Est-ce qu'en nous présentant par notre pathologie nous nous auto-stigmatisons ?

Bonjour @Miyopi‍ 

Alors, pour ma part, je ne me présente pas par mes pathologies, mais au bout d'un moment j'en parle. Parfois, ça peut arriver des mois plus tard ou dans les 5 minutes, selon les conversations que j'ai avec la personne. Je suis restée des années dans le déni et ça m'a fait plus de mal ainsi qu'a mon entourage, que j'ai, pour la plupart, perdu. Du coup, maintenant j'en parle. Si les personnes veulent le prendre en compte tant mieux sinon tant pis. Mais si j'ai une réaction on va dire anormale pour certains, ils comprendront peut-être et ça évitera des histoires qui peuvent aller loin dans certains cas. Bien sur être malade n'excuse pas tout, mais ils sont prévenus et ça peut être plus simple à gérer.

Avant, je me disputais beaucoup avec ma mère, au point qu'on ne s'est pas parlé pendant des années. J'ai fini par lui raconter et ça a aidé. A des moments, même si ça l'irritait de me voir comme ci ou comme ça, elle prenait sur elle en se disant bon, là ce n'est pas qu'elle abuse mais c'est sa pathologie et elle essayait soit de me calmer soit de continuer comme ci de rien était le temps que ma crise redescende. C'est un peu compliqué à expliquer sans rentrer dans les détails, alors j'espère que je suis compréhensible. Et puis, elle est humaine, donc y a des moments où ça ne passait pas, mais une fois tout le monde calmé on avait compris ce qu'il s'était passé et plus besoin d'y revenir.

Donc pour ma part, je pense que c'est important d'en parler. Certains malades ne veulent pas être défini par leur maladie, mais pour moi, ça fait parti de moi. Je ne retrouverai pas mon moi d'avant. Autant que les gens soient au courant et ceux qui me jugent, peut-être qu'ils ne sont pas bons pour moi et ne devraient pas faire partie de ma vie. Ça fait du tri...

Aussi, c'est une façon de m'accepter totalement et d'apprendre à m'aimer comme je suis, avec mes bons et mauvais côtés. Certes la maladie c'est pas top, il y a plein de choses que j'aimerai ne plus avoir à vivre, mais j'apprends beaucoup de choses grâce à elle et aussi bizarre que ça puisse paraitre, elle m'aide à faire de moi une meilleure personne. Même si parfois c'est dur à vivre, j'en suis, d'un certain côté, reconnaissante.

Bonjour @Climidh‍

Ravie de voir que ma question suscite ton intérêt, merci de m'avoir répondu. J'ai participé ya deux ans à une études de deux hôpitaux universitaires, en suisse. Vu mon parcours de vie très atypique, je m'auto stigmatisais beaucoup. J'ai été tellement hospitalisé de nombreuses fois vu mon parcours très marginal que je ne me voyais pas autrement qu'une pathologie sur patte. j'ai été habituée trop souvent de n'être qu'une patiente et non en tant qu'individu tout simplement que mon insertion en société à été un parcours du combattant.

Quand jai commencé à vivre pleinement ma vie en société et intégrée, ben j'ai remarqué toute cette attention donné soudaine depuis quelques temps autour du sujet des souffrances psychique via les réseaux.  J'ai remarqué que les gens qui témoignaient se présentaient souvent comme " je m'appelle... Et suis.." dans les vidéo par exemple où ils font de la sensibilisation de la thématique de manière vulgarisée. 

Je ne comprenais pas vu que moi je me suis tellement battu pour me réapproprier mon image en tant que personne avant d'être une pathologie. 

Je te comprends quelques part et me retrouve un peu dans ton témoignage. 

Je te comprends aussi. Ça n'a vraiment pas dû être simple ce que tu as vécu.

C'est vrai que depuis quelques années, le monde s'ouvre peu à peu aux maladies mentales et d'autres sujets qui étaient tant tabous il n'y a pas si longtemps. Dans un sens, ça aide car du coup les personnes qui n'ont pas ces maladies essayent aussi de faire plus attention et malheureusement d'autres banalisent la chose.

Il y a pas mal d'années, j'étais suivie dans un centre psychiatrique et je me souviens 2 médecins, car parfois ils étaient plusieurs pendant mes consultations, ce sont limite battus entre eux, à se crier dessus "Non, mais je te dis qu'elle est bipolaire", "non, moi je te dis qu'elle souffre de mélancolie"... Ils en avaient tellement rien à faire que je sois là, assise, proche d'eux... Je suis juste partie comme ça, je ne sais même pas s'ils ont remarqué sur le coup... et bien sûr, je n'y suis jamais retournée. Ce n'étais pas la première fois que ça ne se passait pas bien avec eux. Déjà, qu'à cette époque j'y allais sous contrainte, que j'étais dans le déni, ça a beaucoup retardé de vraies prises en charge. Par contre pour me bourrer d'anxiolytiques, anti dépresseurs et neuroleptiques, ça y allait... à fortes doses ! C'est dommage car avec des médecins comme eux, on perd notre temps au final, on vit mal ou des fois pas, on fait que survivre. Aujourd'hui, je ne suis toujours pas bien insérée socialement et je sais qu'ils n'ont pas aidé. Mais bon, encore une fois, c'est une situation qui m'a, bien plus tard, fais pas mal réfléchir et qui m'aide dans un sens aujourd'hui.