la recherche génétique et du clonage. Les zones grises de la législation locale ont ouvert la voie à des expérimentations parfois controversées, car les règles bioéthiques chinoises restent très floues.
Des mutations des gènes déjà pratiquées
Des scientifiques chinois ont été les premiers en 2015 à parvenir à modifier des gènes d'embryons humains, selon la revue Nature. La même année, un site de clonage d'animaux était en construction à Tianjin, avec notamment l'ambition de produire jusqu'à un million de vaches à viande par an. Début 2018, des chercheurs chinois sont parvenus à faire naître pour la première fois des singes génétiquement identiques, par la même technique de clonage utilisée il y a plus de 20 ans pour la célèbre brebis Dolly, premier mammifère cloné.
Qu'en pensez-vous ?
Pour vous, est-ce un espoir vers la guérison, ou une boîte de Pandore ?
À vos claviers !
AFP
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