Les perturbateurs endocriniens, quels sont leurs effets sur la santé ?
Publié le 1 mars 2022 • Par Claudia Lima
L’organisme de l’être humain fonctionne grâce à différents systèmes biologiques composés de cellules, de tissus et d’organes qui effectuent une ou plusieurs fonctions communes tels que le système respiratoire, digestif, nerveux et autres. Parmi ces systèmes, il a y le système endocrinien, constitué de glandes endocrines, celles-ci sécrètent des substances chimiques que l’on appelle hormones.
En cas de dérèglement de ce système, la production de ces hormones est anormale et empêche la coordination et la régulation de fonctions essentielles de l’organisme.
Qu’est-ce qui peut perturber le système endocrinien ? Quelles substances sont responsables ? Quels sont les effets des perturbateurs endocriniens ?
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Qu’est-ce que le système endocrinien ?
Le système endocrinien, ou hormonal, est composé de glandes endocrines, ce sont des structures spécialisées dans la sécrétion d'hormones, productrices de substances chimiques , qui seront déversées dans le sang et agiront sur le fonctionnement ou le développement des autres organes.
Les principales glandes endocrines sont l’hypothalamus, l’hypophyse, la thyroïde, les glandes parathyroïdes, les cellules des îlots pancréatiques, les glandes surrénales et les ovaires chez les femmes ou les testicules chez les hommes.
Tous les organes qui sécrètent des hormones ou des substances qui ressemblent aux hormones ne sont pas considérés comme appartenant au système hormonal. Par exemple, dans le système digestif, des hormones permettent de réguler la digestion.
Aussi, toutes les glandes de l’organisme ne sont pas endocrines, comme les glandes sudoripares (la sueur), salivaires (la salive) et mammaires. Celles-ci sécrètent des substances autres que des hormones et les déversent dans des canaux, et non directement dans la circulation sanguine. On les appelle les glandes exocrines.
Le pancréas est une glande endocrine et exocrine, une partie de celui-ci sert à produire de l’insuline et autres hormones libérées dans le sang pour réguler le taux de sucre, une autre partie sert à libérer des liquides digestifs dans le canal pancréatique puis l’intestin grêle.
Le système endocrinien permet à l’organisme d’assurer des fonctions essentielles telles que la reproduction et le développement de l’embryon, la croissance et le développement de l’organisme, la production, l’utilisation et le stockage de l'énergie, le maintien équilibré de la quantité d’eau et de sel dans l’organisme et la réaction aux stimuli.
Voici quelques exemples d’hormones sécrétées par le système endocrinien :
- La dopamine produite par l’hypothalamus, impliquée entre autres dans le contrôle moteur, l’attention, le plaisir, la motivation, le sommeil, la mémoire et la cognition,
- La prolactine, émise par l’hypophyse, qui sert à produire le lait maternel,
- La testostérone, une hormone sexuelle masculine produite au niveau des testicules et des glandes surrénales,
- L’estradiol, une hormone sexuelle féminine produite au niveau des ovaires,
- La somathormone ou hormone de croissance, sécrétée par l’antéhypophyse et qui assure la croissance osseuse.
Qu’est-ce que le dérèglement du système endocrinien ?
On considère que le système endocrinien est déréglé lorsqu’une substance perturbatrice stimule ou inhibe la quantité d’hormones produites, c’est-à-dire inférieure ou supérieure à la normale.
Une hormone a pour fonction de transmettre un message chimique à un récepteur cellulaire, dans le cas d’une perturbation, la substance peut : imiter l’action d’une hormone naturelle ou empêcher l’action d’une hormone ou perturber la production, le transport, l’élimination ou la régulation d’une hormone ou de son récepteur.
Les substances perturbatrices sont aussi appelées perturbateurs endocriniens. D’après l’OMS, un perturbateur endocrinien (PE) désigne “une substance ou un mélange qui altère les fonctions du système endocrinien et de ce fait induit des effets néfastes dans un organisme intact, chez sa progéniture ou au sein de (sous)-populations”.
Ainsi, un PE est une substance étrangère à notre organisme, qui peut être d’origine chimique ou d’origine naturelle.
Les effets des PE sont complexes, ils peuvent s’additionner, se renforcer ou au contraire s’inhiber. De plus, ces effets ne sont pas nécessairement liés à la dose reçue par l’individu.
Pour être qualifiée de perturbateur endocrinien, une substance doit entrainer un effet nocif ou une pathologie chez l’organisme de l'individu, ainsi, toutes les substances qui ont une activité endocrinienne ne sont pas forcément des perturbateurs. De même qu’une substance toxique peut l’être pour un organe mais pas pour le système endocrinien et n’est donc pas un PE non plus.
Toujours selon l’OMS, près de 800 substances chimiques ont des propriétés perturbatrices endocriniennes. L'Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) recommande de les distinguer en 3 catégories : des propriétés perturbatrices endocriniennes avérées, présumées ou suspectées. Divers composés suspectés d’être des perturbateurs endocriniens peuvent donc se retrouver dans l’environnement à l’état de traces.
