Déconfinement - Comment vivre avec le coronavirus ?
Publié le 14 mai 2020 • Mis à jour le 27 mai 2020 • Par Léa Blaszczynski
Après 56 jours de confinement, la France va devoir apprendre à vivre avec le coronavirus. Un déconfinement par étapes qui inquiète 74% des Français (Etude OpinionWay, France 2). Car personne n'est égal face à la maladie, le système immunitaire diffère, en effet, selon l'âge, le profil génétique et les antécédents.
Quelles sont les connaissances actuelles sur le virus ? Comment se protéger ? Les enfants sont-ils plus à risque ? Comment booster son organisme ? On fait le point !
Le virus
Quels sont les symptômes possibles ?
La liste des atteintes possibles s’est allongée depuis le mois de mars. Les symptômes les plus courants sont : des maux de tête, une fièvre supérieure à 38,1°C, le nez qui coule, de la toux, des maux de gorge, une sensation d’essoufflement, des douleurs thoraciques, des malaises. Et désormais aussi : la perte temporaire du goût et de l’odorat, des lésions cutanées, des douleurs abdominales avec diarrhées et nausées. Dans les cas les plus sévères, on note également : des difficultés respiratoires, une pneumonie, une insuffisance rénale. Et désormais : un phénomène de confusion, une encéphalite, un AVC, une formation de micro-caillots.
Que faire en cas de symptômes ?
En cas de symptômes, contactez immédiatement votre médecin afin de vous faire tester dans un hôpital, un laboratoire de ville, un drive ou même à domicile via une équipe mobile. Le dépistage est pris en charge à 100% par la Sécurité Sociale. Si le test s'avère positif, vous devrez être isolé (chez vous ou dans un hôtel) pendant 8 à 10 jours. L'Assurance Maladie vous contactera alors pour réaliser une enquête et dresser la liste des personnes que vous auriez pu contaminer. Celles-ci recevront un appel pour les informer qu'elles sont des "cas contacts" mais votre nom ne leur sera pas communiqué si vous ne le souhaitez pas. Ces cas contacts seront isolés également et testés au bout de 7 jours. Si leur test est négatif, l'isolement durera encore quelques jours supplémentaires.
Si j’ai été contaminé, suis-je immunisé ?
A l’heure actuelle, on ne sait pas encore si les anticorps sont vraiment protecteurs. Chez certains individus, l'infection par le SRAS (proche cousin du Covid-19) pouvait, par exemple, faciliter une nouvelle infection au lieu de l'empêcher. Enfin, à supposer que les anticorps soient compétents et présents en assez grande quantité, on ignore combien de temps peut durer cette protection. Il est ainsi impossible d'affirmer qu'avoir eu le covid-19 empêche de retomber malade.
Peut-on booster son immunité naturellement ?
Oui, grâce au sport ! L’activité physique booste l’immunité. Quand on fait un exercice, les cellules de l’immunité sont en effet mobilisées, les globules blancs passent dans la circulation sanguine pour y assurer leur rôle de “sentinelle”. Ainsi donc, si on fait un exercice tous les jours de 30 minutes (1 heures pour les enfants et adolescents), l’immunité est activée et boostée. On diminue ainsi les risques d’avoir une comorbidité ou d’être sensible aux infections. Pour stimuler les bonnes bactéries du microbiote et booster son immunité, il convient également de manger des fruits et légumes en grande quantité !
L’avenir proche
Comment suivre l'évolution de la transmission du virus ?
Selon Daniel Lévy-Bruhl, épidémiologiste à Santé Public France, avec le déconfinement, un nouvel indicateur va intervenir, avec les test PCR, puisqu’ils sont désormais généralisés sur l’ensemble du territoire. Cela va permettre d’avoir des données plus précises par département et simuler l’impact à venir en termes de recours aux soins et d’hospitalisations. Et ainsi de prévenir une éventuelle deuxième vague. Le succès de ce nouvel indicateur dépendra entièrement de la bonne volonté des français à aller se faire tester en cas de symptômes.
L’été peut-il ralentir la circulation du virus ?
