La maladie de Parkinson est-elle une maladie auto-immune ? Que disent les recherches actuelles ?
Publié le 11 avr. 2021 • Par Courtney Johnson
La maladie de Parkinson est une maladie neurodégénérative à long terme qui affecte les mouvements. Cette maladie, qui touche plus de 200 000 personnes en France, est actuellement incurable.
En l'honneur de la Journée mondiale de la maladie de Parkinson, nous avons voulu faire la lumière sur des recherches révolutionnaires qui pourraient un jour déboucher sur un traitement curatif !
Que disent les recherches récentes sur la maladie de Parkinson ? La maladie de Parkinson est-elle une maladie auto-immune ? Qu'est-ce que cela pourrait signifier pour l'avenir des traitements de la maladie de Parkinson ?
On vous dit tout dans notre article !
Les données recueillies ces dernières années suggèrent que la maladie de Parkinson pourrait être une maladie auto-immune
Depuis des décennies, les scientifiques et les médecins savent que l'inflammation provoque des changements dans le cerveau des patients atteints de la maladie de Parkinson (MP). Cependant, ce n'est que ces dernières années qu'ils ont compris que cette inflammation est en partie à l'origine de la nature progressive de la maladie de Parkinson et n'est pas simplement un résultat de la maladie.
En 2018, une étude menée par des chercheurs en Allemagne a permis de trouver des preuves supplémentaires soutenant l'idée que la maladie de Parkinson pourrait en fait être une maladie auto-immune. En examinant un modèle de cellules souches, ils ont démontré comment les cellules immunitaires ont attaqué les cellules productrices de dopamine prélevées sur des patients atteints de MP, mais pas sur des personnes qui n'en étaient pas atteintes.
La dopamine est un neurotransmetteur (un messager chimique) fabriqué dans le cerveau qui prend en charge un certain nombre de fonctions, notamment celles liées aux émotions, à la récompense, au plaisir et au contrôle des mouvements. Dans la maladie de Parkinson, les cellules qui fabriquent la dopamine, les neurones du mésencéphale, meurent.
Comme de plus en plus de cellules dopaminergiques meurent au fil du temps, les niveaux de neurotransmetteurs diminuent, ce qui entraîne un certain nombre de symptômes, notamment des tremblements, des problèmes d'équilibre, une rigidité musculaire et un ralentissement des mouvements du corps. Des problèmes de déglutition et d'élocution apparaissent également, ainsi que plusieurs symptômes non liés aux mouvements, tels qu'un odorat déformé ou perdu, des troubles du sommeil, de la fatigue, de la confusion et de l'anxiété.
On ne sait pas encore exactement ce qui provoque cette mort des neurones du mésencéphale.
Qu'est-ce que l'auto-immunité ? Quel est son lien avec la maladie de Parkinson ?
Le système immunitaire est un réseau de processus biologiques qui protège l'organisme contre les maladies. Il est capable de détecter et de réagir à un certain nombre d'agents pathogènes, allant des virus aux parasites, des cellules cancéreuses aux objets étrangers tels que les échardes de bois, et de les distinguer des tissus sains de l'organisme. Lorsque le système immunitaire commet une erreur, identifie mal et attaque les propres organes ou tissus de l'organisme, on parle d'auto-immunité, et ce phénomène peut conduire ou se développer en une maladie auto-immune.
Il existe au moins 80 types différents de maladies auto-immunes connues, dont le diabète de type 1, la maladie de Crohn, le vitiligo, la sclérose en plaques, le lupus et la polyarthrite rhumatoïde.
Comme nous l'avons mentionné précédemment, l'idée que la maladie de Parkinson puisse être une maladie auto-immune n'est pas nouvelle, mais les preuves à l'appui de cette affirmation ne font que commencer à apparaître.
En 2017, par exemple, une étude américaine a révélé que des fragments de la protéine qui s'accumule dans les cellules dopaminergiques du cerveau des patients atteints de la maladie de Parkinson (l'alpha-synucléine) déclenchent une attaque du système immunitaire par les lymphocytes T.
Ces dernières années, les chercheurs ont également établi un lien entre l'utilisation de médicaments immunosuppresseurs et un risque moindre de développer la maladie de Parkinson.
Un modèle de cellules souches pour comprendre la maladie de Parkinson
L'étude de 2018 précédemment citée, menée par des chercheurs de la Friedrich-Alexander-Unversität (FAU) en Allemagne, a permis aux scientifiques de prouver définitivement que les cellules T sont impliquées dans la cause de la maladie de Parkinson.
Les chercheurs de la FAU ont été motivés dans ce domaine d'investigation par une précédente découverte de niveaux plus élevés de cellules T helper 17 (Th17) dans le cerveau des personnes atteintes de la MP, un phénomène également observé chez les personnes atteintes de polyarthrite rhumatoïde et d'autres maladies auto-immunes.
Pour pousser plus loin leurs explorations, l'équipe de recherche a développé un modèle de cellules souches, en prenant des cellules de peau de personnes atteintes ou non de la maladie de Parkinson et en les induisant en cellules souches pluripotentes (iPS). Ces cellules sont capables de se développer en n'importe quel autre type de cellule.
Ils ont ensuite encouragé les cellules souches à se développer en neurones du mésencéphale produisant de la dopamine et ont exposé les cellules dopaminergiques spécifiques du patient aux cellules Th17 également prélevées sur chaque patient.
Les résultats ont montré que ces cellules T immunitaires attaquent et tuent les cellules dopaminergiques dérivées de patients atteints de la maladie de Parkinson, mais pas les cellules dérivées de patients qui n'en sont pas atteints.
Des découvertes comme celles-ci ont contribué de manière significative à faire avancer la recherche et le développement de nouveaux traitements contre la maladie de Parkinson, donnant l'espoir qu'un jour un remède soit possible.
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Sources:
- The role of inflammation in Parkinson’s Disease, American Parkinson DIsease Association
- Is Parkinson’s an autoimmune disease? More evidence emerges, Medical News Today
- TH17 KLymphocytes Induce Neuronal Cell Death in a Human iPSC-Based Model of Parkinson’s Disease, Cell Stem Cell
- Autoimmunity plays a role in Parkinson’s disease, study suggests, Science Daily
- T cells from patients with Parkinson’s disease recognize α-synuclein peptides, Nature
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