Journée mondiale contre la douleur : lutter contre la chronicité
Publié le 12 oct. 2017 • Par Léa Blaszczynski
En cette Journée mondiale contre la douleur, il est important de rappeler que tout le monde peut être touché. En France, un adulte sur cinq souffre aujourd'hui de douleur chronique et deux patients sur trois estiment que leur souffrance est insuffisamment contrôlée.
Contrairement à la douleur aiguë, brève mais intense, qui joue le rôle d'un signal d'alarme, la douleur chronique (excédant trois mois et récurrente au-delà) est une pathologie. Elle peut devenir un handicap et même conduire à la dépression dans certains cas. Les risques de souffrir de douleur chronique augmentent généralement avec l'âge.
Il existe trois types de douleurs chroniques. Les douleurs inflammatoires ou noriceptives, dues aux inflammations : arthrose par exemple. Les douleurs neuropathiques localisées au niveau du système nerveux central et périphérique : lésions nerveuses, séquelles post-opératoires, accident vasculaire cérébral. Les douleurs cancéreuses qui associent le plus souvent des causes inflammatoires et neuropathiques.
La douleur chronique est particulièrement subjective, et son diagnostic est complexe. Une évaluation de la douleur reste nécessaire pour déterminer sa prise en charge. Le diagnostic passe avant tout par un interrogatoire et un examen clinique. Des examens complémentaires du système nerveux peuvent être pratiqués en cas de douleurs neuropathiques.
Pour mesurer la douleur, les médecins ont généralement recours à des outils comme des échelles numérotées (0 représentant le plus faible niveau d'intensité) ou des échelles visuelles représentant des visages. Celles-ci sont particulièrement adaptées aux enfants.
Quels traitements ?
La prise en charge de la douleur chronique s'inscrit généralement dans une démarche pluridisciplinaire : elle associe les médicaments à une approche psychologique et à des thérapies physiques, pour traiter à la fois douleur et dépression. Les douleurs inflammatoires répondent généralement bien aux antalgiques, contrairement aux douleurs neuropathiques qui peuvent être soulagées au moyen d'antiépileptiques et d'antidépresseurs. Leur efficacité est néanmoins modérée. La neurostimulation électrique peut être utilisée dans le traitement des douleurs cancéreuses. Il est également possible d'avoir recours à des traitements non médicamenteux : relaxation, sophrologie, hypnose, acupuncture, par exemple.
-> Antalgiques
Plusieurs types de médicaments sont prescrits en fonction de l’intensité de la douleur : les antalgiques de palier 1 de faible intensité, comme le paracétamol et les anti-inflammatoires, les antalgiques de palier 2 d’intensité modérée que représentent les opioïdes dits « faibles » comme la codéine et le tramadol, et les antalgiques de palier 3, de forte intensité qui sont les opioïdes type morphine.
Les spécialistes des traitements anti-douleurs utilisent notamment les antalgiques que nous venons de citer en associant plusieurs actifs, qui agissent sur des modalités différentes de la douleur, ce que l’on appelle l’analgésie multimodale, en additionnant divers médicaments par addition (exemple AINS + paracétamol) ou par synergie (AINS + opioïdes),
-> Antidépresseurs
Les antidépresseurs tricycliques comme l’imipramine, l’amitriptyline ou la clomipramine, peuvent être utilisés chez les personnes présentant des douleurs chroniques, sans présenter de dépression, comme par exemple, lors de douleurs neuropathiques. Mais ces médicaments doivent être prescrits avec précaution, surtout chez les personnes âgées, en raison de leurs effets secondaires et sont déconseilles lors de pathologies cardiaques, de glaucome ou d’adénome de la prostate.
-> Antiépileptique
Les médicaments anticonvulsivants comme la gabapentine ou la prégabaline peuvent également être prescrits chez des personnes présentant des douleurs neuropathiques liées au zona par exemple ou lors d’une fibromyalgie.
-> Oxygène
L’inhalation d’oxygène est parfois proposée dans des centres anti-douleur aux personnes présentant une algie vasculaire de la face, lorsque les traitements habituels ne suffisent pas. Ce traitement pourrait également être utilisé au cours de la fibromyalgie.
-> Kétamine
Une centaine de consultations anti-douleurs proposent la kétamine, antihyperalgésique puissant réservé au bloc opératoire, qui peut être ainsi administré en perfusion contre des douleurs complexes et résistantes. Des études cliniques sont en cours pour en évaluer l’efficacité à long terme.
-> Toxine botulique
La toxine botulique de type A, encore appelée Botox, injectée localement sur des zones douloureuses, pourrait être un traitement efficace pour ceux qui souffrent de douleurs neuropathiques périphériques.
-> Pompes implantables : thérapie intrathécale
La thérapie intrathécale consiste à diffuser les antalgiques au contact du système nerveux afin d’obtenir une meilleure amélioration, en utilisant moins de produit, situation entrainant moins d’effets secondaires. Ce traitement est prescrit pour aider les personnes présentant des douleurs chroniques, notamment celles provoquées par un cancer et qui résistent aux antalgiques systémiques.
Les traitements complémentaires
D’autres traitements non médicamenteux appartenant au domaine des médecines, peuvent être proposés aux patients présentant des douleurs chroniques. L’avis du médecin reste indispensable.
-> Acupuncture
Des études ont validé une certaine efficacité de l’acupuncture dans certaines circonstances, pouvant parfois permettre de diminuer la dose de morphine sans entraîner d’effets secondaires.
-> Hypnose
De nombreuses études scientifiques valident l’efficacité de l’hypnose dans le traitement des douleurs chroniques notamment au cours des douleurs neuropathiques.
-> Thérapies psychocorporelles
La relaxation, le yoga, la sophrologie, la musicothérapie permettent de décentrer l’attention du cerveau concentrée sur les douleurs.
-> Thérapies cognitivo-comportementales
Les thérapies cognitivo-comportementales, TCC, de plus en plus utilisées agissent sur la sensation physique de la douleur, le retentissement psycho affectif, la mémorisation et le comportement.
-> Méditation
La méditation de pleine conscience de plus en plus connue et faisant l’objet de nombreuses études scientifiques, semble également apporter une amélioration significative de la fréquence et de l’intensité des douleurs.
Des études effectuées chez des patients qui méditent, ont montré qu’au cours d’une IRM, les zones du cerveau impliquées dans le contrôle de la douleur, sont activées.
Carenity
6 commentaires
Vous aimerez aussi
Médicaments et libido : les traitements qui peuvent affecter votre désir sexuel ?
13 nov. 2024 • 8 commentaires