Un voyage de l'extrême en hypoglycémie
Publié le 23 nov. 2016 • Par Léa Blaszczynski
Mendjam, membre Carenity est diabétique depuis 1977. Il est lui arrivé une histoire incroyable dont il a souhaité nous faire part dans cette interview, mais également dans son livre.
1 - Bonjour Mendjam, pourriez-vous vous présenter à nos lecteurs ?
Bonjour Julien et Léa ainsi qu'à toute l’équipe sans oublier tous les lecteurs de Carenity !
Mon pseudo MENDJAM 95 est la combinaison de mon nom et de mon prénom Djamel. 95 est le code postal où je réside.
J’ai un peu plus de 64 ans aujourd’hui et je devrais normalement être en retraite, sauf que je continue à exercer mon activité en tant qu’assistant médical. Je suis Français d’origine Algérienne, marié et j'ai deux grandes filles. Je vis en France depuis plus de 22 ans.
2 - Quel était votre mode de vie avant l'annonce de votre diabète ?
A l’époque, j’étais un jeune homme tout à fait ordinaire qui vivait normalement comme tous les jeunes de mon âge. Le diabète, que je ne connaissais pas du tout, est survenu lorsque je venais de terminer mes études supérieures, juste après avoir effectué mon service militaire.
J'ai commencé alors à ressentir des symptômes anormaux. Je maigrissais anormalement, je buvais beaucoup d’eau et j’urinais énormément. Je ne me sentais vraiment pas bien du tout et j’étais tout le temps fatigué et déprimé quel que soit l’effort que je venais d’effectuer. Bref, je me sentais au bord de l’épuisement ! Je pesais 48 Kg...
3 - Comment avez-vous réagi face à l'annonce du diagnostic ?
Ce fut pénible, déconcertant et ça a même été un choc émotionnel intense qui m’a bouleversé à l’époque car je n'avais pas été préparé à cet événement embarrassant et je n'avais aucune idée de ce que pouvait être cette maladie, ni quelles pouvaient en être les conséquences ni comment il fallait s’y prendre pour la soigner.
J’étais totalement perdu car je n’avais que de vagues notions qui reposaient beaucoup plus sur du "à peu près" sans être véritablement des explications médicales précises sur cette maladie. On me racontait tout et n’importe quoi... Il a fallu alors prendre sérieusement l’affaire en main pour bien m’informer. Il n’y avait à l’époque où je vous parle en 1977, ni Internet ni documentations médicales à ma portée. Je précise que je vivais encore en Algérie où l’information n’était pas suffisamment disponible. Je connaissais vaguement l’association Française des diabétiques : l’A.F.D en France, à qui j’ai envoyé un courrier pour m’abonner. 30 ans plus tard, je suis devenu « un expert de la question » selon mes médecins.
J’ai commencé par être soigné au début avec des sulfamides en comprimés tels que « Glucophage » ou « Glucidoral ». Puis n’ayant obtenu aucun résultat satisfaisant, mon médecin a décidé après une hospitalisation, de me mettre sous insuline. Alors là, j’ai connu tous les pires supplices qui pouvaient exister à mon époque. Pour connaître mon taux de glycémie (effectué aujourd’hui avec un simple lecteur de glycémie) ou pour se faire un dextro, il fallait me rendre à l’hôpital, une fois par semaine. Ce n’était donc pas à portée de main. De plus, je me piquais avec de grosses seringues et des monstrueuses aiguilles que je stérilisais à l’eau chaude dans une casserole. J’étais encore très loin des seringues jetables et des aiguilles micros fines ou des pompes à insuline que nous utilisons aujourd’hui.
4 - Que vous apporte Carenity au quotidien ?
Carenity me permet d’avoir beaucoup de contacts et d’échanges avec des personnes qui comme moi, souffrent et s’interrogent encore sur cette maladie pour savoir comment mieux vivre avec. Il m’arrive de répondre à des questions et/ou préoccupations d’autres personnes en espérant leur rendre service. C’est beaucoup plus pour moi du soutien moral et de l’encouragement pour aider les autres à faire face aux problèmes qu’ils peuvent rencontrer au quotidien.