Selon le Pr Arnaud Fontanet, épidémiologiste à l'Institut Pasteur et membre du Conseil scientifique, effectivement en Thaïlande et au Cambodge, qui sont parmi les premiers pays à avoir eu des cas après la Chine, il n’y a pas de crise comme en Europe. Et la progression semble tout aussi lente en Afrique actuellement. Et en laboratoire, le virus est sensible à la chaleur tout comme le SARS-CoV-1 était sensible à la chaleur et à l’humidité. Donc il y aura peut-être un effet saisonnier mais davantage à l’été 2021. Car, lors de la première arrivée d’un virus pandémique, comme cela a été le cas en 2009 avec la grippe A (H1N1), le virus était resté actif durant l’été.
Faut-il craindre une deuxième vague ?
Selon le Pr Arnaud Fontanet, épidémiologiste : “On n’a pas atteint ce niveau d’immunité collective dont on aurait besoin”. À peine 4,4% de la population aurait été infectée selon l’Institut Pasteur et il faudrait 66% pour avoir cette immunité. Donc si on lève la garde, il y aura une deuxième vague comme il y en a eu pour beaucoup des grandes pandémies comme la grippe espagnole.
Les enfants
Pourquoi les enfants réagissent mieux que les adultes ?
On pensait au départ que les enfants étaient de forts contaminateurs parce qu’on a appliqué le modèle de la grippe, explique le Dr Marie-Aliette Dommergues, pédiatre infectiologue à l’hôpital de Versailles. Or, ce n’est pas le cas, bien au contraire ! Il y a plusieurs hypothèses pour expliquer cela. Par exemple, il y aurait moins de récepteurs au virus à la surface des cellules respiratoires de l’enfant. L’enfant forge son système immunitaire, notamment en ayant été au contact d’autres coronavirus banals pendant l’hiver, et il bénéficie peut-être d’une immunité croisée. Enfin, on a l’exemple de plusieurs infections qui sont bénignes chez l’enfant et qui deviennent graves chez l’adulte comme la grippe, la rougeole ou la varicelle. Les enfants sont ainsi très peu à risque de complications graves.
A partir de quand pourrai-je garder mes petits-enfants ?
Selon le Dr Marie-Aliette Dommergues, pédiatre infectiologue, dès aujourd’hui avec des mesures de prudence en respectant un peu de distanciation, en conservant un masque, en se lavant les mains et en apprenant à l’enfant à bien se laver les mains également.
La recherche
A quand un vaccin ?
Il y a environ 120 projets de recherche en cours dans le monde, notamment aux Etats-Unis (33), en Chine (27) ou encore au Canada (11). Il y a évidemment plusieurs phases à respecter pour mettre au point un vaccin mais on n’a jamais avancé aussi vite en quelques mois, explique le Pr Anne-Geneviève Marcelin, virologue à l’hôpital de la Pitié Salpêtrière à Paris. Un vaccin déployé pour 2021 est ainsi possible.
Où en est le projet européen Discovery ?
Ce vaste projet de coopération médicale, lancé le 22 mars entre sept pays européens, devait tester 4 traitements (hydroxychloroquine, remdesivir, lopinavir et ritonavir) sur 3.200 patients. Huit semaines après son lancement, seule la France a présenté 750 patients pour procéder aux essais cliniques. Or, il faudrait au moins 600 personnes par traitement testé. "Si les européens avaient travaillé aussi vite que prévu, on aurait des résultats", selon la Pr France Mentré, épidémiologiste et responsable méthodologique de Discovery. Elle note un manque de "coordination" et une multiplication contreproductive du nombre d’essais à travers le monde. C’est le cas de l’Italie ou de l’Espagne qui ont préféré participer à l’essai Solidarity mené par l’OMS. Pas de résultat pour le moment, donc, mais on le sait déjà grâce à d’autres essais cliniques publiés dans le monde et qui portent sur les mêmes molécules : il n’y a pas de remède miracle. Le comité indépendant d'évaluation des données doit refaire un point le 3 juin.
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Sources :
Les pouvoirs extraordinaires du corps humain - Déconfinement, vivre avec le virus, France 2
Allô Docteurs, Le Magazine de la Santé, France 5
https://solidarites-sante.gouv.fr/soins-et-maladies/maladies/maladies-infectieuses/coronavirus/
https://www.gouvernement.fr/info-coronavirus/carte-et-donnees
https://www.inserm.fr/actualites-et-evenements/actualites/covid-19-essai-discovery-point-etape-7-mai-2020
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