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VIH : un état des lieux des avancées et de la recherche médicale

Publié le 1 déc. 2024 • Par Candice Salomé

A partir de la fin des années 1970, la pandémie de VIH (virus de l’immunodéficience humaine) est devenue un problème sanitaire mondial. En effet, le SIDA a tué plus de 35 millions de personnes dans le monde, et continu malheureusement de faire des victimes. 

Le 1er décembre se tient la Journée mondiale de lutte contre le SIDA/VIH. Profitons-en pour faire un point sur les dernières avancées médicales tant en termes de prise en charge, de prévention que de traitements à l’essai.  

On vous dit tout dans notre article ! 

VIH : un état des lieux des avancées et de la recherche médicale

A l’heure actuelle, il n’existe pas de traitement permettant d’éliminer complétement le VIH de l’organisme. Cependant, des traitements appelés trithérapies permettent de bloquer la multiplication du VIH, permettant ainsi aux patients de garder un système immunitaire opérationnel. Ces traitements sont appelés ainsi car ils combinent, en une seule prise, les actions de 3 inhibiteurs de la multiplication virale. 

La première génération de ces antiviraux était souvent responsable de lourds effets secondaires (nausées, vomissements, diarrhées, réactions cutanées, fatigue, etc.). Mais la nouvelle génération permet à une grande majorité des patients une bonne qualité de vie, s’ils sont administrés peu de temps après l’infection. Il est, en effet, recommandé d’initier le traitement au plus tôt suite à une infection au VIH. Cela va permettre de garder le système immunitaire le plus intact possible tout en limitant le risque de transmission. Ces trithérapies permettent aux personnes séropositives d’avoir une espérance de vie quasiment identique aux personnes non porteuses du VIH. 

La PrEP, ou prophylaxie pré-exposition, est un traitement préventif contre le VIH accessible en France pour les personnes présentant un risque élevé de contamination. Elle s’utilise en complément des autres mesures de prévention, telles que l’utilisation de préservatifs masculins ou féminins lors de pénétrations ou de contacts oro-génitaux. 

Ce traitement préventif, disponible uniquement sur prescription initiale hospitalière ou par un médecin dans un centre gratuit d’information, de dépistage et de diagnostic (CeGIDD), combine deux antirétroviraux, le ténofovir et l’emtricitabine, également employés dans le traitement curatif du VIH. La prescription de la PrEP nécessite au préalable de confirmer l’absence d’infection par le VIH

De nombreuses recherches et essais cliniques sont menés dans l’objectif de simplifier le quotidien des patients dans leur prise en charge médicamenteuse mais aussi dans le but de réduire le nombre de contaminations par le VIH. Les voici : 

L’essai PURPOSE 1 : une injection tous les 6 mois pour prévenir l’infection par le VIH 

Une large étude clinique menée en Afrique du Sud et en Ouganda a révélé qu'une injection semestrielle d'un nouveau traitement préventif assure une protection complète contre l'infection par le VIH. Cette étude, à laquelle ont participé 5 000 femmes âgées de 16 à 25 ans, s’est déroulée sur 3 sites en Ouganda et 25 sites en Afrique du Sud. 

L'objectif de l'étude était d'évaluer si l'administration semestrielle de lenacapavir offrait une protection supérieure contre le VIH par rapport à deux autres traitements prophylactiques, administrés quotidiennement sous forme de comprimés. Ces trois options font partie des stratégies de prophylaxie pré-exposition (PrEP)

La phase 3 de l’essai PURPOSE 1 a permis d’évaluer l’efficacité préventive du lenacapavir, atteignant, selon une analyse intermédiaire, un taux de 100 %. Aucune participante ayant reçu les injections de cette molécule n’a contracté le VIH, un résultat nettement supérieur à celui observé dans le groupe témoin, traité par voie orale avec Truvada®, un médicament préventif à prise quotidienne. 

Lors de cet essai, le lenacapavir a été bien toléré par les participantes, sans qu’aucun problème d’innocuité notable ou inédit ne soit observé. 

L’un des principaux avantages de ce traitement réside dans son mode d’administration : deux injections par an, réalisables au cours de consultations médicales standards. Ce protocole pourrait offrir une alternative plus pratique aux options actuelles de prophylaxie pré-exposition (PrEP), qui nécessitent une prise quotidienne de comprimés ou des injections tous les deux mois

Ainsi, le lénacapavir, grâce à ses deux injections annuelles pourrait contribuer à accroître l’observance et la persistance thérapeutique

Le cabotégravir injectable approuvé pour la PrEP en France 

La Haute Autorité de santé (HAS) a approuvé l’utilisation du cabotégravir injectable (Apretude®, laboratoire ViiV) dans le cadre de la prophylaxie pré-exposition (PrEP) contre le VIH. 

