Qu’est-ce que l’intolérance à l’histamine ?
Publié le 28 mai 2023 • Par Candice Salomé
Le syndrome d'intolérance à l'histamine (ou histaminose) est un ensemble de symptômes chroniques causé par un déséquilibre entre l'histamine accumulée dans l’organisme et ses capacités de dégradation ce qui provoque un taux excessif d'histamine.
Mais alors, qu’est-ce que l’histamine ? Quels sont les symptômes d’une intolérance à l’histamine ? Comment diagnostique-t-on une intolérance à l’histamine ? Quels sont les traitements ?
On vous dit tout dans notre article !
Qu’est-ce que l’histamine ?
L’histamine est une molécule biologique naturellement synthétisée chez l'être humain et les animaux. C’est une substance dite “messagère” qui transmet et diffuse l’information entre les cellules et joue un rôle physiologique important dans plusieurs fonctions de l’organisme. L’histamine est synthétisée à partir de l’histidine (un acide aminé) et stockée principalement dans les cellules immunitaires, les mastocytes et les polynucléaires basophiles. Dans notre organisme, elle est principalement dégradée par l'enzyme diamine oxydase (DAO).
L’histamine joue un rôle au niveau digestif en stimulant la sécrétion de l’acidité nécessaire à la digestion et à la stérilisation des aliments. Au niveau neurologique, elle participe aux fonctions de veille et de sommeil.
L’histamine exerce ses effets via l’activation de quatre récepteurs histaminiques : H1, H2, H3 et H4.
Les récepteurs H1 sont présents dans quasiment tout l’organisme humain, les récepteurs H2 sont présents dans l’estomac, les récepteurs H3 sont présents dans les poumons, l’intestin et le cerveau et, enfin, les récepteurs H4 sont présents essentiellement dans le cerveau. L’histamine agit donc sur différents organes (cerveau, l’estomac, système cardiovasculaire et respiratoire…) ce qui peut expliquer la diversité des signes lors d’une libération trop importante d’histamine.
Quels sont les causes et les symptômes d’une intolérance à l’histamine ?
Dans les phénomènes allergiques, l’histamine est libérée en masse lorsque l’organisme est en contact avec une substance à laquelle il est sensibilisé. Son action va générer une dilatation des petits vaisseaux (appelés capillaires) qui entraînera une rougeur cutanée, et augmenter la libération d’eau par les vaisseaux, entraînant un œdème mais aussi une baisse de la pression artérielle, une accélération du rythme cardiaque et une constriction des bronches.
En effet, en raison d’une carence, d’un dysfonctionnement ou d’une activité altérée de l'enzyme diamine oxydase (DAO), certaines personnes ne tolèrent pas l’histamine. Il a été estimé que 1 % de la population est intolérante à l'histamine.
Le tableau clinique de l’intolérance à l’histamine comprend de nombreux symptômes :
- Rougeur soudaine (visage),
- Démangeaisons et rougeurs sur le corps,
- Troubles digestifs comme nausées, vomissements, diarrhée, douleurs abdominales,
- Chute de tension, vertiges, tachycardie,
- Nez qui coule, rhume chronique,
- Maux de tête, migraine,
- Yeux rouges, gonflement des lèvres,
- Chez la femme : troubles menstruels.
Les symptômes ne se manifestent pas de la même manière chez tout le monde. Certaines personnes ne développent qu’une partie des symptômes listés.
Le déclencheur principal des troubles est un apport élevé d’histamine via l’alimentation. Chez certaines personnes, le corps ne peut plus décomposer suffisamment l’histamine des aliments lorsque l’organisme ne dispose pas d’une quantité suffisante de DAO.
L’histamine se trouve en concentration importante dans les produits d’origine animale comme dans les produits d’origine végétale. Le processus de fermentation influence le taux d’histamine des aliments. Plus les aliments sont frais, mieux ils sont généralement tolérés.
Ainsi, les aliments tels que les fromages fermentés, la charcuterie, les poissons – notamment lorsqu’ils ont été séchés ou fumés - les fruits (notamment les fraises), les légumes (tomate, épinards), la choucroute, le chocolat, la bière, le vin… sont riches en histamine.
En outre, la sécrétion d'histamine est augmentée en cas de stress. Un stress prolongé peut ainsi entrainer une augmentation constante de la sécrétion d’histamine.
Les médicaments ou l’alcool, même en faible quantité, peuvent bloquer temporairement le travail de l'enzyme diamine oxydase (DAO). Son activité peut aussi être altérée à la suite de maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (MICI) telle que la maladie de Crohn ou la maladie cœliaque. Dans le cas d’une pathologie chronique, le déficit enzymatique est permanent.
Comment savoir si on est intolérant à l’histamine ?
L’intolérance à l’histamine est différente de l’allergie à l’histamine. Néanmoins, il est souvent difficile de faire la distinction entre les deux conditions puisque les symptômes apparaissent après la consommation de certains aliments et sont pratiquement identiques. On parle donc de “pseudo-allergie”.
Puisque les symptômes ne sont pas spécifiques, il faut, dans un premier temps, exclure certaines allergies et intolérances alimentaires telles que l’intolérance au lactose, la maladie cœliaque ou la malabsorption du fructose, ou encore d’autres maladies aux symptômes similaires.
Habituellement, le médecin va procéder à une analyse de dépistage des intolérances et allergies alimentaires. Cependant, cela ne permet pas de déceler une intolérance à l’histamine.
Le diagnostic d'intolérance à l'histamine est d'abord clinique, grâce à l'interrogatoire. Il est également possible de doser l'activité de l'enzyme diamine oxydase (DAO) dont l’activité est troublée en cas d’intolérance à l’histamine.
En cas de suspicion d’une intolérance à l’histamine, une alimentation pauvre en histamine peut être suivie pendant 10 à 14 jours et doit être encadrée par un diététicien ou un médecin nutritionniste. L’intolérance à l’histamine sera confirmée si les symptômes tendent à s’améliorer durant cette période.
Comment traiter une intolérance à l’histamine ?
Alimentation
Une fois l’intolérance à l’histamine diagnostiquée, le traitement le plus efficace consiste à éviter les aliments très riches en histamine. Néanmoins, cela peut s’avérer compliqué puisque l’histamine est présente dans de nombreux aliments et les industriels ne sont pas obligés de le mentionner sur les emballages.
De nombreuses listes d’aliments sont disponibles sur Internet mais peu contiennent des données de mesures scientifiques sur la teneur en histamine des aliments. Cela est dû au fait que cette teneur est influencée par plusieurs facteurs tels que la quantité absorbée d’un aliment mais aussi le seuil de tolérance individuel.
Les aliments à éviter d’une manière générale sont ceux ayant subi un processus de fermentation ou de maturation :
Traitements médicamenteux
Afin de limiter les symptômes survenant après une libération importante d’histamine, des médicaments antihistaminiques peuvent être utilisés.
L’histamine exerce son action sur des récepteurs cellulaires appelés récepteurs H1. Les antihistaminiques anti-H1 vont prendre la place de l’histamine sur ces récepteurs et empêcher son action.
Il existe deux catégories d’antihistaminiques :
- Les anti-H1 de première génération : ils comportent de nombreux effets secondaires comme la somnolence et la fatigue,
- Les anti-H1 de seconde génération qui, eux, n'ont peu voire pas d’effets secondaires.
L'intolérance à l'histamine ne peut être guérie par des médicaments. Cependant, les médicaments antihistaminiques peuvent aider à soulager les symptômes à court terme.
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