Quels sont les troubles psychiques et comportementaux dans la maladie de Parkinson ?
Publié le 9 janv. 2023 • Par Candice Salomé
La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative qui évolue lentement, avec un retentissement important sur la qualité de vie, l’activité professionnelle et les liens sociaux.
La maladie de Parkinson est avant tout une maladie du mouvement, elle n’entraîne que rarement des détériorations intellectuelles comme la maladie d’Alzheimer.
Néanmoins, des complications psychiques et cognitives peuvent apparaître.
Mais alors, quels sont les troubles psychiques, comportementaux et cognitifs qui peuvent apparaître avec la maladie de Parkinson ? Comment les prendre en charge ?
On vous dit tout dans notre article !
En plus de troubles moteurs, symptômes bien connus de la maladie de Parkinson, des troubles psychiques, comportementaux, psychotiques mais aussi cognitifs peuvent apparaître.
Quels sont troubles psychiques que l’on retrouve dans la maladie de Parkinson ?
L’anxiété, la dépression, l’hyperémotivité, le stress et l’apathie (absence de motivation et/ou d’envie) sont les troubles psychiques que l’on retrouve le plus fréquemment dans la maladie de Parkinson. Ils peuvent apparaître en même temps que les troubles moteurs ou survenir plus tard.
La dépression
La proportion d’individus atteints de dépression est beaucoup plus élevée parmi les patients Parkinsonien que la moyenne. Cela peut s’expliquer du fait des difficultés liées aux symptômes, de la modification des rapports avec l’entourage mais aussi de l’appréhension de l’évolution de la maladie.
Il est néanmoins important de faire la différence entre la dépression en tant que symptôme de la maladie de Parkinson et la dépression provoquée par l’annonce du diagnostic ou la crainte de l’évolution de la maladie.
En effet, la dépression est souvent présente avant les symptômes moteurs car la dopamine joue un rôle important dans la régulation de l’humeur. La dépression peut donc être un symptôme qui peut révéler une maladie de Parkinson.
L’anxiété
Près de la moitié des patients atteints de la maladie de Parkinson souffrent d’anxiété. Elle serait liée à la détérioration du système de production de la sérotonine dans le cerveau.
L’hyperémotivité et le stress
La maladie de Parkinson amplifie les émotions et le stress qui vont, à leur tour, amplifier certains symptômes moteurs tels que les tremblements ou les blocages. Des émotions telles que la joie, la tristesse ou encore la colère peuvent venir submerger les patients. Cette sensibilité accrue est due à la maladie mais peut également relever d’effets secondaires liés à la prise médicamenteuse.
L’apathie
L’apathie et la dépression peuvent être difficiles à distinguer puisqu’elles sont souvent concomitantes, avec des symptômes communs tels qu’une perte d’intérêt, un ralentissement psychomoteur, une perte d’énergie, une fatigue importante… Néanmoins, l’apathie se distingue de la dépression car il n’existe pas de tristesse. Celle-ci se définit par des troubles psychologiques propres comme le manque d’initiative, une baisse des réponses émotionnelles et de l’indifférence.
Quels sont les troubles comportementaux que l’on retrouve dans la maladie de Parkinson ?
Les troubles comportementaux observés dans la maladie de Parkinson peuvent comporter des troubles du contrôle des impulsions, des troubles psychotiques ou un syndrome de dysrégulation dopaminergique.
Les troubles du contrôle des impulsions
Selon le DSM-IV, ces troubles consistent en une impossibilité à résister à une impulsion ou la répétition d’une conduite ou d’un comportement qui altèrent de façon importante la vie familiale, sociale ou professionnelle du patient.
Pour les patients atteints de la maladie de Parkinson, ces troubles du contrôle des impulsions peuvent se manifester par :
- Une addiction aux jeux d’argent,
- Des achats compulsifs,
- Une hypersexualité,
- Une hyperactivité nocturne,
- Des comportements à risque,
- Des troubles du comportement alimentaire,
- Le développement de la créativité.
Ces troubles sont directement liés aux médicaments antiparkinsoniens, les agonistes dopaminergiques.
