Jeûne intermittent et maladies chroniques : tout comprendre
Publié le 3 mars 2020 • Par Camille Dauvergne
Jeûner signifie se priver volontairement de nourriture. Il s’agit d’une pratique ancestrale souvent réalisée pour des raisons religieuses ou spirituelles mais aussi dans un but thérapeutique. Il devient même une pratique à la mode ! On fait le point pour vous aider à y voir plus clair.
Qu’est-ce que le jeûne intermittent ?
Jeûner signifie se priver volontairement de nourriture. Il s’agit d’une pratique ancestrale, il est souvent réalisé pour des raisons religieuses ou spirituelles mais aussi dans un but thérapeutique. Il devient même une pratique à la mode !
Le jeûne intermittent consiste à réduire sa fenêtre de prise alimentaire, c’est-à-dire que l’on mange autant mais sur une période plus courte. Autrement dit, cela consiste à supprimer soit le dîner, soit le petit-déjeuner, en mangeant l’équivalent du repas supprimé le reste de la journée. Le jeûne intermittent peut aussi consister à réduire son apport calorique avec des jours sans prise alimentaire et des jours « normaux ».
Il faut donc distinguer le jeûne intermittent du jeûne complet (apport calorique nul) et du jeûne partiel continu (restriction continue de l’apport calorique). Ce jeûne peut être pratiqué par une personne saine (plutôt à visée préventive) ou par un sujet malade (plutôt à visée curative/thérapeutique).
Les différents types de jeûnes intermittents
On peut distinguer plusieurs types de jeûnes intermittents comme :
- La méthode 16/8 : qui consiste à jeûner 16h sur 24h, ce qui est bien plus courant que ce que l’on ne pense car beaucoup de gens sautent le petit-déjeuner !
- La méthode 5/2 : où l’on consomme 500 kcal par jour réparties en 2 repas
Ces deux méthodes sont destinées à des pratiques occasionnelles, chez des sujets qui n’ont pas l’habitude de sauter un repas, pour mettre le système digestif au repos.
- Jeûner 1 jour sur 2, ou bien 1 jour une à deux fois par semaine
- Le jeûne thérapeutique (sanogénèse) : qui doit être encadré par un professionnel de santé et pratiqué pour des raisons thérapeutiques (cancer, pathologies inflammatoires chroniques…)
- Jeûner quand on veut/ peut : en fonction de vos sensations de faim, il s’agit de la méthode la plus intuitive
Les avantages du jeûne intermittent
Le jeûne intermittent semble avoir des effets sur le rythme circadien, le microbiote intestinal et la restriction calorique. Concernant son effet sur le microbiote intestinal, il semble diminuer les désagréments liés à des problèmes de perméabilité intestinale et d’inflammation souvent présents chez les personnes obèses notamment.
De nombreuses personnes semblent avoir perdu du poids grâce au jeûne intermittent du fait que, s’il est bien pratiqué, le métabolisme s’adapte à la restriction alimentaire en puisant dans les réserves de lipides une fois que les réserves alimentaires ont été épuisées.
D’autres effets bénéfiques peuvent être observés comme une diminution de la sensation de faim, un meilleur sommeil ou encore un gain de vitalité et de concentration.
Est-ce médicalement validé ?
9 études interventionnelles étudiant l’effet du jeûne intermittent sur plusieurs mois chez des patients souffrant de surpoids ou d’obésité ont été conduites. Parmi elles, 7 ont confirmé une perte de poids et environ la moitié a montré une amélioration des marqueurs métaboliques. Cependant, les marqueurs métaboliques ne sont pas toujours améliorés dans les différentes études. Il est assez clairement établi que le jeûne intermittent est plus bénéfique que l’abstinence alimentaire complète et que certains régimes restrictifs. Des études scientifiques ont été menées chez la souris montrant de bons résultats sur l’augmentation de la durée de vie, sur la résistance au stress oxydatif et sur la toxicité sous chimiothérapie.
Attention ! Il est important de noter que les études effectuées sur le jeûne intermittent ne sont pas toujours de haute qualité et bien contrôlées, et présentent souvent un faible niveau de preuves.
Dans quelle(s) maladie(s) est-il indiqué ?
Le jeûne intermittent permettrait d’améliorer les symptômes dans les syndromes de l’intestin irritable, améliorerait la douleur et la raideur matinale en cas de polyarthrite rhumatoïde, diminuerait significativement la douleur lors de syndromes douloureux chroniques comme la fibromyalgie. Dans le cadre de syndromes métaboliques comme le diabète, le jeûne métabolique permettrait d’augmenter la sensibilité à l’insuline, stimulerait la lipolyse et diminuerait la pression artérielle. Il améliorerait également les signes de dermatite atopique.
Le jeûne dans le cadre du cancer
Le jeûne (de manière générale) est en développement dans le domaine de l’oncologie : il améliorerait l’effet des traitements contre les cellules cancéreuses, protégerait les cellules saines, réduirait les effets secondaires sous chimiothérapie, comme les nausées/vomissements chimio-induits, les diarrhées et crampes abdominales, et reconstruirait plus rapidement le système immunitaire et hématopoïétique (qui synthétise les constituants du sang).
Le jeûne dans le cadre des maladies cardiovasculaires
On a constaté une amélioration du métabolisme des lipides ; une amélioration des marqueurs inflammatoires ; une amélioration de l’hypertension artérielle ; une diminution du poids ; une amélioration des paramètres glycémiques.
D’autres régimes comme le Fast Mimicking diet peut être indiqué dans la maladie de Crohn. Il s’agit de consommer pendant 5 jours des repas déjà préparés, faibles en calorie (restriction calorique journalière), et riches en bonnes graisses.
Cependant, aucune conclusion fondée et démontrée scientifiquement n’a permis de valider ces indications médicales. Chez des patients atteints de maladie chronique, il est indispensable d’obtenir un avis médical avant de débuter un jeûne intermittent, et il doit faire l’objet d’un suivi médical approprié, dans un centre de jeûnes par exemple.
Pour qui est-il contre-indiqué ?
Le jeûne intermittent est contre-indiqué chez les enfants, les femmes enceintes ou allaitantes, les personnes âgées, à risque d’hypoglycémie ou avec des déséquilibres hormonaux.
Quelques conseils avant de vous lancer dans un jeûne intermittent
- Bien s’hydrater avec minimum 2 à 2.5 litres d’eau/tisane par jour
- Maintenir des apports en protéines adaptés (environ 1.2 g de protéines /kg/jour)
- Consommer des graisses de qualité, notamment les graisses végétales, entre les périodes de jeûne
Si vous ne savez pas quel type de jeûne vous correspond et comment s’y prendre, il est préférable de consulter un professionnel de santé avant de commencer le jeûne.
Et vous, pratiquez-vous le jeûne intermittent ? Avez-vous noté une amélioration de votre santé ?
Attention, cet article est général et ne remplace en aucun cas une prescription médicale. Il ne fait pas mention des éventuels cas particuliers qui peuvent exister. Chaque patient est différent, aussi parlez-en à votre médecin !
Sources : https://www.luxia-scientific.com/en/blog/le-jeune-intermittent ; https://www.chuv.ch/fileadmin/sites/glg/documents/glg_symposium_gastro-enterologiemici_fev2016_mottet.pdf ; https://www.inserm.fr/sites/default/files/2017-11/Inserm_RapportThematique_EvaluationEfficaciteJeune_2014.pdf ; http://www.sante-et-nutrition.com/jeune-et-sport/ ; https://www.sciencedaily.com/releases/2019/03/190306171247.htm
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