La Ligue contre le cancer et sa lutte pour le patient
Publié le 14 mars 2018 • Par Léa Blaszczynski
Aujourd’hui, la Ligue contre le cancer a fêté ses 100 ans à Paris. L’occasion de faire le point sur l'une de ses batailles : la prise en charge du patient.
Un millier de personnes se sont pressés toute la journée au centre des congrès de la Cité des Sciences et de l’Industrie, Porte de La Villette. Certains font le tour des stands pour demander quelques informations, d’autres attendent le début des concerts, d’autres encore vérifient le programme des conférences.
Là, dans la salle obscure, l’accent méridional d’Henri Pujol fait sourire l’assistance. Ce professeur de cancérologie de 88 ans a présidé la Ligue de 1998 à 2007 et, dès son élection, il y a lancé les Etats Généraux des malades, un prélude à la loi Kouchner sur le droit des malades de 2002.
"L’objectif était simple, il fallait renouer le lien entre personnels de santé et patients", énonce-t-il. Des états se tiennent d’abord en région avant un grand rassemblement de 11.000 personnes à Paris pour faire le point en présence du ministre de la Santé, Bernard Kouchner. "Il y avait quarante malades et une dizaine de médecins sur scène. Et ce sont les malades qui avaient la parole, se souvent Henri Pujol en souriant. D’ailleurs, rapidement, la salle s’est mise à parler. Ils racontaient leurs histoires avec véhémence mais sans agressivité. Ils disaient qu’on leur avait annoncé leur cancer sur un répondeur ou qu’on les avait fichu à la porte deux minutes après… Et le pire, c’est qu’ils répétaient : ‘On comprend que les médecins n’aient pas le temps de s’occuper de l’humain.’ Mais non, ce n’est pas normal sinon on ne choisit d’être médecin !"
L’entrée en maladie est primordiale
"Les cinq premières minutes sont toujours décisives quoi que vous fassiez. Si votre entrée dans le cancer se passe mal, vous penserez que toute la prise en charge ira mal. Cette expérience débutera très mal et cela aura des conséquences. Les patients doivent entrer en maladie de façon humaine."
C’est ainsi que pendant deux ans, Henri Pujol et ses équipes de bénévoles travaillent à leur "Chantier cancer Jacques Chirac". Les objectifs sont très clairs : améliorer la vie quotidienne des patients pendant et après les soins ; égaliser l’accès à des soins de qualité dans des sites certifiés ; interdire l’usage du tabac dans les lieux publics et généraliser le dépistage du cancer du sein. Toutes leurs idées seront mises en place dans le Plan Cancer du gouvernement Chirac entre 2003 et 2007.
La Ligue contre le cancer s’est aussi attachée à cette fameuse consultation d’annonce. Désormais, le patient peut venir accompagné s’il le souhaite ; le médecin et une infirmière encadrante sont présents pour s’assurer qu'il a bien compris toutes les informations ; un suivi psychosocial doit lui être proposé et ses données de santé doivent être communiquées directement à son médecin traitant.
Soit des avancées majeures dans la prise en charge du patient mises en place grâce à l’investissement de la Ligue contre le cancer et qui servent aujourd’hui tous les départements de la médecine moderne.
Carenity