Les troubles psychotiques
Dans la maladie de Parkinson, les troubles psychotiques se caractérisent par l’apparition d’hallucinations, qui sont le plus souvent visuelles, mais aussi par des idées délirantes, une impression de persécution, une agitation ou un état confusionnel.
Les troubles psychotiques sont, eux aussi, liés aux agonistes dopaminergiques. Dans certains cas, ils peuvent être en lien avec la maladie elle-même mais uniquement s’ils s’accompagnent de troubles cognitifs, qui arrivent bien plus tard au cours de la maladie.
Le syndrome de dysrégulation dopaminergique
Le syndrome de dysrégulation dopaminergique induit un dysfonctionnement physique, social et émotionnel. Sa prévalence est estimée à 13,7% chez les patients sous agonistes dopaminergiques.
Ce syndrome se manifeste par des comportements stéréotypés, une irritabilité, une hypomanie, des idées paranoïdes ou délirantes et une intolérance à la frustration.
Quels sont les troubles cognitifs que l’on retrouve dans la maladie de Parkinson ?
La nature des troubles cognitifs, le moment de leur apparition ainsi que leur évolution diffèrent sensiblement d’un patient atteint de la maladie de Parkinson à un autre.
Les fonctions exécutives sont souvent les premières touchées. On remarque des difficultés d’attention, des difficultés dans la planification d’activités complexes, des difficultés à trouver des alternatives face à une impasse, et des difficultés à maintenir et à manipuler les informations en mémoire.
De plus, les capacités d’apprentissage se voient aussi être perturbées : l’acquisition de nouvelles informations et la récupération de ces dernières sont plus difficiles.
Néanmoins, la capacité à conserver de nouveaux souvenirs demeure préservée, surtout au début de la maladie.
Le trouble cognitif léger
Ce concept définit un fonctionnement cognitif qui est sous la moyenne par rapport à ce qui est normalement attendu pour l’âge et l’éducation d’un individu.
Le trouble cognitif léger touche près d’1/3 des patients atteints de la maladie de Parkinson. L’évolution du trouble cognitif léger est variable (retour à un fonctionnement cognitif normal, stabilisation ou dégradation). Il constitue néanmoins un facteur de risque majeur de développer une démence.
La démence
Un diagnostic de démence peut survenir lorsque les activités sociales ou occupationnelles du patient deviennent difficilement réalisables en raison du déclin cognitif. L’identification des facteurs de risque de démence dans la maladie de Parkinson est donc primordiale pour permettre un diagnostic précoce et, ainsi, favoriser le développement d’approches thérapeutiques préventives.
Voici quelque facteurs de risque :
- L’âge,
- La présence d’un trouble cognitif léger,
- La présence de rêves agités,
- Certains symptômes psychotiques tels que des hallucinations,
- Ou encore la forme la plus rigide de la maladie (sans tremblement).
La prise en charge des troubles psycho-comportementaux dans la maladie de Parkinson diffère selon les troubles présents.
Ainsi, le médecin pourra intervenir directement sur le traitement antiparkinsonien, si nécessaire, qui peut être à l’origine de certains troubles, en diminuant, en augmentant ou en modifiant les molécules.
Une prise en charge psychiatrique (médicamenteuse et/ou non-médicamenteuse) ou psychologique peut également être proposée au patient atteint de la maladie de Parkinson.
Sources :
Maladie de Parkinson : la psychiatrie en première ligne ?, ScienceDirect
Troubles psychiques et comportementaux de la maladie de Parkinson, Académie Nationale de Médecine
Troubles psychologiques, France Parkinson
Troubles du contrôle des impulsions et maladie de Parkinson, Revue Médicale Suisse
Troubles comportementaux et Maladie de Parkinson, Mirabelle Park
Maladie de Parkinson, Association Québécoise des Neuropsychologues
5 commentaires
Vous aimerez aussi
Comprendre l'agressivité dans la maladie de Parkinson : les causes, les manifestations et les solutions
9 avr. 2024 • 6 commentaires
Le mucuna pruriens : quels sont ses bienfaits sur la maladie de Parkinson ?
8 août 2023 • 6 commentaires