Dans son avis du 27 juin 2024, la commission de la HAS a estimé que cette formulation de cabotégravir représentait « une amélioration mineure du service médical rendu » (ASMR IV) par rapport au traitement oral continu associant emtricitabine et ténofovir disoproxil (Truvada®). 

Le CAB-LA est une forme de PrEP injectable intramusculaire à action prolongée. Les deux premières injections sont administrées à quatre semaines d’intervalle, puis toutes les huit semaines par la suite. En France, le cabotégravir était jusqu’à présent autorisé uniquement comme traitement injectable contre le VIH, sans indication préventive en PrEP. Aux États-Unis, cet usage est approuvé depuis 2021. 

La décision de la Haute Autorité de Santé (HAS) s’appuie sur des données probantes issues des essais cliniques HPTN 083 et HPTN 084, qui ont démontré une efficacité supérieure par rapport à la PrEP orale en prise quotidienne dans le cadre de ces études, grâce à une meilleure observance du traitement préventif. 

L’essai ANRS QUATUOR : le traitement 4 jours sur 7 

Parmi les stratégies explorées pour simplifier le traitement des personnes vivant avec le VIH, l’utilisation de bithérapies suscite un vif intérêt. Une autre approche prometteuse vise à réduire la fréquence des prises quotidiennes : les premiers résultats de l’essai ANRS Quatuor démontrent que le traitement limité à quatre jours par semaine est non inférieur en efficacité au même traitement administré sur sept jours consécutifs

L’essai ANRS QUATUOR est la première étude randomisée de non-infériorité visant à étudier l’efficacité et la sécurité du régime intermittent (quatre jours de traitements et trois jours d’arrêt) par rapport à un régime continu standard (prise quotidienne). Il a inclus, entre septembre 2017 et janvier 2018, dans 59 hôpitaux en France, 636 patients adultes infectés par le VIH-1, sous trithérapie antirétrovirale, ayant une charge virale inférieure à 50 copies/mL depuis au moins 12 mois, ne présentant pas de mutations de résistance à l’un des médicaments utilisés et n’ayant pas changé de traitement dans les quatre mois précédant l’inclusion. 

Les résultats encourageants d'un candidat vaccin 

En février 2021, une équipe française dirigée par le Pr Yves Lévy a lancé un essai clinique de phase I pour un candidat vaccin (CD40.HIVRI.Env). Ce vaccin repose sur une approche innovante : l’utilisation d’anticorps monoclonaux ciblant spécifiquement les cellules dendritiques du système immunitaire via le récepteur CD40. C’est la première fois qu’un vaccin s’adresse directement à ces cellules, essentielles à l’activation des défenses immunitaires. 

L’essai a montré une production d’anticorps anti-VIH chez 100 % des participants traités à la 26e semaine, avec des niveaux d’anticorps stables jusqu’à la 48e semaine. De plus, les volontaires ont développé des lymphocytes T CD4 ciblant la protéine d’enveloppe du VIH après l’injection. 

Les résultats confirment que ce vaccin est sûr et capable d’induire une réponse immunitaire précoce, robuste et durable. La prochaine étape consistera à initier un essai de phase II pour définir la dose optimale et évaluer son efficacité clinique. 

Conclusion 

Bien que le VIH reste une priorité mondiale en matière de santé publique, les avancées récentes offrent de nouvelles perspectives pour améliorer la prévention, les traitements et, peut-être un jour, parvenir à une éradication durable du virus. Entre l’émergence de nouveaux traitements injectables comme le lenacapavir ou le cabotégravir, les régimes thérapeutiques allégés, et les progrès prometteurs dans la recherche vaccinale, les innovations se multiplient. 

Ces avancées reflètent l’engagement constant de la communauté scientifique et médicale, mais elles soulignent aussi l’importance de l’accès universel à ces solutions pour répondre efficacement aux besoins des patients. Le chemin vers un avenir sans VIH exige une collaboration renforcée entre chercheurs, soignants, associations et pouvoirs publics, ainsi qu’un soutien indéfectible aux personnes vivant avec le virus. 

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