L’impact du myélome multiple sur les os : comment prévenir les fractures ?

Comprendre l’impact du myélome multiple sur les os 

Le myélome multiple, également appelé maladie de Kahler, est un cancer du sang qui affecte certaines cellules du système immunitaire : les plasmocytes (un type de globule blanc qui produit des anticorps, essentiellement situé dans la moelle osseuse). Lorsqu’ils deviennent anormaux, ces plasmocytes prolifèrent de manière incontrôlée et perturbent l’équilibre naturel du renouvellement osseux, entraînant une fragilité accrue du squelette. 

Le rôle des plasmocytes anormaux dans la destruction osseuse 

Dans un os sain, un équilibre constant existe entre la formation osseuse (assurée par les ostéoblastes) et la résorption osseuse (réalisée par les ostéoclastes). Cet équilibre permet de maintenir la solidité du squelette tout au long de la vie. 

Cependant, dans le myélome multiple : 

• Les plasmocytes malins produisent des substances qui stimulent excessivement les ostéoclastes, responsables de la destruction osseuse. 
• Simultanément, ces mêmes cellules cancéreuses inhibent l’action des ostéoblastes, empêchant ainsi la réparation et la reconstruction des os. 
• Ce déséquilibre entraîne la formation de lésions ostéolytiques, c’est-à-dire des trous dans l’os, qui le rendent plus fragile et vulnérable aux fractures. 

L’hypercalcémie et ses conséquences 

Lorsque les os se dégradent rapidement sous l’effet des ostéoclastes suractivés, une grande quantité de calcium est libérée dans le sang, provoquant une hypercalcémie. Cette augmentation anormale du taux de calcium peut engendrer plusieurs symptômes : 

• Fatigue intense et faiblesse musculaire, 
• Nausées, vomissements et constipation, 
• Troubles de la concentration et confusion mentale, 
• Problèmes rénaux (calculs, insuffisance rénale). 

L’hypercalcémie, fréquente chez les patients atteints de myélome multiple, aggrave leur état général et peut indirectement favoriser les chutes et fractures. 

Les os deviennent plus fragiles 

Plusieurs mécanismes contribuent à la fragilité osseuse dans le myélome multiple : 

• Formation de lésions ostéolytiques : les "trous" dans l’os affaiblissent sa structure, augmentant le risque de fractures spontanées. 
• Perte de densité osseuse : la diminution de l’activité des ostéoblastes empêche la régénération osseuse. 
• Diminution de la mobilité : la douleur et la fatigue limitent l’activité physique, ce qui accentue la perte de masse musculaire et osseuse. 
• Effets secondaires des traitements : certains médicaments utilisés contre le myélome peuvent accentuer la déminéralisation osseuse. 

Localisation des lésions osseuses les plus fréquentes 

Les fractures dans le myélome multiple surviennent principalement dans les zones où les lésions ostéolytiques sont les plus nombreuses. Les parties du corps les plus touchées sont : 

• La colonne vertébrale : les vertèbres sont particulièrement vulnérables aux fractures par compression, ce qui peut entraîner une perte de taille, des douleurs chroniques et parfois une atteinte neurologique (compression de la moelle épinière). 
• Les côtes : des fractures spontanées peuvent survenir, provoquant des douleurs thoraciques aiguës. 
• Le bassin : une atteinte pelvienne peut compliquer la mobilité et augmenter le risque de chutes. 
• Le fémur et l’humérus : ces os longs peuvent se fracturer même après un choc mineur, notamment en raison de la diminution de la densité osseuse. 

Certaines de ces fractures peuvent être silencieuses au départ, mais elles entraînent progressivement des douleurs et une perte de mobilité. 

Les facteurs aggravants des fractures chez les patients atteints de myélome multiple 

L’âge et les comorbidités 

Avec l’âge, la densité osseuse diminue naturellement, ce qui rend les personnes âgées encore plus vulnérables aux fractures. Les patients atteints de myélome multiple sont majoritairement diagnostiqués après 60 ans, ce qui accentue le problème. 

D’autres pathologies associées peuvent également jouer un rôle : 

• Ostéoporose préexistante : une perte osseuse antérieure au diagnostic de myélome aggrave encore plus la fragilité osseuse. 
• Maladies rénales : fréquentes chez les patients atteints de myélome (à cause de l’hypercalcémie), elles altèrent le métabolisme du calcium et du phosphore, essentiels à la solidité osseuse. 
• Faiblesse musculaire et troubles de l’équilibre : l’inactivité et la fatigue favorisent les chutes, augmentant le risque de fractures. 
• Carences nutritionnelles : un déficit en vitamine D et en calcium peut accélérer la déminéralisation des os.  

Les traitements du myélome multiple 

Si les traitements du myélome multiple visent à ralentir la progression de la maladie, certains d’entre eux peuvent aussi fragiliser les os : 

• Les corticoïdes : souvent utilisés en combinaison avec d’autres traitements, ils accélèrent la résorption osseuse et favorisent l’ostéoporose. 
• La chimiothérapie : elle peut altérer le métabolisme osseux et réduire la production d’ostéoblastes, empêchant la reconstruction des os. 
• Les thérapies ciblées et immunomodulateurs : elles peuvent causer des effets secondaires comme la fatigue et la faiblesse musculaire, augmentant le risque de chutes. 
• L’inactivité liée aux effets secondaires : la douleur et la fatigue réduisent souvent l’activité physique, ce qui entraîne une perte musculaire et une diminution de la solidité osseuse. 

Comment prévenir les fractures chez les patients atteints du myélome multiple ? 

La prévention des fractures chez les patients atteints de myélome multiple repose sur plusieurs stratégies complémentaires. Il s’agit d’un travail à la fois médical, avec des traitements spécifiques, et quotidien, avec des adaptations du mode de vie. 

Les traitements médicamenteux pour protéger les os 

L’un des axes majeurs de la prévention repose sur des médicaments spécifiques qui aident à renforcer les os et limiter leur dégradation. 

Les bisphosphonates (acide zolédronique, pamidronate) agissent en inhibant l’action des ostéoclastes, les cellules responsables de la résorption osseuse excessive. Leur effet permet de : 

• Ralentir la dégradation osseuse, 
• Diminuer le risque de fractures vertébrales et des os longs, 
• Réduire les douleurs osseuses associées aux lésions du myélome. 

Les bisphosphonates sont généralement administrés par perfusion une fois par mois. Toutefois, ils peuvent avoir des effets secondaires comme des douleurs musculaires, des troubles digestifs ou un risque d’ostéonécrose de la mâchoire, qui reste rare mais sérieux. 

L’activité physique adaptée (APA) 

L’exercice physique joue un rôle essentiel dans le maintien de la solidité osseuse et musculaire. Même en présence de douleurs, une activité modérée et adaptée peut aider à : 

• Renforcer les muscles et améliorer l’équilibre, réduisant ainsi le risque de chute, 
• Préserver la densité osseuse en stimulant la régénération osseuse, 
• Diminuer la fatigue et améliorer la qualité de vie.  

L’alimentation et les suppléments pour renforcer la santé osseuse 

L’alimentation joue un rôle clé dans la prévention de la fragilité osseuse. Un apport suffisant en calcium, en vitamine D et en protéines est indispensable.