Cette liste évolutive de PE comprend :
- Certains pesticides comme des insecticides (chlordécone), des fongicides et des herbicides,
- Des plastifiants (phtalates, Bisphénol A), des retardateurs de flamme (PBDE), des revêtements (PFAs),
- Certains médicaments comme Distilbène® (utilisé en prévention des fausses couches de 1940 à 1977), des antidouleurs comme le paracétamol, des AINS ou l’aspirine, des antidépresseurs comme Fluoxétine,
- Des produits émis par les combustions incomplètes issues des incinérateurs, de l’industrie métallurgique et sidérurgique et à la pratique de l'écobuage des végétaux (dioxines, furanes, PCB),
- Certains produits d’hygiène (Triclosan) et de cosmétiques (parabènes),
- Les phytoœstrogènes comme le soja.
Quels sont les effets des perturbateurs endocriniens sur notre santé ?
Les sources principales de l’exposition aux PE sont l’eau et l’alimentation mais aussi l’air et les cosmétiques. Les organismes peuvent être exposés par de multiples voies, telles que l’ingestion, l’inhalation et le contact cutané, à des doses infimes de plusieurs composés, dont les effets peuvent être variés et pourraient se combiner.
L’estimation des effets des PE sur la santé humaine est difficile en raison des interrogations sur les mécanismes d’actions de ceux-ci. La question des effets néfastes à travers plusieurs générations se pose. L’OMS estime que 23 % de la mortalité mondiale est liée à l’environnement
Beaucoup de troubles et affections sont soupçonnés d’être liés à des expositions aux PE, on distingue les effets sur la population générale et sur la population professionnelle. En effet, dans l’environnement de travail, la fréquence et le niveau des expositions peuvent être plus élevés que dans la population générale.
Pour détecter ces troubles et affections, il faut effectuer un dosage biologique des hormones dans le sang, les urines, la salive. Il est aussi possible de mesurer l’élément que les hormones devraient contrôler comme le taux de glycémie. Ensuite, une exploration morphologique permettrait de visualiser la glande, par le biais d’une échographie, d’un scanner ou d’une IRM et même d’une scintigraphie.
Les pathologies du système endocrinien recouvrent des dysfonctionnements hormonaux et/ ou des anomalies morphologiques des glandes endocrines.
En cas d’insuffisance de sécrétion hormonale, les pathologies possibles sont, entre autres, l’insuffisance surrénalienne, l’hypothyroïdie, le nanisme. Pour les traiter, il faut un traitement substitutif pour apporter quotidiennement la substance manquante.
En cas de sécrétion excessive, les maladies liées sont : l’acromégalie, l’hyperthyroïdie et autres. Elles sont traitées par la prise de médicaments qui inhibent la synthèse hormonale (l'hormonothérapie), par l’ablation chirurgicale de tout ou partie de la glande ou par la destruction de celle-ci (ex. : la radiothérapie).
Aussi, des troubles de la reproduction et des troubles neurologiques, l’autisme, la baisse de quotient intellectuel ou des troubles métaboliques comme le diabète insipide ou insulinodépendant ou l’obésité, sont également suspectés d’être associés à une exposition aux perturbateurs endocriniens.
Quelle stratégie pour lutter contre les perturbateurs endocriniens ?
Les individus sont de plus en plus attentifs aux enjeux sanitaires et environnementaux majeurs liés aux perturbateurs endocriniens, d’autant que ceux-ci se retrouvent dans de nombreux objets et produits du quotidien.
Le site de l’Association Santé Environnement France (ASEF) regroupe de nombreux guides sur les bonnes pratiques à avoir et a pour objectif d’informer sur l’impact des polluants sur la santé, et surtout de donner des conseils pour les éviter.
Dans tous les pays développés, il y a une progression des maladies chroniques et une augmentation des troubles pour lesquels le facteur environnemental est mis en avant. Ceci représente un coût considérable. En Europe, on estime à plus de 160 milliards d’euros par an, les dépenses du système de santé pour ces pathologies.
Dans ce contexte, la mobilisation de l’ensemble des parties prenantes (gouvernements, collectivités, associations, professionnels) s’impose. Ainsi, plusieurs stratégies se sont succédées. La dernière date de 2018, c’est la SNPE 2 (Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens 2) qui regroupe plusieurs objectifs dont la formation et l’information sur les PE, la protection de l’environnement et de la population et l’amélioration des connaissances sur les PE.
Sources :
Les risques des perturbateurs endocriniens, mécanismes d'actions, inrs.fr
Troubles hormonaux et métaboliques, msdmanuals.com
Qu'est-ce qu'un perturbateur endocrinien, perturbateur-endocrinien.com
Que sont les perturbateurs endocriniens, santepubliquefrance.fr
Les perturbateurs endocriniens, quels sont les effets sur la santé, sante.lefigaro.fr
Système endocrinien, larousse.fr
Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens, ecologie.gouv.fr
Perturbateurs endocriniens et risques de cancer, cancer-environnement.fr
Perturbateurs endocriniens, ce qu'il faut retenir, inrs.fr
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