Antidépresseurs : nocifs ou incontournables ?
Publié le 18 nov. 2015
Les médicaments pour traiter la dépression ont mauvaise réputation. On fait le point avec Adeline Gaillard, psychiatre qui exerce à l’hôpital Sainte-Anne à Paris, co-auteure d’un essai sur le sujet.
Les antidépresseurs, comment ça marche ?
La dépression affecte un Français sur cinq au cours de sa vie. Elle se manifeste par de la tristesse, une fatigue pesante, un manque d’entrain; des troubles du sommeil, de l’appétit ou de la concentration… L’activité de certaines zones cérébrales se déséquilibre : par exemple, les émotions négatives comme l’anxiété ou la tristesse ne sont plus contrebalancées par une analyse rationnelle du contexte. « Les molécules contenues dans les antidépresseurs visent à rééquilibrer le fonctionnement de ces zones cérébrales, explique le docteur Adeline Gaillard. Pour y parvenir, elles modulent la concentration de certains neurotransmetteurs (dopamine, sérotonine, noradrénaline…) qui permettent aux cellules cérébrales de mieux communiquer entre elles et ainsi d’amplifier ou d’inhiber certaines informations. Mais pour l’heure, le mécanisme d’action des antidépresseurs n’est que partiellement élucidé car notre fonctionnement cérébral est extrêmement complexe. » En fonction des symptômes décrits par le patient, le médecin va prescrire le médicament le mieux adapté. Il faut attendre quinze jours avant de constater un effet et patienter parfois plus de six semaines avant d’en ressentir le bénéfice. « Ce n’est pas une béquille ponctuelle, mais un traitement de fond. »
Y a-t-il un risque de dépendance ?
« Non. La dépendance est un phénomène psychologique et biologique induit par des substances comme l’alcool, la nicotine, le cannabis et les drogues, assure la psychiatre. Ces substances provoquent un effet immédiat. Elles se caractérisent par la nécessité d’augmenter les quantités pour obtenir le même effet, et par des symptômes de manque. Ces phénomènes n’existent pas avec les antidépresseurs, dont l’effet est différé dans le temps. » Comme les personnes prenant des traitements contre le diabète ou l’hypertension, les patients soignés par antidépresseurs ont besoin de leurs médicaments pour être en meilleure santé, mais ils n’y sont pas accros. « Pour autant, un tel traitement ne doit pas être interrompu brutalement, car il existe un effet rebond. »
« Non. La dépendance est un phénomène psychologique et biologique induit par des substances comme l’alcool, la nicotine, le cannabis et les drogues, assure la psychiatre. Ces substances provoquent un effet immédiat. Elles se caractérisent par la nécessité d’augmenter les quantités pour obtenir le même effet, et par des symptômes de manque. Ces phénomènes n’existent pas avec les antidépresseurs, dont l’effet est différé dans le temps. » Comme les personnes prenant des traitements contre le diabète ou l’hypertension, les patients soignés par antidépresseurs ont besoin de leurs médicaments pour être en meilleure santé, mais ils n’y sont pas accros. « Pour autant, un tel traitement ne doit pas être interrompu brutalement, car il existe un effet rebond. »
Quels sont les effets secondaires ?
« Le plus souvent, ils sont bénins: maux de tête, troubles digestifs… Il peut aussi y avoir, surtout au début, une anxiété plus forte, surtout chez les sujets les plus angoissés, et un sentiment d’apathie avec une distanciation accrue par rapport aux émotions. On observe parfois une prise de poids ou une baisse de la libido. » Ce sont des causes fréquentes d’interruption du traitement, mais il est préférable d’en parler avec son médecin pour trouver des solutions : elles ne sont pas parfaites, mais elles existent.
« Le plus souvent, ils sont bénins: maux de tête, troubles digestifs… Il peut aussi y avoir, surtout au début, une anxiété plus forte, surtout chez les sujets les plus angoissés, et un sentiment d’apathie avec une distanciation accrue par rapport aux émotions. On observe parfois une prise de poids ou une baisse de la libido. » Ce sont des causes fréquentes d’interruption du traitement, mais il est préférable d’en parler avec son médecin pour trouver des solutions : elles ne sont pas parfaites, mais elles existent.
Existe-t-il des alternatives aussi efficaces ?
« Les antidépresseurs font partie de la boîte à outils pour soigner la dépression et éviter les récidives, souligne Adeline Gaillard. Ils sont complémentaires d’autres stratégies comme les psychothérapies cognitives et comportementales qui ont montré leur intérêt dans la prise en charge de la maladie. » En cas de dépression légère, une psychothérapie suffit généralement. En cas de dépression modérée ou sévère, les antidépresseurs sont nécessaires et le traitement doit commencer le plus tôt possible. « Plus un épisode dépressif s’installe dans la durée, plus il est difficile à traiter. » Dans certains cas très sévères (dénutrition, idées délirantes, risque suicidaire majeur…), si les antidépresseurs ne suffisent pas, on peut avoir recours à l’électro-convulsivothérapie. « Cette technique s’est bien améliorée et permet une amélioration souvent plus rapide », assure le docteur Gaillard.
« Les antidépresseurs font partie de la boîte à outils pour soigner la dépression et éviter les récidives, souligne Adeline Gaillard. Ils sont complémentaires d’autres stratégies comme les psychothérapies cognitives et comportementales qui ont montré leur intérêt dans la prise en charge de la maladie. » En cas de dépression légère, une psychothérapie suffit généralement. En cas de dépression modérée ou sévère, les antidépresseurs sont nécessaires et le traitement doit commencer le plus tôt possible. « Plus un épisode dépressif s’installe dans la durée, plus il est difficile à traiter. » Dans certains cas très sévères (dénutrition, idées délirantes, risque suicidaire majeur…), si les antidépresseurs ne suffisent pas, on peut avoir recours à l’électro-convulsivothérapie. « Cette technique s’est bien améliorée et permet une amélioration souvent plus rapide », assure le docteur Gaillard.
Ouest-France.fr
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