Bien sûr, je ne suis pas médecin ni spécialiste. Cela ne demeure après tout qu’un simple échange d’idées et d’informations, ne l’oublions pas !
5 - Quel événement vous a poussé à écrire votre livre "Atterrissage à Marrakech en totale Hypo" ?
Je l’ai écrit suite à un dramatique événement que j’ai subi à bord d’un avion lors d’un voyage entre Paris et Marrakech pour aller y passer des vacances. Malgré toutes les précautions que j’avais prises, je voyageais seul et je suis tombé en grave hypoglycémie. J’ai failli y passer sans que personne ne me vienne en aide pour me secourir… Ni les stewards, ni les passagers, même ceux assis à côté de moi, n’ont essayé de m’aider. C’est scandaleux de se sentir abandonné sans que quelqu’un ne lève son petit doigt pour signaler un événement anormal à bord.
J'ai pu être soigné lorsque l’avion a atterri à Marrakech et lorsque on s’est aperçu que je ne pouvais me lever de mon siège quand le steward est venu me demander de descendre de l’avion. Une heure de plus et s’en était fini pour moi ! Il a fallu l’arrivée du médecin de l’aéroport aidé de son infirmier pour m’emmener à l’infirmerie.
A mon retour en France, j’ai voulu écrire cette anecdote que j’ai envoyée à l’A.F.D qui l’a publié dans son numéro 295 de septembre 2013. A l’issue de quoi, j’ai reçu beaucoup de mails de soutien et d’encouragement de la part des diabétiques émus par mon histoire.
L’idée a alors germé d'en faire un livre. Le plus important n’est pas seulement l’histoire que je raconte comme un roman, mais ce sont surtout toutes les explications détaillées sur la maladie et sur le comment et le pourquoi du diabète avec des conseils et recommandations que je donne pour aider les diabétiques qui ne connaissent pas forcément grand-chose (comme moi en 1977) afin d mieux comprendre cette maladie et s'en prémunir contre tous les dangers du diabète.
6 - Quel message avez-vous voulu faire passer à vos lecteurs à travers ce livre ?
Mon message est très simple. A mon stade, je dirais que je ne connais pas tout sur le diabète bien sûr, mais probablement beaucoup de choses sur cette maladie qui font que je me soigne très bien aujourd’hui : j’ai eu lors de mes dernières analyses, une HbA1c ou Hémoglobine glyquée = à 6,02.
Je vois autour de moi beaucoup de chiffres affolants tels que 8, 9 ou plus. Je veux donc simplement leur dire que je suis un malade comme eux et solidaire avec eux. Je veux leur venir en aide grâce à mon expérience.
Il ne faut pas se sentir non plus obligé de lire mon livre. Je ne veux pas en faire la publicité mais la plupart des personnes qui l’ont lu l’ont trouvé éducatif et l’ont recommandé.
Par ailleurs, c'est un livre optimiste qui donne envie de se sentir bien dans sa peau même quand on est malade, et donne envie de continuer à lutter pour vivre simplement comme tout le monde.
Si j’avais eu ce livre entre les mains quand j’avais 27 ans au début de ma maladie, beaucoup de choses se seraient passées autrement dans ma vie. Il est disponible en cliquant ici.*
7 - Auriez-vous un dernier message à transmettre aux diabétiques ?
Oui absolument. Il faut surtout bien se soigner et bien surveiller sa maladie. Il faut mener une vie saine et sereine sans abus et voir périodiquement son médecin et/ou ses spécialistes pour les différents contrôles trimestriels ou semestriels. N’en négligez surtout aucun.
Après, il faut aussi oublier qu’on est malade et voir la vie toujours du bon côté.
* Ce livre témoignage ne se substitue pas à un livre médical. Il est nécessaire de consulter votre médecin en cas de questions médicales.
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