Vrai/faux sur les médicaments génériques !
Publié le 17 avr. 2023 • Par Candice Salomé
En France, nous utilisons peu de médicaments génériques, contrairement à nos voisins européens. Ils sont pourtant aussi efficaces que les médicaments “classiques” (appelés médicaments de référence ou princeps) mais restent victimes d’une certaine défiance et de nombreuses idées reçues.
Mais alors, qu’est-ce qu’un médicament générique ? Quelles différences avec les médicaments de référence ? Pourquoi utiliser un médicament générique ?
On vous dit tout dans notre article !
Qu’est-ce qu’un médicament générique ?
Les médicaments génériques existent dans la quasi-totalité des pays industrialisés comme dans ceux en voie de développement. L’apparition des génériques est liée à l’expiration des brevets des médicaments communément prescrits à la fin des années 80. En France, les pouvoirs publics ont promu activement leur développement depuis la fin des années 90. Depuis, ils ont connu une progression significative.
Les médicaments génériques sont fabriqués à partir de la même molécule que les médicaments déjà autorisés (les médicaments de référence ou princeps) dont le brevet est tombé dans le domaine public.
Ils ont la même composition qualitative et quantitative en principes actifs. Les principes actifs sont les composants d’un médicament à l’origine de ses propriétés thérapeutiques. Un médicament est normalement constitué d’un ou plusieurs principes actifs et d’excipients qui les accompagnent.
Les excipients, quant à eux, sont des éléments sans activité thérapeutique entrant dans la composition d’un médicament (ou qui sont utilisés dans sa fabrication). Certains excipients doivent être pris en compte dans la prescription ou dans la délivrance des traitements car ils peuvent entraîner des réactions allergiques. On les appelle les “excipients à effet notoire”.
De plus, les médicaments génériques ont la même forme pharmaceutique et ont démontré leur bioéquivalence, c’est-à-dire qu’ils se comportent de la même façon dans l’organisme que les princeps.
Néanmoins, leur coût est moindre car il ne présente pas de frais de recherche et de développement pour les laboratoires pharmaceutiques.
Quelles sont les idées reçues concernant les médicaments génériques ?
Les médicaments génériques sont moins efficaces que les médicaments de référence.
FAUX. Les génériques sont des médicaments fabriqués à partir de la même molécule que les médicaments de référence (les princeps, qui signifie “premier”). Ainsi, quand le brevet d’un princeps tombe dans le domaine public, les laboratoires pharmaceutiques peuvent copier la composition de sa substance active et, ainsi, le commercialiser comme générique. Les princeps et les génériques ont donc la même composition en termes de principes actifs (la ou les molécules qui soignent).
Néanmoins, nous pouvons noter une différence entre un princeps et un générique : les excipients. Ces derniers peuvent modifier la couleur, l’aspect et le goût du médicament. Ils ne modifient cependant pas la substance active mais peuvent être déconseillés pour certains patients, en présence d’excipients à effet notoire. En effet, ils peuvent entraîner des intolérances pour certains individus.
Avant qu’un médicament générique ait une autorisation de mise sur le marché, il est vérifié qu’il se comporte dans l’organisme de la même façon que le princeps, on appelle cela la “bioéquivalence”.
Deux génériques produits par deux laboratoires différents peuvent connaître des différences.
FAUX. Les principes actifs contenus par les médicaments génériques d’un même médicament de référence sont exactement les mêmes. A noter, les excipients peuvent différer d’un générique à un autre. Globalement, tous les génériques d’un même groupe sont substituables entre eux.
Votre pharmacien peut choisir de vous délivrer le générique de son choix même si vous avez déjà utilisé celui d’un autre laboratoire.
Le patient peut exiger de recevoir le princeps plutôt que le générique.
VRAI. Depuis 2020, les pharmaciens ont l’obligation de délivrer le médicament générique lorsqu’il est disponible. Mais les patients, eux, peuvent le refuser et privilégier le princeps.
Dans ce cas de figure, les patients ne bénéficient pas du tiers payant et doivent envoyer une feuille de soins papier à l’Assurance maladie. Ils ne seront alors remboursés que sur la base du prix du médicament générique le plus cher.
Malgré ces mesures, moins de 40% des médicaments vendus en France sont des génériques. Il s’agit d’un des taux les plus bas d’Europe. Par exemple, en Allemagne, 75% des médicaments vendus sont des génériques.
Le médecin est en droit d’exiger le médicament de référence plutôt que le générique sur l’ordonnance.
VRAI. Le médecin peut exclure un ou plusieurs médicaments génériques dans l’ordonnance à destination de son patient. Pour cela, il doit obligatoirement indiquer la mention “non substituable” sur l’ordonnance.
Néanmoins, il ne peut le faire que les cas suivants :
- Lors d’une prescription pour un enfant de moins de 6 ans, quand aucun médicament générique n’a une forme galénique adaptée et que le médicament de référence disponible permet cette administration,
- Lorsque le patient a “une contre-indication formelle et démontrée” à un excipient à effet notoire présent dans tous les génériques disponibles et non dans le princeps. Les excipients sont des substances sans activité pharmacologique dont le but est de faire parvenir le principe actif dans l’organisme là où il doit agir. Ils jouent un rôle dans l’absorption et la stabilité du médicament. Si un patient est allergique à un excipient à effet notoire, un médecin peut être amené à considérer que ce patient a une contre-indication formelle à cet excipient à effet notoire. L’allergie doit être justifiée.
- Pour certains médicaments à marge thérapeutique étroite. Cela signifie que toute variation de dose ou de concentration dans l’organisme, même très légère, pourrait entraîner un risque de différence d’efficacité ou de sécurité, comme des effets indésirables potentiellement graves ou une diminution de l’efficacité du médicament. Une liste est établie pour ces traitements : il s’agit d’antiépileptiques, d’immunosuppresseurs, de traitement substitutif aux opiacés et d’une hormone thyroïdienne.
Pour les cas cités, l’Assurance maladie prendra en charge le médicament de référence comme s’il n’existait pas de générique.
Pourquoi les médicaments génériques sont désormais privilégiés aux princeps ?
Les laboratoires pharmaceutiques, qui fabriquent des médicaments génériques, travaillent à partir de molécules déjà commercialisées et bien connues. Cela leur permet de faire des économies sur les frais liés à la recherche et au développement. En outre, les laboratoires dépensent généralement moins dans le marketing et la publicité. Ainsi, ils peuvent proposer des prix de ventes inférieurs, en moyenne de 30%, aux princeps, tout en garantissant une qualité équivalente.
Les économies générées par les médicaments permettent ainsi de :
- Préserver le système de santé : utiliser des génériques permet de garantir l’accès aux soins pour tous,
- Prendre en charge de nouveaux traitements souvent onéreux. Les patients peuvent ainsi bénéficier précocement de traitements plus efficaces et/ou mieux tolérés contre des maladies graves,
- Financer l’innovation. En effet, en permettant de mieux rémunérer les efforts de recherche, les génériques stimulent les laboratoires pharmaceutiques dans le développement de traitements innovants.
Actuellement, les médicaments génériques permettent d’économiser 1,6 milliard d’euros par an.
Sources :
Pourquoi utiliser des médicaments génériques ?, L’Assurance maladie
Médicaments génériques : questions / réponses, Ministère de la santé et de la prévention
Les médicaments génériques, qu’est-ce que c’est ? Vidal
Médicaments génériques ou en libre-accès : ce qu’il faut savoir, L’Assurance maladie
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