Du "no me" au "know me" ou mieux connaître son patient
Publié le 13 févr. 2018
Connaître le patient en tant que personne, est la clef dans l'ère de la médecine de précision, relève cette revue de la littérature, menée à l'Université Johns Hopkins (Baltimore).
Alors que la relation médecin-patient évolue, que le médecin passe plus de temps "dans" le dossier patient qu’"avec" le patient lui-même, cette analyse, présentée dans les Annals of Family Medicine, rappelle non seulement que les patients veulent aussi un médecin qui écoute, soigne et explique, mais que les soins personnalisés dépendent tout autant des dimensions psychosociales ou spirituelles des patients que de leur génome ou de leurs antécédents. Les auteurs définissent ainsi le concept de "personome" comme un préalable à une médecine de précision.
Le médecin apparaît trop fréquemment plus concentré sur l'ordinateur que sur le patient : l'interaction patient-médecin a changé, remarquent les auteurs. Les médecins passent la majeure partie de leur temps sur leur ordinateur, examinant des images radiographiques, des résultats de tests ou les données du dossier patient. Les chercheurs rappellent une étude récente qui notait que : "les patients invoquaient le positionnement de l'écran, entre le médecin et eux-mêmes et l’absence de contacts oculaires comme un facteur de perte de qualité des soins."
Traiter en tant que personne et pas en tant que malade
Une expérience "sans moi" ou "no me", c’est ainsi que certains patients décrivent la consultation à l’occasion d’un sondage national mené sur l'interaction patient-médecin, auprès de 800 patients et 510 médecins. 85% des patients et 76% des médecins indiquent par ailleurs l’importance de cette "compassion" ou relation pour la qualité soins. 81% des patients et 71% des médecins soutiennent qu'une bonne communication peut faire la différence dans les résultats de santé.
Cette nouvelle enquête menée auprès de 51 usagers de santé recrutés dans les espaces publics, institutions pour personnes âgées et centres de santé communautaires confirme que si la priorité est bien donnée aux "compétences générales" des médecins, il est important d'avoir un médecin qui écoute, soigne et explique. Les patients veulent avoir l'impression que leur médecin les connaît en tant qu'individu. Or une autre enquête, plus large, menée sur 39.000 patients révèle que seulement 42% d’entre eux reconnaissent que leur médecin a "fait des efforts pour apprendre à me connaître en tant que personne".
Chaque patient est unique
C’est exact pour les données de génomique, la pharmacogénomique, protéomique, la métabolomique et d'autres "omiques" écrivent les auteurs, mais les dimensions de l'unicité du patient ne se résument pas à ces données. L’unicité du patient tient aussi à ses "dimensions psychosociales ou même spirituelles". Et ce n’est pas tout. Bien évidemment l’environnement de vie ou les facteurs environnementaux sont également évoqués, dont le contexte psychosocial, les déterminants sociaux de la santé, le soutien de la famille et des amis, la réaction à la maladie et les antécédents doivent également être intégrés dans une démarche de précision.
Et cela est plus compliqué qu’il n’y parait : il s’agit d’apprendre à poser les bonnes questions pour comprendre les valeurs et les objectifs de chaque patient, ses croyances en matière de santé et ses préférences personnelles. Ici, les auteurs proposent une liste de questions de base qui peuvent être posées en consultation. La compréhension de chaque patient en tant que personne, requiert également "une technique", la science de la "personomie", d’autres recherches sont nécessaires pour développer les meilleures pratiques dans ce domaine.
La "personomie" doit être considérée comme essentielle pour exploiter correctement l'individualité génétique et biologique du patient et lui apporter les meilleurs soins.
Et vous, avez-vous le sentiment que votre médecin vous connaît ?
Santé Log
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